On parle beaucoup de « nouvelle garde littéraire » pour désigner les jeunes auteurs qui montent notamment en France. Sous ce terme générique, chacun y nomme les auteurs de son choix en fonction de son univers littéraire et de ses préférences. A l »occasion du 26e salon du livre du 17 au 22 mars 2006 sous le signe de la francophonie, Le Figaro magazine s’est prêté au jeu et a déterminé son palmarès des dix meilleurs écrivains de langue française de moins de 40 ans sur la base d’un sondage auprès d’une vingtaine de critiques littéraires de la presse quotidienne régionale française et de la presse francophone…
Même si les pessimistes affirment qu’il n’y a a priori aucun jeune écrivain susceptible de succéder aux Césaire, Le Clézio et autres Modiano, d’autres, au contraire, se montrent enthousiastes sur la nouvelle génération, a indiqué le magazine. Parmi les tendances dégagées à partir de leur choix, Olivier Adam et Anna Gavalda se détachent nettement. Tous deux ont été découverts par le mème éditeur, Le Dilettante. Le premier a les faveurs de la critique et la seconde celles du public. Les auteurs à succès ont d’ailleurs le vent en poupe. C’est le cas d’Amélie Nothomb, déjà bien installée dans le paysage, de Claire Castillon, dont le recueil de nouvelles, Insecte (Fayard), se vend très bien en ce moment, et de Philippe Besson. Les éditions de Minuit restent une valeur sûre : Laurent Mauvignier, Marie NDiaye et Tanguy Viel pointent dans le peloton de tête. Les lauréats de grands prix littéraires sont en embuscade : Nina Bouraoui (prix Renaudot) et Laurent Gaudé (prix Goncourt). Mais ce palmarès réserve aussi quelques surprises comme la montée en puissance d’auteurs moins médiatisés comme Hugo Boris, Joël Egloff, Thomas Gunzig et Thomas B. Reverdy.
De son côté Wrath, une « auteur wanna be » dont nous avions parlé dans notre dossier sur les blogs d’auteurs, analyse dans son blog les goûts littéraires des anglais. Sur la base de la lecture du célèbre citymag Time Out, elle estime que les deux auteurs préférés des Britanniques sont Nick Hornby et Zadie Smith. Le premier est notamment l’auteur du cultissime Haute fidélité tandis que la seconde, d’origine jamaïcaine, a reçu deux prix (le Guardian et le Withbread) pour son premier livre, Sourires de loup, (écrit à l’âge de 21 ans), qui ravit les amateurs de saga foisonnante familiale et multiculturelle (anglaise, bengali, jamaïcaine). Wrath indique également un lien vers une chronique du blog Culture café, traitant du déclin (voire désaffection) de la fiction pure au profit de l’autofiction, en France.
Comme le remarque à juste titre l’auteur, « les romans au sens littéral du terme sont les grands perdants de 2005, en termes de ventes et de reconnaissance par leurs pairs ». Et de citer Houellebecq, Maurice G. Dantec, Philippe Djian ou Hedi Kaddour (Waltenberg). Tandis que Nina Bouraoui et son tortueux « Les mauvaises pensées » ou François Weyergans ont été distingués par les deux prix littéraires les plus prestigieux du pays, le Goncourt et le Renaudot.
La faute à l’exception culturelle ?
Toutefois faut-il pour autant établir une opposition marquée entre ces genres littéraires qui finalement s’avèrent tous deux des « histoires » avant tout. Au fond, peu importe qu’elles soient le pur produit de l’imagination de l’auteur ou la « fictionisation » de son vécu. En revanche, la tendance « psycho-nombriliste » est, elle, plus gênante et peut finir par lasser ou décourager les lecteurs amateurs d’intrigues un peu plus consistantes…
13 Commentaires
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"psycho-nombriliste": l’adjectif est bien trouvé 🙂
Question: Anna Gavalda a 35 ans. OK, ce n’est pas vieux, mais je trouve ça bizarre que les trentenaires soient considérés comme la "nouvelle génération littéraire". Quid des écrivains d’une vingtaine d’années (je ne suis pas la seule, quand même!)
Merci pour le post en tout cas!
Parce que t’es écrivain, toi ?
Ah bon.
Ta remarque est tout à fait juste Wrath. En fait "trentenaire" est un terme un peu générique pour regrouper les auteurs de moins de 40 ans de façon générale, incluant bien sûr les auteurs ayant la vingtaine voire même en dessous pour les précoces ! Mais en fait, la "nouvelle génération" littéraire se détermine finalement plus par ses thématiques et son style que par l’âge, critère un peu trop réducteur. Ainsi Régis Jauffret est éminemment représentatif de la nouvelle littérature contemporaine par la modernité de ses propos même s’il est âgé de 51 ans.
Je suis un peu agacée par ce "crachage" systématique sur les auteurs qui privilégient la forme, le style au fond. Tout le monde n’est pas obligé de construire un livre comme un scénario hollywoodien avec exposition, climax, résolution et dénouement.
Monsieur Bernard Werber (dont la qualité littéraire des livres reste très discutable) disait sur Campus, hier soir, que la lecture était un "outil de loisir" et qu’il fallait arrêter de faire des belles phrases pour plaire aux élites. Laisser dire des choses pareilles me paraît assez grave…
cette distinction entre peuple et élite, roman de gare et récit psychologique, me semble très "franco-française" et complètement stérile. Il suffit de lire "Play it as it lays" de Joan Didion pour s’en rendre compte. Didion est considérée aux Etats-Unis comme la fine fleur de l’élite de gauche (journaliste au New York Times, etc…) ET POURTANT elle s’est donnée la peine de créer un véritable personnage et une intrigue. Qui parle de "scénario hollywoodien" ici?
