« Raison basse » par les Caméras Animales : Réinventer les écritures pour transcender les genres littéraires…

Mise à jour : 12/07/07 Billet sélection blogs 2007 par « Stratégies » : Alors que certains dépensent leur énergie à « s’indigner » de la littérature contemporaine française, sans proposer en général de meilleure alternative, d’autres sont au contraire actifs et explorent de nouvelles formes d’écriture. La jeune maison d’édition « Caméras animales« , qui fêtera bientôt ses 3 ans d’existence, mène ainsi depuis ses débuts « une recherche sur les devenirs multiples de l’écriture » (voir interview). On se souvient notamment de l’iconoclaste « Crevard » signé Thierry Théolier le casseur de hype au sac ED… En ce printemps ils reviennent avec un cinquième ouvrage : un recueil collectif explosif en forme de « compilation de shoots de pensées ». Objectif : « cristalliser le meilleur des écritures contemporaines » et « recomposer ainsi une avant-garde » à travers des voix multiples dans un paysage littéraire gangrené par l’individualisme. Plus qu’un livre une expérience mentale et épidermique… Signe particulier : la part belle faite à la « net-écriture » puisée à toutes ses cyber-sources (forum, blog, mailing-list et même spam !). Pourtant comme toujours avec ce type d’initiative dite expérimentale, on peut craindre le côté poseur, narcissique voire obscure. Alors vrai renouveau littéraire ou énième ersatz branché ?

« L’écriture n’est pas un art artistique, l’écriture est un art martial psychique. » (Mathias Richard)

Initulé « Raison basse », le titre de ce recueil (et sa couverture représentant un torse en fusion, par Stéphanie Sautenet) attise déjà la curiosité et stimule l’imaginaire : Mettre sa raison en veilleuse peut-être et lire avec le ventre, le coeur ou la peau par exemple ? Il renferme en fait une multitude de sens parallèles, cachés, annexes que nous suggère l’éditeur : « Raison basse comme raisin bas, caisson basse, basse saison, une menace plane au cœur même de la raison… » (et bien d’autres)

Réunissant près de 70 textes (et matières textuelles) émanant de 30 auteurs, ce recueil collectif est le fruit d’un travail de repérage et de sélection de plus d’un an à travers une masse de textes inédits (reçus ou suscités), de textes croisés sur le Web et dans des revues (tel qu’Art press) ou livres épuisés… dans le but d’en extraire les meilleurs passages. Résultat : un OVNI littéraire, aux influences aussi diverses que la net-écriture, le lettrisme, l’hyperlittéralité, la beat generation, les « classiques », et surtout… inclassables, que les écrivains-éditeurs de Caméras animales qualifie d' »anthologie déviante ».

« J’avais l’impression de tourner sans cesse mais j’ai fini par comprendre que c’était tout le reste qui tournait autour de moi, que j’étais juste le bout de métal au milieu du vinyle et que la musique se jouait sans moi. J’étais en orbite autour de rien, autour d’un point qui m’échappait sans cesse et qui pourtant faisait partie intégrante de moi. » H.Cantrell Jones (Solipsisme)

Critique de la société de consommation et de ses « comptoirs du fabuleux », fragments de dialogues hallucinés, délire paranoïaque, récit de cauchemar éveillé à connotation mystique, réflexion sur le vivant, le corporel, la douleur (« J’ai mal même là où ce n’est plus mon corps ; mal au vide autour des membres tellement cela est aigu » Manuel Aubert) la mort, la société de demain, la sensation de solitude (« Je pivote autour de mon axe d’isolement la vie s’enchaîne se déchaîne elle est violente radicale sous ses airs complaisants » Pierre Charbonneau ou encore « Il a fallu l’état d’exception pour admettre sa solitude de monoparticule.« ), de schizophrénie, nihilisme, la peur de soi ou encore l' »aliénation programmée » sous forme d’incantation ou même de carnets de voyage… Autant de thèmes qui sont ici auscultés, retournés voire éventrés en empruntant des chemins de traverse et surtout une langue quasi surnaturelle ! Les trouvailles stylistiques et les néologismes, mélangés parfois à des anglicismes, affluent à toutes les pages. Comme cet extrait de Ly Thanh Tiên qui nous parle de « vie homéopathique et holodramatique« , du « jardin d’acclimatation des pulsions » ou encore des « contracepteurs du Capital« … La ville, l’urbanité sont aussi au coeur de ce recueil : « ce camp de concentration à échelle individuelle« .

