A signaler la parution de ce recueil de nouvelles, collectif, paru à l’école des Loisirs et un peu passé inaperçu en cette rentrée littéraire prolixe. Un recueil à cinq voix, cinq auteurs incontournables de la littérature contemporaine et de la jeunesse : Olivier Adam, Geneviève Brisac, Arnaud Cathrine, Agnès Desarthe et Jérôme Lambert, qui chacun a imaginé un récit mettant en scène cet « entre deux temps, entre deux âges, entre deux lieux » selon son éditrice Geneviève Brisac. A l’arrivée, des variations hautement sensibles sur l’adolesence, comme en ont le secret ces auteurs qui nous parlent des peurs, émotions, incertitudes, d’amour et de la douleur… de personnages fragiles confrontés aux secrets de leur famille et à la quête de leur identité.
Arnaud Cathrine signe une nouvelle intitulée « Pas de printemps pour Charlie » dans laquelle son héros de 17 ans rend visite à son oncle (qui fait la honte de sa famille parce qu’il a écrit un livre considéré comme « libertin » quelques années plus tôt) à Paris qu’il ne voit jamais, pour le week-end. « (…) j’aurais parié cher qu’il n’avait jamais passé plus de dix minutes avec un garçon de mon âge, aussi avait-il verrouillé notre week-end, espérant dans le meilleur des cas recevoir un touriste hystérique, présumant plus simplement qu’il fallait « fatiguer l’ado » pour qu’il s’endorme tôt, ainsi minimiserait-on les plages de silence embarrassé et autres répliques pathétiques des deux chiens de faïence qui se regardent dans le blanc de l’œil. »
Après avoir boudé ses propositions de sorties touristiques trop conformistes, il apprendra à découvrir ce parent, si différent de son père autoritaire et distant : cet oncle « indigne », « trop libre » qui finira par l’emmener dans un bar de la rue Jean-Pierre Timbaud… Et fera naître une complicité inattendue…
Une phrase : « Quand je parle de tomber amoureux, j’exagère. Disons que je m’invente des coups de foudre assez régulièrement, ne serait-ce que pour ne pas avoir à m’endormir sans avoir matière à rêver. Je n’ai jamais pu concevoir de me coucher sans avoir quelques film à me faire. »
Dans « L’automne« , Olivier Adam reste fidèle à ses thèmes et ses décors de prédilection : une plage en novembre, celle de Saint-Malo, celle de l’enfance, des vacances aussi. Au fur et à mesure que les souvenirs affluent, l’adolescente narratrice brode un portrait émouvant de son grand-père dont elle est venue vider la maison puisqu’il vient de mourir. Emportant avec lui la fin d’une époque et d’une saison… «Tout me semblait éternel. Comme l’enfance. Mais nous avons grandi. Les autres ont commencé à s’ennuyer, les oncles à se raidir, les tantes à s’engueuler, et Grand-Pa à vieillir. D’année en année, il se faisait plus discret, plus rare. Il ne quittait plus son étage que pour les repas, une promenade en fin d’après-midi et des baignades de moins en moins régulières. Mais quand même, cet été, qui aurait pu prévoir qu’aux premiers jours de l’automne son cœur lâcherait ? » Une nouvelle nostalgique, douce et mélancolique comme un adieu à l’enfance et à l’insouciance de ses étés en famille, avant de connaître les premières désillusions amoureuses de l’automne…
Cinq textes émouvants qui illustrent avec grâce et justesse ce moment trouble du passage de l’adolescence à l’âge adulte
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