Extrait choisi de « Bonjour paresse » de Corinne Maier: les dérives bureaucratiques en entreprises peuvent donner naissance à divers phénomènes en particulier celui de dénaturer et de dépersonnaliser le langage jusqu’à ce qu’il ne veuille plus rien dire, pour un peu plus d’aliénation quotidienne. Sous la houlette d’Orwell, Corinne Maier décrit cette abberation :
Extrait de « Bonjour paresse » de Corinne Maier:
« Ce qui frappe le plus en entreprise, c’est la langue de bois.
(…) La langue de bois c’est le niveau zéro du langage, celui où les mots ne veulent plus rien dire. C’est que l’entreprise a fait un rêve : le langage humain, loin d’être une fenêtre ou un miroir comme certains intellectuels vraiment allumés le pensent, ne serait qu’un « outil ». Les mots ne servent plus à signifier, et escamotent les liens entre les évènements en dissimulant les causes qui les engendrent.
La langue qu’elle parle nie l’individu en escamotant le style : aucun mémo, aucune note, ne doit trahir son auteur. Chaque texte est poli, afin que le rituel de la langue de bois, propre à chaque firme soit respecté. Une manière d’écrire collective s’instaure. Quel que soit le sujet traité, la matière est broyée par un rouleau compresseur. Elle n’est assumée par aucun locuteur, ne fait que reproduire des paroles déjà prononcées, et ne s’adresse donc pas à vous – pas étonnant qu’elle vous endorme ! Elle offre l’exemple unique d’une langue qui a divorcé de la pensée… Elle manifeste la ligne politique d’un pouvoir impersonnel. Elle ne cherche ni à convaincre, ni à prouver, ni à séduire, mais livre des évidences de façon uniforme en excluant les jugements de valeur.
Le but ? Vous faire obéir. Méfiance, Goebbels, bras droit d’Hitler, le disait déjà : « Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour obtenir un certain effet. »
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