Dans un genre littéraire qui reste encore un bastion plutôt masculin, trois voix féminines s’élèvent en cette rentrée littéraire de janvier 2007 pour imaginer le monde de demain (plutôt désastreux)… On se souvient d’Anna Rozen qui s’y était aussi risquée et avait créé la surprise à la rentrée littéraire de septembre 2004 avec son Bonheur 230, une fable ironique sur notre futur post-humain où se croisaient clonage, biotechnologies et cybersexe… Cette année, il faudra compter avec Céline Curiol (photo à droite) adoubée par Paul Auster (auteur de « Permission »), Céline Minard (auteur de « Le dernier monde ») et Elise Fontenaille (auteur d' »Unica »). Entre cataclysmes universels et danger totalitaire, ces dames sont-elles les nouvelles « George Orwell » ou « Aldous Huxley » modernes ? Présentation en avant-première…
Très remarquée pour son premier roman Voix sans issue (traduit dans une quinzaine de langues et narrant les rêveries désespérées d’une jeune femme comme seuls échappatoires à son malheur et à son travail de « voix » à la SNCF gare du Nord), l’étonnante Céline Curiol, jeune trentenaire (née en 1975) d’origine lyonnaise, exilée à New-York, est le coup de foudre littéraire de Paul Auster en 2005, qui a notamment plébiscité « sa surprenante fluidité et sa maîtrise ordonnatrice d’une multiplicité d’effets stylistiques » et avec qui elle partage la même plume incisive et l’art d’immerger de l’intérieur le lecteur, dans les dérives urbaines mi-réalistes mi-oniriques de ces personnages. « Curiol a un sens du détail acéré et nous offre une image lumineuse de la société française en général – une France nouvelle, celle de ce vingt et unième siècle commençant (…) La beauté de son écriture est faite de grâce et d’économie, de vigueur, de compassion et de fréquentes touches d’humour.« , analysait-il dans le magazine Lire au sujet de Voix sans issue.
Elle livre en cette rentrée un deuxième roman très orwellien, doublé d’un questionnement philosophique, qui retrace la vie d’un employé « modèle » dans un grand organisme international de type ONU : « l’Institution ». Il occupe le poste de « résumain » consistant à résumer les communications politiques officielles à huis clos, puis de diffuser à la presse cet éclairage sur le monde, sous une forme très contrôlée et réductrice. A travers cet univers totalement bureaucratique et déshumanisé, l’écrivain dépeint une société où le jargon technologique a remplacé l’imagination et où les livres sont bannis (rappelant le Fahrenheit 451 de Ray Bardbury), où la méfiance, l’obsession de la performance et la rivalité règnent.
« Il ne sert à rien d’évoquer ma nationalité qui n’a plus d’importance puisque j’ai accepté d’y renoncer pendant la durée de mon embauche (…) Je n’ai plus de pays à proprement dit.«
Les salariés doivent se conformer au moule, se copier, s’épier, s’entre-dénoncer et surtout ne lire aucun livre pour ne pas imaginer d’autre vie que celle qui leur est imposée. Même leur vie sentimentale est régentée : Ils ne peuvent draguer que via le site officiel de rencontres de leur employeur ! Jusqu’au jour où un nouveau collègue l’initiera en secret à la richesse des romans qui sont interdits et par là-même à la libre interprétation des faits ou à la subjectivité à travers les oeuvres de fiction. Dans la tour de verre où vivent les deux hommes le vertige de la littérature s’immisce soudain… Et menace cet ordre oppressant qui scande à loisir que « L’imagination, nous le savons à présent, n’est pas un atout de l’être humain mais sa plus sournoise prison. »
Chaque soir, les deux hommes se retrouvent en secret et « cherchent avec anxiété leur dose d’irréalité, de fiction doucereuse et prohibée (…), entendent les mots si bien jetés et sentent dans leur bouche leur épaisseur (…), la chair viandeuse et succulente ».
Un roman qui dénonce les bassesses de la vie de bureau et les grandeurs de la rebéllion.
Découvrez Permission de Céline Curiol
De son côté Elise Fontenaille explore dans Unica les mondes virtuels, les nanotechnologies et la manipulation, dans une veine que Philip-K. Dick et Tim Burton ne renieraient pas ! A Vancouver, un cyberflic, traque les pédophiles au sein d’une brigade spécialisée. Au cours d’une enquête il tombe amoureux d’une jeune femme qui a arrêté de grandir, la troublante Unica Bathory. Fausse enfant aux cheveux blancs, Unica est la chef d’un gang de nanoterroristes qui punit les voyeurs, les clients de réseaux pédophiles, en leur injectant une puce empathique au niveau du cortex : ils ressentent les souffrances des enfants dont ils sont sensés jouir, dans une douleur insoutenable, jusqu’à en perdre la vue. Entre ses deux personnages, se noue une étrange histoire d’amour, entre monde réél et monde virtuel, mensonge et vérité. Un cyber-polar qui flirte avec le fantastique et offre une réflexion moderne sur les sentimens et les crimes sexuels à l’heure d’Internet, non sans rappeler Minority Report. En exergue du roman on trouve : »Flow my tears, the policeman said », le célèbre titre de Philip K. Dick.
Découvrez Unica d’Elise Fontenaille
Enfin, Céline Minard, peut-être la plus pessimiste des trois, va jusqu’à imaginer dans Le dernier monde, la disparition de l’espèce humaine (le dernier monde vu par le dernier homme resté vivant) à travers une odyssée métaphysique à la Stanley Kubrick. Cette jeune auteure (née en 1969), dont la critique n’a pas tari d’éloges pour son R. paru chez Comp’Act en 2004 (pastiche de roman picaresque aux alentours du Lac Léman, mêlant langage oral et technologique, sur les traces des Confessions de Rousseau, avant Stéphane Audeguy…), met ici en scène un chercheur d’une station orbitale. Ce narrateur, rebelle à l’autorité de ses supérieurs, cynique, bégueule et un peu déjanté (humain en somme !) mettra à jour les défauts de la station et provoquera ainsi son évacuation par le gouvernement. Refusant d’obéir aux ordres, il est accusé de délinquance et condamné par la justice. Il s’exilera alors dans l’espace pour continuer ses expériences. Lors de son retour sur Terre, à la suite d’accidents dramatiques (explosions…), l’astronaute déchu sera confronté à de nouvelles tribulations en solo autour du monde (des plaines d’Asie centrale à la Chine, en passant par l’Inde, l’Alto Paraná et l’Afrique) dans une quête désespérée voire hystérique et délirante de l’humanité, dont il serait le seul rescapé… Réalité ou hallucination ? Le globe-trotter devient alors le héros d’un roman d’aventures écolo-cosmogonique, où sa langue se métamorphose au gré des continents et des cultures traversés où se mêlent ses rêves, réminiscences, mythes et digressions…
Au fur et à mesure il se met en tête de faire le vide sur la planète à l’aide de méthodes loufoques comme lancer un troupeau de dix mille porcs, guidés par hélicoptère, sur les grandes villes d’Asie centrale… Ce « nettoyage », fait d’épiques traversées d’un continent à l’autre à bord de voitures, trains, flottilles intactes de machines aériennes trouvées au hasard, le ramènera jusqu’à l’état de nature primitif où les mondes végétal et animal régnaient avant que l’homme ne vienne les détruire… On retrouve ici le thème du « bon sauvage » auquel elle s’est déjà intéressée précédemment. Mais aussi une réflexion sur la violence, la crainte (du vide), la valeur du passé et des civilisations humaines, la mémoire du désir et l’enfance retrouvée…
Un récit « inclassable » selon son éditeur, servi par une imagination verbale et un lyrisme sans borne qui rebondit de page en page comme ces « immeubles qui s’alignent et se perpendicularisent », ce « calme rongé par l’entropie », ce panneau « où les lettres cyrilliques couraient sur le fer comme une chanson légère », « la ligne d’horizon se compliquait », « Les horreurs qu’il a vécu en forêt ne s’estompent pas dans son esprit, mais elles sont mieux rangées », « Le tatou est un animal pointu sur A et sur Z mais bombé rond au milieu »…
Découvrez Le dernier monde de Céline Minard
A découvrir aussi : Bonheur 230 d’Anna Rozen (2004) (voir la chronique).
Des proses féminines rafraîchissantes à l’heure de l’hégémonie des Camille Laurens, Alice Ferney et autres Christine Angot…, même si certaines ont un petit goût de « déjà lu/vu ».
68 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
Mouais, enfin, des femmes qui écrivent de la science-fiction, ça n’a rien de nouveau. Voir le recueil Jardins virtuels de Sylvie Denis chez Gallimard ou le roman Le goût de l’immortalité de Catherine Dufour, bientôt au Livre de Poche. Et, chez elles, pas de goût de « déjà lu », l’originalité est bel et bien présente.
À noter que « Le dernier homme » est le titre d’un roman de Mary Shelley, et aussi de Margaret Atwood.
Merci beaucoup Gilbert de ces compléments d’info très intéressants !
Attention toutefois, il me semble qu’il ne faut pas confondre littérature d’anticipation et science fiction.
En ce qui concerne le bémol du "déjà vu/lu", il s’applique surtout au roman de C.Curiol qui emprunte beaucoup à 1984. Ce qui peut d’ailleurs sembler dommage et même anachronique à l’heure où les nouveaux médias (Internet en particulier) balaie justement complètement les régles de l’information et de la communication en offrant une nouvelle transparence jusque là inconnue et même impossible. L’affaire Ségolène Royal, pour ne citer qu’elle en témoigne ou des sites comme http://www.monputeaux.com (criblé de procès). Il aurait été intéressant de mettre en scène ces nouveaux enjeux qui désabilisent justement le contrôlé quasi policé des infos, politiques en particulier… Avis aux jeunes auteurs !
Ce n’est pas une femme mais il vaut le coup d’être cité Kazuo Ishiguro, Auprès de toi toujours, un des romans qui m’a le + ébranlé ces derniers mois . Un roman aux portes de la science fiction, de l’expérimentation scientifique et d’une réalité onirique qui rappelle aussi Le meilleur des mondes d’Huxley. Je suis surprise de ne le voir mentionner nulle part sur le Buzz !!
"Attention toutefois, il me semble qu’il ne faut pas confondre littérature d’anticipation et science fiction."
Cette phrase me laisse perplexe.
Pour moi, Dick, Bradbury, Orwell et Huxley sont des grands auteurs de science fiction parmi d’autres.
Peut-être est-ce le rapprochement femme <-> science qui gène ?
Mon dictionnaire écrit pour anticipation : littérature, roman, film d’anticipation, dont le fantastique est emprunté aux réalités supposées de l’avenir => science-fiction.
Mon dictionnaire a-t-il faux ou le mot science-fiction est-il "sale" ?
Pour autant que je le sache, voici les différents sens du terme « anticipation » dans le champ littéraire :
1) un synonyme ancien et désuet de « science-fiction » ;
2) une collection populaire jadis publiée par les éditions Fleuve Noir ;
3) un sous-ensemble de la science-fiction.
Je n’ai pas lu les titres cités dans le billet, mais il me semble que deux d’entre eux, au moins, se situent dans la fameuse « bulle de présent » dont on trouve une définition ici :
tinyurl.com/gwljj
"Attention toutefois, il me semble qu’il ne faut pas confondre littérature d’anticipation et science fiction."
Une affirmation de ce genre, ça me flanque le cafard.
Designons ensemble le monde nano de demain…
Designons ensemble le monde nano de demain…
Messieurs (et mesdames ?), je suis très attristée par cette levée de boucliers et cette DEFORMATION DE MES PROPOS (!) (doublée d’une extrapolation hâtive et erronée) aussi virulente.
