Une bonne nouvelle ! La romancière camerounaise Léonora Miano s’est vu décerné, lundi 13 novembre, le 19e prix Goncourt des lycéens pour son deuxième livre, « Contours du jour qui vient », édité chez Plon et qui figurait dans la première sélection du Goncourt. Je vous avais présenté cette romancière à l’occasion d’une soirée littéraire au Thé des écrivains. Sa très forte personnalité et son esprit aiguisé m’avaient particulièrement marquée. Un livre à la fois touchant et violent à découvrir assurément !
La romancière camerounaise Léonora Miano, née à Douala en 1973 et vivant en France depuis 15 ans, s’est vu décerné, lundi 13 novembre, le 19e prix Goncourt des lycéens pour son deuxième livre poignant : « Contours du jour qui vient », édité chez Plon. , Son roman, une sombre mélopée à la poésie envoûtante, raconte l’histoire d’une fillette en quête de sa mère qui l’a chassée de chez elle dans un pays africain, imaginaire, exsangue par les guerres, la faim, les croyances obscures et les commerces sordides. Dans cette folie meurtrière, ce récit allégorique parfois mystique, dénonce l’abandon parental des enfants et plus généralement de la mère patrie. La jeune Camerounaise poursuit, ici, son décryptage d’un pays à la dérive, en tentant de garder l’espoir : il faut se souvenir et puis il faut marcher, écrit-elle.
Treize oeuvres étaient en lice pour ce prix, basé sur la première sélection pour le prix Goncourt, établie le 5 septembre, à l’exception de Nancy Huston, déjà couronnée par le Goncourt des lycéens.
Extrait de « Contours du jour qui vient » :
« Il n’est que des ombres alentour, c’est à toi que je pense. Non pas qu’il fasse nuit, et que les vivants aient soudain épousé les couleurs du moment. Il aurait pu en être ainsi, si le temps prenait encore la peine de se fractionner en intervalles réguliers. […] Mais le temps lui-même s’est lassé de ce découpage. Le temps a bien vu comme nous toutes, comme moi, que pareil décompte ne faisait pas sens. Pas ici où nous sommes. Qu’il y ait un matin ou qu’il y ait une nuit, tout est semblable. Il n’est plus que des ombres alentour, je suis l’une d’elles, et c’est à toi que je pense. La dernière fois que nous nous sommes vues, tu m’avais attachée sur mon lit. Tu m’avais rossée de toutes tes forces avant de convoquer nos voisins, afin qu’ils voient ce que tu comptais faire de cet esprit malin qui vivait sous ton toit et se disait ta fille. Ils attendaient déjà sur le pas de la porte, attirés par mes cris. Ce n’était pas pour me porter secours qu’ils étaient là. Ils ne venaient jamais en aide à quiconque, se contentant de faire des commentaires en attendant les pompiers, la police, une ambulance, cependant qu’une femme battue ou un accidenté de la route se vidait de son sang. »
A noter que son premier roman, « L’intérieur de la nuit », a été salué par la critique et plébiscité par les lecteurs. Plusieurs prix lui ont été attribués :
Les lauriers verts de la forêt des livres, Révélation 2005
Le Prix Louis Guilloux 2006
Le Prix Montalembert du premier roman de femme 2006
Le Prix Réné Fallet 2006
Le Prix Bernard Palissy 2006
Classé meilleur premier roman français pour l’année 2005 par le magazine Lire, L’intérieur de la nuit fait aussi partie des 10 finalistes de l’édition 2006 du Prix des Cinq Continents de la Francophonie.
Voir aussi l’article sur Léonora Miano à l’occasion d’une soirée littéraire au Thé des écrivains
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