Un article des Inrockuptibles dans le numéro n°603 (du 19 au 25 juin) a attiré mon attention. Intitulé « Pourquoi ça marche ? », il cherche à expliquer, comme son titre l’indique, les raisons du succès des deux derniers best-sellers de l’édition : « L’élégance du hérisson » » de Muriel Barbéry (qui s’écoule à raison de 4 000 exemplaires par semaine et en cours d’adaptation en long métrage par Mona Achache) et « La femme du Ve » de Douglas Kennedy. Selon la journaliste, Nelly Kapriélan, ces deux romans qui ne sont ni des thrillers ni des blockbusters, ont de « vraies qualités littéraires », contrairement à une certaine littérature dite « commerciale ». Leur succès tiendrait à ce qu’ils agissent comme des « révélateurs de l’inconscient collectif », vertus qui susciteraient donc l’engouement…
Elles qualifient ces deux ouvrages de redoutables « page turner ». En d’autres terme de puissantes « machines » à faire tourner les pages ! Et ce, en particulier grâce à leur thème commun de « la clandestinité », remarque-t-elle. Soit, comment un être en apparence fade est en fait autre chose que ce que l’on croit. Une caractéristique qui touche directement notre « point narcissique ». Ils incarneraient enfin « un symptôme paranoïaque à l’échelle collective et sociétale », « miroir de la solitude contemporaine ».
Si vous n’avez pas tout compris de cette analyse très freudienne des ventes de livres, voici ma petite version personnelle :
A mes yeux, le succès de « L’élégance du hérisson » (l’histoire d’une concierge d’un immeuble huppé parisien qui, loin des clichés, s’avère être une experte de la littérature russe ou de Kant…) tient un peu des mêmes raisons que « Le monde de Sophie » de Jostein Gaarder, grand succès de 1995, ou encore des livres de Paulo Coelho (axés sur la quête spirituelle). On peut aussi dans une moindre mesure le rapprocher d’une Anna Gavalda. C’est le « livre à message » par excellence. Ces messages populaires que le public aime à entendre, se répéter et se bercer allégrement dans la chaleur réconfortante d’un certain idéal assez judéo-chrétien d’ailleurs.
Ici, elle vise plus particulièrement la victoire des gens humbles, modestes et discrets sur ces riches au luxe clinquant, vulgaire, imbus d’eux-mêmes et tellement détestables… Dans le monde de Muriel Barbéry « les riches sont des cons et les pauvres sont tous passionnants et élégants » comme le résume la journaliste des Inrockuptibles. A grand renfort de manichéisme, de « leçon d’humanité » (teintée d’une érudition universitaire de bon aloi qui reste accessible et d’un soupçon de « grandes vérités » qu’un manuel de développement personnel ne renierait pas) sans oublier la morale (« ne pas se fier aux apparences » ou « l’habit ne fait pas le moine »…) arômatisée aux bons sentiments, elle parvient à séduire un public large composé à la fois d' »intellectuels » et d’adeptes de « belles histoires ».
De son côté, Douglas Kennedy utilise aussi ces ressorts couplés à une écriture de « story-teller » très américaine, où les rebondissements se succèdent de chapitre en chapitre. Bien sûr il ne faut pas avoir peur de lire que l’héroïne se sert à toutes les pages du café de son percolateur… La répétition ne fait pas peur au romancier de même que le style n’est pas sa préoccupation première.
Déterminer les probabilités de succès d’un livre est bien sûr un pouvoir magique que nombre d’éditeurs aimeraient posséder, en particulier lorsqu’on sait que 90% d’oeuvres sont publiées à perte.
Philippe Vasset dans son premier roman intitulé « Exemplaire de démonstration » imaginait un tel logiciel capable d’évaluer les prévisions de ventes d’un roman !
Malgré ces fantasmes, la littérature reste rebelle aux financiers et au marketing en comblant régulièrement des auteurs que personne n’attendait, dans des registres parfois audacieux dits anti-commerciaux, du livre écrit en 6 semaines à 10 ans, qu’ils surfent ou non sur « l’air du temps », que son auteur dispose ou non d’un physique avantageux… Il semble bel et bien ne pas y avoir de régles !
