Plus de la moitié des Britanniques achètent des livres qu’ils ne lisent pas, simplement pour décorer leur intérieur, selon une enquête publiée lundi et présentée par l’AFP.
Lorsqu’ils les ouvrent, bien souvent ils ne les finissent pas, selon cette enquête menée auprès de 4.000 Britanniques.
Parmi les ouvrages les plus souvent inachevés, figurent « Ma vie », l’autobiographie fleuve de Bill Clinton (1.024 pages), ou encore le quatrième tome des aventures d’Harry Potter, « Harry Potter et le gobelet de feu » (734 pages), deux best-sellers qui ont lassés en route près d’un lecteur sur trois (30 et 32% respectivement), selon cette enquête réalisée par Teletext.
Et même la biographie de David Beckham « My side » (404 pages) qui après sa sortie en 2003, avait reçu l’Award de l’autobiographie la plus vendue le plus rapidement, a été abandonnée en route par 27% de ses lecteurs.
Le livre acheté le moins lu est celui des mémoires de l’ancien ministre de l’Intérieur David Blunkett (35% reconnaissent ne pas l’avoir fini). Et côté fiction, c’est l’ouvrage ayant gagné le Booker Prize, équivalent du Goncourt français, « Vernon God Little » par DBC Pierre, qui a été abandonné par 35% de ses acheteurs.
Les Britanniques dépensent en moyenne quelque 4.000 livres (6.000 euros) durant leur vie pour acheter des livres.
Mais près de la moitié (48%) se disent trop fatigués pour lire tous les jours, et 42% disent qu’ils sont incapables de se concentrer sur des histoires un peu longues, selon la même enquête.
Quid des pratiques françaises… ?
23 Commentaires
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Pfeu… c’est justement quand on est crevé qu’on doit/peut lire et lire et lire encore, pour nous aider à vivre, à supporter le travail. Je suis sûre que tu partages cette idée, Alexandra…
J’ai un boulot à temps plein (plus deux heures sup) + j’écris + je fais plein de rencontres + j’ai trois enfants (dont un de 4ans et deux ados) et bien les livres me suivent partout et je ne pourrait pas décorer quoi que ce soit avec, tellement ils sont abîmés parce que lus et relus en toutes circonstances…
Déjà je déteste l’idée que des tableaux, photos etc puissent être décoratifs alors des livres !!!
Bon j’avoue aussi que décorer mon intérieur n’est pas non plus dans mes préoccupations !
Une Française bien de chez nous.
Avoue quand même qu’un beau "Les bienveillantes" surmonté d’un flamboyant Jean d’O c’est chouette dans un intérieur haussmanien ! 😉
Plus sérieusement, pr répondre à ta question et c’est ce que j’évoquais ci-dessous, peu de gens raisonnent comme toi. Quand ils rentrent du bureau, ils n’ont souvent aucune envie de se plonger dans un livre qui demandent effectivement un minimum d’effort et de concentration intellectuels. Les gens ont souvent envie de se "vider" la tête et c’est hélas rarement dans un livre qu’ils vont aller le chercher…
Ca m’arrive très souvent d’aller chez des gens qui n’ont tout simplement pas de "bibliothèque" mais uniquement une "DVDthèque"…
nous avons disposés tout Proust dans le salon, cela cachait parfaitement les déchirures du papier peint
nous avons disposés tout Proust dans le salon, cela cachait parfaitement les déchirures du papier peint
excellent ! on dirait du Plantu.
Ah mais j’ai également une grande DVDthèque !
Et aussi : même des milliers de livres ne pourront pas cacher les "trous" et autres "déchirures" de notre intérieur… alors bon, autant les lire.
En fait, c’est bien "me vider" la tête du boulot et autres que je cherche (mais aussi plein d’autres gens, je t’assure) en faisant ce que tu appelles des "efforts intellectuels", mais peut-être que certains autres se vident la tête en décorant…
Bon il faut dire que je n’ai pas acheté "les bienv" et comme tu le sais je ne vis pas dans un intérieur hausmanien !
Sinon, en tout cas, c’est info intéressante cette histoire de déco avec les livres.
c’est pas une découverte non plus, cf Schopenhauer en préface du monde comme volonté et comme représentation :
"il y a bien des moyens d’utiliser un livre en dehors de celui qui consiste a le lire. Celui ci pourra, àl’instar de beaucoup d’autres, servir a remplir un vide dans une bibliothèque : proprement relié il y fera bonne figure. Ou bien, s’il a quelque amie éclairée, il pourra le déposer sur sa table a ouvrage ou sa table de thé. Ou bien enfin – ce qui vaudrait mieux que tout et ce que je lui recommande tout particulièrement – il pourra en faire un compte rendu critique."
(j’avais pris la troisième option, donc je me suis abstenu de le terminer)
Dans un de mes livres, l’héroïne avait l’habitude de laisser des livres "prestigieux" (Nietzsche, Kant, Proust…) trainer bien en évidence dans son appartement. Du coup, son mec la prennait pour une intello et se sentait bien c..
