Depuis quelques temps, une question récurrente m’est posée, avec une petite évolution non négligeable, entre 2006 et 2007, dans sa formulation : « Est-ce que tu as une adresse mySpace ? » devenue aujourd’hui « C’est quoi (koi) ton adresse mySpace ? ». Petite nuance toute révélatrice… Eh oui aujourd’hui, au même titre qu’un numéro de portable (que je n’ai pas davantage) ou de MSN (l’avant-dernier instrument de perte de temps et de flicage inventé par Microsoft), la page mySpace (et maintenant la « facebook ») devient un must-have. mySpace et ses avatars sont, paraît-il, des nouveaux lieux de « sociabilisation » (« social network » ou « platform » c’est selon) et même plus des « plates-formes d’amis » ! Et quelle amitié !
J’ai l’air très conservateur comme ça avec mes réticences sur le principe mais je ne suis absolument pas anti-nouvelles technologies. Loin de là !
Buzz littéraire en est la première preuve. Et… et… j’ai même un e-mail, si, si !
Voyez comme je suis ouverte. Non, en fait ce qui me gêne dans ce phénomène, ou plutôt m’amuse, c’est son côté panurgien.
A la limite, j’ai l’impression que les gens ne se posent même pas la question de l’utilité ou de l’intérêt mais sont tellement angoissés à l’idée de rester à la traîne ou à l’écart qu’ils s’engouffrent dans toutes les dernières modes histoire « d’en être ». Il y a aussi bien sûr le conditionnement conscient ou inconscient de tout cela. Mais revenons plus précisément à mySpace, le dernier phénomène d’ampleur en date. D’un point de vue journalistique, le bidule est intéressant en permettant de suivre l’actualité d’auteurs ou de personnalités et autres structures qui jusqu’ici n’avaient pas de support web.
Cela évite les fastidieux intermédiaires que sont les attaché(e)s de presse et toute initiative permettant de s’en affranchir ne peut être que saluée chaleureusement !
Sur un plan professionnel, j’imagine que cela peut aussi favoriser certaines collaborations et associations.
Tout ceci est donc plutôt positif mais là où le système est pernicieux c’est que cette utilité très pragmatique est recouverte d’un joli coulis d’amitié dégoulinant : les fameux « friends ». My Space (« a place for friends » selon son slogan) c’est le pays merveilleux de l’amitité, c’est le « Central Perk » des Friends XXL, c’est le mai 68 des années 2000, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil : c’est peace and friend !
Donc on se fait des demandes en amitié et on bat des records d’amis en quelques jours : 1755, 2282…10 753 friends !
On fait fructifier du « friend » : des « actifs corporels » rentables si possible.
J’aurais l’air maligne, moi, avec mes amis (même pas sur mySpace !) que je compte sur les doigts de mes mains.
Bon, bien sûr, il ne faut pas rêver, certains amis valent plus que d’autres : tout dépend de leur job.
S’il est producteur, éditeur, journaliste ou une célébrité quelconque… par exemple.
Voilà, c’est ça la belle amitié mySpacienne. Faut que ça brille, que ça rapporte !
Vos nouveaux « amis » vous souhaiteront « un joyeux anniversaire », un « joyeux Noël » ou de « bonnes vacances » si vous leur faites un papier, un contrat, un casting, un lien sur votre site, lisez leur livre, voyez leur court-métrage, ou à défaut leur obtenez un pass pour la dernière soirée en vogue…
En fait, je devais me tromper, mais j’ai toujours pensé que l’amitié était l’exacte antithèse des rapports professionnels et marchands. Un peu comme l’impossible association des mots « entreprise » et « humaine ». Les termes s’annulent d’eux-mêmes. Il faut choisir son camp.
Cela n’a rien de honteux de vouloir promouvoir ou vendre son travail mais quel rapport avec l’amitié ?
Je dois être trop old-school pour l’amitié version mySpace… [ Alexandra ]
Sur le même thème : lire dans le commentaire n°30 ci-dessous la retranscription de la drôlatique chronique de David Foenkinos sur son expérience sur Myspace.
Mise à jour mars 2009 : Frédéric Beigbeder claque la porte de Facebook
38 Commentaires
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Sans aucun doute un des articles les plus stupides que j’ai lu ici. La terminologie "Friends" de myspace est un concept, à ne pas prendre avec autant de sérieux que le mot dans la "vraie" vie. Le but du site n’est pas secret : constituer un réseau. Les gens se regroupent par affinités professionnelles et artistiques. Le but? dire le bien qu’on pense de l’un, collaborer avec l’autre, peu importe, c’est surtout comme tu le dis l’abolissement des "barrières" (producteur, editeur, attaché de presse). Chacun fait comme il veut ensuite. Personne ne se leurre sur la valeur du "friend" myspace.
