Depuis quelques semaines, ils monopolisent l’attention (des médias en tout cas) et font l’objet de pronostics, calculs et autres spéculations. Qui ? Les prix littéraires bien sûr ! Un marathon auquel se livrent chaque année les éditeurs et leurs poulains du moment. Plus de 3 000 prix littéraires sont décernés en France et entre 500 000 et un million de Français achètent un livre couronné par l’un des six grands jurys – Goncourt, Renaudot, Femina, Académie française, Médicis ou Interallié, selon le Figaro (qui propose aussi des idées pour les réformer et les rendre plus transparents et plus justes…). Ils alimentent les petites polémiques habituelles (comme le récent « scandale » Desforges/Chapsal pour le Femina ) qui finalement intéressent plus que le livre de la lauréate (Lignes de faille de Nancy Huston ). Car c’est bien ce qui me gêne dans tout ce cirque : les stratégies (les magouilles dénoncées de toute part) semblent davantage passionner que les textes des auteurs eux-mêmes. Quant à l’utilité de ces dits prix, j’avoue ne leur accorder guère d’attention…
D’une part, justement en raison des dites magouilles et du peu d’objectivité des jurys et surtout parce qu’ils se basent sur une sélection de livres « de saison » donc relative qui ne correspond pas forcément aux « meilleurs » au sens absolu du terme (d’ailleurs parfois un livre est récompensé au titre de la carrière de l’auteur et non pour sa qualité intrinsèque).
Le fait qu’un livre ait obtenu un prix ou non ne m’influence donc pas. Au mieux, cela constitue un « plus » mais jamais une motivation de lecture. Je préfère nettement le bouche-à-oreille (toujours lui !) et les recommandations de personnes dites de confiance (mes « conseillers personnels »).
Toutefois, je suis en phase (et cela me fait plaisir) avec les choix du Prix de Flore, du moins jusqu’à ces deux/trois dernières années. Je suis donc toujours avec un intérêt relatif ses lauréats et certainement aussi cette année celui du « 15 minutes plus tard » qui semble prometteur (et me conforte notamment dans mon projet de lire Bartelt, parmi leur sélection, mais plutôt « Le bar des habitudes » que son dernier « Chaos de famille »). Même si ces deux prix sont, eux-aussi, tributaires de l’actualité du moment qui n’est pas forcément la plus pertinente.
Et vous quelle importance/intérêt accordez-vous à ces prix ? (Cochez la réponse de votre choix ci-dessous pour voter et voir les résultats. Ne votez qu’une seule fois svp, je donnerai les résultats à la fin du sondage. Merci de votre participation ! )
Voir aussi les résultats et conclusions du précédent sondage : Avez-vous déjà lu ou seriez-vous tenté de lire un auteur auto-édité ?
26 Commentaires
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Les prix permettent, en tout cas, de faire la promotion des livres et d’inciter à la lecture. Ainsi chacun peut s’évader, s’informer, se former …en un mot s’enrichir en se cultivant.
Je me demande comment personne n’a pensé à lancer un site de paris spécial Prix littéraires…
Bon Dimanche !
Pour tout savoir des prix littéraires :
prix-litteraires.blogspot…
et
http://www.prix-litteraires.net/
Merci
Je suis d’accord avec Annie: même si les prix me laissent indifférente, ils permettent de créer un buzz et j’avoue qu’à force d’entendre parler de tel ou tel auteur, je suis parfois tentée d’aller y jeter un oeil.
Mon commentaire n’est pas passé hier, je retente (désolée, il est long) :
C’est "drôle" que le buzz parle des prix littéraires (ok : tout le monde en parle, forcément, et ce n’est pas la première fois de l’année que vous consacrez un article à ce sujet mais) j’en profite pour faire un aveu terrible : je suis étudiante en lettres et je fais mon mémoire sur les prix littéraires (mais je ne prends pas en compte l’année 2006, et quand je vois le bordel que c’est, je trouve que j’ai bien fait). Quand mes "camarades" me demandent quel est mon sujet de mémoire, j’ai l’impression de leur annoncer que j’ai la lèpre. Ils perdent leur sourire et, au plus, sortent un "Ah… C’est… original", qui sonne bien plus comme "Mais tu ne sais pas que tu fais des études de *littérature* ?". Avec le recul, je regrette ce choix de sujet. Les prix littéraires n’ont aucune valeur pour les "lettrés". Ca peut se comprendre – personnellement, je fuis les lauréats, attendant qu’un certain nombre d’années soit passé avant de les lire. C’est ça, qui est paradoxal : avec le temps, le prix littéraire commence justement à avoir du prix. Aujourd’hui, on dit "Jean Rouaud méritait vraiment son Goncourt pour "Les champs d’honneur"" (1990), comme si le Goncourt devenait, avec le temps, un gage de qualité d’une oeuvre. "Ah, il a eu le Goncourt"… respect ! Alors que, là, qui ose croire que le Goncourt a récompensé des oeuvres de qualité, avec Weyergans et Gaudé ? Personne, ou presque.
