La génération des trentenaires n’en finit pas d’inspirer et de faire couler l’encre des claviers numériques. Nouvelle démonstration avec cet essai plus particulièrement dédié aux hommes.
Vous êtes né dans les années 70, élevé au « name droping » et à la Culture télé, ayant lu un peu et beaucoup regardé la télévision puis avez multiplié les expériences sexuelles pour arriver à ce moment fatidique de la vie de couple où l’on devient père et où tous les repères changent ? Ce livre, de David Abiker, est fait pour vous (et pour les autres aussi !)…
Le « Musée de l’homme, Le fabuleux déclin de l’empire masculin » (subtile contraction entre les films culte « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » et « Le déclin de l’empire américain ») se compose de saynètes dans la verve des chroniques d’Abiker à la télé (dans « Arrêt sur image ») et à la radio et surtout dans FHM, racontant le quotidien d’un père de famille (de filles) un peu dépassé et déboussolé dans un monde où les hommes vont au salon de beauté (les fameux métrosexuels) et les femmes cadres sup « performent ».
Tout en racontant ses visites au parc, « ses » grossesses, sa subite passion pour le bricolage…, il s’interroge sur le danger d’extinction du genre viril. L’augmentation de salaire de sa femme constituera le catalyseur des théories de ce trentenaire bourré d’incertitudes, qui cède alors la place et les commandes aux femmes de sa vie avec un masochisme presque jubilatoire.
Il déclare forfait : l’homme bio est définitivement en voie de disparition, estime-t’-il. « Les femmes dominent presque partout dans le monde moderne car, en plus d’avoir obtenu l’égalité, elles avaient gagné la bataille des valeurs. » Cet amateur de jolies filles, de grosses voitures ou encore de films de mafieux décrit alors, nostalgique, par le menu tous les renoncement du mâle moderne (de l’éducation des enfants aux tâches ménagères en passant par la carrière des femmes) face à ce qu’il appelle « la féminité galopante et triomphante ». Pour l’auteur, toute résistance est vaine. Dans quelques décennies, prédit-il, les hommes, les vrais, auront leur place dans la Galerie de l’évolution, aux côtés des grandes espèces animales éteintes.
Manuel de lâcheté conjugale, traité de puériculture loufoque, livre noir de la société maternante, lettre d’amour tachée de gras, bible du père martyr, cahier de tendances pour homme-parasite, pamphlet lubrique et séditieux… Le Musée de l’homme est tout cela à la fois. C’est surtout une réflexion personnelle sur l’avenir des relations homme-femme au XXIe siècle. En plus d’être un livre de témoignage, il peut se lire comme une petite encyclopédie très documentée et vivante, pour apprendre en vrac ce qu’est un Patch « Beauty Fly » acheté au téléachat, la bonellie verte et mille autres choses qui peuvent vous sauver de la morosité ou d’un quotidien un peu terne !
Un guide de survie du trentenaire masculin qui amuse, et ne manquera pas de rassurer ces messieurs en pleine crise d’identité sexuelle. Même si bien sûr, le tableau est fortement exagéré… et fera pousser les hauts cris aux associations féministes…
David Abiker, « Le musée de l’homme », 15 euros aux éditions Michalon.
Quelques extraits :
« Au début, je croyais qu’un métrosexuel, c’était un type qui avait un sexe suffisamment gros pour le montrer dans le RER en déployant, tel un albatros, les pans de son imperméable. Je me trompais. Un métrosexuel est un type qui va au salon d’esthétique en plein samedi après-midi parce que ni sa femme ni ses filles n’ont envie de l’emmener voir un match de foot féminin. Voilà la vérité. »
Esclavage du jeune père : « Devinez qui est l’animal à quatre pattes le matin, deux pattes à la fin de ses études supérieures et quatre roulettes en plus après le mariage ? Vous donnez votre langue au chat ? C’est moi et ma poussette canne ».
S’il a encore le droit de promener bébé, le mâle n’est plus autorisé à s’exprimer : « les hommes sont de moins en moins audibles. Ben Laden ne parle plus que par vidéos interposées, ce qui traduit un certain malaise, y compris chez les terroristes ».
Que reste-t-il à cet être atrophié, qui se rêve Don Corleone et feuillette en cachette des revues de 4X4, dissimulées sous le magazine « Parents » ? Quelques rares plaisirs : « Le soir, on regardait la télé avec ma femme et je mangeais des maronsui’s par quatre en larmoyant sur le sort de l’Incompris de Luigi Comencini. Je devenais sensible. Sensible et gras. »
L’homme d’aujourd’hui ? Sous le mari moderne post-parité sommeille le mâle libidineux de toujours, qui garde un faible pour « les gros seins montés sur des Barbie à roulettes » et sait » faire le lourd à table avec les copains ». Mais ose moins le montrer.
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