Le buzz est en chute libre depuis un moment deja. dommage.
Je ne serai pas aussi directe que mouais car je pense que la question mérite d’être posée.
On s’interroge souvent avec une certaine dose de culpabilité sur le rapport entre le "virtuel" et le "réel", les bloggeurs s’obligeant par exemple à faire des "breaks", à se mettre "au vert", à "parler avec des vrais gens". On trouve de ces témoignages partout sur le web (récemment chez Fauré).
Je pense que la technique est avant tout ce qu’on en fait, et il ne faut pas se leurer, il y a aussi une certaine dose d’hypocrisie dans les rapports sociaux "réels", ce qu’on appelle autrement la politesse ou le "relationnel". Bref, les réseaux sociaux internet valent les réseaux sociaux réels, la technique, et même la spontanéité peut-être en plus (on est friend très rapidement, on serre la main plus facilement virtuellement…). C’est… la vie en fait !
MYSPACE EST SURTOUT DEVENU "A PLACE FOR FUCK"……
Tout ça pour pas être mon ami…
Je suis d’accord avec Alexandra. C’est peut-être une bonne idée… mais avoir 12563 amis, appellation non contrôlée, est vide de sens, et non seulement superficiel… Mouais remet en cause implicitement "la vraie vie" ; supposer que le virtuel est à penser "autrement" — eject la question de sa valeur — est une erreur. J’aime bien la critique de Beigbeder http://www.lire.fr/chronique.asp...
Il y a quelques années, internet c’était les forums de discussion. Je m’en souviens comme d’espèces d’arènes anonymes, violentes, ou ça se viandait pour la beauté de l’argument. Il était pas question d’amitié alors, tout au plus pouvait il s’instauter un genre de respect des braves.
Naturellement la logomachie n’était pas à la portée de tout le monde. Rapidement se sont imposés des concepts de "netiquette", des protocoles sociaux aussi astreignants que ceux de la vie irl. Les conditions de possibilités de communautés sociales virtuelles en somme. Une fois les trolls éliminés, on a pu se raconter paisiblement qui est allé à la piscine, qui a préparé un roti de veau dimanche midi, qui est parti en vacances à Rome etc.
Ce n’était pas assez. La médiatisation des égos exigeait des supports plus adaptés. Parce que dans le fond, l’autre n’est qu’un prétexte pour pouvoir parler de nous même à voix haute, les "pages persos" se sont rebaptisées blogs.
L’emmerdant avec les blogs, c’est qu’il faut encore avoir quelque chose à raconter. L’expérience déroutante du blogueur est qu’il se confronte rapidement avec sa propre vacuité. Inévitablement on finit par écrire "cher journal, ça fait longtemps que je ne t’ai pas écrit mais aujourd’hui sache que mon caca était plus mou que d’habitude j’espère que je ne couve pas une gastro."
Parce que l’expérience éditoriale est une expérience de l’esseulement, l’alternative devait passer au contraire par une nouvelle tentative d’établir a tout prix des contacts.
Monster.fr
Meetic.fr
Pointcommun.fr
Lescopainsdavant.fr
L’individu tronçonné en autant de curiculums spéficiques, correspondant à chaque fois à l’essence fonctionnelle de la relation recherchée. chr boulot/ baise / beuverie.
Tout ça n’est pas très interessant, mais au moins, ça évolue très vite. Chaque nouvelle mutation se confronte à son aporie, avant de muter à nouveau. Et naturellement, à chaque fois le troupeau suit, de crainte de se trouver à nouveau esseulé.
"Increasingly, if you’re not LinkedIn, you’re left out"
Ce qui me fait rire aussi c’est la coté (tellement "libéral spirit") du "quoi que tu fasses soit le meilleur".
Dés la création des blogs des modules ont été mis en place pour savoir qui avait le plus de visite, mais comme c’est trop compliqué pour le commun des mortels on a fait myspace pour que la compétition continue sur "qui a le plus d’amis" avec l’idée formidable derrière du "j’ai plus d’amis donc je suis plus cool que toi, et touc" qui nous rammene joyeusement aux années … collège… voire en dessous avec les filles et les garçons populaires Vs les loosers…
(quoi t’as pas d’ami ? c’est trop la honte!!!).
