Le fameux journal d’Anaïs Nin comprend sept tomes au total soit plus de quinze mille pages !
Débutés à l’âge de douze ans suite au départ de son père qui abandonna sa famille, ils ne seront publiés qu’en 1966. La période d’entre deux guerres compte parmi la plus intéressante car la plus bouillonnante d’un point de vue culturel et relationnel. Elle y raconte notamment ses amours avec des figures mythiques de la littérature allant d’Henry Miller à Antonin Artaud (ou encore sa correspondance avec D-H Lawrence sur qui elle a rédigé un essai) et de de la psychanalyse (René Allendy, Otto Rank…), dans le Paris montparnassien et le Clichy des années 3O ou encore dans sa belle demeure bourgeoise de Louveciennes. C’est aussi le journal d’une trentenaire : l’écrivain fête ses 30 ans le 21 février 1933 qu’elle évoque d’ailleurs.
[Dans ton Journal], tu dis des choses sublimes et monstrueuses à la fois. Aucune femme avant toi n’a jamais dit de telles choses. Crois-moi.«
Ce que tu essaies de faire, c’est une oeuvre d’art qui serait parfaite en soi, mais qui pourtant conserverait les imperfections, le côté fragmentaire, humain, chaotique, qui caractérise tout journal intime écrit « à chaud ». Je ne sais pas si cela est possible… » » (Henry Miller, dans une de ses lettres de 1932 et 1933, Correspondance passionnée)
Voir aussi : extrait choisi du Journal d’Anais Nin, Message à l’enfant qui ne doit pas naître
Dans la veine de cette « littérature féminine », au sens où elle repose toute entière sur les sentiments et le corps de la femme (qualification n’ayant rien de péjoratif comme on l’entend souvent, bien au contraire !), Anaïs Nin, à l’instar d’une Colette ou d’une Virginia Woolf, explore et analyse avec acuité la moindre de ses émotions. Une femme d’esprit et de corps, les deux fonctionnant de pair chez elle, comme elle l’explique avec finesse.
Si certains atermoiements peuvent sembler à la longue répétitifs et donc ennuyeux, de nombreuses fulgurances et traits d’esprit font vite oublier ce petit défaut, propre à la forme même de l’ouvrage (la vie et les sentiments étant souvent répétitifs).
Cette version dite «inédite et non-expurgée» (l’écrivain avait décidé d’en exclure, dans un premier temps, tous les aspects pouvant blesser ou compromettre des gens toujours vivants) dont la quatrième de couv nous promet -certainement pour l’argument racoleur- qu’il est « sans pudeur », évite au contraire les scènes crues et reste dans la suggestion, même si la sensualité baigne chacune de ses pages. Une lecture foisonnante, émouvante, énergisante, dérangeante, érotisante où la poésie côtoie la philosophie et la psychanalyse.Une plongée fascinante dans les pensées et la psyché d’une femme à la sensibilité complexe et passionnante et au narcissisme labyrinthique, qui a voulu faire de sa vie une œuvre d’art. Et jouir ! Jouir, jusque dans ses plus ténébreux plaisirs, de la vie et des hommes…
Ce qui se passe avec le Journal, c’est qu’aucune oeuvre n’atteint jamais la sincérité du journal. Une page de journal émeut plus que mes pages « d’art ». Alors, de temps en temps, j’ai envie de le donner – anonyme- tel quel, effroyablement humain, simple et direct, comme un effort surhumain pour équilibrer les mensonges de contes de fée que j’ai cru devoir donner au monde. C’est un tort de nous avoir nourris de conte de fées. Moi j’ai essayé de les réaliser pour les autres. C’est dangereux. On y perd sa propre âme. » (extrait lettre d’Anaïs Nin à son père)
C’est tout d’abord sa passion pour Henry Miller qui explose dans ce journal. Celui dont elle dit qu’ils sont « tissés dans la même matière », son « fils préféré » (elle aime comparer ses amants à ses enfants de substitution), « le guerrier », « son seigneur », « source d’agitation, de création, de douleur, de fermentation ». Une passion au début quelque peu contrariée par la présence de June, sa femme, qui incarne, aux yeux d’Anaïs Nin, la femme fatale (« la putain ») qu’elle ne sera jamais. Elle éprouvera un sentiment ambigu de jalousie et d’attraction envers elle et relate leurs rapports intimes, dont la teneur reste trouble (et l’intérêt très limité pour le lecteur !).