Des « petits miracles » de l’édition qui démontrent bien toute la part de subjectivité et d’aléas en la matière… Comme le soulignait à juste titre Teresa Cremisi, directrice des éditions Flammarion dans un entretien récent accordé au Figaro littéraire, les choix éditoriaux dans le domaine romanesque sont particulièrement périlleux : « Quand vous éditez des romans, vous vous trompez tout le temps, non pas en ce qui concerne le jugement sur la qualité d’un livre, qui est bien sûr aussi une affaire de goût, mais sur son succès. On ne sait jamais quelle sera la réussite d’un livre. Ce qui prouve aussi que l’on ne peut pas la fabriquer à froid, contrairement à ce que certains croient. »
Pourtant certains ne renoncent pas à vouloir décrypter ce « jeu du hasard ». Ainsi l’éditeur américain Simon & Schuster a recours aux services de Media predict, une société spécialisée dans la prédiction de marchés, pour décortiquer ses manuscrits et modéliser ensuite les goûts du public… « L’idée c’est de trouver pour les livres un mécanisme correspondant à ce que les focus groups font pour les produits de consommation courante. » explique Francis Pisani sur son blog. La réalité rejoindrait-elle la fiction… ? Alexandra
A lire aussi :
Frédéric Beigbeder, les raison du succès
Que cache le best-seller ? Quelques réponses de Pierre Nora, académicien et éditeur chez Gallimard (2009)
Inconnus, inattendus… mais best-sellers de l’été grâce au bouche-à-oreille ! (2009)
20 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
Bonjour !
Pour ma part, je ne crois pas aux "recettes miracles" en matière de succès littéraires tels que "l’élégance du hérisson". Nous vivons dans un monde qui n’aime pas le hasard et qui aime bien, parfois, avoir le sentiment de tout contrôler ! C’est dommage.
Amusant, j’y songeais : Teresa Cremisi, directrice des éditions Flammarion…
Le succès reste une enigme… 😉
Mais on peut constater que ces deux romans parlent de femmes… et que la majorité des lecteurs sont des lectrices…
Manifestement, la Féminité semble être une notion déterminante commercialement (en littérature générale, en tout cas)…
Cordialement ! 😉
Hoplite.
Une réflexion, intéressante. Plusieurs personnes, par exemple, m’ont conseillé de remplacer mon héros par une héroïne, sous prétexte que c’est plus vendeur. encore faudrait-il que ça colle à la réalité. Une femme guerrière ne devait souvent être tolérée que par tacite argument des hommes. Mais cet argument tacite n’est pas évident dans certains groupes.
Bon, le roman a tous les droits, dit-on.
Alors, pourquoi ne pas écrire : Hier, à Londres, il pleuvait. Normal. Il pleut toujours dans la capitale italienne…???
Bonjour !
je trouve vos réflexions pertinentes mais amusantes à la fois…
j’ai lu l’élégance du hérisson, et il est vrai que l’on se rassure, que l’on s’identifie aux héroines ! C’est un ouvrage très aisé à lire et les messages peuvent être pris au premier comme au second degré ! personne ne se sent ainsi lésé par l’auteur(e) !
Toutefois je réagis au commentaire n°1 d’antigone ! en posant une simple question : "n’est-ce pas la société qui pousse les gens à consommer, lire, regarder les mêmes choses ? N’est-ce pas les sociétés d’édition qui demande à être en tête de gondoles pour forcer la main aux lecteurs (dans notre cas !) pour lire tel ou tel ouvrage?" ! grand débat à faire, défaire et refaire !!!
En tout cas moi j’ai passé un moment agréable en lisant cet ouvrage et du coup je vais lire celui de Douglas Kennedy !!!
Et merci à Marc, sa dernière citation m’inspire bien !