Bref aprés la consommation nous sommes entrés dans l’aire de l’accumulation, la preuve en est que tout le monde a au moins a disposition un milliers d’album de musique mais que le nombre de personne faisant la différence entre un dièse et un bémol chute…
En somme dans un monde libéral ou l’hystérie est le minimum social, comparer la taille de sa bite est devenu le seul horizon envisageable.
yann frat (cette théorie vous plait? c’est ballot personne ne veut éditer mon livre ;)))
Post bienvenu; et bonne analyse de folantin. On s’approche gentiment du concept de "Vie liquide" du sociologue Sygmund Bauman.(parfait inconnu en France, comme pas hasard – mais quasi star en Angleterre.) Va falloir la gérer cette vie-là en tout cas et ça va pas être simple. Y’a du déchet dans l’air. Moi ce qui m’a interpelé sur Facebook, c’est la nouvelle option "Tag your friends!". Je ne vais pas réécrire ici ce que j’ai commis sur mon blog, mais pour ceux que ça interpelle aussi, cliquez sur mon pseudo et donnez votre avis si vous en avez un… 🙂
Bonjour ! Effectivement, le phénomène "my space" est étrange, disproportionné. J’aime bien ta manière de l’aborder, et je suis tout à fait d’accord avec toi. J’ai beaucoup de mal à supporter ces accumulations de soi disant "friends" et je trouve ces espaces là désagréables à consulter, esthétiquement parlant. Allez, parions que ce sera bientôt ringard d’être sur "my space" !
Myspace?
Bien sûr que j’ai une adresse Myspace. C’est génial pour présenter ses travaux, pour trouver des lecteurs, pour lire les autres (et on fait de belles découvertes, souvent plus intéressantes dans le sens de la spontanéité, moins "retenus" que dans le monde ronronnant de l’édition…
Ami? Faux débat. Plutôt des relations qui peuvent éventuellement se transformer pour certaines en amis.
Je ne parle là que pour l’écriture, les autres réseaux je ne connais pas
HEY Alex
tu me rejoins sur Facebook ?
🙂
@ strangedays : Zygmunt Bauman est plus connu que Sigmund
Ouh la!
J’ai des regrets là : je viens de faire ma page myspace !;-)
Et ma facebook, aussi!
D’accord avec Monsterjack : il n’y a pas vraiment d’"amitié" sur myspace et tout le monde le sait.
Donc : ne pas être dupe, rester cool, lucide, voire ironique et utiliser les réseaux pour apprendre, se renouveller et communiquer.
Comme pour les blogs ! 😉
Au passage, je signale que j’ai fait des rencontres professionnelles et humaines vraiment décisives (juré craché) grâce aux réseaux.
Donc concrètement, ça marche !
C’est aussi, tout simplement, une raison de leur succès planétaire.
Cordialement! 😉
D’accord sur pas mal de points mais… N’analysons pas demain avec des mots d’aujourd’hui, on se trompe forcément.
(PS – de même que les industriels ont sciemment accéléré l’obsolescence de leurs produits pour doper les ventes, les aventuriers du marketing sont en train d’inventer le lien social jetable…)
(PSS : non, rien ;))
@EW
C’est un peu comme si tu disais : Frank Mc Heddar est plus connu que Einstein.
ou:
Heinrich Stuppenfeld est plus connu que Mozart.
Ch’t’en fais encore une? 🙂
(mais bon, t’es peut-être sociologue après tout…)
C’est marrant, le billet et les comments montrent que vous êtes complètement passés à côté de ces trucs-là. Je ne parle même pas de beigbeder dont le texte est carrément bête : ça fait vieux con qui ne comprend pas que son gamin écoute cobain et pas presley. Quant aux pseudo- analyses sociologiques, c’est parfois poilant.
Mon conseil : faut vraiment recueillir des données avant de prétendre les analyser et en tirer de grandes vérités.
salut alexandra,
télérama prépare aussi sa plate-forme communautaire prévue courant novembre, ça va s’appeler wizzz, et ça a l’air moins surfait…….
bonne continuation.
A Montréal, les jeunes filles ne donnent plus leurs numéros.
Elles donnent leurs noms de famille et veulent qu’on les retrouvent sur Facebook.
C’est un mal très répandu ici.
Je pense qu’à l’origine du billet et de pas mal de commentaires il y a un contre sens sur le mot "amis" tel qu’il est défini sur myspace et qui n’a strictement rien à voir avec sa définition dans le monde réel ou même dans les dictionnaires.
Il y a aussi une généralisation hâtive à partir de comportements particuliers qui ne dureront qu’un temps tant la plupart des utilisateurs "anonymes" de myspace se rendront compte que collectionner le plus grand nombre d’amis possibles n’est pas une fin en soi… Ca peut l’être en revanche pour un réalisateur de videos ou un groupe de rock local qui cherche à se faire connaître du plus grand nombre.
Personne n’est dupe, myspace est un outil destiné à tisser un réseau et pas un outil relationnel (contrairement à MSN par exemple). C’est un "super-agenda-carnet d’adresses" parallèle et virtuel… Comme tous les agendas et carnet d’adresse, la qualité et l’intérêt de son contenu ne dépend pas du contenant mais de son possesseur.
Ne pas oublier qu’à la base, MySpace était un outil destiné aux musiciens en herbe qui, du fond de leur garage, voulaient diffuser leur musique aux quatre coins du globe afin de se faire repérer par des labels.