Si Céline Curiol vous lisait, elle serait sans doute bien attristée elle aussi : la littérature n’est elle pas un champ de libre expression et d’échange d’idées et non un champ de bataille fait de (fausse) rivalité (en l’occurrence ici littérature générale/science fiction/fantaisie ou autre…) de rancoeur et d’agressivité (je ne parle pas de cette réaction en particulier mais de diverses expériences vues sur le Buzz littéraire ou ailleurs). (oui je sais, minute un peu guimauve mais il faut au moins cela face à votre assaut – un brin démesuré vous en conviendrez !)
Bref, pour entrer dans le vif du sujet et répondre à ses reproches (injustifiés) qui me sont faits sur la base d’une mauvaise interprétation de ma remarque – tempérée- sur le distingo science fiction versus littérature d’anticipation. J’aurais dû en réalité préciser "anticipation sociale" . Pour moi en effet, je vois entre ces deux genres littéraires une différence et il ne s’agit pas de positionner l’une au dessus de l’autre (arrêtez le complexe de "la science fiction genre méprisé" s’il vous plaît !).
Pour plus d’infos sur ce que recouvre l’anticipation sociale, je vous renvoie à ce numéro de la NRF qui correspond exactement à ma vision des choses :
cat.inist.fr/?aModele=aff…
et ce dossier du même auteur :
http://www.fluctuat.net/livres/p...
Je cite : "le roman d’anticipation sociale se distingue de la science-fiction parce qu’il ne fait pas appel à des univers distants. Son récit est contemporain, datable et ancré dans la réalité des hommes. Certains auteurs, dont il sera question ici, s’en sont éloignés tantôt comme Will Self dans "Les Grands Singes" mais avec suffisamment de précautions pour rester dans le champ de compréhension du lecteur moderne."
Je concluerai en disant que je n’ai JAMAIS sous-estimé la science fiction : non Katzenjammer Kids la science fiction n’est pas "sale" comme tu dis : où vois tu que j’ai écrit cela ?? et Fat Freddy’s Cat retrouve le sourire et lâche ce cafard bien excessif !
Pour compléter le tableau je vis avec un fan de Pratchett (alors on arrête les susceptibilités mal placées hein ! non mais 🙂
Place à la tolérance et au respect ! Merci.
PS : je précise que le titre de Céline Minard est « Le dernier monde » et non « Le dernier homme » (qui était semble t’il le titre initial) comme indiqué précédemment.
Donc, si j’ai bien compris, il n’y a pas d’anticipation dans le roman d’anticipation sociale, mais beaucoup de social ?
Ce qui m’a amusé, moi, en tant que libraire, c’est la présentation faite du roman de Minard par l’éditeur (pour les libraires, donc) : "Attention, ce roman n’est SURTOUT PAS de la science-fiction". Juste avant, le résumé me parlait tout plein, genre post-apocalyptique plus sympa que la moyenne… du coup, en tant que libraire spécialisé, si l’éditeur me dit "non, c’est pas de la SF" alors que tous les codes du genre semblent présents, dois-je l’écouter et ne pas en prendre ?
Ca me fait un peu mal de la part d’un éditeur qui a eu l’une des plus belles collection SF française (Présence du Futur pour ne pas la citer) et qui a encore une très belle collection grand format.
Bref, anticipation, anticipation sociale, les mots seront de toute façon réducteurs et cachent non pas, à mon huble avis, une guerre de classification, mais bien une politique éditoriale qui ne veut pas "entâcher" d’une étiquette un ouvrage auquel il croit sans doute énormément au niveau commercial ou au niveau de la capacité du texte à rafler des prix littéraires importants 🙂 finalement,les éditeurs aiment peut-être… anticiper 🙂
Moi aussi j’ai pris les devants : ce livre est sur la table des nouveautés SF, dans mon rayon spécialisé, donc.
C’est assez amusant de définir un roman de science-fiction en disant que ce n’en n’est pas un (les éditeurs parisiens ont toujours eu beaucoup d’humour, c’est bien connu, surtout les éditeurs de littérature dite "générale"). Les trois livres ici présentés relèvent clairement de la science-fiction (une science-fiction plus ou moins ancrée dans le réel, mais indéniable), et c’est sans doute parce que ces ouvrages ne sortent pas dans des collections spécialisées, qu’on les appellent "anticipations sociales", histoire de ne pas effrayer les lecteurs potentiels. Mais bon, l’anticipation sociale chère à J.G. Ballard et John Brunner C’EST de la science-fiction, par définition, de la science-fiction que l’on appelait naguère spéculative.
Il ne faut pas confondre le genre d’un livre et les lecteurs auxquels ce livre précis s’adresse ; je n’ai lu aucun des trois livres cités dans cet article (pas même celui à paraître chez Denoël, où je dirige la collection Lunes d’encre, donc la collection spécialisée en science-fiction & autres fantaisies), mais jai bien peur qu’il s’agisse de science-fiction pour ceux qui n’en lisent jamais ; ce qui ne relève pas du jugement de valeur, mais plutôt de la petite cuisine éditoriale. Au final, je regrette que les femmes qui écrivent de la science-fiction spéculative et les femmes et hommes qui les publient n’assument pas le champ qu’ils viennent d’explorer (contrairement à un Houellebecq, par exemple, qui n’a pas peur d’employer le mot science-fiction). Au fait, "Kafka sur le rivage", c’est aussi de la science-fiction, de la très bonne, même.
Ok, merci de vos avis respectifs. Je vais essayer de m’expliquer là dessus avec sincérité (merci de ne pas m’agresser !) :
Je ne suis pas amatrice de SF mais je pense que ce genre regroupe en fait des réalités de livres très diverses (de Ballard à Pratchett ou même d’un Philippe Vasset il y a un gap quand même…)
A la lecture de ce dossier de la NRF, j’ai réalisé que certains ouvrages pouvaient donc m’intéresser car ils sont ancrés dans notre réalité et non pas dans des mondes parallèles, spatiaux ou imaginaires. Ils réfléchissent sur les dérives de nos sociétés en poussant à l’extrême leurs caractéristiques actuelles et en imaginant les conséquences mais l’on reste dans "le réel", "le plausible" (les pieds sur terre en quelque sorte) et un futur proche (cela pourrait être "demain"). En ce sens l’ouvrage de Céline Minard est presque plus SF qu’anticipation sociale selon les définitions ci-dessus.
Vous parlez de "science-fiction spéculative", ce mot pourrait aussi convenir, l’objectif étant simplement de les distinguer car ils forment une sous-famille différente à mon sens.
Ce n’est pas une question d’avoir "peur" d’employer le mot science fiction, c’est juste qu’il n’est pas assez précis.
Je citerai aussi un article du Monde au sujet de Chien jaune de Martin Amis qui s’inscrirait lui aussi dans cette mouvance d’anticipation sociale : « le monde évoqué par Chien jaune n’est pas de science-fiction, même s’il baigne dans une atmosphère surnaturelle. » A voir ici : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-851829@51-804069,0.html
En ce qui concerne Murakami, je trouve que vous allez un peu loin… Certes tous les ouvrages de Murakami flirtent avec un parfum d’étrangeté onirique mais on ne peut pas quand même pas l’apparenter à de la SF sinon à ce train là vous allez aussi me dire que Kafka c’est de la science fiction ! Enfin ça ne reste que mon avis (j’espère ne pas me faire insulter pour cela…) 🙂
Je terminerai aussi par ceci concernant les lecteurs de SF, j’avoue être un peu surprise par vos récriminations (je parle en général). Vous vous plaignez d’être « sous-estimés », d’être « le parent pauvre de la littérature » mais en même temps vous êtes les plus vindicatifs quand il s’agit de démonter la littérature dite générale ou de critiquer ceux qui essaient de présenter certains ouvrages apparentés SF ou autre (certes peut être parfois maladroitement et sans en avoir votre expertise mais ne vaut-il pas mieux venir corriger et expliquer sympathiquement que de mépriser et fusiller sans vergogne ?). Je reste perplexe et très déçue je l’avoue… Dommage…
Il s’agit d’une réaction, certes épidermique, mais parfaitement justifiée des lecteurs et amateurs de SF face à la cent-millième occurence d’un écrivain de littérature dite blanche qui utilise de bonne foi un concept franchement éculé dans le genre (la fin de l’humanité, la dérive totalitaire, les nazis qui gagnent la 2GM, etc…) comme s’il ou elle avait trouvé celà tout seul et en précisant à longueur d’interview que ce qu’il écrit n’est surtout pas de la SF.
Un des exemples récent étant Atwood.
Mais quel est le problème de ne pas employer le terme « science-fiction » (il faut arrêter « les guéguerres de terminologie » non ?) ? En quoi cela nuit-il à la qualité du roman… ? Je ne comprends pas. Par ailleurs ce n’est pas par l’agressivité que vous ferez mieux reconnaître ce genre…
*j’apprécie que tu reconnaisses « la réaction épidermique » 🙂
PS :effectivement le Atwood n’est pas de la SF pour moi (si on parle bien de la servante écarlate ?)
PS 2 : je rajoute un truc. Aujourd’hui il y a une littérature intermédiaire, un peu transgenre qui se développe et personne ne sait où les classer (du type Chuck Palahniuk et plus récemment Craig Davidson par ex). C’est là où l’on se rend compte de la limite des « étiquettes » et de leur manque de précision…
Pour Atwood, effectivement on peut citer _La servante écarlate, mais aussi _Oryx & Crake_.
Si un roman décrivant une société clairement positionnée dans le futur et prenant pour base l’évolution de certains paramètres de la situation actuelle n’est pas de la science-fiction, je comprends en effet ce refus des étiquettes. Chacun son avis, mais c’est comme dire que _Dracula_ n’est pas du fantastique. Opinion certes louable mais largement minoritaire et qui ne tient pas cinq secondes face à n’importe quelle définition du genre.
Sur les fameuses transfictions, c’est la tarte à la crème actuelle.
Refusons les étiquettes sauf (comme c’est étonnant) celle de transfiction (ou slipstream, ou interstitial fiction ou borderline SF etc…).
Pour qui connait un peu l’histoire de la SF, ce genre de mouvement qui veut se débarasser de l’encombrante/puérile/empécheuse d’avoir des prix étiquette SF ressurgit périodiquement.
Comme on dit, "Let put the SF back in the gutter".
« Ils réfléchissent sur les dérives de nos sociétés en poussant à l’extrême leurs caractéristiques actuelles et en imaginant les conséquences mais l’on reste dans "le réel", "le plausible" (les pieds sur terre en quelque sorte) et un futur proche (cela pourrait être "demain"). »
J’en conclus donc que, pour vous, Le Troupeau aveugle de John Brunner (qui décrit au milieu des années 70 un monde présentant d’étonnantes ressemblances avec le nôtre), Bleu comme une orange de Norman Spinrad (une réflexion réaliste et pertinente écrite à la fin du siècle dernier) sur l’effet de serre et les modélisations météorologiques) ou encore Aqua TM de Jean-Marc Ligny (qui traite du problème de l’eau dans un avenir proche) ne sont pas de la science-fiction…
C’est absurde.
L’une des clefs de la science-fiction a pour nom « supension de l’incrédulité » (du lecteur). Toute bonne science-fiction se doit donc d’être plausible ; cette caractéristique n’est pas l’apanage de la littérature « réaliste ». J’ai d’ailleurs été étonné de constater que la plupart des remarques faites au sujet de mon roman « La Saison de la Sorcière » ont porté sur la plausibilité et le réalisme de l’avenir (très) proche qu’il décrit et non sur la nature tout à fait extraordinaire des attentats qui s’y produisent.
Ben oui, les lecteurs de science-fiction sont très attentifs à ce genre de choses — et les auteurs plus encore, me semble-t-il.
La science-fiction traite de demain comme d’après-demain, de la Terre comme de l’univers entier, des sciences exactes comme de celles qui ne le sont pas. Réduire le sens de ce terme, comme vous le faites, aux histoires situées loin dans le temps et l’espace n’a aucun sens. Vous reprochez au mot science-fiction de ne pas être assez précis, mais vous employez vous-même une étiquette (« anticipation sociale ») qui regroupe des œuvres relevant de la SF (Ballard, Dantec) et d’autres qui n’en relèvent pas (Ellis).
