Arnaud Cathrine, 33 ans (né en 1974), fait figure de chef de file de ce courant de « jeunes auteurs impressionistes », aux côtés d’Olivier Adam avec lequel il partage un éditeur (« L’école des loisirs » pour qui il a écrit une dizaine de livres pour enfants et adolescents). Apparu sur la scène littéraire en 1998 à l’âge de 24 ans, avec un premier roman hallucinant « Journal d’un coeur sec », un huis-clos éprouvant sur la peur et l’abandon de deux orphelins en pleine guerre civile, il faisait déjà entendre une voix singulière, à la fois distante et tenue. Huit romans plus tard, un scénario (« Le Passager » récemment sorti au cinéma, adapté de son roman « La Route de Midland »…), la mise en paroles de titres de Florent Marchet ou de Claire Diterzi (il se destinait initialement à une carrière musicale), cet ancien élève de Khâgnes, a tracé son sillon et imposé son style épuré, à la fois fluide et acéré :
« Pour écrire, il faut deux secrets. Dont un que l’on ne connaît pas »
Au coeur de tous les livres d’Arnaud Cathrine : l’enfance et l’adolescence, qui reviennent chaque fois, comme des terrains jamais encore totalement explorés, comme des obsessions pas encore guéries. N’y voyez pas de goût pour la régression qu’il tient en horreur mais tout simplement des périodes de sa vie qui l’ont énormément marqué et auxquelles il revient inlassablement. La première parce qu’elle est « la source de tout » et la seconde « une période difficile qui laisse des traces », explique t’-il.
La présence de la mort (sans morbidité aucune ni pathos) y est également récurrente : mort d’un père, d’un mère ou des deux. Face aux cadavres, ses héros tentent de survivre, tentent « de s’en arranger « , de continuer en recourant à l’imaginaire ou à la fuite parfois.
C’est aussi toujours une inquiétante étrangeté, une étrange clarté qui baignent ses récits qui se déroulent souvent dans des lieux abstraits où les décors se dérobent, où ses figures fragiles et incertaines sont promptes à s’évanouir.
Son style net et implacable repose sur des phrases courtes nimbées de silence, dégageant une étonnante aura et lucidité en dépit de leur matière brumeuse.
Un critique disait à son sujet « Les romans d’Arnaud Cathrine ont la très fine et troublante consistante d’un rêve. Le plus souvent, il faut creuser dans la terre sombre, dans l’obscure matière, dans cet inexorable et riche magma d’inconscience. C’est là, au cœur des choses – dans les fractures – qu’Arnaud Cathrine puise les sujets de ses romans, exhumant les terreurs avec une audace croissante. » Ce qui est un excellent résumé de l’atmospère et de l’esprit de ce romancier singulier.
Lire la chronique de « Sweet Home » (sortie en poche)
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