Ca a ensuite été malheureusement "récupéré" pour devenir ce que l’on sait, un hybride entre skyblog et meetic, où l’âge mental et le QI sont inversement proportionnel au nombre d’"amis".
Ils étaient pas obligés d’appeler ça « friends », ils pouvaient mettre « contacts » (« A place for contacts », chuis gentille je leur trouve même leur nveau slogan !), ça aurait été moins hypocrite. J’aime pas la récup’ du mot qui n’est pas à employer à la légère. Il est déjà assez galvaudé au quotidien. Sans jouer les puristes, c’est un mot précieux, zut ! Mes amis, ceux que j’appelle ainsi, ils n’ont rien à me vendre…et on s’exhibe pas pour se dire qu’on va aller en soirée ou se prendre des verres…
Comme le dit Yann, il y a un côté « mas-tu-vu » et de clans assez bizarre avec l’affichage de ses « friends » comme des trophées…
Sinon pour rebondir sur ce que dit Folantin (news « jauffrettistes » à suivre prochainement, by the way !), le principe des « communautés » est en effet inhérent à Internet et en soi cela me semble intéressant mais sur MySpace (ou équivalents), c’est vidé de sens. Sur un forum il y a un vrai échange, un partage d’infos, d’avis… donc c’est enrichissant (sauf quand ça vire à la foire d’empoigne). Là, on a l’impression que c’est à celui qui aura la plus belle photo ou aura donc le plus de « friends »… Je ne vois pas l’intérêt (hormis suivre l’actu comme je le disais, mais ça c’est le principe de n’importe quelle page web de base…).
Enfin, il y a un petit côté « miroir aux alouettes » assez cruel je trouve.
Merci de vos avis diversifiés qu’ils soient « pro-mySpace » ou « anti » : c’est intéressant !
PS : des détails Hoplite !
PS2 : si j’ai le temps je vous retranscrirais une petite chronique de David Foenkinos sur ce thème (son expérience sur MySpace) intitulée « A vot’ service » (le titre dit déjà tout…).
Et merci Gwen du lien vers la chronique de Beig’ !
PS3 Génération rose : lol (oui je ne m’inscris pas sur myspace mais je « lole »)
PS4 Strange days : intéressant ce concept de « vie liquide », il faudra que je creuse…
PS5 : EW, les invitations facebook partent directement à la poubelle mais tes invitations réelles seront étudiées avec attention…
@ Alex :
Pas de détails, désolé, c’est perso et professionnel ! 🙂
Mais je confirme à 1000% : les réseaux virtuels peuvent être utiles pour concrétiser des projets et faire des rencontres passionnantes.
Sinon, d’accord avec l’abus du mot "ami". C’est vrai que ça fait bizarre : c’est un terme si intime…
Mais bon, c’est un monde virtuel à prendre à la légère, non !? 😉
Cdt!
Tu m’intrigues là… C’est toi qui a « démarché » ou autre (ne répond pas si c’est indiscret) ? Je n’ai en effet rien contre le principe de réseau à but professionnel (et présenté comme tel) si ça peut aider à concrétiser des projets ou des carrières (même si je suis assez sceptique suite à mon expérience sur Viaduc qui doit être mort maintenant je suppose : tout ce que j’ai obtenu c’est 3 tonnes de communiqués de presse en plus dans ma messagerie…).
@Alex : je t’en reparlerai un jour… peut-être !;-)
Mais en parlant de "démarchage" t’es absolument pas sur la bonne voie. Faute ! Le mot horrible qui n’a rien à voir. Surtout avec moi qui aime les rencontres "humaines"…
Cordialement! 😉
@strangedays
Zygmunt c’est le prénom de Bauman, et pas Sigmund, rien à voir avec Freud
@ alexandra
…
je n’ai pas testé MYSPACE mais je suis sur FACEBOOK depûis peu.
C’est vite chronophage et addictif mais ça vaut le coup. J’ai retrouvé une copine de collège par ce biais.
Je suis bien d’accord avec Jeff, à titre très personnel, myspace est un formidable outil pour découvrir de nouveaux groupes… C’est là que j’ai entendu parlé et entendu tout court des groupes français géniaux (mais peu/pas connus) comme wendy code, Noblesse Oblige, Misstrip ou encore les suédois de The Knife.
Rien que pour ça j’adore le concept et je répète : PERSONNE d’un tant soit peu équilibré n’est dupe sur le sens du mot "amis" dans ce contexte (d’ailleurs, j’en ai volontairement très peu)
les suédois de The Knife )))) leur album Silent Shout est vraiment excellent.
Et puis il y a le buzz, en ces temps numériques, qui permet le rebond réticulaire — pour les jeunes auteurs qui veulent être lus, par exemple.