Il y a un tel foin autour des prix littéraires que ces derniers en perdent toute crédibilité. C’est dommage.
J’ai personnellement un petit coup de coeur pour le Renaudot, je n’en ai lu que sept lauréats, mais six m’ont vraiment, vraiment plu (dont les trois derniers en date).
Bref ! Les prix littéraires, c’est vraiment ce que tout le monde adore détester…
Primo il y a un problème de surnombre : trop de prix littéraires tuent le prix littéraire.
On dirait que tout le monde veut avoir SON prix littéraire, sans doute une question de prestige.
Ensuite la vocation originelle de nombreux prix a été pour beaucoup oubliée ou bafouée.
La conséquence en est que les lecteurs s’y paument ou perdent confiance. Secondo, les prix sont davantage là pour mettre en lumière que pour révéler donc il ne faut pas leur demander plus que ce pourquoi ils sont faits.
Merci de vos avis très intéressants et de ces premiers votes !
Finalement, il semble que les prix littéraires malgré tous les dénigrements dont ils sont la cible, conservent une certaine popularité pour X raison d’ailleurs.
Pour ma part, je ne "déteste" pas les prix comme tu dis Aurelhie. En fait ils me sont indifférents tout simplement. J’ai plutôt le cheminement inverse, je repère un livre qui me tente et si je vois qu’il obtient un prix, je me dis que peut-être j’ai un peu de "flair" même si de toute façon l’obtention du prix peut se faire "par défaut" d’une certaine façon en procédant par élimination…
Je partage ta vision du temps qui bonifie le prix accordé mais difficile d’en juger puisque nous avons encore le nez dans l’époque.
En tout cas, je serai très très intéressée de lire les conclusions de ta thèse et ton avis d’étudiante en lettres est vraiment intéressant (merci d’avoir persévéré et de l’avoir reposté, il y a en effet de nombreux bugs).
Messy mess, je ne sais pas s’il y a "trop" de prix. Peut être que ces prix se créent justement parce qu’il y a une déception ou un manque au niveau des prix actuels, (de représentativité et surtout d’impartialité) j’imagine.
C’est un peu comme les webzines/magazines littéraires/culturels, il y en a déjà énormément et pourtant on a parfois quand même envie d’en créer un nouveau parce qu’on ne trouve pas exactement ce qu’on veut. Ce n’est pas forcément pour le "prestige" ou par vanité.
Annie et Katchoo, vous avez raison les prix ont au moins le mérite d’éveiller l’attention sur les livres donc c’est toujours ça de gagné sur la star academy ou qui veut gagner des millions !
Et Christophe HS : j’aime bien ton profil sur mySpace ! Tu me fais penser à Christian Authier au niveau du parcours cinéphile et région.
Et à vos votes ceux qui n’ont pas encore voté !
Alexandra,
pour la comparaison avec Christian Authier, bon je pense que ça a l’air d’un compliment, enfin j’espère :-))
Je t’avoue que je l’ai jamais lu, mais ce que j’ai vu sur Evene m’a beacuocup plu (je me reconnais totalement dans certaines citations de son livre !). TIens, je vais appeler Stock tout de suite, et on en raparle…
Ohlala, Alexandra, je ne fais pas une thèse ! Je suis encore petite, j’en suis au stade du mémoire… que je commence à peine, d’ailleurs, et il ne sera achevé qu’en juin. Si j’arrive à aller jusqu’au bout, et si ça t’intéresse toujours, oui, je pourrai te passer ça… En sachant aussi que c’est totalement subjectif, et qu’il m’a fallu faire des sélections -je n’étudie que trois prix, le Goncourt (inévitable), le Renaudot, et le prix Inter (histoire de voir ce que ça donne quand le public a son mot à dire). Je suis un peu découragée par le côté "magouilles" de cet univers et, ayant un vrai amour pour les livres, je suis désolée de voir qu’on ne récompense pas un livre parce qu’il est BON, mais parfois parce qu’il a été publié chez Gallimard, ou qu’on a oublié de récompenser l’auteur donc on se rattrape (ex: Duras), etc…
Pour commenter l’actualité, je suis partagée à l’idée de voir Littell doublement récompensé… le Goncourt est censé couronner un auteur :
– qui a écrit plusieurs romans (pour être sûr que l’auteur ne va pas être "bloqué" par le prix et qu’il va continuer sa carrière – mais ce détail est facilement oublié par le jury)
– qui ne fait pas l’objet déjà l’objet d’une certaine reconnaissance, je veux dire par là que le prix est censé mettre un coup de projecteur sur quelqu’un, pour l’aider, l’encourager, pour éviter de récompenser ceux qui sont déjà bien installés… là aussi, c’est un point souvent oublié. Mais Littell, quoi ! Il a vendu 200 000 exemplaires, il a eu le prix de l’Académie française ! Ca suffisait ! A part si c’était l’unique roman qui méritait le prix – mais ça, je ne le sais pas.