Mais bientôt seul compte Henry avec qui elle vit la plus belle des histoires où le corps et l’esprit se mêlent et se nourrissent harmonieusement : « Tout ce dont j’avais soif, c’est de la richesse de Henry, richesse de l’artiste autant que de l’homme, du cerveau autant que du corps. »
Charnel et intellectuel ne font qu’un. Les scènes d’amour ont lieu dans dans le bureau du splendide manoir de Louveciennes où réside Anaïs et qu’Henry Miller qualifie de « laboratoire de l’âme », au milieu des livres, d’un vent de créativité et des machines à écrire, où l’élan physique les emporte au milieu d’une conversation sur la métaphysique, l’astrologie, la psychanalyse (« L’art et l’artiste » de Rank) ou encore la poésie de Lowenfels… : »Aimer corps et âme, toujours ensemble le corps obéissant à l’âme. »
« A la maison. Je suis de nouveau au paradis. Henry assis à mon bureau, se colletant avec Lawrence, fouillant dans des montages de notes, soupirant, fumant, jurant, tapant à la machine, buvant. C’est si doux de rentrer à la maison pour y retrouver sa tendresse – ses mains toujours prêtes à caresser, même pendant qu’il parle de la signification de l’art, de la montée de la schizophrénie, de l’univers de la mort, du cycle Hamlet-Faust, de la Destinée, de l’Âme, du microcosme/macrocosme, de la civilisation des mégapoles, de l’assujettissement à la biologie. » Toutefois on peut regretter que ses écrits restent peu explicites sur le contenu de leurs conversation ou sur l’oeuvre d’Henry Miller (qui travaille au moment de la rédaction de ce journal à son oeuvre phare : « Tropique du Cancer » qu’Anaïs Nin financera, bataillera pour faire éditer chez l’anglais Kahane et préfacera.).
Relation fusionnelle avec Henry Miller
Leur communion est intégrale : « J’ai presque pleuré devant cette absolue désintégration de moi-même, cette absolue dissolution de mon être en lui. » Henry (de plus de 12 ans son aîné) qui incarne pourtant tout le contraire de son riche mari banquier d’affaires, Hugh. Aussi pauvre, fantasque, imaginatif que l’autre est conventionnel, conformiste et matérialiste. Entre ses deux hommes antagonistes, Anaïs Nin doit composer avec deux facettes de sa vie : sa vocation d’artiste et ses obligations de femme mondaine qui l’ennuient. « Mon Dieu, comme je suis heureuse d’avoir rencontré Henry, un génie que je peux servir et adorer. Quelqu’un d’assez grand pour utiliser ma force, s’en servir comme complément. (…) Mariage fécond. Il n’y a aucune fécondité dans mon mariage avec Hugo. Nous ne créons rien. J’aurais dû avoir des enfants mais je suis une artiste pas une mère. »
C’est surtout l’artiste qui l’emporte dans ce journal dont elle prend peu à peu conscience de la richesse littéraire au delà de son rôle de confident absolu. Mais étrangement ce mari et cet amant qui la comblent pourtant ne suffisent pas à l’insatiable Anaïs qui entretient également des relations amoureuses avec son psychanalyste Allendy puis plus tard avec Antonin Artaud qu’elle parviendrait à détourner de l’homosexualité et enfin Otto Rank qui supplantera dans son cœur l’amour qu’elle porte à Henry Miller…
Avec chacun (et c’est appréciable), les scènes sensuelles ne sont jamais crues et toujours empreintes d’une certaine pudeur et poésie : « Nous éclatons de rire. Nous nous allongeons ensemble et faisons l’amour, doucement, tendrement, nous nageons en plein amour, et pour la première fois, l’orgasme m’envahit par surprise, sans que j’y pense, presque paisiblement, comme une aube qui se lève lentement, un lent épanouissement né de l’abandon, de la décontraction, né du non-être. Aucun effort pour l’atteindre. Tombant comme la pluie, noyant l’esprit et le faisant fleurir. »
« Les efforts que je fais pour délimiter, ciseler, séparer, simplifier, sont idiots. Je dois me laisser couler dans plusieurs directions à la fois. J’ai appris au moins une chose importante : réfléchir, oui, mais pas trop, de façon à ne pas dresser un barrage aux événements avant qu’ils ne se produisent, à ne pas gêner les mouvements de la vie par trop de critique préalable.«
Une infidèle fidèle
Bref c’est un véritable harem qu’entretient cette « ardente décadente » au visage de « prêtresse des incas » comme l’a qualifié Artaud. Pourtant elle se défend de ces infidélités en clamant qu’elle est « toujours fidèle à l’amour » !
