L’écrivain Jean Echenoz, auteur de « Ravel », « Je m’en vais », prix Goncourt 1999 ou encore de L’Equipée malaise, livre sa conception de l’écriture et du métier d’écrivain. Quelques citations intéressantes relevées dans ce très intéressant entretien (fleuve) de l’un des écrivains phare de la littérature contemporaine française :
A la question « Que diriez-vous à un jeune auteur qui veut publier ? », il répond : « Je lui dirai de lire. De tout lire. Enfin tout ce qu’il peut, tout ce qu’il veut (…). Dans la pratique de la lecture, certains livres sont très accueillants à l’écriture quand d’autres sont plus intimidants. J’étais un grand lecteur de Dostoïevsk par exemple, mais il ne m’a jamais incité à écrire. D’autres m’y ont autorisé d’une certaine manière (comme Flaubert) ».
« Il serait prétentieux de dire que la lecture de Flaubert peut permettre d’écrire (…) Mais on peut, au détour de certaines de ses phrases, avoir l’illusion d’une certaine connivence, une connivence imaginaire, quelque chose comme une filiation rêvée qu’on se construit. Une affection. Ce sont des espèces de sourires du texte, des petits sourires engageants. Pas de poses qui seraient surplombantes ou écrasantes, simplement des petits mouvements d’amour.«
A propos de l’écriture , il déclare modestement : « Ce n’est pas parce qu’on a écrit dix romans qu’on a appris à en écrire. Se mettre à un nouveau roman c’est vraiment comme si on n’avait jamais rien fait.«
A propos de ses écrits de jeunesse : « On dit souvent pour les peintres qu’il faut commencer par copier. Je ne sais pas si je copiais, mais j’écrivais des choses qui se souvenaient beaucoup de mes lectures. »
« J’ai passé pas mal de temps dans ma jeunesse à écrire des niaiseries post-quelque chose. »
Source: Numéro du 15 juillet 2006 du magazine « Le Monde 2 »
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2 Commentaires
C’est très juste ce que dit J.Echenoz. Il y a des livres que l’on admire mais qui plombent aussi quelque part parce que hors d’atteinte justement et il y en a d’autres, que l’on admire encore mais qui stimulent, il y a un effet d’émulation.
Cela me rappelle une note d’un blog tenu par un écrivain que j’aime bien lire. JE vous la conseille sur
lalitterature.blogspot.co…
Je me permets de le citer. Il dit que le moteur de l’écriture, c’est la lecture et raconte aussi ça qui est exactement ce que je ressens et tellement vrai :
J’étais en train de lire un superbe livre (à paraître à la rentrée). Peu importe l’auteur, et le titre, mais c’est un grand. Bien. Le lire me force à lui répondre. Ce qu’il fait, je peux le faire, en différent, et même en mieux, qui sait. Il s’agit d’une émulation, d’un concours, d’un tournoi, mais dans un sens noble, avec respect et admiration. On se répond par livres interposés, même sans se connaître. "Un pedigree" de Modiano a eu cet effet sur les autres écrivains (notamment Michel Houellebecq).
Merci hirondelle de ce lien fort à propos ! L’auteur de ce blog, bien connu, est en plus, sauf erreur, un lecteur assidu d’Echenoz.
De façon générale, il est quasi certain que tous les auteurs ont des maîtres ou "complices" en littérature qui leur ont donné un jour envie d’écrire. Et assez étrangement pas toujours des auteurs proches de leur univers.