Promis, la prochaine fois, je poste un commentaire c.o.u.r.t. 😉
lol, désolée de t’avoir donné ce coup de vieux soudain avec mon lapsus sur la thèse.
J’allais justement te demander ton sentiment sur Littell, voilà qui est fait. Je retiens surtout ta dernière phrase. Difficile de savoir quelles auront été les multiples raisons qui auront présidé à ce choix final (pression ? engouement général ?…)
J’aurais 2 questions pour toi :
Qu’est ce qui t’as motivé à te lancer dans un tel sujet de mémoire ?
Et d’autre part vas tu lire ou as tu lu Littell ?
bonne soirée !
PS : le "15 minutes plus tard" vient d’être décerné à une toute autre figure littéraire… moins austère > voir ci-dessus 🙂
Ah mais ça ne me dérange d’être vieillie, mais je ne voulais pas qu’on prenne mon petit travail pour quelque chose de plus grand que lui. 😉
Pour ce qui a motivé mon choix de sujet, c’est très simple : je n’avais en fait aucune idée, et c’est quelqu’un qui me l’a trouvé… 🙂 Quelque part, ça m’arrange bien, parce que je ne vais étudier que des oeuvres récentes (elles ont vingt ans maximum), et même si, ça encore, ça peut être mal vu dans le milieu universitaire (cette littérature est trop jeune), ça me plaît de jeter un coup d’oeil sur les oeuvres d’aujourd’hui.
Quant à Littell… je ne l’ai pas lu, non. Et je ne sais pas si je le ferai – en tout cas, certainement pas maintenant, je ne peux pas m’embarquer dans un aussi gros roman. Mais j’ai peur que ça soit éprouvant, puisque les scènes les plus gores d’ "American Psycho" sont apparemment dignes de Walt Disney à côté des descriptions des "Bienveillantes"… Ce roman me fait peur. Et toi, tu l’as lu ? Ou tu comptes le faire ?
Bonne fin de soirée 🙂
En 2002, Radio France m’a decerné un prix pour mon premier roman publié, "Second toughest is the infant".
Ca n’a pas fait de moi un écrivain riche et célèbre.
Je trouve qu’il y a trop de prix littéraires, de même qu’il y a trop d’émissions littéraires et trop de livres tout court! A la fin, ça ne veut plus rien dire (la preuve: j’ai eu un prix pour un livre avec des fautes d’orthographes jusque sur la couverture!) Personne (auteur, éditeur, jury…) n’y gagne rien, à part un peu de flatterie pour son égo.
Quant au Goncourt, à l’origine, il récompensait les débutants. Céline, malgré un intense lobbying, l’a manqué de peu pour "Le voyage".
Aujourd’hui, s’il récompense un inconnu, on râle et s’il récompense un livre ayant déjà du succès (comme Jonathan Littel), on râle aussi! Alors, MM. les commentateurs, il faudrait savoir ce que vous voulez!
Incroyable le coup du prix France Inter (félicitations au passage).
C’était quel prix exactement ?
Je mets un bémol sur ton "Personne (auteur, éditeur, jury…) n’y gagne rien, à part un peu de flatterie pour son égo."
Parfois les dotations financières de ses prix peuvent permettre à l’auteur de financer (en partie) l’écriture de son roman suivant.
Et si le prix est médiatisé, apporter un peu de visibilité auprès du lectorat.
En tant que lecteur les prix m’indiffèrent (ce qui est très différent de "ils m’agacent!")
Et à la lecture des commentaires je me suis projeté en tant qu’auteur.
Conclusion provisoire :
"Les prix littéraires ? Autant en avoir un au plus vite pour ne même plus avoir à y penser !" 😉
Aurelhie, je n’ai pas l’intention de lire Les Bienveillantes en dépit de la pression exercée par mes acolithes ! En dépit de toutes ses nombreuses qualités, ce n’est tout simplement pas un livre pour moi. Et je ne me forcerai pas. Il m’arrive de me forcer sur certains livres majeurs mais celui-là. Non vraiment.
ex-PDF (j’y comprends plus rien moi dans ces pseudos), tu ne fais même pas honneur au prix littéraire qui inspire ton pseudo : shame on you !