Je ne comprends pas ce débat : un bon livre est un bon livre quelque soit sa forme ou son genre.
Un bon livre c ‘est ,de l’émotion plein partout,même au plus profond du fond de toi.
Par exemple "Falaises" d’Olivier ADAM !
Comme je n’aime pas résumer et encore moins faire le critique, en quelques mots : à lire absolument car il est rare d’être touché et Falaises nous fait plonger, nous caresse l’âme.
La nuit, Etretat, la terrasse d’une chambre d’hôtel, le narrateur sur cette terrasse seul avec ses fêlures, ses amours sa femme et sa fille dorment dans la chambre.
Une longue plongée nocturne d’où émerge les souvenirs d’une vie fracturée à l’âge de 11 ans par le suicide de sa mère, la dislocation familiale et la survie.
Poignant, sensible, direct à l’essentiel.
épuré au plus prés du cœur, pas un mot de trop : juste l’émotion !
"La vie abîme les vivants et personne, jamais, ne recolle les morceaux, ni ne les ramasse."
« Nos vies sont les mêmes. Nos vies sont pareilles et défigurées. Nous pleurons les mêmes morts et vivons dans la compagnie sombre de fantômes, nos corps s’emmêlent et cherchent l’impossible consolation. Infiniment perdus dans la foule, nos vies tiennent dans un dé à coudre. Et nous avons beau nous hisser sur la pointe des pieds, nous demeurons plus petits que nous-mêmes.
Nos vies sont les mêmes. Nos vies se débattent, crient dans la nuit, hurlent et tremblent de peur. Infiniment nous cherchons un abri. Un lieu où le vent siffle moins fort. Un endroit où aller. Et cet abri est un visage et ce visage nous suffit… »
dorian.canalblog.com
Quelle belle déclaration ! En fait, il y a de la place pour tous les auteurs : il n’y a pas une forme de littérature mais des formes composées de genres et de styles qui peuvent coexister et répondent à la diversité des goûts des lecteurs. Bien sûr il y a des genres qui restent plus commerciaux et plus accessibles donc qui se vendent à l’image de B.Werber, à des millions d’exemplaires en France et à l’étranger.
Il serait donc en fait plus juste de parler de plusieurs nouvelles "gardes littéraires" selon les différents genres littéraires.
Regrouper tous les livres sous la bannière "littérature" est utopique. Et la cote d’un auteur n’a de valeur qu’auprès de son lectorat finalement.
En France il y a une tradition de noblesse de la littérature dite "générale" au détriment d’autres genres littéraires (typiquement SF ou littérature de l’imaginaire par ex). De fait, c’est donc cette littérature qui a le plus de visibilité (médias…) et donc qui apparaît comme un genre dominant au détriment des œuvres appartenant à d’autres genres littéraires.
Ce débat fait rage actuellement au Salon du livre où la tendance du "tout autofiction" semble en effet inquiéter voire irriter de nombreux observateurs…
L’auteur contemporain le plus intéressant de ces dernières années est une jeune femme trentenaire, elle a pour nom Chloé Delaume et si elle fait de l’autofiction son écriture explose le genre…
Super. Et la meilleure amie des Sim’s explose le genre explose plus ou moins que le dernier BEE ? Niveau colossal canular, ça paraît invraisemblable.
Nick Hornby, écrivain chéri de la perfide Albion ? Bien fait pour elle !
Y a pas que le niveau de l’océan qui menace.
Quant à être franco-français, quelle horreur ! Je veux penser aussi bien qu’un Américain comme tout le monde et être salarié comme un Chinois. Soyez délicats : mondialisez-moi jusqu’à la moelle !
D’accord le livre d’O. Adam est touchant. Pour ses qualités littéraires ? Non. Parce qu’il recense des désastres dont nous avons tous pu être témoins : familles éclatées, adolescences torturées, suicides, petite amie à l’hôpital psychiatrique, boulots lamentables accordés comme une aumône quand personne ne mérite ça…
Je n’ai pas besoin qu’on me raconte ce que je sais déjà.
Grosse colère. Les 6-8 ans aussi sont cruellement sous-représentés dans ce palmarès.
Mon neveu a 3 mois. Des fois il pleure. Je comprends mieux sa rage.
Je m’associe à tous les amateurs de romans de gare et d’émotion plein partout pour déplorer que l’éminent Marc Lévy manque à la liste.
« un bon livre est un bon livre ». Voilà qui est osé. Un peu catégorique, non ? Est-ce à dire qu’un mauvais serait mauvais et un moyen moyen ?
A l’allure où vont les choses vous verrez que Jerry Lewis finira par avoir la Légion d’Honneur.
les auteurs qui montent, qui montent, c’est bien mais pourquoi ne pas faire un palmarès des auteurs qui descendent ? qu’on samuse un peu.
un bon livre est un bon livre ». Voilà qui est osé. Un peu catégorique, non ? Est-ce à dire qu’un mauvais serait mauvais et un moyen moyen ?
Non pas osé, réaliste. Ce qui est vraiment bon dépasse et trasncende les petites guéguerres du type français pas français, autofiction pas autofiction, science fiction ou non, etc. Il y a une sorte d’universalité où tout le monde s’accorde.
ET que fais tu de tous ces auteurs qui se sont faits jeter avant de briller au sommet ? aU hasard, J.kennedy toole ou djian et tant d’autres dont j’ai pas le nom sous la main.
La notion de "bon" livre n’est pas un critère scientifique et varie aussi selon les lecteurs et les époques, a priori.