Après le site d’auteur personnel ou officiel, le blog d’auteur, voici venu le site de livre. Entièrement dédié à la sortie d’un livre, il présente à la façon de la bande annonce d’un film, le « pitch » du livre et sert de teasing. En d’autres termes, il tente de donner envie de lire ledit roman grâce à des moyens très proches de ceux utilisés par le cinéma. Aux Etats-Unis, ce sont même des animations multimédias spécifiques qui sont conçues pour assurer la promo des livres sur le Net. Verrons-nous bientôt des mentions « Vu sur Internet » apparaître sur la jaquette des livres ?
Généralement très efficaces d’un point de vue marketing ces sites de livres présentent un résumé accrocheur du livre, parfois aussi une genèse, une interview ou « note d’intention » de l’auteur et une revue de presse. Un extrait, voire le premier chapitre peuvent ensuite être lus en ligne. Bref un kit complet de « mise en bouche » avant de se rendre en librairie…
Dernier exemple en date le roman Bad business, écrit par l’illustre inconnu Gin, « vendu comme » le nouveau « San Antonio new look, macho, généreux et libertin », émanant de la maison d’édition Au Diable Vauvert très en pointe sur sa communication Internet. Un site très soigné (l’auteur est aussi web-designer et ça se sent) où l’on peut même acheter à l’unité les chapitres via un système audiotel. Sans oublier la petite fonction de marketing viral « Envoyer ce site à un ami ». Astucieux pour créer le buzz !
Précédemment la même initiative avait été remarquée chez Douglas Coupland pour son livre « Hey Nostradamus ! ».
Il proposait notamment une réflexion en prolongement aux thèmes du livre. Dans le même esprit, le jeune auteur Antoine Buéno, à l’initiative du prix du style, a également créé un site dédié à son premier livre « Tryptique de l’asphyxie » . Sous forme d’un écran TV en flash, il propose un avant-goût des idées développées dans son livre (un essai sur la fin de l’humanité à travers 3 nouvelles montrant tour à tour un gourou d’une secte déjanté ou encore une analyse des schtroumpfs vue comme une société totalitaire…) à la façon d’une sainte trinité revisitée (de tryptique donc) : le père (c’est à dire l’auteur Buéno), le fils (c’est à dire le roman), le saint esprit (c’est à dire les infos pratiques). Ton décalé de rigueur !
De son côté, le jeune Ariel Kenig (à ne pas confondre avec Gaspard Koenig), auteur de Camping Atlantique, un pamphlet cynique et désopilant sur la vie en camping vu par deux frères, remarqué en 2005, nous informe également de l’ouverture de son tout nouveau site, qui lui est bien un site d’auteur avec un teasing sur son prochain roman « La pause », portant sur le refus d’un jeune de cité à poursuivre sa « vie d’usinier », à paraître chez Denoël, en septembre 2006. Au menu : présentation de l’éditeur, note de l’auteur et premières pages. Epuré, élégant et classique.
Des initiatives qui restent somme toute modestes au regard de ce qui se pratique désormais Outre-Atlantique.
Face à la vive compétition qui régne et à la difficulté de faire parler de tous les livres par les médias, une société propose aux éditeurs des solutions de marketing viral (c’est à dire alimentant le bouche à oreilles) pour réussir à faire émerger leurs derniers poulains !
Parmi elles, Vidlit réalise des mini clip en flash résumant le livre à l’aide d’un montage de photos illustrant l’histoire, de textes et d’une voix lisant un extrait du livre… Un brin naïves et simplettes (faisant étrangement penser aux photo-montages de « Y’a que la vérité qui compte »…), elles sont pourtant très efficaces. D’autant que « l’animation littéraire » peut-être envoyée facilement de lecteur en lecteur et créer un véritable buzz autour du livre.
Ajout du 30/06/2006 : Coup d’envoi du premier clip de promo littéraire on line en France par Gallimard. L’éditeur a réalisé une animation sobre et musicale, aux couleurs orientales du roman « Partir » de Tahar Ben-Jelloun, traitant de la situation politique des marocains pendant les années 90 et de la violence policière. Elle comprend des extraits du livre (bonne feuilles), des photographies personelles, des extraits vidéos historiques sur l’exil, le pays à l’envers…, et une interview de l’auteur du roman. Les lecteurs peuvent gagner un ouvrage dédicacé et rejoindre le site officiel de l’auteur par la suite. Le lien vers cette animation a été adressé par e-mailing à une liste de lecteurs. Une belle opération qui marque certainement le début d’une véritable stratégie des éditeurs pour toucher les lecteurs sur Internet, média jusqu’alors négligé.
Enfin pour finir, citons le blog d’Elisa Tovati, qui n’est pas écrivain mais chanteuse. Toutefois, elle a proposé un intéressant concours aux jeunes auteurs sur son blog : lui écrire les paroles d’une prochaine chanson autour des thèmes de la belle-famille, la maternité, la séduction ou la rupture… Des dizaines de textes peuvent être consultés sur son site. Une belle opération de com’ sous le signe de la création littéraire.
1 Commentaire
C’est naze.
Plutôt que d’essayer de changer la promotion du livre à la télé (qd même le plus prescripteur) et passer d’un "grosse émission" Durand, à plusieurs petites sur différentes chaînes, plutôt que de tenter de baisser le prix du livre en agissant collectivement, par exemple contre la hausse des tarifs postaux, plutôt que d’élargir le modèle éditorial de maisons qui sortent des bouquins à 1€ et continuent à vivre, on préfère se lamenter sur blog maintenant et opter pour un marketing sans limites.
Pendant ce temps, les GalliGraSeuil font des masses de pognon, les éditeurs se gavent et les auteurs/lessive touchent des a-valoir mirifiques qu’il signent dans les confortables bureau du 6ème arrondissemnt de Paris, qu’un espèce de snobisme friqué définit comme le centre du monde. Dernier frappé : la Table Ronde, qui s’était exilée, est revenue à ses premières amours. "On regrettait nos habitudes" dixit la faune éditoriale.