Suite à l’article « (Vu sur) Internet : Nouvel eldorado de la promo des livres ?« , citons en complément l’article de François Bon, écrivain pionnier sur Internet (créateur du site remue.net et de tierlivre.net), qui livrait 20 axiomes sur le rapport entre Internet et le livre dans le journal La Quinzaine littéraire à l’occasion d’un numéro anniversaire fêtant ses 40 ans d’existence (n° 919 du 16 au 31 mars 2006). Il analyse avec lucidité, les conséquences d’Internet sur la création littéraire…
Parmi ses réflexions, il estime que livre et site Internet sont organiquement complémentaires : « On trouve sur le site des images, des recherches, des textes adjacents. On constitue le dossier Internet d’accompagnement au livre : il fait désormais partie du geste de création lui-même. » Et se prend à imaginer un nouveau mode d’accès : « On pourrait imaginer que seuls ont droit de lire ces dossiers ceux qui ont acheté le livre : il suffirait d’un mot de passe, changé chaque semaine, « entrer le premier mot de la page 172 », mais à quoi bon ? C’est juste un pari. Via Internet on ne promeut pas le livre, on l’appelle. »
Il s’interroge aussi sur la possibilité de vivre de sa plume sur Internet mais regrette : « Il n’y a pas pour l’instant de modèle économique lié à une pratique culturelle de l’Internet, tant pis. ». Toutefois, il nuance ce constat en énumérant les apports indirects de sa notoriété en ligne :« Valorisation de mes lectures publiques, rétribution que je demande pour mes performances, possibilité de construire bien plus solidement un projet en amont. A côté de la logique de droits d’auteur se développent dès à présent d’autres modèles pour un statut artiste de l’écrivain. »
Il aborde enfin l’interactivité propre à Internet (forums, blogs…) et les « risques » que cette ouverture comportent : « On a les commentateurs qu’on mérite« , remarque-t-il. Sic !
Alors péril ou chance ? Il ne donne pas de conclusion tranchée à ses axiomes…
Internet est certainement une chance pour les auteurs : chance de trouver ses premiers lecteurs, de se frotter à leurs réactions encourageantes ou non…, de s’exprimer librement, d’expérimenter de nouvelles formes d’écriture, de se faire connaître/repérer à égalité avec d’autres plus nantis, chance d’écrire tout simplement, d’être stimulé au quotidien, de bénéficier de l’émulation on line, de s’améliorer sûrement…
Mais une chance à manipuler avec précaution (délimiter son champ d’écriture, d’implication et les passerelles avec le livre papier, ne pas se laisser cannibaliser ou étiquetter par le site). Une chance qui se cultive aussi : l’ouverture d’un site n’apportera pas automatiquement gloire et succès, même si potentiellement il peut être vu par la terre entière. La notoriété d’un auteur se mérite autant sur Internet que sur la papier, si ce n’est plus durement.
Et face à la multiplication, source de banalisation, l’union ou la mise en réseau comme cela se met déjà en place, sera certainement la 3e voie pour conserver une visibilité sur la toile auprès des e-lecteurs sur-sollicités.
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