Louis Lanher, frère de lettres de Nicolas Rey, lui aussi édité Au Diable Vauvert, sort Un pur roman, son second livre, après son premier roman remarqué Microclimat. Il livre une satire hilarante du milieu audiovisuel et des « créas ». Second roman de ce jeune (ex) avocat déjanté, de 27 ans, Un pur roman est un pur délire relatant les tribulations de deux enfants de la télé (réalité).
Clubbers invétérés, chasseurs de jeunes filles « tendres et fragiles » (jamais au dessus de 20 ans !) et allergiques aux experts-comptables. Virgil et son acolythe Ben naviguent joyeusement dans la bulle médiatico-artistique que sont les « créas » : les top guns du génie créatif hexagonal ! Vous savez ces types que l’on paie grassement pour pondre le concept du sicèle qui fera péter l’audimat.
« On sent qu’on a entre les mains à la fois un OVNI et une oeuvre d’art. »
Une lectrice sur Amazon.fr
Caillou de coke solidement logé dans les narines et ego gonflé à bloc ! Ici, tout le monde rêve de devenir créa à la place du créa. De passer chez Thierry Hard ou dans l’Ile de l’érection…
Louis Lanher met son style décapant au service d’une peinture féroce de ce petit milieu et de ses coutumes singulières. Sans se prendre au sérieux une minute ! Des scènes d’anthologie où l’on assiste à la recherche d’idées pour les émissions (comme « enfermer les animateurs de l’Ile aux enfants avec pour seule occupation une fillette de 13 ans déguisée en fille de 16, avec un passeport unkrainien montrant une date de naissance il y’a 18 ans de cela… »). L’auteur se serait-il inspiré de son expérience sur l’« Hyper Show » de Beigbeder pour qui il écrivait des sketches sur Canal+ ?
Ayant gardé de son précédent job l’amour de la dialectique, l’auteur aime à échaffauder des théories… Comme celles des jeunes filles de moins de 20 ans (que les deux héros traquent sans relâche à la sortie des lycées ou en boîte), des experts-comptables… Ou encore une analyse stratosphérique de la société remettant au goût du jour le Tiers état ! Sous ses apparences de dérision (potache frôlant parfois mes gros sabots), il dénonce en filigrane un débat très actuel : celui de la difficulté de percer dans une carrière artistique, quand on appartient pas à la « catégorie 3 », c’est à dire « les bourgeois supérieurs, qui ne bossent pas, encore appelés artistes créas ou para-artistes créas ». Sic !
Ceux qui « vivent assez confortablement pour ne pas travailler et compléter le tout par un statut d’intermittent du spectacle ». Ceux qui ont un papa qui a suffisamment d’argent pour les faire vivre « à dragouiller des journalistes mondains et des producteurs enjoués dans des soirées médiatiques ». Sous le cynisme, un constat amer qui sent le vécu… Au final un roman un peu dans la veine du roman Saga de Tonino Benacquista qui aurait été revisité par Jackass !
Pour les plus attentifs, il n’échappera pas un clin d’oeil au livre « Courir à trente ans » de Nicolas Rey, glissé au détour d’une page (indice : regardez la page 220)…
Hilarant et mené à fond de train : lecture idéale pour bronzer avant d’aller danser au « Fantasma lounge »…
Plus d’infos sur Louis Lanher dans Plus de buzz
Derniers commentaires