On peut d’ailleurs pourquoi l’auteur de l’article en question a inventé cette étiquette alors que l’expression fiction spéculative, qui existe depuis quelque chose comme quarante ans ou plus, englobe bon nombre des œuvres en question… peut-être pour pouvoir caser Ellis ?
Vous citez le Monde, mais avez-vous remarqué la profonde contradiction que comporte la citation en question, et qui montre bien que son auteur ne connaît rien à la SF, puisqu’il la confond à l’évidence avec le fantastique ?
« Mais quel est le problème de ne pas employer le terme "science-fiction" »
Mais quel est le problème de l’employer ?
Pourquoi, pour Télérama, « L’armée des douze singes » est-il une « fable philosophique » et « La Galaxie de la terreur » de la science-fiction ?
Pourquoi l’expression « ce n’est pas de la science-fiction » revient-elle si souvent sous la plume de journalistes ou de critiques littéraires lorsqu’ils se retrouvent à parler d’ouvrages appartenant au genre (ou qui en sont proches) ?
Pourquoi l’expression « science-fiction », qui désigne un champ littéraire, est-elle si souvent employée comme synonyme de « foutaises » ?
Là où vous ne voyez qu’une « guéguerre de terminologie », je vois personnellement la nécessité d’une interrogation profonde sur la langue et son usage.
Quant à « La Servante écarlate », si ce n’est pas de la SF, je suis Marcel Proust.
"(…) Ils réfléchissent sur les dérives de nos sociétés en poussant à l’extrême leurs caractéristiques actuelles et en imaginant les conséquences mais l’on reste dans "le réel", "le plausible" (…)"
Si je puis me permettre, n’est-ce pas là justement une définition possible de la science-fiction ?
Tel un certain Monsieur Jourdain, vous en êtes donc amatrice sans le savoir. :]
Quant à l’agressivité que vous relevez, je ne crois pas me tromper en en trouvant l’origine dans la méconnaissance – sinon le mépris – qu’affiche généralement le public français pour le genre, et l’habitude qu’a celui-ci de réduire la science-fiction à sa portion congrue, à ce qui n’en constitue qu’une mince partie. Sans vouloir vous offenser, vous le faites d’ailleurs vous-même dans votre dernière réponse : "des mondes parallèles, spatiaux ou imaginaires".
Non, la SF ne se limite pas au space-opera grandiloquent, à Star Wars, Sliders et leurs égéries, ou au pulps américains des années 40 et 50 ! Quant au terme d’imaginaire, malheureusement galvaudé, je crois qu’il recouvre tout autant ces mondes réalistes ancrés dans un futur proche plausible voire probable que vous décriviez précédemment…
1984, Le meilleur des mondes, ou Globalia relèvent pleinement de la science-fiction.
Pourtant, un nombre non négligeable de lecteurs ayant ces ouvrages sur leur table de chevet vous considèreront avec dédain lorsque vous leur révèlerez votre intérêt particulier pour la science-fiction, genre qu’ils classeront au mieux dans la catégorie jeunesse. La voilà, l’origine de la réaction épidermique que vous relevez.
Mon cher Gilles Thomas, fais moi le plaisir de me rappeller la différence entre anticipation et sf, je me suis un peu rouillée depuis mon passage outretombe.
Quant à alexandra, kafka relève de la sf, désolé de te le dire, mais certaines de ses nouvelles en relèvent indéniablement. Et il n’y a aucune honte à celà, je te conseille l’excellent "chasseur de chimères" de serge lehman, dans lequel sont regroupé différents textes relevant du merveilleux scientifique et qui te prouveront que meme de grands auteurs français ont pu s’y "égarer"…
Pour Atwood et la servante ecarlate, c’est amusant: on trouve en gros la même situation (les etats-unis dominés par des integristes) donc l’histoire du futur de robert heinlein. Et personne ne songerait un instant que ce n’est pas de la SF sous la plume d’heinlein. Alors pourquoi ce ne serait pas de la SF quand c’est écrit par Atwood ?
Merci de vos réponses courtoises. J’apprécie.
J’ai bien aimé ta réponse Roland en particulier la conclusion qui ne manque pas d’humour !
Pour répondre à ta question :
"Quel est le problème de l’employer ? (le terme de SF)"
Ce n’est pas un PROBLEME. C’est qu’à mon avis il ne convient pas (ou plus).
Comme je le disais, il n’est pas assez précis du fait justement de la diversité des œuvres qu’il englobe (trop "fourre tout"). Je reprends mon exemple précédent : entre un Ballard (ou même un Bret Easton Ellis), un Pratchett ou un Philippe Vasset il y a un gap quand même…
Vous le dites vous-même : la SF c’est AUSSI "le space-opera grandiloquent, Star Wars, Sliders et leurs égéries, ou les pulps américains des années 40 et 50"…
Dés lors je trouve utile (pour mieux se repérer) de distinguer les œuvres qui ne s’inscrivent pas directement dans cette lignée par un autre terme plus approprié. Celui "d’anticipation sociale", grâce auquel j’ai découvert tout un ensemble d’auteurs m’apparaît pertinent et très parlant. Toutefois, on pourrait en utiliser un autre (celui que vous proposiez par ex)…
On voit le même phénomène dans l’univers de l’illustration avec l’apparition du terme « roman graphique » qui se distingue de la BD, de la manga ou encore du comic… Ce n’est pas une question de mépris/supériorité ou infériorité les uns par rapport aux autres, mais juste une volonté d’affiner le genre en prenant en compte ses réalités diverses. Cela est très bénéfique pour le lecteur qui peut ainsi trouver plus facilement ses livres de prédilection.
Question : Pourquoi acceptez-vous les différentes appellations (« catégories ») de "fantaisie", "roman fantastique" ou encore de "space-op" comme vous dites et pas celle d’"anticipation sociale" ?
Ce n’est pas logique…
PS : et arrêtez la parano : NON l’expression « science-fiction » n’est pas employée comme synonyme de « foutaises » !!!
J’ajoute : Ce que je n’aime pas (personnellement) dans le terme « science fiction », c’est justement ce mot de "science".
Ses romans que je classe sous la bannière "anticipation sociale" n’ont rien de « scientifique ».
Il place l’humain au centre de leurs intrigues (on pourrait même parler de "human fiction" à la limite !). C’est une réflexion sur la société, on pourrait même dire « anticipation sociétale » (ce qui ne sonne pas très bien je vous l’accorde !). Ce terme me semble donc profondément juste et infiniment plus approprié que "science fiction" qui évoque irrémédiablement le côté "science exacte, mathématique, physique chimie" (que j’avoue ne pas aimer du tout, en particulier dans le champ romanesque mais je respecte complètement ceux qui aiment)
"Pourquoi acceptez-vous les différentes appellations ("catégories") de "fantaisie", "roman fantastique" ou encore de "space-op" comme vous dites et pas celle d’"anticipation sociale" ?
Ce n’est pas logique…"
Oh, mais on accepte totalement la sous-étiquette "anticipation sociale". Le problème, c’est qu’à l’origine, tu écris "ce n’est pas de la science fiction, c’est de l’anticipation". Ce qui est dépourvu de sens. On ne dirait pas, par exemple : "attention, c’est du space-op, pas de la science fiction !". Non-sens total.
"A la lecture de ce dossier de la NRF, j’ai réalisé que certains ouvrages pouvaient donc m’intéresser car ils sont ancrés dans notre réalité et non pas dans des mondes parallèles, spatiaux ou imaginaires."
C’est précisément ce genre de choses que je recherche quand je lis de la SF !
Comme quelqu’un le faisait remarquer plus haut, tu es dans la position d’un Monsieur Jourdain.
On trouve, sur le net, quantité d sites, forums, etc… où l’on discute de livres de SF, certains avec des chroniques fort bien faites. Je t’encourage vivement à te pencher sur le sujet, je suis près à parier que tu trouveras de nombreux livres répondant à tes attentes. Et tu découvriras au passage que les amateurs de SF sont des gens très ouverts et disposés à partager leur passion. 🙂
Non Haruki, j’ai écrit :
"il me semble qu’il ne faut pas confondre littérature d’anticipation et science fiction."
Je voulais induire par là, la distinction avec les autres "branches" de la science fiction évoquées plus haut.
Par ailleurs, si tu lis bien les commentaires ci-dessus, certains n’acceptent pas cette « sous-étiquette » comme tu dis…
J’ai essayé d’aller chercher des bouquins pouvant m’intéresser notamment sur le Cafard cosmique mais comme tout est "mélangé", je n’ai rien trouvé ne correspondant à mes goûts (anticipation sociale) et flemme de chercher… d’où le pb (on en revient à mon raisonnement antérieur)…
Plutôt que de répondre en détail (ce qui est pour moi difficile quand je ne peux voir que six ou sept lignes de texte à la fois), je préfère, faute de temps, te renvoyer sur ce blogue collectif que je partage avec Claude Ecken et Sylvie Denis :
generationscience-fiction…
Une remarque, cependant : le problème est bel et bien sémantique, puisque c’est la présence du mot « science » qui te gêne. Or il me semble évident que le terme « science-fiction » doit être pris comme un tout possédant un sens indépendant transcendant les deux mots qui le composent.
Sinon, en ce qui concerne l’expression « anticipation sociale », je continue à me demander à quoi cela pouvait bien servir de l’inventer alors que celle de « fiction spéculative » existe, je le répète, depuis quatre bonnes décennies. (Si la raison est que les auteurs du dossier de la NRF ignorent l’expression en question, eh bien, la preuve est faite qu’ils sont incompétents.)
Enfin, fantasy et fantastique ne sont pas des « sous-étiquettes » de la science-fiction, mais des genres à part entière.
eh bien dans ce cas je milite pour que "l’anticipation sociale" (terme plus parlant que "fiction spéculative") devienne un genre à part entière aussi ! 🙂
Merci pour l’adresse de ton blog, je vais le visiter avec attention.
De plus, il ne faut perdre de vue que le mot "science" englobe également les sciences humaines (psychologie, sociologie, etc,…) et pas seulement les sciences dites "dures" (maths, physique, chimie, etc,…) : ainsi le terme "science-fiction" englobe plusieurs sous-genres, tels que speculative fiction (ou anticipation sociale si tu préféres…), science fantasy, space op’, cyberpunk, etc,… Pour la petite histoire, la rupture s’est produite dans les années 60, avec le mouvement anti-technologique et anti-scientifique de la New Wave qui reniait le credo scientiste de l’Age d’Or des années 40
Je crois qu’une partie du mécontentement des divers posteurs ici vient de ce que d’une part on ignore des étiquettes déjà existantes mais qu’en plus on veut nous faire croire à la nouveauté d’autres étiquettes qui ne sont que la reformulation d’anciennes, certaines existant depuis bientôt un demi-siécle. Forcément, il y a un malaise : ça démontre bien l’"ignorance" de certains sur le sujet en plus d’une certaine "cécité" à accepter l’existant. Aprés tout, qu’est-ce que ça peut faire qu’une etiquette existe déjà, même formulée différement ?
Finalement, l’appellation "roman graphique" existe depuis une vingtaine d’année, avec la sortie d’oeuvres telles que Watchmen de Alan Moore et Dave Gibbons ou bien encore le Dark Knight de Frank Miller, qui datent tous deux du milieu des années 80. Il n’y a rien de nouveau là-dedans non plus : ça fait longtemps que ce terme est synonime de BD/manga/comic.
J’aimerais citer l’excellent (car Belge) Jacques VAN HERP dans l’introduction à Panorama de la science fiction (1973)
————————————————————————————————————————–
La SF ? Bien malin qui pourra dire ce qu’elle est ou même ce qu’elle n’est pas.
