Si vous vous demandez ce que fait un écrivain en vacances, le Figaro littéraire répond à cette question en donnant, tout l’été, carte (postale) blanche à un écrivain car « même en vacances, un écrivain … écrit ». Chaque semaine, sera ainsi publiée la lettre de vacances d’un romancier qui donne de ses nouvelles, réelles ou imaginaires. Cette semaine il s’agit de Philippe Jaenada qui raconte à sa soeur ses mésaventures en famille, sous le soleil d’Espagne, parenthèses à l’appui. Et comme d’habitude tout ne se passe pas exactement comme prévu…
Extrait :
« Ma soeur,
Je t’écris d’Espagne, où nous mijotons depuis dix jours sous un soleil nucléaire. Je ne sais pas ce qui nous a pris de venir ici, mais tout est réuni pour nous abattre. J’avais choisi ce petit village (sur Internet, ça ressemblait à un petit village) au sud de Carthagène, parce que c’était le seul endroit des mille et quelques kilomètres de côte méditerranéenne qui ne paraissait pas massacré par les tours de béton et les restos préfabriqués, ni infesté de consommateurs en bermuda. Mais le béton et le préfabriqué, ici, sont horizontaux (c’est l’ingénieux moyen qu’ils ont trouvé pour que ça ne se voie pas de loin, ni sur les photos quand on les prend accroupi) : où qu’on tourne le regard, on tombe sur une cinquantaine de cubes rose pâle, à gauche, une cinquantaine de jaunes à droite, bleu ciel devant ou vert clair derrière. Il n’y a pas grand monde, et ça se comprend – les consommateurs en bermuda préfèrent les tours, on y est bien groupé. De toute façon, pour descendre si bas le long de la côte dans le seul but de trouver le charme d’un parking de centre commercial, il faut être un peu crétin – nous, donc (mais on ne savait pas) on voyait une vieille maison et deux palmiers, sur Internet, je te jure. Pour ne pas laisser le décor nous écoeurer tout seul, les habitants nous détestent.
Quand on entre à l’épicerie, le couple qui tient cette sous-boutique de station-service ukrainienne nous détériore du regard, sans un mot, sans répondre à notre élégant « Buenos dias », comme si on venait de rouer leur fille de coups et qu’ils n’avaient pas le droit, pour une raison mystérieuse, d’alerter la police. Ils ne vendent, très cher, que des produits qui propulsent Leader Price vers l’excellence, mais il n’y a rien d’autre à moins de dix kilomètres. »
Lire la lettre en entier sur le Figaro : http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070706.FIG000000119_la_carte_postale.html
12 Commentaires
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C’est tordant…! 😉
J’espère au moins que c’est une carte postale purement imaginaire…
Cdt!
Mon petit doigt me dit qu’il a un peu forcé le trait, il aime bien jouer les grands persécutés ;- )
Mon cauchemar de vacances c’est de devoir « me bouger ». Rien qu’à l’idée de journée « bien remplie » je déprime d’avance, style visite, excursion, randonnée et tutti quanti…
Autre petit détail qui peut me pourrir mes vacances : les enfants des autres. J’ai une patience assez limitée on va dire… ;- )
On pourrait presque partir en vacances ensemble, alex… j’suis sûr que t’es adepte du bronzage intégral, en plus ! 🙂
Si vous avez un peu de place dans vos valises… je suis la ! lol
ps: Moi aussi mon programme ideal de vacances c’est Farniente et rien d’autre. Voila la vraie vie !
C’est peur-être toi, c’est peut-être pas toi. C’est sans doute toi qui roupille là. C’est sans doute toi qui est à l’autre bout de cette pièce. C’est aussi toi qui est si soucieux, si présent. C’est sans doute toi la solution. Mais attendant, tu n’es pas là… C’est peur-être toi, c’est peut-être pas toi. C’est sans doute toi qui roupille là.
andy-verol.blogg.org
Hou, le méchant Spam!