Moi, je conseille juste d’écouter "Arrêtes de t’la pêter sur My Space" de Captain Brakmar (je ne suis pas sur de l’orthographe.)
Les blogs, c’est génial pour se faire connaître, rencontrer des gens, etc. Après, c’est une question de contenu: il faut avoir des choses à dire…
Signé:
Joest
3 millions de lecteurs chaque mois sur le Blog Auto
0 personnes qui me reconnaissent dans la rue
> Oui ch’sais bien que des mots comme "démarchage" ou "faire sa pub" gênent d’où l’enrobage « friends » (je ne parle pas pour toi mais en général)
> Pour retrouver d’anciens amis il y a bon nombre de sites qui existent déjà il me semble… Pourquoi en créer un énième ?
« PERSONNE d’un tant soit peu équilibré n’est dupe sur le sens du mot "amis" »
> Mmh je n’en suis pas si sûre. Sinon, oui j’ai toujours su que je n’étais pas, même un tant soit peu, équilibrée… C’est mon grand pb !
> Oui cela n’empêche pas de faire de belles découvertes, je ne remets pas en cause cet aspect des choses. Pour ma part j’ai découvert par ex la chanteuse Yael Naim (new soul) en écoute sur une page Myspace…
En complément voici la chronique (éloquente) de Mister David Foenkinos que je vous retranscris :
« A votre service »
« Vous ne le savez peut-être pas mais je suis une star internationale (en cas de doute partez cet été avec votre DS et vous verrez bien). Depuis longtemps on me dit qu’il faudrait que je fasse un site Internet pour parler de moi, de mes livres et de mon rapport avec mes livres ! Jusqu’à présent j’ai refusé. Surtout par flemme, d’ailleurs. A mon âge je n’avais pas envie de passer du temps à me résumer. Et puis, il faudrait savoir qui je suis. Vous le savez, vous, qui vous êtes ? Mais un beau matin on m’a parlé de MySpace. « Quoi tu n’as pas encore ta page MySpace ? » m’a-t-on crié dessus. « Même les morts ont leur page ! Je suis ami avec Patrick Dewaere ! » J’ai répondu que moi, question standing, j’étais plutôt du genre à tenir une chronique dans DS. Mais devant l’insistance de cette personne, et aussi à l’idée d’être ami avec Patrick Dewaere, je fus contraint d’ouvrir ma page.
Le premier jour, je fus assez heureux : je me suis dit que j’allais trouver de nouveaux amis, c’est vrai, les miens sont vieux, ils perdent leurs poils alors j’aimerais bien en changer.
Et puis je peux l’avouer : j’allais peut-être aussi trouver des lectrices enflammées.
A peine ma page ouverte, j’ai eu plein de propositions. Tout le monde s’est bousculé pour être mon ami. Je rougis, je bafouille, j’en perds mon grec. (…)
Mais assez vite, je me suis aperçu que tous mes nouveaus amis étaient des acteurs ayant une pièce à vendre ou des musiciens qui saturaient ma page de leur musique.
Quelle tristesse, quel effondrement ! Moi, qui me croyais populaire, j’étais simplement devenu un homme-sandwich virtuel. Je vous le dis : on m’a menti, on m’a trahi !
On m’a vendu de l’amitié alors que je n’étais qu’un vulgaire panneau publicitaire.
Au secours mon ego est écrasé par celui des autres !
Moi qui pensais que mySpace c’était le grand retour des années 70, qu’on allait tous s’aimer dans une ambiance peace and love ! Au contraire je crois que nous n’avons jamais été si bien dans notre temps : celui du capitalisme souriant.
Et je vous passe aussi les autres déceptions : les actrices qui m’écrivent uniquement pour rentrer en contact avec mon frère (un important directeur de casting de cinéma), ou les jeunes écrivains qui m’envoient des manuscrits à faire passer à Gallimard.
En fait ça ne me dérange pas, je ne leur reproche rien. J’aime bien rendre service.
Ma page Myspace est devenue une sorte de secrétariat pour ceux qui veulent quelque chose.
Au cas où cela intéresserait quelqu’un, je peux aussi proposer des cours de guitare, donner la recette de la moussaka ou même vous faire rencontrer Florian Zeller."
page My space de David Foenkinos :
http://www.myspace.com/davidfoenkinos
> Excellent !
Tu dénies ton attirance pour moi, c’est tout ce que je vois…
Moi je suis ami avec David Foenkinos, mais c’est juste pour qu’il me prête sa femme pour qu’elle fasse les vitres chez moi…
Euh… pour conclure le débat (en ce qui me concerne) sur les réseaux virtuels, je me permets de signaler deux choses :
1. Un numéro hors-série de Courrier International de ce mois-ci concernant "La Révolution 2.0".
Il coûte 7 euros mais l’ensemble est remarquable, précis et très bien informé. On y parle, avec humour, des aventures et mésaventures mercantiles sur myspace et autres.