Et ne vous fiez pas aux avis des spécialistes, si vous voulez préciser ce qui se cache
sous ce vocable "ondoyant et divers", véritable créature martienne et protéiforme.
Chacun y est allé de sa définition, et le malheur est que, chaque fois, une ou plusieurs
oeuvres importantes s’évadaient du cadre imposé. On a pu lire ainsi, tombé de la plume
d’un auteur découragé : "La SF ? ça n’existe pas !"
————————————————————————————————————————-
Pour ma part, est SF ce que j’ai personnellement décidé qui en était, et rien d’autre.
Et ceci quel que soit l’avis des "normateurs" du domaine SF.
Chacun bâti ainsi son propre univers SF hors de toute chapelle, et retrouvera
sur les forums, fanzines … des interlocuteurs dont l’univers recoupera plus ou
moins le sien.
Si je décide que La chute d’un ange de Alphonse de L est de la SF, cela ne regarde
que moi. Si je décide que A la recherche du temps perdu de Marcel P est de la SF catégorie
histoires temporelles, pas de problème (sauf que j’aurai l’air un peu con dans un dîner en ville …)
Alors, arrêtons d’importuner les drosophiles par l’arrière train, haut les cœurs, et boutons
le prosélytisme hors de nos vies.
Ceci dit, charmante Alexandra, remplacer « Science fiction » par « Anticipation sociale » tient
du pléonasme car de nos jour on ne parle plus que de sciences sociales.
Pardon pour la présentation.
C’est un cop/col de word.
Comme le souligne BOB un peu plus haut, les sciences ne se limitent pas aux sciences exactes.
Et les sciences dites humaines sont omniprésentes en fiction spéculative.
D’autre part, si vous regardez autour de vous, vous constaterez que sciences et technologies influencent considérablement nos modes de vie, notre société, que ce soit de manière directe ou indirecte. Et vouloir à tout prix étudier l’humain indépendamment du milieu technologique dans lequel il évolue relève au mieux du combat d’arrière-garde, au pire de l’aveuglement et du non-sens.
Puisque l’on a parlé de Sylvie Denis, je me permettrais de renchérir en la citant : " (…) Et je me suis dit que le monde continuait à être composé de deux sortes de gens : ceux qui savent qu’il ne s’agit plus d’étudier les relations entre l’homme et le monde, mais les relations entre l’homme, ses créations, et le monde, et ceux qui n’ont toujours pas compris." (extrait d’un billet en date de novembre 1992, disponible dans son intégralité à cette adresse : http://www.quarante-deux.org/kws... ).
Maintenant, pour en revenir aux définitions, la science-fiction est un genre à part entière, dont l’une des composantes est justement la fiction spéculative. Que vous la renommiez en "anticipation sociale" – bien que le terme précédent soit à mon humble avis suffisamment explicite – soit, mais que vous la sépariez de la science-fiction et vouliez en faire un genre à part entière revient à vouloir dépouiller la SF de l’une de ses composantes majeures. Ce qui nous ramène très exactement au point de départ de cette discussion.
Sans compter que les limites de ce que vous nommez "anticipation sociale", sauf erreur, me semblent assez confuses également. C’est là l’un des problèmes des étiquettes, j’en conviens aisément.
Je n’ai pas la réponse à ma question… Vous tournez autour du pot les amis !
Pourquoi quand vous, vous parlez de "fantasy","fantastique", "space op"" , « cyber-punk », ça ne vous choque pas et quand qqn utilise le terme d’"anticipation sociale" vous criez au scandale. Désolée mais ça ne tient pas debout.
Par ailleurs, il n’y a aucun mal à la "séparer" de la science-fiction aquariote. Je pense même que cela sera bénéfique pour les faire découvrir au plus grand nombre.
En effet, aujourd’hui lorsque l’on va dans un rayon de SF dans une librairie par ex ou même sur un site SF et qu’on a l’habitude de lire de la littérature générale, je peux vous assurer qu’on a l’impression de débarquer sur une autre planète, d’être dépaysée et pas "à sa place".
En tout cas c’est ce que j’ai ressenti à plusieurs reprises et ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Ce dossier sur l’anticipation sociale a eu le mérite de me faire découvrir des auteurs que je n’aurais peut être jamais découvert sans cela. Mais bon chacun est libre de penser ce qu’il veut après tout…
–> "Je n’ai pas la réponse à ma question…"
Il me semble bien que si, pourtant. Relisez donc les commentaires précédents.
Dans le cas contraire, je vais finir par croire qu’il y a de la mauvaise foi dans l’air.
–> "Pourquoi quand vous, vous parlez de "fantasy","fantastique", "space op"" , "cyber-punk", ça ne vous choque pas et quand qqn utilise le terme d’"anticipation sociale" vous criez au scandale."
Ce qui est choquant est que vous parlez de science-fiction sans savoir du tout de quoi il retourne, et que toute cette discussion me laisse la désagréable impression de n’être en définitive qu’un dialogue de sourds.
Pour preuve, s’il en fallait encore, votre dernier commentaire : la Fantasy et le Fantastique sont deux genres distincts, et la science-fiction en est un troisième, tandis que le "Space opera" et le "Cyberpunk" sont des courants appartenant à la science-fiction.
Je ne vois franchement pas en quoi cela peut être compliqué.
Bien sûr, on peut compliquer sciemment les choses en multipliant les dénominations des différents courants.
En renommant "fiction spéculative" ou "anticipation" en "anticipation sociale", par exemple (comme si demain je renommais "autobiographie" au profit d’autre chose).
En utilisant des termes comme "conte philosophique", "épopée futuriste", "roman d’idées", "parabole romanesque" ou que sais-je encore, au lieu, tout simplement, de "science-fiction". Et je n’affabule pas : pour vous en convaincre, reportez-vous à la quatrième de couverture de l’édition "Albin Michel" d’un roman SF de Mary Doria Russell, "Le Moineau de Dieu", qui est de ce point de vue tout à fait emblématique.
Ce qui est choquant, c’est que malgré les compléments d’information désormais en votre possession, vous n’imaginez me semble-t-il pas une seule seconde réviser votre jugement et maintenez coûte que coûte votre argumentation de toute évidence biaisée puisqu’elle se fonde sur des définitions invalides et des idées reçues complètement erronées.
En partant d’un postulat faux, on arrive difficilement à un résultat juste. Et ne me dites pas que cela ne tient pas debout.
Ce qui est choquant, c’est de voir que la critique littéraire française ne connaît pas, ne veut pas connaître, et ne comprend donc pas la science-fiction, genre qu’elle s’évertue depuis des années à oblitérer et reléguer aux oubliettes. Dès lors, elle tente de tirer la couverture à elle et prétend remettre Orwell au goût du jour 50 ou 60 ans plus tard, alors que la science-fiction a poursuivi et fait évoluer ses idées depuis autant d’années.
–> "Par ailleurs, il n’y a aucun mal à la "séparer" de la science-fiction aquariote. Je pense même que cela sera bénéfique pour les faire découvrir au plus grand nombre."
Je ne suis absolument pas d’accord.
La seule chose qui puisse être bénéfique serait tout simplement d’accepter la science-fiction et toutes ses composantes en tant que telles et d’en proposer enfin au public une définition à peu près valable au lieu d’embrouiller celui-ci en réinventant sans cesse la roue.
Ainsi, si je suis votre raisonnement, on fait passer le terme de science-fiction à la trappe (suppression d’un genre établi depuis des décennies), et on renomme chacune de ses composantes de manière différente. Pouvez-vous m’expliquer où se trouve le gain ? Pouvez-vous m’expliquer en quoi cela sera plus clair pour le public ? J’ai franchement du mal à comprendre…
–> "Mais bon chacun est libre de penser ce qu’il veut après tout…"
J’espère ne pas mal interpréter vos propos, et comprendre à tort que vous refusez de remettre votre argumentation en cause à la lumière de nouveaux éléments ?
Qu’y a-t-il de mal à admettre que le courant littéraire que vous nommez "anticipation sociale" appartient à la science-fiction ? Car toute la question est bel et bien là, et pas ailleurs.
"Ce n’est pas logique", dit Alexandra quand des amateurs de SF n’ont pas envie d’utiliser le terme "anticipation sociale".
Effectivement, non, en ce qui me concerne, la réaction ne relève pas de la logique de la raison raisonnable, mais de ceci :
Pour moi, la Science-Fiction n’est pas qu’un genre littéraire, c’est une culture. Des auteurs, des critiques, des fans,des lecteurs, des illustrateurs, bref, des gens, ont pendant des années écrit, travaillé, lu des textes et tenté d’en comprendre le comment et le pourquoi. C’est en partie grâce à eux, de James Blish à Brian Stableford et Samuel Delany en passant par Darko Suvin et Peter Nicholls ou John Clute que je suis ce que je suis et que je fais ce que je fais.
Et il faudrait que j’abandonne le résultat de cinquante ans (minimum!) d’écriture et de critique qui font partie de moi pour un terme inventé avant-hier par des gens certes tout à fait respectables, mais qui ne peuvent pas, du jour au lendemain, s’attendre à ce que leur pensée vienne se substituer à ce que j’ai absorbé pendant quarante-trois ans.
Je suis trop vieille et c’est trop tard.
Et puis j’en ai assez de devoir "faire avec" l’ignorance d’une certaine partie du monde médiatico-culturo-littéraire envers des gens dont je respecte et admire l’œuvre.
C’est pas plus compliqué, et pas plus "logique" que ça.
–> "En effet, aujourd’hui lorsque l’on va dans un rayon de SF dans une librairie par ex ou même sur un site SF et qu’on a l’habitude de lire de la littérature générale, je peux vous assurer qu’on a l’impression de débarquer sur une autre planète, d’être dépaysée et pas "à sa place".
En tout cas c’est ce que j’ai ressenti à plusieurs reprises et ce n’est pas faute d’avoir essayé."
Là-dessus, je veux bien vous croire.
Mais je pense justement que l’origine de ce sentiment tient – entre autres choses – au fait que la SF est méconnue. Sans compter que les rayons des librairies offrent parfois un mélange… étonnant. Je vous l’accorde sans problème.
PS : Mes excuses pour le ton du message ci-dessus qui, maintenant que je le relis, peut paraître blessant. Tel n’était pas mon but, mais je ne peux apparemment pas éditer…
Aquariote et Sylvie ont parfaitement exprimé mon opinion, à quelques subtiles nuances près. Je voudrais néanmoins préciser quelques détails.
L’expression « space opera » a été inventée au début des années 1940 par Wilson Tucker, tandis que le terme « cyberpunk » date du début des années 1980. Tous deux ont été discutés, le corpus qu’ils recouvrent a été disséqué, analysé à de nombreuses reprises — et il en va de même pour la fiction spéculative, expression qui, je le rappelle, date des années 1960. Il s’agit de désignations reconnues à l’échelle de la planète.
Pourquoi faudrait-il substituer à la troisième une expression franco-française d’invention récente ? Parce que c’est écrit dans la NRF ?
Pour « séparer » deux champs littéraires, il me semble indispensable de bien connaître le corpus dont chacun de ces champs est composé. Le simple fait que l’inventeur de l’« anticipation sociale » ait cru bon de créer une expression alors qu’il en existait déjà une équivalente me laisse à penser qu’il connaît mal (voire pas du tout) la science-fiction et son appareil critique.
Dès lors, comment peut-il tracer une ligne de séparation, sinon entre ce qu’il connaît (et qu’il renomme, en toute bonne foi et en toute ignorance) et ce qu’il ne connaît pas ?
