L’écrivain Michel Houellebecq a su disséquer comme personne la tragédie du désir occidental, la misère sexuelle et les frustrations qui en découlent. Dans son ouvrage Plateforme, qui traite notamment du tourisme sexuel, il analyse les causes de cette « crise des corps », qui selon lui rend incontournable le sexe vénal…
« Offrir son corps comme un objet agréable, donner gratuitement du plaisir : voilà ce que les occidentaux ne savent plus faire. Ils ont complètement perdu le sens du don. Ils ont beau s’acharner, ils ne parviennent plus à ressentir le sexe comme naturel. Non seulement ils ont honte de leur propre corps, qui n’est pas à la hauteur des standards du porno, mais, pour les mêmes raisons, ils n’éprouvent plus aucune attirance pour le corps de l’autre. Il est impossible de faire l’amour sans un certain abandon, sans l’acceptation au moins temporaire d’un certain état de dépendance et de faiblesse. L’exaltation sentimentale et l’obsession sexuelle ont la même origine, toutes deux procèdent d’un oubli partiel de soi ; ce n’est pas un domaine dans lequel on puisse se réaliser sans se perdre. Nous sommes devenus froids, rationnels, extrêmement conscients de notre existence individuelle et de nos droits ; nous souhaitons avant tout éviter l’aliénation et la dépendance ; en outre nous sommes obsédés par la santé et l’hygiène : ce ne sont pas vraiment des conditions idéales pour faire l’amour : Au point où nous en sommes, la professionnalisation de l’amour en Occident est devenue inéluctable. »
Michel Houellebecq, Plateforme
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