Je conseille vivement pour approfondir le sujet.
2. Les rencontres et réseaux sur le web relèvent, semble-t-il, de la… "sérendipité".
Terme (que je ne connaissais pas du tout) un peu barbare et marketing qui désigne, en gros, la capacité à rebondir de personne en personne, au gré des rencontres, des situations et des aventures, jusqu’à trouver le bon interlocuteur.
La "sérendipité" est une notion majeure de la psychologie, de la sociologie et du management. Elle vise à expliquer comment certaines situations humaines apparemment chaotiques (multipliées par la puissance des réseaux virtuels) créent du savoir, de la créativité et… de l’art.
Voilà, si myspace et surtout facebook ont du succès (au-delà du cynisme mercantile évident), c’est aussi parce qu’ils contribuent à favoriser la… sérendipité (dur à retenir ce mot!).
Cordialement ! 😉
merci très cher (hoplite était presque le lecteur parfait jusqu’à ce qu’il ouvre sa page myspace…, argh !); j’adore les nouveaux concepts. néanmoins je préfère l’expression de D.Foenkinos ("le capitalisme souriant") à "sérendipité". D’ailleurs à ce sujet, que pensez vous de sa chronique (histoire que je ne me sois pas galérée à la retranscrire pr rien…) :
Bien vu, drôle ou non avenue, naze… ?
Je suis curieuse d’avoir votre avis (intransigeant) !
Ben, je suis parfaitement imparfait parce qu’en ce moment, je m’éclate vraiment sur Facebook (qui est génial)!:-)
Concernant Foenkinos, son texte est pétillant, plein d’humour et de vérités. L’image de "l’homme sandwich virtuel" est bien trouvée.:-)
Maintenant, pour le plaisir du texte, il joue un peu le naïf ("On m’a vendu de l’amitié…") et grossi le trait du miroir aux alouettes…
Donc un texte efficace et drôle.
Mais une contradiction : Foenkinos possède quand même… deux pages sur myspace ! 🙂 (une à son nom, une au nom de "Qui se souvient…").
L’art d’appartenir à un club, sans y être vraiment… On gagne à tous les coups, comme ça !:-)
Cordialement et merci pour la reproduction de l’extrait!
Mon Myspace dans ta g… Ou Big G back from L.A.
Les anges déchus de Los Angeles
« Les gens ont peur de se retrouver sur les autoroutes de Los Angeles. C’est la première chose que j’entends quand je reviens en ville. » Ainsi commence « Moins que zéro » (1985), le premier roman de Bret Easton Ellis, porte parole de la énième « génération perdue ». Autant dire un instantané d’une certaine population de Los Angeles. Friquée, blasée, cocaïnée, et alcoolique, passant son temps en bagnole pour aller de « party en party » toutes plus superficielles les unes que les autres. Il faut dire que Los Angeles (7 millions d’habitants downtown, 20 millions dans la région) est le nœud central d’un réseau d’autoroutes (freeways) de plus de mille kilomètres dans toute l’agglomération. La bagnole : c’est la première spécificité d’un habitant de L.A (prononcez « é-laye »). En avoir ou pas, telle est la question… En posséder une, de caisse, est une obligation. Sans véhicule (et pas n’importe quelle marque, attention !), t’es un homeless, un moins que rien, en dessous de zéro…
Voilà pourquoi dans les séries américaines, depuis Starsky et Hutch, en passant par Rick Hunter et The Schield, récemment, les (anti)héros, hard-boiled, passent leur temps le cul dans une tire, à rouler, rouler… Leur sacro-sainte voiture (voir les films « Crash » ou « Duel »), c’est le canasson d’antan, période far-west. Poney-express… Les voitures et la fête : vous parlez d’un folklore ! N’empêche, on peut voir de drôle de choses sur les routes de L.A. Des oiseaux, en quasi liberté, tenir compagnie à un automobiliste dans une banale Subaru (à quand les poissons ?), par exemple. J’ai aussi senti le sol trembler, un jour (j’ai cru que c’était le big one tremblement de terre…), à cause des basses d’immenses baffles d’un OVNI black rempli de rappeurs de la même couleur. Montre-moi en quoi tu roules, je te dirais qui tu « hais »…
Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur la Cité des Anges et le pays de la liberté. A peine débarqué de l’aéroport – le plus grand du monde, of course ! -, ce n’est pas Hollywood que l’on découvre mais Blade Runner (écrit par Philippe.K. Dick, ne l’oublions pas, qui a traîné ses guêtres à L.A un paquet d’années). Une caméra vient d’enregistrer ma pupille, j’ai collé mes doigts sur un capteur d’empreinte électronique (me voilà fiché, bon pour Guantanamo si je déconne trop…) : bienvenue en Californie ! Une « guédro » alcoolo Blanche (la précision est utile dans ce bled volé aux Mexicains, don’t forget, à majorité latino) se fait mettre les pinces par deux colosses noirs dans la salle d’attente. Elle proteste dans l’indifférence générale (on n’est pas à la gare du Nord…) : « Quand on vient en vacances à L.A, on a des chances de repartir en liberté conditionnelle… », confie James Ellroy sans un sourire.