« En effet, aujourd’hui lorsque l’on va dans un rayon de SF dans une librairie par ex ou même sur un site SF et qu’on a l’habitude de lire de la littérature générale, je peux vous assurer qu’on a l’impression de débarquer sur une autre planète, d’être dépaysée et pas "à sa place". »
Ben, moi, c’est quand je débarque dans le rayon littérature générale que je me sens étranger. Comment faire un choix au milieu de tous ces bouquins ? Certains n’ont même pas d’illustration en couverture — et, quand il y en a une, elle est souvent sans rapport avec le contenu. Et je ne parle même pas des textes figurant sur la quatrième de couverture…
Séparer une partie de la SF du reste du corpus m’obligerait à aller chercher là-dedans une partie de ma nourriture intellectuelle et spirituelle.
Ce n’est pas logique.
"Je n’ai pas la réponse à ma question…"
Pourtant elle est bien là : en refusant une étiquette déjà existante, on fait affront à ses inventeurs en leur refusant leur paternité. Pourtant, certains ont créé ces termes parfois en écrivant une oeuvre entiére (je pense aux cyberpunks…), avec tout ce que ça implique de sueur et de larmes. Est-ce normal de les laisser dans l’ombre ? Est-ce juste ?
Et que dire des quiproquos qui s’ensuivront ? Imagines un lecteur de littérature générale qui, ayant fini un des livres cités dans l’article ci-dessus, se retrouve sur un site spécialisé comme le Cafard Cosmique ou ActuSF, voire Culture-SF : comment va-t-il s’y retrouver s’il parle d’"anticipation sociale" alors que les autres utilisent l’expression consacrée depuis 40 ans ? Est-ce que ce n’est pas une façon comme une autre de contribuer à creuser le fossé qui sépare la SF du mainstream ?
Tout ça prend des allures d’obscurantisme, toutes proportions gardées bien sûr…
Un peu d’histoire du genre pour mieux cerner les choses, peut-être ? H. G. Wells parlait de "Merveilleux Scientifique" (l’expression traduit bien les espoirs d’une époque qui voyait en la science la solution finale de tous les problémes humains ; les choses ont changé…) et une trentaine d’années plus tard (en 1928 précisément) Hugo Gernsback – créateur du premier "pulp" dédié à la SF, appelé Amazing Stories – inventait le terme "Scientifiction" pour désigner des récits semblables ; ça ne sonnait pas trés bien aussi l’expression est devenue Science-Fiction, abrégée en SF. Encore trente ans plus tard à peu prés (je crois que c’était pendant la Convention Internationale de 1966, mais je n’en suis pas sûr…), Robert Heinlein proposait de remplacer la signification de cet acronyme – SF, donc – par "Speculative Fiction" en argumentant que la SF n’extrapole pas uniquement à partir des sciences dures mais aussi des sciences humaines et que la spéculation est donc plus au coeur de la réflexion de la SF que la science proprement dite, dans le sens où elle est communément comprise, c’est-à-dire "vis et boulons" en gros.
Le fandom n’accepta jamais la redéfinition de ce terme, en grande partie par ***respect*** pour Gernsback
Dés lors, comment pourrions-nous accepter une redéfinition, même partielle ? D’autant plus qu’elle viendrait de profanes…
Il ne faut pas se fier aux productions hollywoodiennes à gros budget : la SF a ***toujours*** été intelligente, mais seulement jugée sur ses plus mauvais exemples par des gens qui ne la connaissait pas, et qui redécouvrent réguliérement l’Amérique lorsque sortent des oeuvres qui parviennent à les atteindre pour d’obscures raisons (1984 et Le Meilleur des Mondes en font partie, de même que certains productions de Bradbury et le plus récent Globalia – qui lui, par contre, n’a absolument rien inventé mais c’est secondaire pour ce qui nous occupe…)
Tu peux donc constater que non seulement la SF existe depuis longtemps – et encore, Wells n’a pas été le premier à en écrire… – mais de plus elle posséde ses personnalités, ses faits marquants, ses études intrinséques, bref une histoire. Une Culture
Inutile de nous demander d’y renoncer
Pour finir, voici un lien qui t’aidera à déblayer les choses concernant les différences entre Fantastique, Fantasy et SF, une sorte d’essai qui nous vient d’une des figures les plus incontournables – si ce n’est LA plus incontournable – du genre en France (mes confréres ici présent savent de qui je parle…) :
http://www.quarante-deux.org/arc...
Je t’invite également à consulter ses autres écris, des préfaces et des postfaces ainsi qu’un ensemble d’articles tout à fait passionnants, qui te permettront de constater qu’il y a bien plus dans la SF que des robots mégalomanes ou des extra-terrestres assoifés de sang humain
Tout d’abord j’aimerais vous remercier de vos réponses détaillées et riches en références et explications sur l’historique de la SF.
Je trouve cela très intéressant même si cela ne me fait pas changer d’avis quant au "problème" terminologique que vous avez soulevé… Pourquoi ? Parce que en dépit de toute l’histoire et la culture SF que je respecte, j’estime que le champ littéraire n’est pas un domaine figé.
Il évolue au fil des créations littéraires et des lecteurs aussi qui se l’approprient. C’est donc normal que de nouveaux termes apparaissent. Ils sont même signe de vitalité littéraire.
Je pense aussi qu’il y a des degrés dans les extrapolations et "les distances" + ou – grandes (qu’évoquaient à juste titre la NRF) à la réalité que peuvent proposer les auteurs dits SF.
Je reprends quelques exemples concrets :
Sur le Buzz littéraire nous avons présenté les ouvrages de Philippe Vasset (qualifié "d’anticipation culturelle", oui encore un nouveau terme de notre cru !)
buzz.litteraire.free.fr/d…
et de Bernard Mourad un jeune auteur (1e roman Les actifs corporels)
buzz.litteraire.free.fr/d…
Pareil pour le dernier Houellebecq "La possibilité d’une île".
En suivant votre raisonnement il aurait fallu les présenter comme des ouvrages de "science-fiction", ce qui aurait été excessif. Ils n’ont par exemple rien à voir avec des maîtres de la SF comme peuvent l’être Isaac Asimov, Neil Gaiman ou Terry Pratchett , auxquels on pense (avec d’autres certainement que je ne connais pas désolée) quand on parle de SF.
On ne peut raisonnablement pas les mettre dans la même "catégorie". Leur univers sont quand même bien différents !
De la même façon ce n’est pas parce qu’un roman a des accents surréalistes ou d’étrangeté qu’il doit obligatoirement être qualifié de SF.
Ex : "Danse, danse, danse" de Murakami.
Le qualifier de roman SF paraîtrait vraiment inapproprié….
Il faut inventer en permanence des nouveaux termes pour coller au mélange des genres ou à l’évolution des romans.
Cela n’a rien de scandaleux mais témoigne juste du caractère vivant et fluctuant de la littérature.
Ou bien du caractére vivant et fluctuant de la SF (qui est une littérature…), voilà pourquoi de nouveaux genres et courants y apparaissent toujours, avec leur propre terme
Je n’ai pas lu les romans que tu viens de citer, mais je sais pour en avoir lu la chronique sur le Cafard Cosmique que La Possibilité d’une Île est un roman de SF. Et qu’est-ce que ça peut faire que ce soit de la SF d’ailleurs ?
Tu compares ces auteurs avec Asimov, Gaiman et Pratchett : je ne pourrais pas te dire si leurs romans sont oui ou non proches des univers de ces auteurs-là (encore que pour Gaiman, je suis à peu prés certain qu’il n’a jamais fait de SF, juste du fantastique ; quant à Pratchett, je sais qu’il écrit de la fantasy et je n’ai pas souvenir qu’il soit auteur d’au moins une oeuvre de SF… ) mais peu importe, le probléme n’est pas là
A partir du moment où une oeuvre s’interroge sur les conséquences possibles d’un fait scientifique – au sens large du terme – on peut la qualifier de SF, peu importe la date et le lieu où se déroule l’histoire
Ce n’est pas une question d’univers mais plutôt de codes, de réflexion… Autrement, puisqu’il n’y a aucun rapport entre le space op’ (aventures dans l’espace interstellaire) et le cyberpunk (monde dévasté par la pollution et en proie aux multinationales alors que les masses s’abrutissent dans les divertissements procurés par les réseaux), alors l’un serait de la SF et l’autre pas ? Pourtant les deux décrivent des conséquences possibles d’une idée basée sur des découvertes scientifiques qui auraient amené une évolution technologique qui, elle, aurait bouleversé la société. Comme l’ont fait en leur temps la découverte du feu, du métal, de la roue, de l’imprimerie,…
Comme il a été dit plus haut, les évolutions de la science et des technologies ont toujours amené des évolutions des systémes sociaux : c’est un fait démontré par les historiens. La SF ne fait que parler des évolutions de l’humain dans un cadre modifié par de nouvelles découvertes, peu importe que ce cadre soit galactique, planétaire ou régional : la réflexion reste la même, seulement basée sur des choses différentes, qui aménent leurs propres conclusions, leurs spécificités particuliéres, et avec ça leur originalité et leur personnalité comme le font toutes les oeuvres de l’esprit
Hier soir, je pensais à un truc assez drôle : si on dit "l’anticipation sociale n’est pas de la Science-Fiction" et qu’on remplace "anticipation sociale" par "speculative fiction" et qu’on reformule la phrase en utilisant seulement les initiales des deux genres qui y sont cités, qu’est-ce qu’on obtient ?
Ceci : "la SF n’est pas de la SF"
« On ne peut raisonnablement pas les mettre dans la même "catégorie". Leur univers sont quand même bien différents ! »
De la part de quelqu’un qui met Asimov (SF), Gaiman (fantastique) et Pratchett (fantasy, bien qu’il ait commis 2-3 romans de SF) dans le même sac, je trouve cette remarque franchement osée. Je n’arrive pas à imaginer à la suite de quel raisonnement on peut trouver que Gaiman ou Pratchett sont plus proche d’Asimov que Dantec ou Houellebecq — ou Orwell, puisqu’il semble être la grande référence spéculative du buzz.
Les noms qui me viennent à l’esprit, lorsqu’on évoque les « maîtres de la science-fiction », seraient plutôt ceux de Pohl & Kornbluth, Spinrad, Brunner — qui, tous, ont aussi bien écrit de la fiction spéculative que du space opera. Et c’est aussi valable pour Heinlein, Silverberg ou Jeury.
Alors, que va-t-on faire ? Couper ces auteurs en petits morceaux ?
« Il faut inventer en permanence des nouveaux termes pour coller au mélange des genres ou à l’évolution des romans. »
Bien sûr, mais encore faudrait-il que le nouveau terme désigne quelque chose de nouveau. Là, ton attitude ressemble de plus en plus au refus d’employer une terminologie préexistante sous des prétextes de plus en plus tirés par les cheveux.
Le fond du problème, je le répète, est sémantique. Tu ne veux pas employer le terme science-fiction pour un certain type d’ouvrages relevant pourtant de ce domaine, point à la ligne, et il me parait clair tout ce que nous dirons, même en argumentant jusqu’à plus soif, ne te fera pas changer d’avis.
Et, comme nous nous appuyons sur plus d’un demi-siècle d’un matériel critique riche et abondant, je crains que nous ne risquions pas de changer d’avis non plus.
Je n’ai pas lu le Bernard Mourad, mais le résumé me fait bien envie. Il y a là comme le goût d’un croisement entre « Planète à gogos » et « La mort en direct », deux excellents romans de SF, soit dit en passant.
Précision : n’ayant aucune connaissance SF, j’ai cité les 3 malheureux noms que je connaissais et qui me semblaient être des incontournables. Bon apparemment j’ai tout faux ! 🙂
Mais bon on peut reprendre mon raisonnement en remplaçant par les noms que tu as cités.
Je pense que l’essentiel est que ces romans soient lus et qu’ils soient bons quelque soit le terme que l’on emploiera pour les définir.