Cela dit, Philippe Jaenada n’a qu’à suivre le conseil de Reiser: en partant, il dit qu’il va travailler à la porcherie qui va se construire près de là…
A noter également la carte postale de Blandine Le Callet, l’auteur comblée du roman à succès "Une pièce montée" :
Extrait :
"Je vous écris d’un coin de campagne où il ne vient jamais personne : à part deux ou trois chapelles de village et quelques arbres séculaires, il n’y a rien à voir. Rien à faire, non plus, sinon se laisser vivre : lézarder au soleil le nez au ras de l’herbe ou, lorsqu’il fait trop chaud, dormir à l’ombre du grand cerisier. Boire, manger, faire l’amour. Lire un peu, rêver surtout, en regardant le ciel. Et puis, de temps en temps, se souvenir de Paris. Écrire à ses amis quelques cartes postales achetées au village : chapelles pittoresques, soleils couchants, chatons dans des paniers, jeunes filles en costume régional affichant un sourire d’autant plus méritoire qu’elles ont l’air totalement ridicules sous leur coiffe à rubans… Mais pour vous, j’ai choisi autre chose. Une carte postale qu’on ne verra jamais sur aucun présentoir. Une image qui n’appartient qu’à moi. Un paysage.
Je suis dans cette maison où je viens chaque été. Vieille et austère comme une forteresse, accrochée au flanc d’une combe écrasée de soleil. Les montants de ma fenêtre dessinent comme un cadre enfermant la vallée, les collines alentour, les champs d’herbe jaunie, les vergers, les bois denses, la mince route grise sillonnant la campagne. Et pour compléter le tableau, campée en plein milieu sur ses pâtes de fer, LA CHOSE, l’ignominie, l’horreur qui depuis des lustres défigure la carte postale : un pylône trapu soutenant la sextuple rangée de câbles d’une ligne à haute tension."
A lire en intégralité ici : http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070713.FIG000000142_la_carte_postale.html
Et aussi la carte postale de David Foenkinos :
Extrait
Mon amour,
Tu ne peux pas savoir à quel point j’ai hâte de te retrouver en Bretagne. À quel point j’ai hâte de découvrir les paysages de ton enfance, et tous les sentiers où, été après été, tes seins ont poussé. Et dire que je vais enfin rencontrer tes parents ! Ce sera si joyeux, et nous boirons du cidre à n’en plus finir ! J’ai tellement l’impression de les connaître depuis le temps qu’ils vivent dans nos conversations. Et je sais que c’est important pour toi, que c’est une véritable étape dans notre belle histoire. Je suis bien désolé d’avoir dû rester ici pour mon travail. Mais ne t’inquiète pas pour moi, l’ambiance est beaucoup plus détendue qu’à l’habitude. Hier soir, nous sommes sortis tous ensemble dans un pub. Tu vois, c’est quelque chose qu’on ne fait jamais pendant l’année. Enfin, je ne sais pas trop ce que font mes collègues le reste de l’année, car je passe tout mon temps avec toi. Nous sommes si bien tous les deux, ah… Parfois, c’est un peu silencieux, mais cela repose tellement de la frénésie de la journée. En tout cas, c’était agréable de varier un peu le programme. Ce 25 juillet m’est subitement apparu comme une météorite de beauté, la lumière frôlait la blancheur. Paris sans les Parisiens, c’est vraiment une ville exceptionnelle. On devrait partir un jour ensemble en vacances à Paris ! Les passants sont très détendus, les voitures roulent facilement, les femmes marchent lentement. Je dois t’avouer que l’ensemble forme une vision assez sensuelle. On croise partout des touristes, on entend de l’allemand, de l’anglais, de l’italien, si bien que le français devient une langue exotique.
A lire ici : http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070727.FIG000000085_la_carte_postale_de_david_foenkinos.html
comme d’habitude de l’excellent Jaenada, drôle et parenthèsé…
Qui sait de qui est la carte postale du 20/07 simplement signée "Joël" ?
Contente que tu aies apprécié ! Pour ce qui est de ce Joël, je ne saurais t’éclairer, peut-être Joel Egloff, complètement au hasard ? (je suis un peu limitée en « Joël » qui serait écrivain… ;- )
J’adore… (C’est mon tonton! (*fier*) ^_^ (Si si je vous jure c’est le frere a ma moman))