Quand les profs de français utilisent le blog pour enseigner !

Dans ce contexte de rentrée des classes, signalons également l’initiative intéressante d’un prof de français (M. Eric Négrel), qui, dans le cadre des dernières « Assises Internationales du Roman » a utilisé le blog (Skyblog) avec ses élèves (en 1e littéraire au Lycée Jean-Paul Sartre, Bron) à l’occasion de l’étude du roman « La douceur » de Christophe Honoré : un outil et un choix littéraires plutôt audacieux ! A tour de rôle, les élèves ont livré leurs impressions, réfléchi sur certains thèmes du roman, échangé leurs opinions ou effectué des recherches documentaires sur la bio et biblio de l’écrivain. Ils ont également comparé leurs interprétations, dans un esprit « café littéraire », de l’un ou l’autre passage (la confrontation douleur/douceur, le coté dérangeant du roman ou encore les rêves et fantasmes du jeune protagoniste…). Un bel exercice riche et créatif qui a su tirer parti d’un média que les jeunes affectionnent tout particulièrement. Bravo au professeur pour sa modernité et son approche innovante !

Présentation du blog et de sa vocation littéraires :
« Nous, classe de première littéraire, avons lu dans le cadre des Assises Internationales du roman, le livre de Christophe Honoré s’intitulant La douceur. L’adjectif le plus approprié pour définir ce livre serait « surprenant ». En effet au cours de la lecture il ne cesse de s’enchaîner des rebondissements divers et variés. C’est ce suspens que l’auteur arrive à faire durer sans cesse qui nous pousse à vouloir lire ce livre jusqu’au bout et cela sans en perdre une miette. Ce livre raconte l’histoire d’un jeune garçon prénommé Steven qui se retrouve, sans l’avoir réellement voulu, le complice d’un meurtre d’un de ses camarades de colonie de vacances. C’est à la fois l’amour exprimé par ce personnage et sa naïveté enfantine qui le pousseront à devenir un être violent et sans scrupules. La douceur de cette enfant va alors faire place à de la douleur exprimée avec une incroyable sensibilité qui ne peut qu’émouvoir le lecteur. Les personnages deviennent attachants et chacun est doté d’une histoire particulière qui nous donne envie de comprendre l’intrigue de ce livre si imprévisible. De plus, l’auteur exprime de manière incroyable une impression de réalité dans un roman purement fictif. C’est principalement l’utilisation d’un langage familier (voire parfois vulgaire), qui souligne cette réalité qui n’est pourtant qu’illusoire. Durant cette lecture, des tonnes de questions défilent et se mélangent dans votre esprit : « Pourquoi un tel titre ? » ; « Enfance rime–t-elle toujours avec violence ? ». L’envie de comprendre les personnages et cette impuissance face à toute cette violence, qu’elle soit physique ou morale, nous amène à nous questionner sur de nombreuses choses. Il arrive un moment durant la lecture où il est difficile de s’identifier aux personnages tant leur histoire devient complexe. C’est le fait que le lecteur se retrouve momentanément impliqué dans la vie de chacun des personnages qui rend ce livre si captivant et déroutant. »

M. Elise et J. Elodie.

La critique du roman retenue pour le journal du lycée :
« Le livre La douceur de Christophe Honoré paru aux éditions Points est un livre qui pourrait plaire à tout le monde par son originalité car il parvient à réunir la mort, l’enfance et le désir. C’est une interrogation troublante sur la cruauté dont, parfois, les enfants sont capables. En effet, il ne s’agit pas d’un livre qu’on a l’habitude d’étudier dans le contexte scolaire et que nous sommes obligés de lire mais d’un livre qui traite de sujets d’actualité jusque là très peu abordés. Car il est vrai que les livres scolaires ne parlent pas souvent de ce genre de sujets un peu « tabou ». Nous suivons tout le long du livre l’histoire d’un jeune garçon de 11 ans appelé Steven qui apprend la vie et ses côtés encore inconnus et mystérieux en colonie de vacances avec son nouvel ami Jeremy ! Il va commettre des actes illégaux et que l’on aurait du mal à imaginer de la part d’un enfant. Il y découvre de nouvelles sensations jusque là encore inconnues comme l’homosexualité et la soumission due à l’amour qu’il porte à Jeremy. Cette soumission lui fera faire des choses inconcevables…

Pour nous cet ouvrage est une toute nouvelle façon de penser contre les esprits fermés d’aujourd’hui. L’esprit du livre est contradictoire par rapport au point de vue que les gens ont sur les enfants, à la façon dont on peut les percevoir. Dans ce livre, aucune naïveté due à l’âge mais une perception très crue et dure des choses qui l’entourent. En effet, lorsque le livre s’ouvre à nous, un crime a eu lieu. L’écriture choque certes, mais reste vraie. On est dans la tête de l’enfant passif, qui se laisse aller à ses pulsions aussi dramatiques qu’elles soient. Cet enfant est soumis mais cette soumission lui plait. L’auteur utilise de nombreux procédés littéraires afin de retranscrire la pensée des enfants. Les sentiments qu’il fait naître sont aussi forts que contrastés, et convoquent en nous une part violente de notre inconscient. On en sort bouleversée. C’est un livre que nous ne pouvons oublier… Ce roman est un paradoxe car le titre qu’il porte est totalement contradictoire au contenu. Mais la douceur ne serait-t-elle pas étroitement liée à la douleur ? »

Pauline Tabone et Elodie Mavel

Découvrez le blog de lecture de cette classe sur le roman « La douceur » de Christophe Honoré, tenu entre février et avril 2007.
Lire la chronique de « La douceur » de Christophe Honoré,