« Je crois que les puérils régressifs font peur parce qu’il y a un refus de penser en rond et qu’il y a clairement une préférence pour le noir total plutôt que pour des lumières faiblardes. » Joachim Montessuis

Si la noirceur domine, l’humour n’est pas absent et surgit quand on s’y attend le moins comme ces drôlatiques considérations sur l’adoration des piscines et de son chlore : « Le chlore c’est très social : c’est la condition de possibilité pour qu’autant de corps puissent se baigner sans danger dans la même eau. » ou encore le « nanochévisme » soit « la plus petite particule révolutionnaire existante » jusqu’aux dialogues de chat (avec fautes de frappe et d’orthographe d’origine) presque Beckettiens !
Jouant aussi sur le visuel, certaines pages sont entièrement vouées à des jeux de typo, de lettres, d’onomatopées ou même de smileys. La ponctuation se fait aussi aléatoire (un peu agaçant parfois). Mention spéciale à cette page blanche à l’unique ligne inversée comme le résultat d’une devinette qui indique, lapidaire : « Une tête décapitée continue de penser pendant 1mn30« .

Certains textes se prêtent plus à la lecture orale et possèdent d’étranges pouvoirs hypnotiques tel le texte de Christophe Siébert (collectif Konsstrukt) : « Dans la tête du type des pensées se déploient… des bulles d’air, de gaz rares ou communs, de sang, des impulsions électriques et des pulsions de mort… des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières… » ou celui de Joachim Montessuis, toute en déconstruction ludique, qui serait très intéressant à rapper ou à lire sur des beats technos : « I want some nanodrugs / I want a nan / A nano / Wano a / Wanno nan na… » puis « I want putaing some cong de nanocame« … De quoi devenir accro !

« Le soir l’appart est froid. à la gorge la porte poussée dans l’obscurité.
bientôt l’écran blafard l’honore puis c’est au tour du navigateur.
spam 1 – inbox 0
je me résigne à cette unique correspondance.
le doigt à l’arrêt au-dessus du delete précipite-moi dans les trasholimbes du cyberspace. je fixe l’écran plusieurs minutes, indécis, arrêté. la newsletter d’une galerie d’art veule, contemporain de ma chute. je fixe l’écran plusieurs minutes, indécis, arrêté.
 » Nikola Akileus

Un recueil dans lequel on navigue à sa guise, sans linéarité obligée. On parcourt, on s’attarde et l’on revient parfois en arrière… Il existe néanmoins des connexions logiques entre ces différentes pages. L’agencement, selon un savant hasard, de ces proses-pensées-idées hétéroclites et protéiformes, de ce concentré d’écritures sismiques, compose finalement un époustouflant tableau à la fois hurlant, bouillonnant mais aussi étrangement cohérent. Ces flux, de prime abord parallèles, finissent par converger et prennent alors un nouveau sens « par torsions et bonds psychiques ».

L’initiative s’avère donc extrêmement riche, accessible et ne manque pas d’audace. Même si le principe n’est pas tout à fait nouveau (on pense par exemple à leurs aînés, les surréalistes, qui se livraient déjà à ces exercices de créativité littéraire par associations d’idées : les fameux « cadavres exquis » ou encore les cut-up de Burroughs…). Il n’en reste que cette lecture ébouriffe très sérieusement les neurones et s’avère très enthousiasmante !