Sur l’escalator qui mène à la sortie un caniche blanc aux oreilles roses suit comme il peut une sirène asiatique mal attifée… La nuit n’est pas encore tombée. Des balais d’hélicoptère déchirent bientôt le ciel d’encre à la recherche des desesperados outlaws. On se croirait dans Apocalypse Now… Que dis-je ? New York 1997 de John Carpenter, Star Trek, la Guerre des Etoiles. Les klaxons des pompiers hurlent comme des monstres géants. D’étranges créatures étranges se baladent dans un vacarme perpétuel et une écœurante odeur de graillon. Au petit matin, le soleil brille (la pluie est un évènement : il fait beau 325 jours par an !) et les clandestins mexicains se comptent (les expulsions sont le sport régional). Le breakfast dure… jusqu’à midi. Si les ricains passent leur temps à bouffer et boire, c’est pas pour se donner une contenance, c’est pour grossir, engraisser le système : money ! money ! money !, on ne parle que de fric à L.A. Un scénariste de sit-com, rencontré lors d’une « party » caritative (au pays de la bonne conscience hypocrite) ne vous dira pas un mot sur la qualité de ses dialogues. Bourré à la vodka-Redbull, il annonce fièrement combien de putains de dollars il a gagné l’année précédente… Si vous voulez survivre à L.A, oubliez Paris Hilton et Britney Spears, ersatz people pathétiques de la grande et tragique Marylin Monroe (née et morte à Los Angeles). Et faîtes comme les grands Hammet, Faulkner, Fitzgerald, Hemingway, Harrison, Crumley, oubliez Hollywood. : « On nous traite comme des chiens, on fout en l’air nos meilleures idées, on transforme nos personnages en marionnettes, on édulcore nos dialogues – et qu’est-ce qu’on obtient au bout du compte ? La fortune ! » (Hollywood, par Charles Bukowski, 1989, juste après le tournage de Barfly, avec Mickey Rourke). Bukowski, cousin littéraire de Fante, c’est lui l’écrivain emblématique de Los Angeles… Vous comprendrez pourquoi à la fin de cet article.
Bon, allez, cessons de tourner autour du pot. 1) : Raymond Chandler, 2) : John Fante, 3) : Charles Bukowski (les bons), 4) : James Ellroy (la brute). Vous remuez le tout et vous avez 5) : Bret Easton Ellis (le truand, auteur d’« American Psycho »). J’allais oublier le vrai truand, Edward Bunker (« Aucune bête aussi féroce », la trilogie des bas-fonds de L.A, selon James Ellroy, qui s’y connait)… Et Walter Mosley, Ok… Ross MacDonald et Joseph Hansen, why not ? « Nathanael West, aussi, me souffle Nicolas Richard, auteur de polard et traducteur de Hunter.S. Thomson (une bio US a paru en octobre), entre autres : « L’Incendie de Los Angeles » (1939)- ou « Day of the locust », son titre original – est considéré par beaucoup, dont F. S. Fitzgerald, comme le meilleur roman sur Hollywood. Sans oublier Miss Lonyhearts, qui est l’ancêtre de Fante…. Parmi les petits nouveaux, il y a l’épatant Rob Roberge ("Panne Sèche" traduit par ma pomme dans la Série Noire), dans la tradition de ces grands et brosse un portrait pas piqué des hannetons de L.A. Enfin, « Scream at the Librarian", de Joel J. Rane (publié par ABC Another Brooklyn Chapbook) : une galerie de portraits d’usagers de la bibliothèque de Los Angeles – c’est sorti il y a quelques mois : très court, cinglant, désespérant, crade : les Anelinos qui fréquentent la bibliothèque sont essentiellement des clodos, des marginaux, des tarés (et la boucle est bouclée, nous voilà revenus à Bukowski!). » On y vient, on y vient… « Tu devrai mettre davantage l’accent sur Chandler, me souffle Yannick Bourg, autre polardeux émérite, grand spécialiste de la question. C’est lui qui a donné ses lettres de noblesse à la ville, et puis mentionner l’ex-flic Joseph Wambaugh, indispensable : c’est le mentor d’Ellroy (il représente ce qu’est Fante pour Buk ), à l’occase lis son " Soleils noirs ", c’est un chef d’œuvre ( et en poche ). » Dont acte… Signalons également, le très bon roman de Paula Fox, « Côte Ouest » (Ed. Joëlle Losfeld), paru en 1972, qui désacralise une bonne fois pour toute L.A et Hollywood en général. Et Ray Bradury, shit !, j’ai failli oublier ce martien encore vivant… Los Angeles est devenu un territoire fertile pour les écrivains de fiction du XXème siècle, à peu près en même temps que la naissance du cinéma. C’est dit. Thank’s for the ride…