Des vies multiples (auxquelles s’ajoute sa vie onirique très riche : elle raconte d’ailleurs de nombreux rêves qui ne constituent pas les passages les plus intéressants du reste…) qui l’obligent à redoubler d’inventivité pour ne pas faire souffrir les uns et les autres. Elle doit faire des « petits mensonges à tous », des « mensonges vitaux » pour épargner leur jalousie et ménager leurs egos. « La vérité est grossière et stérile.« , écrit celle qui affirme que « les hommes vouent une adoration éternelle à l’illusion. »
La jeune-femme, tout en paradoxes, considère que « Tout va bien quand je partage mes amours – tout vivre par morceaux, par fragments. L’amour total est trop dangereux, trop féminin. » mais dit aussi : « Ce journal est la preuve d’un besoin énorme, total, de vérité, puisque je prends le risque en l’écrivant, de détruire tout l’édifice de mes illusions, tous les cadeaux que j’ai pu faire, tout ce que j’ai créé, la vie de Hugo, la vie de Henry ; tous ceux à qui j’ai épargné la vérité, je les anéantis ici même ! » ou encore « La seule personne à laquelle je ne mente pas est mon journal. Et même à lui, par tendresse, il m’arrive quelque fois de mentir par omission. Il reste encore tant d’omissions. »
« Ma drogue : recouvrir toutes choses d’un voile de fumée, déformer, transformer, comme le fait la nuit. Toute la matière doit ainsi être fondue pour passer à travers la lentille de mon vice, sinon la rouille de la vie réduira peu à peu mon souffle à un sanglot.«
Bien sûr se pose la question de son amoralité voire de sa perversité à une époque encore très puritaine en dépit du vent d’émancipation qui souffle. L’analyse d’Henry Miller à ce sujet, qu’elle retranscrit, exprime assez bien sa véritable nature : « Je sens chez toi une immense capacité d’abandon, si bien qu’on a l’impression qu’il n’y a pas de limite en toi, pas de limite à ce que tu pourrais être ou faire – c’est ça la décadence, une absence de frontière – un abandon pervers, sans limite à l’expérience. »
On comprend assez vite qu’à travers cette multiplication de conquêtes masculines, Anaïs Nin recherche le père qu’il l’a abandonnée à l’âge de 12 ans et qu’elle va retrouver dans la deuxième partie du journal. Elle explique à ce sujet : « Mon père revient à moi alors qu’il n’est plus le maître intellectuel dont je rêvais (c’est Henry maintenant), le guide que j’implorais (Allendy), le protecteur sur lequel pouvait compter l’enfant en moi (Hugo). Il a créé un enfant mais ne lui a enseigné que la peur et la souffrance, comme le fait Dieu, et je me suis délivrée de la peur et la souffrance. »
Intervient ici une autre dimension du journal, celle qui lui a donné son nom : l’inceste.
C’est assez inattendu car on pense tout du long que ce titre est métaphorique. Erreur : l’auteur décrit en effet très précisément les actes et la relation incestueuse consentante qu’elle va nouer avec son père. Il s’agit là de scènes très troublantes voire choquantes et qui étrangement sont les plus explicites d’un point de vue sexuel contrairement à celles avec ses autres amants. Sont-elles le fruit de son imagination et fantasmes ?
Elan créateur, richesse émotionnelle et féminité
Le qualificatif de « fascinante » revient souvent lorsqu’on évoque Anaïs Nin. Et c’est bien ce qui pousse à tourner les pages de ce journal. Fascinante par sa soif d’absolu (« J’ai besoin d’absolu. Je déteste cette manière sage et cérébrale de flotter au dessus de la vie, cet équilibrisme, cette jonglerie entre plusieurs vies et plusieurs amours, cette façon de vivre sur trois ou quatre niveaux.« ), sa recherche d’extases « aux bords de cristal tranchant comme une hache« , son besoin de « miracles et d’excès », « d’être chauffée à blanc », sa détermination farouche et sa liberté d’esprit (« J’ai trouvé mes décors, mes costumes, mon mode de vie.« , « Oh ! Etre libre, être masculine, et rien qu’une artiste. Ne se soucier que d’art.« , « Je refuse de vivre dans le monde ordinaire comme une femme ordinaire.« ). On remarque au passage que la créativité artistique et la liberté sont encore implicitement (et tristement) associées à une qualité « masculine » sous l’effet de l’intériorisation misogyne dont souffrent souvent les femmes auteurs. Encore au début du XXe siècle, être femme et écrivain ne va pas encore de soi! Même si Anaïs va grandement contribuer à ce que cela le devienne.