POUR COMMANDER « RAISON BASSE »: ici ou (16€)

Lire un extrait : « Nihil Inc« 

36 Commentaires

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  1. Bonjour,

    Bravo pour cet article ! Pour info vous pouvez écouter une ITW radiophonique de THéolier sur myownspace.fr/thth

    l’ensemble des liens et fichiers mp3 dispo ici

    showbedroom.free.fr/damne…

    salutaFions

    Serge Balasky
    auteur des "Producteurs du Palais" publié dans cette "anthologie déviante" p.47

  2. Merci à toi.
    Il est vrai que nous ne pouvions pas citer malheureusement toutes les participations à ce recueil très riche.
    Les thèmes autour de la hype ont notamment été mis de côté (car déjà abordés avec "Crevard") il est vrai mais il est utile de préciser qu’ils sont bien présents avec en effet la contribution de Thierry Théolier.
    Il y a aussi ton texte Serge, portrait vivant des "pingouins" branchés parisiens qui poireaute devant le Palais de Tokyo, que j’ai personnellement bien aimé. En particulier ta très bonne expression de "la banquise de l’anonymat" !

    Pour en revenir à ce recueil, on pourrait le comparer à une vaste encyclopédie ou bible moderne de la créativité littéraire. A chaque lecture, on ressort avec une nouvelle trouvaille ou l’on comprend quelque chose qui nous avait échappé à la 1e lecture. C’est vraiment un livre qu’on garde et auquel on retourne régulièrement pour s’aérer. A lire sans modération !

    • JOJO sur 25 avril 2007 à 13 h 53 min
    • Répondre

    Oui vraimentintérressant, un faible pour théolier (en fait les 2 frères sont très intéressants)

    jj

    • Kebina sur 25 avril 2007 à 14 h 09 min
    • Répondre

    Ce livre tombe à pic; parce que justement, j’étais entrain de me demander s’il y avait encore des auteurs "modernes" en France. Donc je commande.

    • Kebina sur 25 avril 2007 à 14 h 11 min
    • Répondre

    "Le soir l’appart est froid. à la gorge la porte poussée dans l’obscurité.
    bientôt l’écran blafard l’honore puis c’est au tour du navigateur.
    spam 1 – inbox 0
    je me résigne à cette unique correspondance.
    le doigt à l’arrêt au-dessus du delete précipite-moi dans les trasholimbes du cyberspace. je fixe l’écran plusieurs minutes, indécis, arrêté. la newsletter d’une galerie d’art veule, contemporain de ma chute. je fixe l’écran plusieurs minutes, indécis, arrêté." Nikola Akileus ===== C’est vraiment très beau. Je plonge.

    • facultatif sur 25 avril 2007 à 22 h 47 min
    • Répondre

    NIKOLA AKILEUS PRÉSIDENT !!! HOï HOï HOï !

  3. L’enthousiasme et la curiosité littéraires de Kébina font plaisir à voir/lire…

    Concernant le père Théolier, j’avoue que je suis plus mitigée. Je veux dire c’est bien, c’est rigolo, il a une verve et un humour assez jubilatoire mais l’impression que j’en ai c’est que c’est assez "creux" sa thèse et pas vraiment nouveau hormis les termes qu’il a changés. Les pique-assiettes (crevards) et les snobs (hype) ont toujours existé il me semble…
    Relire les morsures de l’aube à ce sujet…

    • Kebina sur 27 avril 2007 à 11 h 15 min
    • Répondre

    Mon commentaire n’est pas passé après 3 tentatives ! (bug?) … J’espère qu’il passera cette fois. Bon le voici lol: "Oh mirci bicoup ! :Þ "

    • Kebina sur 27 avril 2007 à 11 h 17 min
    • Répondre

    Ah je pense avoir compris : Il faut probablement un minimum de charactères pour poster sur le Buzz.

  4. merci pour votre critique de raison basse, et dans la foulée merci de mentionner mon texte !

    tiens, c’est sûrement un peu lourd comme façon de faire, mais bon, j’en profite pour vous signaler que j’ai publié un bouquin à la musardine, qui s’appelle j’ai peur, et que si vous voulez, je peux vous en faire parvenir un.

    amicalement
    christophe siébert

  5. Merci…

    • Elo sur 27 avril 2007 à 20 h 36 min
    • Répondre

    VIVE LES THEOLIER BRO !