Autre petite question si vous avez le temps en passant et si vous n’êtes pas trop mécontents du fait que je campe sur ma position…
Que pensez vous de ma suggestion/analyse du roman de Céline Curiol (Permission) :
Le roman de C.Curiol qui emprunte beaucoup à 1984 semble un peu anachronique à l’heure où les nouveaux médias (Internet en particulier) bouleversent justement les régles de l’information et de la communication en offrant une nouvelle transparence jusque là inconnue et même impossible.
L’affaire Ségolène Royal, pour ne citer qu’elle en témoigne ou des sites comme http://www.monputeaux.com (criblé de procès). Il aurait été intéressant de mettre en scène ces nouveaux enjeux qui désabilisent justement le contrôlé quasi policé des infos, politiques en particulier…
Merci de vos avis !
"Mais bon on peut reprendre mon raisonnement en remplaçant par les noms que tu as cités."
Difficile à dire en ce qui me concerne puisque je n’ai pas lu les romans cités dans l’article, mais d’aprés les chroniques que j’ai survolé sur ce site, je ne crois pas que l’écart soit aussi important que tu semble le penser
D’un autre coté, alors que tu admets mal connaître la SF, comment peux-tu faire une telle affirmation ? As-tu lu des oeuvres écrites par les auteurs qu’a cité Roland afin de les comparer à celles chroniquées ici ?
Tu as les noms des auteurs, ainsi que quelques titres d’ouvrage par lesquels commencer : je crois que tu as toutes les cartes en main pour savoir quels livres acheter la prochaine fois que tu te trouveras devant un rayon SF ;]
Pour ta question : encore une fois, désolé, mais pour la raison citée plus haut j’aurais du mal à te répondre. Ta suggestion/analyse ne manque pas d’intérêt en tous cas…
Finalement, il y a au moins une chose avec laquelle je suis tout à fait d’accord :
"Je pense que l’essentiel est que ces romans soient lus et qu’ils soient bons quelque soit le terme que l’on emploiera pour les définir."
J’ai beaucoup apprécié mon passage à cette adresse web en tous cas : je n’oublierais pas d’y revenir
Bon bah on aura réussi à être d’accord sur un truc alors !
Merci de ce sympathique échange de points de vue et éclairages qui m’ont ouvert quelques portes.
Bonjour. Vous écrivez (parlant des derniers Vasset et Houellebecq) :
"En suivant votre raisonnement il aurait fallu les présenter comme des ouvrages de "science-fiction", ce qui aurait été excessif. Ils n’ont par exemple rien à voir avec des maîtres de la SF comme peuvent l’être Isaac Asimov, Neil Gaiman ou Terry Pratchett , auxquels on pense (avec d’autres certainement que je ne connais pas désolée) quand on parle de SF.
On ne peut raisonnablement pas les mettre dans la même "catégorie". Leur univers sont quand même bien différents ! "
Que vous ne les classiez pas dans le genre, peu importe (et, comme on vous l’a déjà signalé, Pratchett et Gaiman sont bien plus éloignés de la SF que Houellebecq, Vasset ou les auteurs que vous citiez dans votre billet). Pour moi le problème n’est pas lexical. Et cependant, même si je ne suis pas toujours d’accord avec leur défense acharnée de la SF, Roland Wagner et Sylvie Denis ont bien résumé la situation. Le problème, de plus en plus évident à mesure que vous vous empêtrez dans vos réponses, est que vous ne parvenez pas à considérer la science-fiction comme un champ culturel ou littéraire, et non plus comme un "genre" (lire : "sous-genre", ou son équivalent universitaire : "paralittérature").
Vous n’utilisez pas le terme, précisément pour ce qu’il représente. Mais d’ailleurs, comment le pourriez-vous puisque, vous l’avouez vous-même, vous ne connaissez pas la SF ? Vous ajoutez même que ce n’est pas votre tasse de thé. Qu’est-ce qui n’est pas votre tasse de thé ? Les bons livres ?… Quand un lecteur de SF me dit, "oh, moi, la littérature hors SF, ça ne m’intéresse pas", je trouve ça débile. Notez que, ados mis à part, j’en rencontre rarement (et comment en vouloir à un ado de se retrouver plus dans Dune que dans La Recherche du temps perdu ?). Ne pas aimer la SF, surtout quand on ne la connaît pas, est tout aussi absurde.
Ce que je vous reproche donc ici, chère Alexandra, c’est de chroniquer trois romans de SF, ou d’anticipation, peu importe, comme si c’était nouveau, comme si de nombreux écrivains ne les avaient pas précédés, comme si Catherine Dufour, Sylvie Denis, Joëlle WIntrebert (pour en rester aux femmes), n’existaient pas. Comme si Asimov, Clarke, Egan, Blish, et cent autres, n’étaient que des noms sans importance, alors que, parmi les grands romans de demain, je parie qu’aucun ou presque ne les aura pas pris en compte d’une manière ou d’une autre. Prenez les très grands romans américains, ceux de DeLillo, Ellis, Vollmann, Danielewski, Pynchon : pas un qui n’ait digéré le meilleur du roman noir, de la SF ou du fantastique. Idem au Japon, avec les deux Murakami (Ryu et Haruki). Idem en France, même si nous n’avons pas un seul écrivain de l’envergure d’un Pynchon ou même d’un DeLillo.
De même que tout critique SF ne peut faire l’impasse de la littérature classique, eh bien, avoir lu les classiques SF devrait faire partie de la formation de tout critique littéraire contemporain. On cite Dick et Orwell à tout bout de champ, sans avoir lu trois lignes du premier (et souvent, du second), de même que beaucoup de critiques SF citent du Borges par-ci, du Borges par-là, sans l’avoir lu, au point de le prénommer José-Luis (sic).
Franchement, comment évoquer La possibilité d’une île sans avoir lu un peu de SF ? Ce serait comme analyser Le Meilleur des mondes sans avoir lu Shakespeare… D’ailleurs, quand un journaliste a demandé à Houellebecq, l’an dernier, quelles étaient ses dernières lectures intéressantes, il a cité Dantec, Jeffrey Ford, et une paire d’autres auteurs de SF. Et aucun de littérature blanche, je crois. Etonnant, non ?
Quelques liens pour vous montrer qu’on peut, et qu’on doit, non pas parler de SF, mais la connaître un minimum, pour aborder la littérature qui compte : findepartie.hautetfort.co… pour Vasset, et findepartie.hautetfort.co… pour Houellebecq.
Cela dit, je ne vous hais point, ALexandra. Grâce à vous, j’ai découvert la troublante BD "Fraise et chocolat" (cf dessin ci-contre), tellement impudique, tellement gênante (la sexualité de Boilet y est révélée dans ses moindres détails !), mais aussi, tellement touchante.
Cordialement.
le roman de céline curiol "permission" sera un best-seller!
il s’en vend énornement actuellement!
c’est vrai un livre fantastique!
Monsieur Yves et Jean-Pierre, vous n’êtes pas obligé de poster 2 fois le même message sous 2 pseudos différents vous savez hein…
Monsieur Transhumain, je suis très honorée de votre message car je suis lectrice de votre blog mais de loin parce que je sais bien que nous ne sommes pas du même "monde" (le buzz littéraire tout en bas et vous tout en haut). Donc voilà cela me fait très plaisir de ne pas être snobée 🙂
Je pourrais relever bon nombre de choses dans votre argumentation comme : "comment en vouloir à un ado de se retrouver plus dans Dune que dans La Recherche du temps perdu ?"
> comment peut faire de telles généralités sur les ados ??
> "Ce que je vous reproche c’est de chroniquer trois romans de SF, ou d’anticipation, peu importe, comme si c’était nouveau, comme si de nombreux écrivains ne les avaient pas précédés, comme si Catherine Dufour, Sylvie Denis, Joëlle WIntrebert (pour en rester aux femmes), n’existaient pas.
> Loin de moi de ne pas vouloir les prendre en compte. Il s’agit tout simplement d’ignorance mais le mal est désormais réparé puisque tous les experts ci-dessus nous ont donné un cours magistral de SF et je les en remercie ! Toutefois j’ai quand même cité Orwell et Huxley et préciser en conclusion qu’il y avait un peu de "déjà-vu/lu".
"Franchement, comment évoquer La possibilité d’une île sans avoir lu un peu de SF ? Ce serait comme analyser Le Meilleur des mondes sans avoir lu Shakespeare…"
> Alors là pas du tout d’accord !!!
Il n’y a pas d’ordre imposé pour lire les livres. Il y aura seulement des niveaux de lectures différents.
Suis super contente pour "Fraise et chocolat" et j’ai envie de croire que cette remarque n’est pas ironique (elle ne l’est pas hein, dites ?!)
comme si Catherine Dufour, Sylvie Denis, Joëlle WIntrebert (pour en rester aux femmes), n’existaient pas.
> Loin de moi de ne pas vouloir les prendre en compte.
Ça veut dire que vous allez les lire ?
Avant de te répondre, j’aimerais avoir une précision, si j’ai bien compris Catherine Dufour est bien un auteur de SF ?
Entre autres choses, puisqu’elle verse également dans la fantasy…
Je crois que Gilbert, Transhumain et Dany pensent ici lorsqu’ils la citent à son roman intitulé "Le goût de l’immortalité".
Ah… ah effectivement c’était l’objet de ma petite question (sournoise !)… j’avais noté son nom qui est revenu plusieurs fois et lorsque tu m’as posé cette question, j’ai regardé sur google son style et sa biblio et là horreur !
C’est exactement le genre de livre que j’associe effectivement à la SF (et qui n’est pas du tout ce que je recherche en tant que lectrice) et c’est aussi exactement pour cela que je fais le distingo avec "l’anticipation sociale", terme tant honni par vous… Mais qui trouve ici toute sa raison d’être pour se repérer entre justement une Catherine Dufour et une Céline Curiol par ex, pour reprendre l’article ci-dessus. "Le goût de l’immortalité" n’est définitivement pas pour moi (cela ne lui enlève en rien ses qualités littéraires mais ce n’est pas du tout cet univers là qui m’intéresse et que je recherche parce qu’il est « trop » SF justement, voir les définitions que j’ai données + haut, bp + haut…)…
J’espère que mes propos seront compris… et ne choqueront pas…
Sournoise ? Pas tellement. Cela semblait évident, eu égard à la manière dont la question était amenée.
Selon Virgile, « Ab uno disces omnes ».
« A partir d’un seul, connais-les tous »
Vous semblez appliquer ce précepte à la lettre. Ainsi, vous prenez un roman que vous n’avez pas lu (en omettant tous les autres), considérez la quatrième de couverture, et, partant, considérez que tous les romans de science-fiction se déroulent à l’aube du XXIIIème siècle.
CQFD. J’ai bon ?
Dans le cas contraire, merci de préciser explicitement ce qui vous rebute avec "Le goût de l’immortalité" (l’expression "c’est trop SF" n’ayant à mes yeux pas beaucoup de sens).
>> voir les définitions que j’ai données + haut
Le problème, c’est que vos définitions (très personnelles) sont invalides…
[Mode répétition ON]
Cela va peut-être vous étonner, mais les récits de science-fiction peuvent autant prendre place dans le futur que dans la lointaine antiquité ou au beau milieu de la semaine prochaine. Mais je crois que cela a déjà été dit. Quant à faire un "distinguo", comme vous dites, les critiques ne vous avons pas attendue pour le faire (cf. plus haut avec la fiction spéculative, etc, etc… Cela a été dit également).
[Mode répétition OFF]
Comme quoi vous tournez vous aussi autour du pot, Alexandra, n’est-ce pas ? :]
L’une des questions essentielles, à mon sens, est en effet la suivante : <b>« Pourquoi ne reconnaissez-vous pas que ce que vous nommez "anticipation sociale" appartient à la science-fiction (et constitue même une large part de celle-ci) ? »</b>
—————-
PS : Je suis curieux. Où classez-vous donc les récits non datés ?