En effet ce paradoxe s’observe aussi régulièrement dans son attitude à la foi très volontariste mais parfois teintée d’un complexe d’infériorité féminine sans doute liée à une société encore très patriarcale.
Elle estime ainsi que la femme ne peut se grandir et s’épanouir que dans la lumière des hommes, ses « rois soleils » qui la sortent de son « minuscule univers de femme ». « Je voudrais essayer d’aimer un homme fort. La femelle en moi a besoin de lui. J’ai besoin de l’homme. Et les hommes se sont montrés tellement protecteurs avec moi – si bons, même quand ils étaient faibles – que j’en aurais toujours besoin, que j’avoue ce besoin, cette dépendance, et qu’en retour je donne le seul cadeau que peut offrir une femme : l’amour, l’amour, l’amour. »
« Je me répète sans cesse : la conscience, l’intelligence ne sont pas dangereuses, si l’on conserve assez de capacité d’émotion et de sexualité pour continuer à avancer. Seuls sont tués ceux qui sont faibles émotionnellement et sexuellement.
C’est aussi tout ce qui fait le charme d’Anais Nin et sa légende : son formidable appétit de vivre, d’aimer et de créer, sa féminité, une certaine frivolité, son pouvoir de séduction, son goût des parfums, des taxis qui sont « ses ailes » dit-elle, des chambres d’hôtels tendues de rouge, des cafés, « des couleurs et des tissus » de sa maison qu’elle décore avec goût. « Je suis une Vénus joyeuse, abondante, pleine de fruits. » se définit cette femme qui aimait les hommes. Un épicurisme à tout épreuve qui ne manque pas d’humour en dépit de sa fragilité : « J’avais toujours traité la maladie ainsi – avec un poudrier, un miroir et un bon bain, malgré les vertiges. »
« Au diable, au diable l’équilibre ! Je casse les verres ; je veux brûler, même si je dois me détruire. Je ne vis que pour les moments d’extase. Rien d’autre ne me touche. Les petites doses, les amours modérées, toutes les demi-teintes – tout ça me laisse froide. J’aime l’extravagance, la chaleur… la sexualité qui fait sauter le thermomètre ! Je suis névrosée, perverse, destructrice, ardente, dangereuse – de la lave inflammable, sans retenue. j’ai l’impression d’être un animal sauvage échappé de sa cage.«
Elle livre aussi au passage d’intéressantes réflexions sur la création artistique et littéraire : la « phosphorescence de l’esprit et du corps« . Elle estime par exemple que « La confusion crée l’art. Trop de confusion ne crée que déséquilibre. » ou encore « Un personnage pour un écrivain est un être auquel il n’est attaché par aucun sentiment. L’amour véritable tue la « littérature ». Elle analyse aussi, avec pertinence, le processus de création qui doit se situer selon elle dans la vie et non hors d’elle : « C’est lorsque je suis allongée sur le divan avec Henry et que me parviennent les sons de la guitare que je ressens le plus vivement la mort de mon amour pour Hugh, et non en méditant sur ses lettres jaunies ou sur les plis de la manche de son manteau. C’est pendant que je fais la cuisine à Clichy que je comprends le sens de mon enfance, et non en lisant la préface de Freud au journal d’une petite fille. ce retrait de la vie qu’on exige de l’artiste doit être relatif. La plupart des artistes se sont retirés de façon trop absolue ; ils rouillent et deviennent insensibles aux nouveaux courants (comme Allendy qui ne se laisse jamais déborder comme peut le faire Henry). »
Création artistique qui supplantera la « création » d’un enfant au prix d’un douloureux et poignant avortement (on y découvre aussi l’identité du père) qu’elle raconte à la fin du Journal (voir extrait du monologue tenu par Anaïs Nin à son enfant qui ne doit pas naître). A propos de la maternité, elle déclare au début du Journal : « Que sont les enfants ? Une abdication devant la vie. Ici mon petit, je te transmets une vie dont je n’ai su faire qu’un magnifique échec. » ou encore « J’ai déjà trop d’enfants. Il y a trop d’hommes sans espoir et sans foi dans le monde. Trop de travail à faire, trop de monde à servir, aider. J’ai déjà plus que je ne peux porter. »