  6. LA "HYPE" ? Même TRACKS s’y met cette semaine…

    http://www.arte.tv/fr/art-musiqu...

    "Cette semaine, coup de projecteur sur un sujet très tendance : le
    phénomène "hype". En français, hype signifie quelque chose comme "battage médiatique". Et le battage, c’est le moteur du succès."

    Question_

    La Littérature est-elle protégée par l’effet spécial "hype" ? ( hum rien que l’u.r.l de ce site répond…)

    • Serge Balasky sur 27 avril 2007 à 21 h 18 min
    • Répondre

    pour info FLO & JOJO_

    Un obscure fan goth aurait déterré dernièrement le corps sonique du groupe eigthies de Jean-Pierre THéolier (le grand frère du crevard…) SECONDE CHAMBRE en créant une page MYSPACE :

    http://www.myspace.com/secondech...

    "SECONDE CHAMBRE" pour la petite histoire : JPTH a refusé la signature du groupe dark & noisy chez Barclay via THéo Hakola qui fera rentrer par dépit un groupe au doux sobriquet de… NOIR DESIR.
    Le "pêre Théolier" comme dit Alexandra aura été formé à bonne école…

    Pour les plus férus de rock radical (la littérature n’est-elle en somme qu’un soupir rock ?) le dernier album des Seconde Chambre "An expensive party" a été produit par un frère Sourice des THUGS…

    une décennie après le splitt de SECONDE CHAMBRE, JPTH sortait chez Calman Levy le roman-monde "RESIDENCE"
    http://www.webzinemaker.com/admi...

    pour l’instant retrouvez le TH dans cette "RAISON BASSE"…

    • Oulipien et Alamiste sur 28 avril 2007 à 15 h 57 min
    • Répondre

    Je lis avec satisfaction que "La jeune maison d’édition "Caméras animales", qui fêtera bientôt ses 3 ans d’existence, mène ainsi depuis ses débuts "une recherche sur les devenirs multiples de l’écriture".

    D’accord, d’accord. Mais alors, sans vouloir avoir l’air trop ringard en rappelant l’oulipo ou l’A.L.A.M.O. est ce que la question n’est pas celle qui se pose au méta-niveau, celle des bases de règles, des principes et contraintes qui définissent que quelque chose est lisible a contrario d’une soupe que n’importe quel ordinateur pourrait produire ?

    Où se situe la place de l’humain et de la créativité dans l’acte d’écrire ? Se situe-t-elle juste dans la définition de ce qui fait lisible et donc dans la création des contraintes et règles à partir des quelles un logiciel produira un bon prix Goncourt, Interallié ou Fémina et peut-elle rester au niveau de l’acte de produire le récit pragmatiquement ?

    Je viens de découvrir avec intérêt "Romanesque 2.0" un petit roman qui ne paie pas de mine (voir son site romanesque.fr ) mais qui s’interroge sur la possibilité de disposer (déjà ?) d’un logiciel romancier… Instructif comme question, non ? Toute communication nécessite 80% de redondance apprend-on à l’école. Avec un logiciel comme ce Romanesque, il y a 80% de redondance et 0% de créativité. Mais cela pourrait peu être suffire pour un jury de prix littéraire, non ?

    Voilà aussi de quoi, je crois, animer le débat des "devenirs mutiples de l’écriture" : le Office novelist 2007 de Bill Gates bientôt en vente !

    • JOJO sur 28 avril 2007 à 20 h 42 min
    • Répondre

    Ce n’est pas pour te faire bisquer Alexandra, mais tu remarqueras que le père Théolier cite sur son blog "Soleil sale" le premier roman de Ulysse parmi ses références… Le monde est petit quand même.