PPS : Et si dans quelques mois Céline Curiol proposait un roman dont l’action se déroule dans plusieurs décennies ? Comment ferez-vous la distinction entre Céline Curiol et Céline Curiol ? Vous la coupez en deux ? 😀
PPPS : Quid des autres auteurs précédemment cités (il n’y avait pas que Catherine Dufour, il me semble) ? Les avez-vous "googelisés" (!) aussi, à défaut de les lire ? Votre verdict ? Même panier ?
Là, je ne comprends plus. Le roman de Catherine Dufour relève clairement de l’anticipation au sens le plus basique du terme, et sa dimension sociale est indéniable.
Ce n’est quand même pas la date qui te fait peur ? 2113, c’est quasiment demain — bon, après-demain.
J’aimerais bien rencontrer le petit malin qui a réinventé la roue avec l’AS, soit dit en passant ; voilà quelqu’un qui mérite d’aller au coin pendant la récré avec un bonnet d’âne.
Cette discussion et ces attaques ne sont encore une fois que carabistouilles et queue de cerises. Je partage l’avais de l’auteur "Alexandra", il s’agit d’une levée de boucliers de spécialistes de la SF qui paniquent dés que des auteurs ne se reconnaissant pas dans ce genre publient un livre qu’EUX jugent comme faisant parti du genre.
Malheureusement, ce n’est pas quelques spécialiste qui décideront si des auteurs font de la SF ou pas, mais bel et bien des auteurs, désolé messieurs-dames. Encore une fois, les critiques, souvent auteurs frustrés (même ceux qui écrivient, et oui) se placent en juge des auteurs, les vrais.
Clairement, Murakami Haruki, ne fait pas de SF, comme Piccirilli ne fait pas de fantastique (qu’est-ce qui est "fantastique" dans Un Choeur d’enfants maudits" ? 3 sorcières et du vent ? Des visions de morts qui viennent nous visiter la nuit ? Mince alors, nous vivons donc dans un monde fantastique ? Je fais du fantastique quand je rêve la nuit…)
Bref, queue de cerises donc…
Et totale incohérence.
1/ D’un côté, les auteurs critiques SF voudrait que celle-ci sorte du ghetto du genre, de l’autre ils ne veulent surtout pas que d’autres auteurs non-SF viennent leur couper l’herbe sous le pied.
2/ Ils se tournent de plus en plus vers des sujets empreintant autant à la psychanalyse, la technologie actuelle, le rêve etc, et de l’autre revendique ces "ficelles" comme SF…
3/ Paniquent à l’idée que d’autres récupèrent les lauriers qui leur sont due (ce que je ne nie pas) et qui vont être malheureusement récolté par d’autres…
_________________
Et sinon le livre ? Ceux qui l’ont lu ? Parce qu’en ce moment j’ai un peu d’argent et j’hésite entre "Le meilleur des derniers mondes" et "L’âge des lumières", rien à voir je sais : l’un relève de l’anticipation sociale et l’autre de la fantasy (non ? ah zut, j’ai juste jeté un oeil à la couverture… 🙂 ) mais bon j’aime les deux, j’adore lire et accessoirement je me moque des étiquettes marketing.
« 1/ D’un côté, les auteurs critiques SF voudrait que celle-ci sorte du ghetto du genre, de l’autre ils ne veulent surtout pas que d’autres auteurs non-SF viennent leur couper l’herbe sous le pied. »
C’est marrant, ce vieux serpent de mer de « sortir du ghetto » qui ressort périodiquement. S’il est vrai que les littératurants des années 80 étaient dans cette logique-là, ils constituent un cas tout à fait marginal.
Espérer qu’un jour la SF sera reconnue en tant que SF — et non par petits bouts dissimulés sous des étiquettes telles que « fable philosophique », « techno-thriller » ou « anticipation sociale » — n’a rien à voir avec une quelconque histoire de « ghetto », même si je suis toujours épaté de l’imagination dont font preuve les milieux mundanes lorsqu’il s’agit de ne pas employer le terme « science-fiction » — sauf pour dire que l’œuvre dont ils parlent n’en est pas.
En outre, si les « auteurs critiques SF » ne voulaient pas que les auteurs « non-SF » viennent leur « couper l’herbe sous le pied », n’auraient-ils pas plutôt intérêt à rejeter ces auteurs hors du champ de la SF, histoire d’éliminer la concurrence ?
Enfin, c’est ce que, moi, je ferais si j’étais à leur place.
Or, au contraire, les œuvres de SF publiées hors collection SF ne souffrent d’aucun ostracisme a priori. Un coup d’œil aux rubriques critiques des diverses revues qui ont accompagné l’histoire du genre en France le montre à l’évidence.
« 2/ Ils se tournent de plus en plus vers des sujets empreintant autant à la psychanalyse, la technologie actuelle, le rêve etc, et de l’autre revendique ces "ficelles" comme SF… »
La tendance que tu décris date des années 60. Au moins.
Je passe sur l’emploi du mot « ficelles » qui n’a aucun sens dans le cas présent et me donne franchement envie de dégainer mon Greg Egan.
« 3/ Paniquent à l’idée que d’autres récupèrent les lauriers qui leur sont due (ce que je ne nie pas) et qui vont être malheureusement récolté par d’autres… »
Et voilà ce à quoi on a droit quand on demande juste d’appeler un chat, un chat.
Hop, je m’explique sur mon "désappointement" sur le Catherine Dufour, cité plus haut comme un ouvrage dans la même veine que les romans « d’anticipation sociale » présentés ci-dessus (Céline Curiol, Elise Fontenaille et Céline Minard).
Je ne connais pas cet auteur donc je suis allée sur Google collecter quelques infos de bio et de bibliographie et sur ledit livre recommandé : Le goût de l’immortalité. Et donc là : non, pas pour moi du tout. C’est difficile à expliquer mais j’ai tout de suite senti que j’étais sur un autre territoire, on franchit une frontière qui n’est pas la mienne. Et cela commence avec la couverture dudit livre (petit détail parmi le reste bien sûr) où on a l’impression d’un personnage à mi-chemin entre un androïde et un gnome (j’ai une allergie irréversible aux gnomes) suivi du descriptif du récit.
C’est trop éloigné de la réalité, de la société contemporaine avec des accents mystiques presque fantastiques. On est dans le domaine de « l’imaginaire » pour reprendre le terme consacré. Pas du tout ce que je recherche. Je ne classerai pas du tout ce roman dans la branche "anticipation sociale" par ex.
Pour moi ça me paraît évident mais j’ai l’impression que vous ne décelez pas cette "frontière" qui me saute aux yeux.
Pour en revenir à la guéguerre des étiquettes et à cette lutte acharnée pour que l’on emploie à tout va le terme de "science fiction" (et non des termes tels que "épopée futuriste", "roman d’idées", "parabole romanesque"…), je vais faire le parallèle avec la littérature dite générale celle où j’évolue habituellement. Il est fréquent que les critques ou les lecteurs emploient différents termes et de qualificatifs pour définir des ouvrages tels que "autofiction", "conte noir", "fable philosophique", "roman de bureau" et tout un tas d’autres "étiquettes" qui n’ont rien de choquant même si elles peuvent être controversées pour certaines. Il ne viendrait pas à l’idée d’organiser une levée de boucliers pour dire "Quelle honte de ne pas employer le terme de "littérature générale" !!"
Voilou sinon j’ai repéré un ouvrage SF que je pourrai bien avoir envie de lire : "Bleue comme une orange". Je vous dirais…
« Il ne viendrait pas à l’idée d’organiser une levée de boucliers pour dire "Quelle honte de ne pas employer le terme de "littérature générale" !!" »
Peut-être parce que le terme en question n’est utile que pour différencier ladite littérature des littératures dites de genre ?
Je veux dire que l’appellation « littérature générale » recouvre un ensemble de champs littéraires plutôt qu’un champ unique — à la différence de la science-fiction.
« sinon j’ai repéré un ouvrage SF que je pourrai bien avoir envie de lire : "Bleue comme une orange" »
Mmmm… voilà qui me rappelle quelque chose…
j’ai il y a quelque temps signalé incidemment votre article
blog.lignesdefuite.fr/pos…
et découvre à travers un ricochet dans Mille feuilles l’explosion de commentaires auxquels il a donné lieu !
avec le sentiment d’arriver après la bataille, je m’aperçois que mon souhait peut-être naïf de lectrice : voir se multiplier les ponts entre entre science-fiction et littérature dite générale, que j’aime également lire, est loin de faire l’unanimité.
chez les uns et les autres, en dépit de quelques commentaires (Roland C Wagner ou Olivier Noël) dont je me sens proche, que d’incompréhension, de sectarisme, de volonté acharnée de ranger les livres dans des petites cases par genres et sous-genres
Je lis sous la plume d’Alexandra : « En effet, aujourd’hui lorsque l’on va dans un rayon de SF dans une librairie par ex ou même sur un site SF et qu’on a l’habitude de lire de la littérature générale, je peux vous assurer qu’on a l’impression de débarquer sur une autre planète, d’être dépaysée et pas "à sa place". »
Propos auquel Roland C. Wagner répond, très malicieusement je pense : « Ben, moi, c’est quand je débarque dans le rayon littérature générale que je me sens étranger. Comment faire un choix au milieu de tous ces bouquins ? Certains n’ont même pas d’illustration en couverture — et, quand il y en a une, elle est souvent sans rapport avec le contenu. Et je ne parle même pas des textes figurant sur la quatrième de couverture…
Séparer une partie de la SF du reste du corpus m’obligerait à aller chercher là-dedans une partie de ma nourriture intellectuelle et spirituelle. »
Je crois rêver ! il me semble que les livres ça s’ouvre, se feuillette, se découvre, c’est un pari … j’adore être surprise par un livre, me faire une idée par moi-même, sans m’arrêter à la couverture ni à la collection ni au rayon dans lequel les livres sont rangés ; et je ne me demande pas avant de les lire s’il font ou non partie des livres que je m’autorise à lire !
"franchir les frontières" semble vous effrayer Alexandra (58) mais il me semble que c’est l’un des intérêts de la lecture : de fait "Le goût de l’immortalité" de Catherine Dufour est un très beau livre (où je me suis identifiée très facilement au très beau personnage principal, le "gnome-androïde" qui vous a effrayée sur la couverture, dont je me suis sentie plus proche que du narrateur du "Permission" de Céline Curiol, qui par ailleurs est également un livre très intéressant)
Je ne suis pas " spécialiste " de SF, je lis aussi beaucoup d’autres choses, mais j’aime les questions souvent très philosophiques que posent les livres de SF, l’éclairage qu’ils apportent sur les évolutions de plus en plus rapides de la science et de la société : tout Greg Egan, la Culture de Iain Banks, le cycle d’Hypérion de Dan simmons, et Gibson, Vinge, Sterling, Nancy Kress, Schroeder, Ted Chiang, et en France Wagner, Ayerdhal, Calvo, Colin, Joëlle Wintrebert, etc. etc.
Heureusement je pense que les écrivains ne se laisseront pas enfermer dans les petites cases que plusieurs d’entre vous mettez tant d’ardeur à tenter de définir : les auteurs (même les français, qui s’y sont mis tard) sont de plus en plus nombreux franchir les frontières que les critiques s’acharnent à tracer entre les genres, et tant mieux : même si tout n’est pas forcément réussi, le frottement des genres est souvent fructueux et donne parfois lieu à des étincelles
les frontières se franchissent d’ailleurs dans les deux sens, car des auteurs comme David Calvo ou Fabrice Colin vont plutôt de la SF vers autre chose…
Personnellement, j’écris de la science-fiction, je n’écris quasiment que de la science-fiction et je revendique d’écrire de la science-fiction. Et je ne me sens pas enfermé dans quoi que ce soit — ni « petite case », ni « ghetto », ni tout ce qu’on voudra. Au contraire, j’ai à ma disposition toute la panoplie des outils de la littérature, plus d’autres qui sont spécifiques à la science-fiction. Le champ où je peux évoluer en tant qu’écrivain est immense, d’une richesse infinie. Ma liberté est pour ainsi dire totale. Je vais où je veux, comme je veux et quand je veux.