Etrangement même en lisant son journal, lieu des confidences les plus intimes, le mystère Nin demeure. Un voile de soie délicat continue de recouvrir la personnalité de cette femme surprenante et captivante en quête d’elle-même, accusée bêtement d’être arriviste ou manipulatrice. Et c’est ce qui fait toute sa magie. La force de ce journal c’est moins le récit de ses anecdotes quotidiennes que ses réflexions souvent profondes et quasi philosophiques sur la nature humaine, la vie, les relations amoureuses ou encore sa conception de l’art. C’est aussi un hymne à la vie, à l’amour, à la liberté, bouillonnant d’énergie et de fougue. Un ouvrage qui garde toute sa modernité et continue d’arborer un certain avant-gardisme… [Alexandra Galakof]
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A noter que ce journal a fait l’objet d’un regroupement au sein d’un coffret intitulé « Journal de l’amour » couvrant les années 1932-1939, les plus riches et les plus intenses de son existence. On y trouve, en grand nombre, les portraits pris sur le vif des artistes et des écrivains célèbres qu’elle croisa, notamment dans ses années parisiennes, de James Joyce à Marcel Duchamp, de Brassaï à Antonin Artaud, d’André Breton à Jean Cocteau, mais on y découvrira également un modèle inégalé d’« autofiction » mêlant avec un art souverain aveux et fantasmes. C’est cette étonnante composition qui fait d’Anaïs Nin l’une des figures les plus singulières de la littérature américaine contemporaine. Ce volume, version intégrale « non expurgée » du Journal de l’amour pour les années 1932 à 1939, réunit les pages publiées sous les titres Inceste (1932-1934), Le Feu (1934-1937), Comme un arc-en-ciel (1937-1939).
Mini-bio d’Anaïs Nin :
Née à Neuilly, près de Paris, le 21 février 1903, Anaïs Nin grandit dans un milieu cosmopolite, aux influences diverses, espagnole par son père, franco-danoise par sa mère. Lorsqu’elle atteint l’âge de 11 ans, son père, un pianiste de concert réputé, abandonne sa famille. La mère décide alors d’amener ses trois enfants en Amérique. La jeune Anaïs commence une longue lettre à son père pour le convaincre de rejoindre sa famille. Cette lettre devient le journal de la fillette, son confident qu’elle ne quittera jamais plus. Elle quitte l’école à l’âge de 14 ans, travaillant alors comme mannequin le jour et posant pour des artistes le soir. En 1923, elle épouse Hugh Parker Guiler, un riche banquier d’origine irlandaise. Le couple s’installe à Paris où la jeune femme reçoit des artistes dans sa demeure de Louveciennes, en banlieue parisienne. En 1931, elle rencontre l’écrivain américain Henry Miller dont elle finance le roman Tropique du Cancer – elle en signera la préface. Elle fréquente plusieurs célébrités dont le dramaturge Antonin Artaud et le psychanalyste Otto Rank.
Anaïs Nin précurseur de l’auto-édition !
Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Anaïs Nin quitte Paris et retourne s’établir à New York. Les romans et les nouvelles qu’elle tente de publier sont refusés par les éditeurs. En janvier 1942, l’écrivaine installe une petite presse dans un grenier et imprime elle-même ses livres. Écrivaine marginale et avant-gardiste, Anaïs Nin est lue par des cercles d’intellectuels et d’universitaires. Au début des années 1960, les écrivains de la « génération beat » la découvrent. Après la parution du premier tome de son Journal, en 1966, elle connaît enfin la gloire. Toutefois, en 1970, un verdict tombe : elle est atteinte d’un cancer. Elle meurt en 1977 à Los Angeles.
3 Commentaires
C’est bien. Merci de m’avoir permis cette découverte.
Merci pour cet article très interessant, je suis fascinée par Anais Nin en ce moment et maintenant j’ai encore plus envie de lire ses livres!
tant d’amour éperdu , épandu , aujourd’hui en 2020 où est-il cet amour , se serait il enfui , ne durerait-il qu’un instant , oui , l’instant présent c’est de l’amour . Je préfère le croire moi qui en ai tant manqué et qui pourrait en donner encore , il ne me reste que l’instant présent , je le chéris car la vie s’avance , s’écoule , et les uns laissent la place aux autres . Ma génération est remplacée par une nouvelle qui ne sait rien qui a tout a apprendre , il semble que l’on doive disparaitre dès que l’on « sait » . Je te salue , je t’embrasse Anais Nin sans toujours te comprendre mais c’est mieux ainsi car l’étrange expliqué rejoint la banalité . Je me replongerai dans cette époque avec tendresse , la fin des années trente où mes parents se sont rencontrés ;