Un jour, en venant chez elle, il voit enfin un livre qu’il a lu! Fier de lui, il lui en parle et elle finit par avouer qu’elle ne lit pas et que ces livres sont là uniquement pour "faire bien" (et au bout de quelques semaines, elle les revend chez Gibert Jeune, parce qu’il n’y a pas de petits profits.)
Des années plus tard, ils vivent en couple. Le héros voit, dans un magasin de meuble, de faux-livres, censés servir de décoration. Il persuade le vendeur de les lui vendre et les offre à sa copine, qui n’a pas trop apprecié la blague…
Dans mon salon, je prends soin de laisser en évidence les enfants de l’aube de PPDA à coté des décombres de Rebatet, mais c’est vrai que je suis un poseur.
Au moins achètent-ils des livres !
Bonjour Alexandra,
as-tu vraiment lu tous les livres de ta bibliothèque ? N’en achètes-tu pas certains pour le plaisir de l’avoir ? POur le simple plaisir de te dire que le jour où tu en auras envie, tu pourras le lire ? Et combien as-tu de livres que tu as simplement feuilletés ?
ET le Littell ? Combien sont-ils à l’avoir chez eux sans l’avoir lus intégralement voire simplement ouvertes, parce qu’on nous a claironné que c’est le livre de l’année ?
Au plaisir de te relire
oh la la… toutes ces questions pour moi toute seule ?? 🙂
je te réponds demain car là je dois filer et je n’ai pas envie de bâcler mes réponses !
Acheter des livres pour décorer ou faire croire qu’on lit, c’est croire à leur valeur. La bibliothèque devient un petit autel au dieu Livre auquel on fait offrande de livres. Ca dénote d’une attitude positive, tout n’est pas perdu.
Et puis, ça fait vivre les auteurs. C’est probablement pas idéal pour la diversité mais si ça permet aux maisons qui font jackpot sur un best seller décoratif de supporter d’autres auteurs, c’est toujours ça de pris.
HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU… Vive la traduction !
Des opinions, oui; des convictions, non. Tel est le point de départ de la fierté intellectuelle.
Pourquoi est ce qu’on croit tous aux sondages ? c’est fou ça !
Mieux vaut tard que jamais, je m’excuse du petit retard dans ma réponse.
En fait tu as parfaitement raison Anne Laure, il y a beaucoup de livres dans ma "bibliothèque" (une pauvre étagère murale Ikéa) que je n’ai pas lus et que je ne lirai sans doute pas, qui sont par exemple des cadeaux que j’ai reçus au fil des anniversaires ou dons qui m’ont été faits… et autres envois presse.
C’est un joyeux bric à brac
Je réalise même que parfois des livres particulièrement marquants dans mes lectures ne s’y trouvent pas ! La raison est que j’ai la chance d’avoir une grande amie, et précieuse contributrice du Buzz littéraire qui elle a une bibliothèque digne d’une caverne d’Ali Baba et de surcroît une librairie donc elle m’alimente beaucoup en livres.
Mais j’ai bien l’intention d’acquérir les livres fétiche qui me manquent et avoir une "bibliothèque" un peu plus à l’image de mes goûts littéraires et surtout goûts actuels (il doit bien y avoir encore quelques Mary Higgins Clark, vestiges de jeunesse dans le fond de l’étagère !).
Et sinon, je voulais ajouter aussi que j’ai horreur que l’on regarde mes livres (et que l’on commente).
Ca me met mal à l’aise. C’est bizarre, j’ai une grande pudeur là-dessus. Il faut vraiment que je sois proche de la personne pour l’y autoriser !
Pour finir, je réponds à Emmanuelle, quelques billets plus haut : quand je parlais de DVDthèque, je voulais dire que certains n’ont QUE la DVDthèque.
En ce sens, c’est intéressant ce que tu dis Leznotte.
Euh, quitte à enfoncer des portes ouvertes, Baudrillard dans "Pour une critique de l’économie politique du signe" avait déjà souligné la fonction ostentatoire des objets culturels comme les livres et les tableaux (on aménage son intérieur en fonction de l’image sociale qu’on a envie de projeter de soi-même). Et d’une façon un peu différente Bourdieu insiste aussi sur l’importance du "capital culturel objectivé".
Signé: la sociologue de service 😉
Bien vu V !
Ca me donne envie de relire Baudrillard d’ailleurs. J’adore ces décryptages de signes et de comportements sociaux. C’est toujours passionnant.
Dingue et inquiétant….
Ma bibliothèque est dans ma chambre, mes livres sont intimes, tant pis pour l’ostentatoire…
Ah moi aussi c’est dans ma chambre, ou plutôt : ma bibliothèque sert de "cloison" entre ma chambre et mon "bureau". Côté bureau, les livres de "travail", dicos, histoire de l’art, philo, etc (je suis prof, bon) et côté chambre les romans et la poésie… et tout cela au grenier, accessible aux seuls autorisés…
"on aménage son intérieur en fonction de l’image sociale qu’on a envie de projeter de soi-même" : aïe aïe aïe !!!