  7. BANDER L’ARC

    Depuis toujours, la littérature acnéique confond micro et macro, prenant ses minuscules explosions de purulence pour de majestueuses implosions de sexualité virginale. Elle n’éjacule pourtant que des stances éphèmères, embryons de futurs avortements que les marées de sperme brûlant oublieront dès l’embourgeoisement prévisible des gentils donateurs. Comment une vierge pourrait-elle jouir dans cette abondance de merveilles au teint défraîchi qui contemplent un passé avarié en guise d’auto-référentiel ne représentant que des sensations d’étouffement? Seul le son bouillonnant des katioushas nucléaires éradique les velléités incantatoires d’adolescence aux seins sans saveur comme les chaînes fictives créées par les miroitements ensommeillés d’optiques défaillantes, ses ogives impériales atomisent les défragmentations insipides pour laisser rayonner le son décarbonisé du magma effervescent. Celui-ci, fleur de soleil transparente, prend n’importe quel oripeau pour en extraire du jus de guenilles amoureuses ou du concentré de nectar à l’aromate hautement sexué, encore faut-il avoir envie de sortir des simulacres masturbatoires, ceci est affaire de guerrières à la cuisse ferme et à l’arc stable.

  8. gmc fo arrêter avec les substances illicites !

  9. DRUGS FREE

    Le shoot à l’absence d’oxygène
    A le même effet pervers
    Que le sniff massif d’harmonie
    Ou le trip d’imaginaire extatique
    Pas une once de droiture
    Dans ces courbes sensuelles
    Qui décharne et incendie
    Les images en carton-pâte
    Que des fractales foudroyantes
    Fument dans un choeur silencieux

  10. pardon, qui "décharnent et incendient".

    • JOJO sur 29 avril 2007 à 16 h 14 min
    • Répondre

    Ouais… Bon… Alexandra, quand tu parles du "père" Théolier cela peut prêter à confusion puisque le Ksseur de hype Thierry Théolier à un grand frère, Jean-Pierre Théolier est l’auteur de "Résidence", bouquin culte paru chez Ramsay ou Calmann-lévy, il y a quelques années, genre de Mille feuilles français.

    JJ

  11. je m’excuse, j’ai hélas très peu de temps donc en coup de vent : je remarque que personne n’a répondu (esquivé ?) à mon interrogation sur la démarche de fond du père donc (sobriquet affectif je précise) Thth… j’espère avoir quelques éclaircissements… qui sait ? 😉

    PS : la (passionnante) interview des Caméras animales sera publiée la semaine prochaine !

  12. Alendra, concernant Thth, le mieux est d’aller sur son site pour voir un peu, de mémoire : blackblog.blogspot.com
    S’il ne renouvelle pas la problématique, il la pose sur un autre terrain, son écriture est reliée à celle du net, qui rend un peu obsolète les "visionnaires" de type Dantec, THTH n’est pas quelqu’un dans le discours, simplement quand tu le lis, il prend en compte le temps dans lequel il est, le numérique, comme "Soleil sale", qui doit dater un peu maintenant, pas relu, où il s’agissait d’un polar minitel, je suis toujours méfiant des textes en rapport avec une technologie, mais il y avait vraiment l’impression à la lecture d’entrer dans l’écran, les phrases avançant par à-coup comme une page qui rame en se téléchargeant. Je crois que THTH ne revendique rien de spécial si ce n’est d’aller au bout de lui-même.

  13. Je vais répondre à Alexandra (rapidement) concernant la différence simple entre le roman notaire "Les morsures de l’aube" et l’O.L.N.I. notoire "Crevard" :

    L’un est formaté "fiction" (très décevante après 1/3… on sent que TB a été castré par le format et le genre dans lequel il usine : la série noire)

    L’autre ouvrage n’est rien d’Autre et comme il s’auto labelise, un "baise-sollers" (anti best-Zeller)

    L’un "raconte" une "histoire" dans un style classique, l’autre invente un style, une sorte de novlangue dégénérée via un medium (Internet) en racontant son histoire dans le même contexte ("P.A.R.I.S by night" @DSL soit les events V.I.P ou arty, underground etc.) mais aussi "La Hype le jour" (dans les rédactions des magazines branchouilles comme Technikart ou les locaux bobos des sites branchés web (parissi.com)

    mais trève de fiche de lecture avortée, il faut AVOIR LU ce baise-sollers pour se rendre compte que le crevard déconstruit non pas le langage corporate en "cassant de la Hype" mais se livre à une guerre des nerfs intime à l’heure techno des blogs préfigurant la rédition globale POP du phénomène Myspace.