Sinon d’accord l’indifférence n’est pas à confondre avec l’agacement (c’est au choix) mais le résultat est le même : on les ignore. Toutefois l’indifférence peut être teintée d’agacement. Nuance…
Sourire
Avec la publication des "nouvelles du Flore" en 2004, je reconnais que le prix de Flore est le premier prix qui ait vraiment suscité ma curiosité… et ma sympathie !
On sentait là une dynamique, un souffle, une fraîcheur… Que j’ai retrouvée avec le "K1ze minutes + tard". Et le fait que Frédéric B. himself ait été là hier pour en annoncer la lauréate me semble un très joli symbole !
PS : pour le pseudo, je ne pouvais qu’abandonner "prixdeflore2006", au moins par respect pour le futur (la future) lauréat(e)…
Une nouvelle aventure commence – l’ouverture d’un nouveau blog est en cours.
A bientôt! 😉
Alexandra> J’ai remporté le prix "Radio du livre, futurs auteurs, catégorie Polar, 2002" (à ceux qui ne me croiraient pas, j’ai gardé la lettre de Radio France.)
Quand je parle de rien n’y gagner, je ne parle pas d’argent, mais de notoriété, de reconnaissance.
Franchement, qui serait capable de citer les livres primés en 2005?
Un vrai écrivain, ce n’est pas un candidat de la Star Academy: 3 mois de célébrité et on passe au suivant!
Par contre, je serais pour la création d’un contre-prix pour les plus mauvais livres, l’auteur le plus nombriliste, le plus grand bide littéraire, etc. Ca, au moins, ça serait drôle!
Moi aussi j’ai arrêté de lire Littell …
A temps! Juste avant sa nomination!
The Magical MonsterJack Tour
lol, Joest, je me demande si ça n’existe pas déjà… ?
Attention le plus "mauvais" livre, certains auraient pu élire "Les bienveillantes" cette année, comme quoi j’en reviens à ma bonne vieille thèse développée précédemment il n’y a pas de "bon" ou de "mauvais" livre.
(hein Nathalie !)
Monster, eh bien alors, tu déclares forfait ?!
Alexandra, forfait oui, au profit d’un livre interdit de cité sur ce blog : "Marilyn dernières séances" de Michel Schneider.
Je sens déjà la réprobation poindre, mon effronterie passer sous les fourches caudines du déshonneur. Quoi? le traitre, il ose parler d’un vieux!!!
Passionnant…Oui je sais on va dire que ce n’est pas de la Littérature et on aura raison, mais c’est un document labellisé roman, parce qu’on ne pouvait décemment pas faire autrement, très touchant.
The Magical MonsterJack Tour
lol, mais non ! que vas tu t’imaginer ! Bon c’est vrai que le Schneider ne fera a priori aucune apparition par ici non pas en raison de l’âge de l’auteur qui ne nous préoccupe guère mais tout simplement que cet énième opus sur Marilyn, dont j’adore les films, ne nous passionne guère…
Je ne sais pas s’il a obtenu un prix d’ailleurs, après avoir manqué de peu le Renaudot… ?
De l’utilite des prix litteraires :
qui a recu le prix nobel de la litterature en 1960?
Qui l’a refuse en 1964???
A.D.
Non ce n’est pas un énième opus sur Marilyn Monroe. Sinon je ne l’aurais pas acheté.
C’est l’histoire d’une folie schizofrène à travers Marilyn. Les autres livres traitent de l’enveloppe de Marilyn. Celui-là est à l’intérieur de Norma Jeane Baker qui tente de trouver son "MOI".
En fait, c’est le contraire du livre d’Héléna Marienské "Rhésus" où l’auteure cherche à se débarrasser d’un "MOI" envahissant…
Mais bon, si un jour tu tombes sur ce livre et, imaginons, qu’il n’y ai rien d’autre à faire à cet instant en cet endroit, peut-être le liras-tu pour ton plus grand enrichissement…
Amicalement,
MonsterJack
AD, je me souviens du Goncourt 1975 essentiellement 🙂
Oui MonsterJack, je me doutais bien que je faisais un gros raccourci bien réducteur mais bon… A choisir, je suis en effet plus tentée par le Marienské.
Excellent exemple Alexandra, si je puis me permettre de l’appuyer.
Cela revient a la question : la litterature contemporaine ne s’enterrerait pas d’elle-meme? Acceptant la moindre disctinction?
Improbable…
Merci AD !
Je pense que la littérature n’est pas une science exacte. Certains livres traversent les époques et les générations tandis que d’autres sont oubliés une fois de leur année de consécration passée. Pourquoi ? Je n’ai pas la réponse, ni de théorie là-dessus… 🙂