Cela, seule la science-fiction peut me le permettre.
là, Roland C. Wagner, j’aplaudis ! c’est votre droit souverain d’écrivain de définir vos romans comme vous le souhaitez, comme c’est mon droit de lectrice de ne pas aimer les petites cases et de butiner ici et là
(si on voulait mettre vos livres dans des petites cases, il est certain que le magnifique "Chant du cosmos" serait de la SF, mais vos "Futurs mystères de Paris" (dont je suis une lectrice assidue – merci au passage d’avoir "ressuscité" Gloria dans "Mine de rien" !) mélangent SF et polar et d’autres choses d’ailleurs)
je saisis l’occasion pour vous remercier (ainsi que vos deux compères) pour le blog Génération SF generationscience-fiction… où ceux qui veulent la découvrir trouveront des trésors
Je n’avais pas encore répondu au dernier message de Roland par manque de temps (et allais le faire) mais ton message Cgat me laisse perplexe.
J’ai de plus en plus la (triste) impression que les gens refusent en bloc que l’on puisse ne pas aimer ou ne pas avoir envie tout simplement de lire un livre qu’ils ont aimé sur la base d’un "faisceau d’indices" qui orientent en général un lecteur. Lire la 4e de couv’, les chroniques, les interviews de l’auteur, feuilleter quelques pages si on en a l’occasion et le temps donne un premier aperçu non ? (ou suis-je la seule à procéder ainsi ???). Cela ne me semble pas extraordinaire de choisir ses livres comme cela.
Bien sûr, si je n’avais aucune vie privée ni obligations alimentaires, le budget et la concentration nécessaires pour lire 24h sur 24, je lirai in extenso tous les livres que l’on me suggère avec joie mais là j’avoue que cela me serait difficile malgré mon goût littéraire et ma bonne volonté 🙂
Comme beaucoup, je fais donc des choix en fonction de mes critères personnels, prédilections et intuition de lectrice.
Faut-il que j’en ai honte ou que je m’en excuse ??? J’avoue supporter de moins en moins cette intolérance chronique teintée de reproches moralisateurs dés que l’on ose ne pas acquiescer sans broncher à toutes les recommandations (injonctions ?) d’autrui. Je suis libre de mes choix/goûts (que j’assume pleinement) et compte bien le rester. Désolée.
En ce qui concerne l’illustration de la couverture "Le goût de l’immortalité", merci de ne pas déformer mes propos (je ne suis pas fana…) : j’ai dit que c’était "un petit détail" qui venait s’ajouter au reste (le thème et l’intrigue du livre notamment). J’ai été sincère sur mon ressenti général, que ça plaise ou non.
Je respecte tes goûts (comme ceux des lecteurs et auteurs de SF) ainsi que le fait que tu aies apprécié ce livre et d’autres livres de SF. Mais PEUX-tu accepter (et respecter) le fait que ce genre de SF (que je qualifierai "d’imaginaire" ou philosophique selon ton analyse) ne me tente pas ? A te lire, j’ai l’impression que non (j’espère avoir mal compris et que tu vas me détromper).
Et pour répondre à Roland qui dit : "l’appellation « littérature générale » recouvre un ensemble de champs littéraires plutôt qu’un champ unique — à la différence de la science-fiction."
La SF serait donc "un champ littéraire unique" si je te suis bien ? Franchement Roland… ou c’est moi qui ne sais pas lire ou ce que tu dis là vient exactement contredire tout ce qui est exposé plus haut…
Par ailleurs, j’ajoute que, par exemple, le Buzz littéraire n’est pas un site de "littérature générale" comme vous l’avez spontanément qualifié. Pas de scandale pour autant. Mais bon : c’est faux ! 🙂
je PEUX sans aucun problème accepter et respecter tes goûts, Alexandra, et très souvent j’apprécie tes articles (c’était le cas de celui-ci d’ailleurs puisque je l’avais cité)
mon intervention avait justement pour but d’inviter chacun à faire de même : laisser chaque lecteur lire selon ses goûts sans tracer de frontières artificielles ni se laisser impressionner par des classifications souvent de plus en plus floues et poreuses
c’est vrai pour les livres de sf mais aussi pour de philo ou de sciences : hier dans un colloque sur les "Enjeux du roman contemporain", Marie Darrieussecq disait lire beaucoup de sf, et Régis Jauffret affirmait que pour lui le roman fondateur du 21e siècle était "Mille plateaux" de Deleuze et Guattari
quant à ce que j’écrivais du livre de Catherine Dufour il s’agissait juste de donner mon avis et envie à d’éventuels lecteurs indécis de ne pas s’arrêter à ton seul jugement ni à la couverture
pour ajouter une note positive : "Bienvenue à Bathory" d’Isabelle Zribi (Verticales) pourrait tout à fait être cité aux côtés des livres de Céline Minard, Céline Curiol et Elise Fontenaille : il se passe ailleurs que dans notre présent mais il en parle très bien …
Merci Cgat, me voilà rassurée ! 😉
Cette intervention de Jauffret était en effet hautement intéressante. On en reparlera sur le Buzz littéraire prochainement.
C’est intéressant que tu cites Marie Darriessecq, il est vrai que ses livres flirtent parfois avec le surréalisme fantastique. Plus étonnant encore, avait été cette même inclinaison que m’avait confiée Héléna Villovitch (Philip K Dick, Richard Matheson…) lors d’une interview. Je ne m’en serai vraiment pas doutée. Cela ne transpraît pas vraiment dans sa prose très ancrée dans le quotidien. Même si dans son dernier receuil "Dans la vraie vie",
buzz.litteraire.free.fr/d… l’histoire sur les fumeurs a des petits accents d’anticipation (sociale !).
Au fait quelles étaient les références SF de Marie Darrieussecq si tu t’en souviens ?
Au plaisir de te lire sur Lignes de fuit !
Marie Darrieussecq n’a cité aucun auteur de sf en particulier, si je me souviens bien, simplement dit qu’elle en lisait beaucoup : il y a en effet pas mal de fantastique dans ses romans (dès Truismes, mais aussi dans Naissance des fantômes, White, Bref séjour chez les vivants)
elle a aussi déclaré quelle avait le projet d’écrire La Princesse de Clèves (!) et qu’elle y raconterait le départ d’une fusée vers une lune de Jupiter
comme elle pas mal des romanciers et des lecteurs d’aujourd’hui, il me semble, sont nourris tout autant par la lecture de Duras que par celle de Philip K. Dick, ainsi que par les images de 2001 Odyssée de l’espace, Star trek ou Matrix : il est donc tout à fait normal qu’ils introduisent dans leurs romans des thèmes généralement traités par la sf
Oui je pensais effectivement à ses ouvrages matinés de fantastique.
D’ailleurs, je n’en suis pas fan…
Une petite info sur Bret Easton Ellis qui me semble en lien avec les développements précédents :
buzz.litteraire.free.fr/d…
Wouch…
J’arrive très longtemps après le début.
Je ne sais pas si les romans cités au-dessus sont bons ou pas, mais à l’occasion j’en taterai.
Je vais prendre le train en marche (enfin à son arrivèe en gare, peut-être), sur l’idée de "faisceau d’indices" permettant de décider si ou ou non on va donner unhe chance à un bouquin.
Evidemment, je fonctionne comme ça. Surtout comme consommateur de bibliothèque municipale, j’ai le temps, pas la pression des sous, et une fusion partielle des rayons, indifférente aux collections, genres, origine des auteurs…
Maintenant, dans le faisceau d’indices, la SF recquiert, de la part du lecteur de littérature blanche, un effort de tri supplémentaire. Effort que tu dis avoir renoncé à faire. Ce qui, je le souligne, n’est pas un pêché, ma fille.
Maintenant, il y a deux raisons personnelles qui légitiment l’injonction à faire cet effort :
– tu as mis le pied dans notre territoire, femme blanche. Ungawa. Si tu devais repasser, tu ferais bien d’apprendre un peu les us et coutumes. Ne serait-ce que pour mieux profiter du voyage. Autrement dit, dès lors que tu as publié sur de la SF, et que tu n’exclues pas de le refaire (puisque tu as discnerné au moins un genre qui t’accroche)(et que j’espère que l’échange présent t’a pas traumatisée à vie), c’est une responsabilité de prescriptrice que tu dois prendre en compte.
Mettre les textes que tu décrits dans une perspective juste et ouvrir les horizons d’attente des lecteurs. Ici, dire qu’il y a quelques filles qui font aujourd’hui tel ou tel genre de SF, et que ça te rappelle, en plus Orwell ou Huxley, mettons Ursula Le Guin, qui utilisait ses connaissances en ethno logie pour réfléchir et romancer sur l’identité sexuelle (et la solitude, aussi).
– la deuxième raison, c’est qu’avec cet échange, tu as pris quelques premières marques… et que ce serait dommage d’en faire une impasse quand tu peux en faire une ouverture. Quitte à ce que ce soit la tienne, qu’elle ne soit pas homologuée conforme à l’histoire littéraire. Tu n’es pas obligée de connaître cette histoire, mais être mieux informée que la plupart de ceux à qui tu vas prescrire, ça rend ton intervention plus forte.
Pour moi, si tu parles de bouquins de SF en essayant de leur apporter des lecteurs, c’est déjà pas mal.
Mais justement, dans ces conditions, l’effort dans le tri du faisceau d’indices doit être plus soutenu.
D’abord parce que trouveras peu de prescripteurs qui feront ce boulot à ta place. Il y en a, mais des critiques qui font un double travail sur la littérature blanche et la littérature de genre, auxquels tu pourrais emprunter les pratiques, c’est rare. Quand aux interviews et dossiers sur des auteurs de SF, c’est pire encore, ça prend trop de place pour paraitre dans l’actu ordinaire. Faut faire sans tout ça, ou batailler pour identifier quelques lecteurs à qui tu peux te fier. Ou un responsable de rayon intéressant. Ou le directeur de la Bbibli de Port Royale, possédant LE rayon de référence en SF et imaginaire.
Ensuite, il faut s’approcher du rayon si identifiable, surtout en grande surface/FNAC. Disons, ne pas oublier d’y passer sous prétexte qu’il est éloigné des autres et que tu n’y vas pas souvent.
Faire abstraction de tes goûts esthétiques. Et de ceux des lecteurs de SF. On le fait tous pour lire la littérature blanche en poche, on passe sur la sévérité propre-sur-elle des Zéditeurs Sérieux, donc il faut extraire mentalement le texte de son embllage.
Essayer de zapper, dans le feuilletage, les termes barbares propres au genre. C’est comme tout, faut commencer et s’habituer. Tu ne serais pas littéraire si tu n’avais pas "ignoré ton ignorance" en t’attaquant à certains auteurs, certaines époques littéraires. Le désir de savoir "qu’est ce que ce texte dont on me dit tant de bien" passe avant le "aie, c’est quoi ces noms russes qui changent tout le temps, je reconnais plus personne dans les frères Karamadson".
Enfin, être très prudente avec les notions de genre, sous-genre. Un peu comme le vocabulaire, tant que tu te sens néophyte, t’en tiens pas compte et tu te concentres sur le propos et le style.
J’ai l’air de vouloir t’expliquer l’eau chaude, mais si tu fais ton boulot de critique consciencieusement, il faut connaître ses envies et les dépasser…
Et ne pas compter sur l’effet de surprise du bouquin qui t’ouvre des horizons. ¨Parce que le déluge de ce qui est publié, et à l’intérieur l’averse de ce qui pourrait potentiellement t’intéresser sont trop puissants pour que tu n’aies pas un peu de méthode pour y faire face.
Voilà, bonnes lectures donc.