Bonne lecture…
Perso, je ne mettrais pas Barbery (que j’ai beaucoup aimé) au même niveau que Gavalda (que j’apprécie…
Je m’explique… La première est, me semble-t-il plus fine et riche dans la vision qu’elle donne du quotidien, des gens, du genre humain. La seconde écrit des livres certes très agréables, mais où l’on peut dire ce qui va se passer avant l’épilogue. Même si suivre le périple de ses personnages reste agréable, cela me paraît aussi moins enrichissant. L’écriture aussi est très très différente, ne serait-ce que dans la syntaxe et le vocabulaire…
Barbery est plus complexe (alors oui, certes, les personnages plus "extraordinaires" ne permettent pas aussi facilement l’identification du lecteur aux protagnistes – ce qui est souvent en première ligne dans l’appréciation d’un roman-), plus fine (bien qu’un certain manichéisme "de base" soit parfois trop présent ou facile).
Pour moi, ces deux auteurs ont certes des qualités propres, mais du coup aussi des lecteurs un peu différents.
Beaucoup de personnes qui ont lu ou voulu lire Barbery suite à son prix (pris des libraires, entre autres) n’ont pas réussi à le terminer ou n’ont pas aimé. C’est moins facile d’accès que Gavalda, plus passe partout (sans notion péjorative). Ici encore, me semble-t-il, il faut nuancer la notion de "roman populaire" ou de best sellers. Le nombre de ventes un peu problématique pour juger du succès d’un roman. Je ne remets pas en cause la qualité de "l’élégance du hérisson"… Mais combien de personnes, par exemple ont acheté "les bienveillantes" ou je ne sais quel livre primé, précisèment pour ce prix ou l’engouement médiatique… Là encore, il y a des nuances, enfin, à mes (petits) yeux…
Le monde de Barbery est plus dense et de fait moins évident à pénétrer. Il faut se laisser porter, ce qui demande plus de lâcher prise qu’avec "Ensemble c’est tout" par exemple. Mais la poséie du quotidien, la capacité à saisir les petits riens qui font des vies chez Barbery n’en est que plus magique, surprenante, enivrante, déroutante, savoureuse…
Voilà.
A bientôt.
Bel été (suite)
Bonjour, Laeti
En fait, j’ai déjà lu ces jolies perles (dans des romans de gare, quand même.)
"Je ne mis pas longtemps pour me retrouver au centre de Bucarest. Les rues de la capitale hongroise…"
"Nous descendîmes le boulevard Saint Michel, parallèlement à la Seine" (dans un best-seller d’il y a 15/20 ans)
Remarquez, dans une uchronie… ou une histoire de monde parallèle.
Petite question toute bête : Qu’est ce que "de vraies qualités littéraires"… et pourquoi un blockbuster devrait-il en être nécessairement privé ?
Je viens de lire la question de Beaujean. L’an dernier, en Bulgarie, mon pays d’origine, ils ont eu un roman d’été à la fois grosse machine (roman médiéval) et très littéraire (en voilà un extrait. J’espère assez bien traduit)
(« Voilà des jours et des nuits que je suis dans cette fosse. Des jours, drôle de mot dans la bouche de qui n’a plus revu la lumière depuis… depuis… Ah, je dois recompter les trous dans la paroi de mon cachot. Je rampe vers elle, ma main la retrouve, la parcours. J’y suis. Cent dix et un, deux, trois, quatre jours qu’ils me retiennent ici… Mais que veulent dire ces jours, pour moi qui suis toujours dans le noir et n’ai pour soleil, en de fugitifs instants, que de rares insectes brillant d’une vague lueur, faible, faible, et qui pourtant commence à me brûler les yeux autant qu’un tison. Je suis éveillé, j’enfonce mon doigt dans la paroi, je m’endors, je me réveille, je fais une nouvelle marque… Mes cent quatorze jours, combien ont-ils duré aux yeux des hommes ? Moins d’une lune, ou plus d’un an ? Rien pour me guider. Par instants, je voudrais être une femme. Le flux de mon sang me dirait au moins depuis combien de lunes je suis là. Mais je n’ai que mes sens d’homme, et ceux qui me tiennent captif ont décidé de me faire perdre tout repère. La lumière du jour ne vient jamais là où je suis, non plus que la rumeur des mortels. Je les entendrais, peut-être aurais-je moyen de suivre le passage du temps, de connaître, à tout le moins, l’alternance des jours et des nuits. Non, c’est le silence… et la nuit. Je ne connais que la nuit. Ils me nourrissent. On donne à un porc des mets plus délicats. Je m’y suis résigné. Tout ce qui rentre fait ventre. Et je dois tenir.
