Le jeune romancier, auteur du très remarqué et salué « La théorie des nuages » dont les terribles pages sur Hiroshima lui ont valu le prix du style 2005, revient en cette rentrée littéraire avec « Fils unique », une biographie apocryphe haute en couleur et une étonnante traversée dans le XVIIIe siècle libertin, du côté des boudoirs et bordels, aux accents Sadiens. En lice pour plusieurs prix littéraires, il a aussi été sélectionné pour le Goncourt des lycéens. L’occasion de visionner quelques vidéos de l’auteur où celui-ci réagit aux interrogations de ses jeunes lecteurs sur l’omniprésence de la sexualité dans son ouvrage. Libertinage, sexe ou pornographie : Non ce n’est pas « sale », martèle celui qui ne supporte pas que le sexe soit séparé de la vie et l’analyse dans son rapport à l’histoire avant tout…
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A propos de « Fils unique » :
Né de quelques lignes des «Confessions » (« Enfin mon frère tourna si mal qu’il s’enfuit et disparut tout à fait. Quelque temps après on sut qu’il était en Allemagne. Il n’écrivit pas une seule fois. On n’a plus eu de nouvelles depuis ce temps-là, et voilà comment je suis demeuré fils unique. ») où Jean-Jacques Rousseau y évoque son frère, contraint à vingt ans de quitter Genève où il était recherché (et enfermé en maison de correction), ce roman rend hommage à ce frère aîné oublié. L’auteur se glisse dans sa peau et imagine, sous forme de confessions, son existence dans la France des lumières, la France de Voltaire, en plein éveil démocratique, où science et libertinage s’unissaient au grand dam de la religion…
De son apprentissage en horlogerie à Genève aux maisons closes qui font la célébrité de la capitale française (où il officiera en tant que factotum), jusqu’aux cercles libertins et licencieux qu’il infiltrera (et concoctera par exemple des godemichés et autres automates forniquant à la demande à la grande joie des salons parisiens…), avant d’être embastillé… Le lecteur suivra le jeune François dans son apprentissage du sexe et du plaisir qui le convraincra que l’intérêt de la vie réside dans la jouissance et la débauche.
En trois chapitres à la langue érudite, baroque et précieuse, étonamment fidèle à l’époque, non sans évoquer celle de l’auteur des « Infortunes de la vertu », il ressuscite le vent de liberté, la soif de savoir, de création et l’épicurisme qui baignent alors le pays. Et de croiser sur son chemin toute son intelligentsia : Vaucanson, Damiens mais surtout Sade et de Launay, son geôlier… Un roman ultra documenté, picaresque et sulfureux (à lire après les Confessions du frère cadet…) ! Auquel certains ont toutefois reproché de n’être qu’un exercice de style historique et non un roman à part entière…
4 Commentaires
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Merci d’avoir mis cette petite vidéo sur Audeguy. Quelle chance ont eu ces lycéens de partager un moment avec lui, pouvoir discuter avec lui, lui poser des questions.
J’ai beaucoup aimé ce roman, baroque comme tu dis et fidèle à la langue du 18ème siècle.
Oui je me souviens que tu en avais parlé. Alors à ton avis : exercice de style historique ou vrai roman à part entière ?
Le pauvre se sera transformé en "Doc" le temps de la conférence aux lycéens 🙂
j’ai déjà croisé l’auteur en salle X (bibliographie) à la Bibliothèque Nationale de France. Il lisait un Pim Pam Poum. Je dénonce cette démarche anti-balbynienne avec verdeur et ténacité. Voilà.
C’est toujours moi. J’oubliais de dire que précédemment, je l’ai également vu avec un Blek le Rock dans cette même salle et je crains bien de dire qu’il entrait dans une transe peu commune à la lecture de cet illustré.