    Bref, une sorte d’hyper "auto-fricFion" baroque traversée et connectée par les moyens de bord d’un jeune parisien "précaire et branché" : un "PC2merde" connecté au "réseau2merde" dont la hype serait la "matrice2merde" (…)

    Pour finir, TH désigne baroque l’étape ultime de tout art lorsqu’il exhibe et dilapide ses alibis, ses sources et ses moyens.

    Voilà, comparer Crevard aux morsures est bien réducteur et somme toute un brin décevant.

    pour les curieux Voici le dernier texte de TH

    http://www.irreverent.fr/thth.ht...

    et la page de sa dernière "lecture"

    thth.free.fr/crevard/espa…

    passez une bonne journée.

  14. Euh… Par rapport au post précédent, se calmer quand même un chouilla… Comme le reconnait THTH lui même, je crois, sur l’un de ses nombreux sites visant à faire sa promo (et pas de problème avec ça, juste un constat) il y a eu quand même des bouquins avant dans le même esprit, dont le "Soleil sale" évoqué dans un post précédent, je crois en 95 ou 94, révélé par Bizot et Nova,et qui avait ce postulat, les lettristes avant… Comparer "Les morsures" avec le bordel de THTH, ça pas très honnête, et un peu oublieux du reste, ce n’est pas parce que THTH fait des trucs rigolos que la littérature n’a pas existé avant.
    Même si "les Morsures" a mal été adapté au ciné, ne pas oublier que c’était vraiment un bon bouquin. On pourrait aussi bien inverser le propos en disant que THTH ne peut peut-être pas raconter une histoire (même si la litt ne consiste pas qu’à raconter des histoires) Maintenant ça va bien aussi, THTH n’est pas Guy Debord… Le procédé du mec qui arrive et qui dit que plus rien n’existe et que son écriture est le machin ultime, c’est rigolo deux minutes mais faut pas non plus trop fantasmé. Effectivement, THTH joue la transparence, dilapidant source et alibis, mais il recréer un style sur un style qu’il dénonce, là encore voir Duchamp par exemple, c’était presque il y a un siècle… Moi, je vois THTH comme quelqu’un qui n’a rien à dire et qui le dit, c’est rigolo comme ça, mais chercher une "rétrodéfinition moléculaire d’un art mort enculé par la hype novlangue de la vie profusion sexe" (soit dit en passant pour imiter le style), c’est un peu se mordre la queue… ça fait mal pour pas grand chose…

  15. très intéressant, je m’excuse, je répondrai plus en détail à mon retour…
    > chouette Jojo va nous faire une Tribune libre sur "Soleil sale" ! 🙂