J’avais cru, au début, la distribution de nourriture un guide infaillible pour mesurer le temps passé. Ils y ont pensé eux aussi. En guise de nourriture, ils me jettent de temps à autre une charogne ou une vessie remplie de gruau, sans régularité et selon leur humeur. Je jurerais qu’elle est droguée, bien souvent… Je pourrais refuser de manger, mais mourir de faim n’est pas une meilleure solution. Je marche dans ma cellule… marcher, un bien grand mot. Tout ce temps sans voir le soleil et le Père Jour, dans un cul de basse-fosse humide, si humide que l’eau suinte de ses parois et en noie bien souvent le fond, a rendu mes os friables comme sable, mes articulations dures comme pierre. Je serre les poings de colère, bien souvent, et je hurle tant ce simple mouvement est douloureux. Parfois, je me caresse la barbe, mais je sens sous mes doigts une broussaille toute poisseuse de boue. Je me passe la main sur le corps. Ma peau est une carapace de crasse et de terre. Ma chevelure est devenue casque, poils, graisse et vermine mêlés. J’étais prêtre, me voilà traité plus bas que le captif ou la bête immonde. Je possédais un grand savoir, l’éloquence guidait mes discours, il n’y a plus que les vers pour m’entendre. Il y a trois jours, une grenouille ou un crapaud est tombé dans mon puits, et jusqu’à ce que je l’aie écrasé dans mon sommeil, je n’ai cessé de lui parler… Parler, encore un mot. On m’a mis sur le visage une muselière. Elle ne m’empêche ni de manger mon brouet ou les fruits pourris, ni d’aspirer l’eau boueuse devenue ma seule boisson, mais ne me permet pas d’articuler. Ils ont peur, peur que je lance un sort, peur que j’appelle à mon secours les forces chthoniennes. Je le ferais, pour sûr, si je savais les mots… Mais j’ai tout mon temps. Dans ma tête, je récite toutes les malédictions que j’ai apprises. Je les psalmodie, tâchant de respecter toutes les pauses, toutes les intonations. Je fais les gestes, aussi, malgré ce qu’il m’en coûte. Je me répète des pas et des danses. Ah, comme ça danse ! Je saute jusqu’aux étoiles, je m’y fonds, mais j’ai entraîné mes ennemis avec moi, je les lâche, et ils s’écrasent avec un tel fracas que le sol se fend et engloutit tous ceux qui y vivent. Pour la stérilité des prés… Pour celle des femmes… pour que le feu du ciel embrase les récoltes… Oui, je me souviens de tout. Je cherche dans ma mémoire. Toutes les formules d’exécration me reviennent, et tous les gestes, et toutes les pierres et les herbes qui, longtemps macérées et mélangées à la nourriture et à la boisson, conduisent à la folie ou à la mort.
En espérant ma traduction pas trop mauvaise
Merci de vos avis intéressants. Cerveau un peu (très) ramolli oblige, je n’ai pas compris la phrase d’Antigone…
Concernant cette remarque sur les héroïnes censées davantage plaire aux femmes.
Premier bémol : l’héroïne de la femme du Ve est un héros, un authentique homme, prof d’université tâché par le scandale et contraint de s’expatrier à Paris où il va vivre une histoire d’amour avec une mystérieuse femme (allez suis gentille je vous révèle pas le « scoop » final)… En revanche on touche ici à la romance, univers qui plait généralement aux femmes en effet. Quand je parlais d’héroïne, ds l’article ci-dessus, c’était en référence à un autre de ses romans à succès (La poursuite du bonheur).
