Les jeunes auteurs américains ne sont pas en reste en cette rentrée littéraire. Au rayon « nouveau talent acclamé », Benjamin Kunkel auteur « d’Indécision « , est déjà un auteur culte et phénomène littéraire Outre Atlantique, plébiscité à la fois par Jay McInerney et Joyce Carol Oates.
Il serait selon les critiques un digne successeur de Douglas Coupland et de son roman Génération X. Il retrace la vie de Dwight B. Wilderming, 28 ans, atteint d’indécision chronique. Adolescent attardé, il mène une existence sans but, partagée entre ses colocataires, ses parents divorcés, sa soeur qui lui sert de psychanalyste et une petite amie à mi-temps.
Licencié de son emploi, il accepte d’expérimenter Abulinix, un nouveau médicament censé guérir l’indécision. Le résultat est stupéfiant ! Invité par une ancienne camarade de fac à la rejoindre à Quito, Dwight, pour la première fois de sa jeune vie, se sent pousser des ailes : c’est décidé, il va partir pour l’Equateur…, selon le résumé des éditions Belfond. (voir notre critique d’Indecision de Benjamin Kunkel)
Parmi les autres pointures, William T. Vollmann, l’un des auteurs les plus déjantés de la jeune garde américaine, publie au Cherche-Midi le premier de ses sept volumes romanesques visant à écrire histoire symbolique du continent américain : « Les fusils« .
Jonathan Ames, journaliste new-yorkais et animateur de talk show, signe « Réveillez-vous, Monsieur ! », un roman à l’humour délirant et loufoque en forme d’hommage à P.G. Wodehouse, auteur des séries popolaires « Jeeves », sur les mésaventures d’un jeune dandy imbécile escorté de son maître d’hôtel malin, du nom de Jeeves (voir la chronique sur La factory)
Le deuxième roman du jeune prodige new-yorkais Jonathan Safran Foer, né en 1977,« Extrêmement fort et incroyablement près« (qui sort en même temps que celui de son épouse Nicole Krauss) est accompagné de toutes les éloges et semble confirmer l’excellence de son premier (best-seller) « Tout est illuminé » (adapté en film). Dans une veine mystico-fantastique, ce roman chorale dépeint la quête d’un petit garçon, aux quatres coins de New-York, d’une mystérieuse serrure qu’ouvrirait une clé reçue en héritage de son père décédé dans les attentats du 11 septembre, et éclairerait le mystère de la disparition de son père. Un voyage à troix voix (le fils, le grand-père, la grand-mère) à travers le temps (de la Seconde Guerre Mondiale au drame du 11 septembre) où les personnages tentent de surmonter leur passé respectif. Suivant la tendance (initiée par Mark Z. Danielewski) des livres-concepts, l’ouvrage alterne pages blanches, pages de carnets et photos à mesure que se déroule le récit, à l’image de son site lui aussi très inventif.
Du côté des aînés, citons John Updike dont le nouveau et 20e roman « Tu chercheras mon visage« est très axé sur l’art et la peinture américaine de l’après-guerre (tandis que son dernier « Terrorist », un thriller sur fond de religion est sorti en juin dernier aux Etats-Unis après que son quatuor des « Rabbit » ait été désigné par le New York Times comme l’une des trois meilleures oeuvres de fiction US de ces 25 dernières années, derrière Toni Morrison et Cormac McCarthy, rapporté par le magazine Chronicart)
Très controversée, la version originale de « A l’estomac » de Chuck Palahniuk (voir le billet sur le Mille-feuilles) débarque en France et se penche une nouvelle fois sur les affres de la création littéraire à travers les péripéties cauchemardesques de 23 écrivains wanna-be, conviés à venir écrire dans « un environnement calme, loin de l’agitation du quotidien et propice à la création ». Cette retraite paisible leur réservera en réalité les pires surprises allant jusqu’à les conduire à l’automutilation ou au cannibalisme.
Pour l’anecdote (très « sensationnelle »), les lectures publiques d’une de ses nouvelles (“Guts”) auraient même causé l’évanouissement de plus d’une soixantaine de personnes, au rythme de deux ou trois par lecture selon le journal anglais The Telegraph.
L’ouvrage conséquent (le plus volumineux de sa carrière avec 400 pages) se présente sous une forme originale : un roman entrecoupé de nouvelles, comme un patchwork de plus d’une vingtaine d’histoires courtes allant du réalisme étrange au fantastique gore, en passant par la science-fiction. Et tape au passage sur la téléréalité et le capitalisme sauvage occidental, vieille obsession de l’auteur de Fight Club : « C’est ça le rêve américain : transformer ta vie en quelque chose que tu peux vendre ».
Une version bien trash et extrême des ateliers d’écriture dont nous parlions récemment ! Toutefois, certains critiques lui ont reproché sa surenchère, nuisant à la justesse et à la crédibilité de son propos.
La nouvelle « Guts« , extraite de l’ouvrage, peut-être lue en VO sur le site de l’auteur.
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