10 ans après l’immense succès, les attaques et polémiques d’American Psycho, l’auteur âgé de 40 ans pose un autre regard sur son roman explosif…
« A l’époque d’American psycho la thèse que je développais était qu’on ne peut s’éjecter d’un monde où l’émotion est absente, où seuls comptent les apparences et les objets qu’avec un acte ultime comme le meurtre. Aujourd’hui ça me fait tout drôle de me l’entendre dire parce que c’était la thèse d’un jeune homme. Entre-temps, j’ai vieilli et je pense maintenant que le sentiment ultime n’est pas la souffrance mais l’amour. Plus on prend conscience de sa propre mortalité, plus l’amour devient important. Dans American psycho, Bateman se vante de ses grotesques assassinats de femmes alors que le personnage principal de Glamorama est dégouté par la torture et le meurtre. Aujourd’hui, j’ai moi aussi davantage peur de la violence qu’avant. »
En faisant des recherches sur Lunar Park, l’écrivain a relu American Psycho, pour la première fois, depuis une décennie, à ce sujet il commente :
Cela m’a aidé car certains faits contenus dans American Psycho correspondaient à des évènements dans Lunar Park. c’est la seule raison pour laquelle je l’ai attrapé, pendant l’été 2003. je n’avais pas hâte de m’y mettre. Je ne l’avais pas lu depuis sa parution en 1991, j’étais unquiet à l’idée de devoir donner raison à ses détracteurs et de retrouver ce sale gosse intéressé par la fiction conceptuelle, la transgression, les tropes expérimentaux, les listes, etc. Je pensais que tout ce fourbi allait me faire l’effet d’une grosse courbature, mais j’ai été surpris. J’ai aimé lme livre et n’y ai pas du tout vu tout ce que je craignais de rencontrer, ou du moins c’était masqué par l’humour et la vitesse. La voix du livre -qui allait certainement me paraître forcée à présent que j’ai 40 ans – était bien plus convaincante que je ne le pensais, j’avais oublié à quel point j’étais d’accord avec Patrick Bateman sur la société et la critique sous-jaçente de son monde. Sa misère semblait justifiée, je l’ai curieusement trouvé sympathique. Par contre, je suis devenu trop délicat pour les scènes violentes, je les ai trouvées si horribles que j’ai dû me forcer pour les lire. Elles étaient choquantes au point de susciter une distraction mal venue. je ne changerai rien à ce roman ; j’ai été soulagé :lorsque j’ai fini sa relecture, de ne pas le trouver aussi prétentieux que je pensais qu’il allait être, mais la violence m’a gêné et cela m’a surpris.«
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