Ta réflexion me rappelle celle que se fit Fitzgerald (comparaison pas des moindres !) au moment de la sortie de Gatsby le magnifique en 1925 (eh oui déjà…). Dans une lettre à son éditeur il écrivait : « Le livre paraît aujourd’hui et je suis envahi de craintes et de pressentiments. Et si les lectrices n’aimaient pas le livre parce qu’il ne parle d’aucune femme importante, et les critiques parce qu’il traite des riches et ne dépeint aucune paysanne sortie de « Tess d’Urberville » qui travaillerait dans l’Idaho ? »
Dans un autre télégramme il répète :
Si le livre est un échec commercial ce sera pour deux raisons :
(…)
Deuxièmement : Le livre ne contient aucun personnage féminin d’envergure et, aujourd’hui ce sont les femmes qui dominent le marché romanesque. (…)
Roman qui effectivement ne rencontra pas de succès public du vivant de son auteur, en dépit de l’enthousiasme de l’éditeur… L’histoire aura ensuite fait mentir la théorie ;- )
Idem pour le succès inattendu d’un roman tel que « Le chasseur est un cœur solitaire » de Curson McCullers. Dans sa préface de 1947, Denis de Rougemont se demande : « comment se peut-il que ce livre impossible à classer, ni brutal, ni sexy, ni religieux, ni relatif à la guerre de Sécession, ni susceptible de fournir un scénario, ni indiscret, ni même documentaire, ait eu tant de succès en Amérique ? »
Chercher les raisons des succès est humain, on a toujours envie de comprendre même si on sait que c’est vain…
Cher Beaujean, cela fait depuis longtemps que je pose cette question des "qualités littéraires" ou encore des « valeurs objectives littéraires » pour reprendre l’expression d’un autre commentateur sans que jamais ces défenseurs ne me donnent de définition exacte… J’aimerais bien en effet avoir une réponse car, comme Teresa Cremisi, je pense que les goûts influent beaucoup dans cette évaluation de "la qualité littéraire"…
Chère Anlor, je suis d’accord avec toi. En fait ma remarque portait surtout sur le fond (la valorisation des "humbles" versus les "méchants riches") et non sur la forme effectivement bien différente.
Merci beaucoup pour tes précisions très complètes… c’est du beau boulot!;-)
Concernant "La femme du Vème", l’aspect féminin est au moins utilisé de manière très marketing dans… le titre.;-)
Sinon, tout à fait d’accord avec toi : chercher les raisons du succès est humain surtout… lorsqu’on est lecteur/amateur de lecture et de littérature.
On se demande toujours : pourquoi ce bouquin a marché ? Pourquoi a-t-il marqué les esprits ? Etc…
C’est des questions passionnantes (pas pour tout le monde : certains se contentent du plaisir brut de lecture!).
Mais je crois qu’il y a quelques "pistes" sociologiques (voir Bourdieu et la notion de "goût"…) ou psychologiques (l’inconscient collectif, la structure de l’imaginaire, les archétypes…)
Cordialement ! 😉
Bonjour !
Ma phrase n’était sans doute pas très claire…trop d’ellipses.
Je voulais simplement dire que je trouvais cela stupide de la part des éditeurs que de chercher une "recette" dans des succès littéraires inattendus, une "recette" à reproduire.
Il me semble que ce type de procédés n’a jamais vraiment fonctionné.
Pourquoi ne pas simplement s’émerveiller de ce succès, et se dire que l’inattendu existe encore ! Mais je sais bien qu’éditer un livre coûte cher et que les éditeurs aimeraient parfois se sentir sûrs de leurs choix ! D’où des rééditions de livres étrangers ayant déjà fait leurs preuves plutôt que la décision d’éditer des auteurs français inconnus.
Et je disais, également, que nous vivons malheureusement dans un monde souhaitant tout contrôler, même la littérature !
Voilà ! J’espère que mon propos est plus clair…ce n’était qu’une réflexion.
Cordialement.
J’ai lu votre texte, Athanase. Très beau, très puissant. Pour un étranger, votre français est magnifique. A moins que vous ne soyez né en France, ce qui expliquerait tout.
Votre traduction est-elle une commande ou un plaisir que vous vous faites ?