    • LS Ulysse sur 7 mai 2007 à 14 h 57 min
    • Répondre

    Bonjour Jojo, merci de vous intéresser à mon travail. Concernant Soleil sale, il est sorti en 96 chez Florent, on le trouve encore d’occase sur le net, pour être précis. Vous avez bien le droit de dire ce que vous dîtes mais y a un petit problème… Republié Soleil, pour moi, n’aurait aucun sens, s’il n’avait pas une suite, puisqu’à la base il s’agissait d’une trilogie. L’idée, en accord avec Panama,c’est que plutôt que de retourner dans un truc dont je me suis éloigné pour le moment, donc de fabriquer, je trouvais plus rigolo de confier la suite à un auteur d’une génération plus jeune, charge à lui, dans dix ans et si la terre tourne encore, de se choisir un successeur pour la fin… Pour le 2 j’avais justement pensé à Thierry, d’où problème – pas bien grave – quand on me rapporte votre commentaire… Pas bien méchant mais pourquoi nous mettre en opposition comme ça… Pour faire le blog autour de mon dernier roman, "La Fondation Popa", j’ai un peu surfé pour voir les "écritures", le sites d’auteurs et tout ça… me semblait que le blackblog était le seul truc qui prenait en compte le format internet pour l’écriture, sans se regarder écrire ni chercher la pause… Juste un gros bordel partant dans tous les sens mais, aussi, donnant vraiment quelque chose du moment, du temps où tout ça se passait. C’est toujours pêteux et un peu grandiloquentles références, mais voila, il y avait du stooges, du "Nirvana" pour les moments plus sombres et j’aime bien. Dans un autre registre, Virginie, quand elle tenait son blog, avait ça aussi. Maintenant pour "Les morsures de l’aube", pas relu depuis sa sortie, mais pourquoi là encore mettre en opposé ? Je e souviens qu’à l’époque avec Marion Mazauric, Benaquista était un de nos auteurs préférés : il est dans son histoires de petits vampires parasites sans se poser de question. Il ne prend pas sa plume en disant : "Attention, vous allez voir, ce que vous allez voir, regardez comme j’écris bien !" Il va au bout de son histoire et c’est vraiment bien… Pas de raisons pour que ça ait changé aujourd’hui, non ?
    Voila, sinon, sympa, vous avez bien raison de parler de mon travail ; moi, quand j’essaye, c’est une catastrophe… Bonne continuation à votre site.
    ls

  16. No souci monsieur.

    JJ

  17. T’en as de la chance mon Jojo d’avoir une réponse personnalisée de ton auteur favori !
    Pour en revenir à Thierry Théolier, je partage un peu de vos analyses respectives. Ses écrits s’apparentent plus à une performance où la forme prime sur le fond finalement qui n’est qu’un prétexte je suppose. Il se fait plaisir et ça se sent même si ça reste micro-ciblé.
    J’ai fait cette comparaison, peut être pas des plus pertinentes avec Les morsures de l’aube car c’est le seul roman à ma connaissance qui aborde le thème des "parasites mondains" (si vous avez d’autres titres d’ailleurs je suis preneuse !). Mais effectivement si les premières pages décrivent avec un certain lyrisme leur us et coutumes, la suite s’embarque dans un tout autre genre.

    Pour en revenir à Thth, il se place lui même dans une sorte d’abyme puisqu’il en arrive à ce qu’il dénonce (faire partie de la hype).
    Voilou…

    PS : l’itv de Caméras animales paraîtra finalement la semaine prochaine… Sorry de ce petit délais supplémentaire…

  18. Ah, je vois qu’on me chambre, moi qui ne critique jamais, quelle injustice… "favori"… Faut pas pousser,disons : "incarné et déroutant" par les temps qui courrent c’est déjà pas si mal… Sinon, ok, la comparaison était bien, il y avait aussi "qu’est-ce qui fait courrir samy ?" de Budd Schulberg.

    JJ

  19. Allez je me lance pour ce premier commentaire : Bud Schulberg était un sacré novelliste.

    • mat_hi_as sur 18 mai 2007 à 20 h 34 min
    • Répondre

    alors, cette interview, c’est l’arlésienne ! 🙂

    • mathias sur 18 mai 2007 à 20 h 35 min
    • Répondre

    alors, cette interview, c’est l’arlésienne ! 🙂

    • saihtaM sur 18 mai 2007 à 20 h 38 min
    • Répondre

    sorry für das répétition raisonbassiste, chai ein bisschen de mal à poster commentaires, ach

    • mehmet sur 24 août 2007 à 16 h 35 min
    • Répondre

    Mathias richard c est mehmet,mehmet c est mathias?quel coincidance me mele t-il?J’ai besoin d’un antispam,contre mais spasme…:D
    Si tu est tjs vivant,fait un salutation web.

    • mathias sur 11 octobre 2007 à 3 h 34 min
    • Répondre

    mehmet… mehmet özturk ?
    ça serait une coincidence grandiose 🙂
    (tu peux m’écrire si tu veux sur le site des éditions caméras animales)

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