Oui Hoplite, je crois que c’est cette dimension sociologique qui m’intéresse aussi dans les succès littéraires, ce que ça peut révéler, dire de nos sociétés.
Mais c’est un vrai casse-tête !
Merci Antigone de cette précision.
Je ne sais pas vraiment si les éditeurs cherchent une recette du moins en France. Ils font encore beaucoup confiance à leur instinct et leur sensibilité d’après ce que j’ai pu en voir, même si chacun espère à chaque fois révéler un nouveau succès d’édition, ce qui est normal. En général ils essaient de miser sur plusieurs styles/genres pour multiplier leurs chances un peu comme à la roulette russe 😉
Sinon je découvre un article génial sur le "Big Bang blog" grâce à Claire Legendre, une jeune auteur, qui réagissait sur mon article sur son blog (à découvrir également).
Voici les deux liens
http://www.bigbangblog.net/artic...
Judith Bernard qui (ose) s’en prendre violemment au surprotégé "L’élégance du hérisson" qu’elle rebaptise "L’arrogance du paillasson" (!) :
Extrait :
"Il y en a un si j’osais je le balancerais de rage à travers le salon, mais je n’ose pas c’est un nrf Gallimard un beau un gros qui fait bien classieux : c’est L’Elégance du hérisson, de Muriel Barbery. (…) L’arrogance du paillasson, me murmure-je, à chaque fois que je tombe sur son titre en gloire de FNAC en petites librairies, nappé dans son bandeau Prix des libraires, et pendant des semaines dans Libé n°1 des ventes.
(…) très vite c’est devenu odieux. Mais vraiment odieux. Je n’ai jamais dit ça d’un livre avant celui-là. Dans celui-là il y a tant de haine que je me suis mise à le haïr. C’est un livre qui transpire la haine sociale : la haine des riches, invariablement cons, prétentieux, et vulgaires. Comme si c’était une catégorie ontologique. Le seul moyen d’échapper à ce déterminisme essentiel, c’est d’être japonais. Tout ce qui est japonais est merveilleux dans ce roman. Comme s’il y avait des nations élues – et d’autres, donc : etc."
http://www.clairelegendre.net/ma...
Extrait :
"J’ai donc pu mettre sans grand danger mon nez dans ces quelques réflexions assez justes me semble-t-il, d’où il ressort que les bons sentiments sont toujours extrèmement vendeurs. Et moi, des bons sentiments, je n’en ai pas pour les romans… Pas au-delà de la page 15 en tout cas… Je ne le fais pas exprès, hein, c’est juste un syndrome chevillé au corps."
Mon avis ne rentrait pas dans les com alor j’ai pondu une jolie note…
xannadu.canalblog.com/arc…
A+
yann
merci de ce lien, je pense que la rencontre avec le lectorat est le plus important. Pas forcément en nombre mais se dire que certains ont compris et été touchés par ce que l’on a voulu dire est le plus gratifiant je pense pour un auteur.
Merci alexandra. Sauf que pour être clair je cherche juste a pointer/épeler clairement ce qu’on appelle un "succés littéraire" parce que sinon on a tendance à mélanger tout et n’importe quoi… Dans la grosse soupe intellectuelle commercialo / facilitante qui nous entoure…
je ne parle pas, peu de moi…
;)))
yann
A part ça, je ne sais toujours pas ce que sont : "de vraies qualités littéraires".
L’extrait d’Athanase me semble en posséder. Mais j’aimerais l’avis d’un spécialiste… parce tant qu’on ne sait pas ce que c’est vraiment.
Tiens, j’ai trouvé ce passage de Stephen King dans "Ecriture" (qu’on aime King ou pas, il faut admettre qu’il s’y connaît en création littéraire et en succès de librairie !;-)) :
"… les romanciers, moi y compris, ne comprennnent pas très bien ce qu’ils font, ni pourquoi ça marche quand c’est bon, ni pourquoi ça ne marche pas quand ça ne l’est pas."
Cordialement!
Je me joins à la demande de Beaujean…
Merci mon cher Hoplite de cette citation de ce brave Stephen King qui n’a effectivement plus beaucoup de questions à se poser je pense !