Bref, s’y trouvent ce qui se fait de mieux dans le genre littérature « noire » (pas black) américaine. Leur point commun ? Ils ont grandi, vécu, bossé, baisé, chié, picolé… et roulé à Los Angeles. Ils se sont cassé le nez sur le miroir aux alouettes d’Hollywood. Ils se sont vengés en dépeignant les coulisses de la Cité des Anges. Leur œuvre est aussi sombre que la lumière de L.A est claire, lumineuse, éblouissante… aveuglante même : « inquiétante, ajoute Ellroy, mais c’est chez moi. » ; comme de l’or au soleil. Ils ont cristallisé leur envie de meurtre dans leur œuvre. Ils ont souffert à L.A mais ils ne peuvent pas s’en passer. Leurs écrits sont sous tension, bourrés d’énergie, toujours en mouvements : « L’éducation d’un écrivain n’est rien de plus que les livres qu’il a lu » note James Ellroy. Il oublie la ville où il a grandit et les femmes avec qui il a vécu, y compris la mère, les putes… et les mortes. Son obsession (sa mère a été victime d’un serial killer, comme Betty Short, surnommée le Dahlia Noir…
Bienvenue en Californie : « (…) j’avais envie de me défiler pour ne pas revenir mais, ça, c’était la voix que je n’écoutais jamais. Parce que si ç’avait été le cas, je n’aurais pas bougé de la ville où j’étais né, j’y aurais travaillé dans la quincaillerie, aurait épousé la fille du patron, fait cinq gosses, aurais lu les bandes dessinées du journal du dimanche matin, calotté les mômes s’ils faisaient des bêtises, discuté avec mon épouse du montant de leur argent de poche et des programmes qu’ils pouvaient écouter ou regarder à la radio et à la télé (…) Tu peux opter pour ce régime-là mon pote. Moi, je choisis la grande ville, sordide, sale, pourrie. » (« The Long Good-bye » (sur un air de navaja) de Raymond Chandler, 1953).
Un peu plus loin, même topo : « Dans le lointain, des ululements de sirènes de police ou de pompiers rompaient constamment le silence. Vingt-quatre heures par jour, quelqu’un fuit pendant qu’un autre essaie de le rattraper. Là-bas, dans la nuit des mille et un crimes, des êtres humains mourraient, étaient mutilés, déchiquetés par des éclats de verre, écrasés contre des volants ou sous de larges pneus. Des êtres humains étaient battus, volés, étranglés, violés, assassinés. Des êtres humains étaient affamés, malades, rongés d’ennui, de solitude, de remords ou de crainte, cruels, fébriles, secoués de sanglots. Une ville qui n’est pas pire que les autres, une ville riche, vigoureuse et fière, une ville perdue, éclopée, vide. Tout dépende de la place que vous occupez, du standing auquel vous pouvez prétendre. » Dans les romans de Chandler, comme ce fut le cas chez Dashiell Hammett, le tueur, le détective et le policier ne sont pas totalement bons ou mauvais. Ils descendent la pente en cherchant leur salut. Il s’agit de Rédemption, comme chez Conrad ou Melville. Cinquante ans plus tard, son successeur, James Ellroy (« Le Dahlia Noir », « L.A Confidential », « Le Grand Nulle part », ne dit pas autre chose, qui dit rêver de se réincarner dans les années 40-50, travaille sur le même thème : « Je crois en la Rédemption, mais pas en termes religieux. Les personnages qui m’intéressent sont ceux qui brisent les jambes de l’Histoire. Qui mettent en acte au plus bas niveau les décisions politiques : les barbouzes, les poseurs de mouchards… Ce livre dépasse toutes les ventes des livres précédents… Je dois avoir touché quelque chose qui tient de l’inconscient collectif… Ces superbes années 58 où l’on pouvait faire du chantage sexuel, casser la gueule à de futurs informateurs, assassiner Jack la belle coupe… (Kennedy sic ! ndlr). La rédemption me touche personnellement. Vous connaissez mon histoire (sa mère a été assassinée sans doute par un serial killer ndlr). Ecrire a été ma rédemption. Passion, douleur, honte et regret. Tout cela est le roman noir. Passion et violence. » James Ellroy, l’écrivain type de L.A. A grandi à Los Angeles, est hanté par L.A, mourra à L.A… bien qu’il vive actuellement à Kansas City, avec son pit-bull, passant la majeur partie de son temps à regarder des matchs de boxe à la télé, après une bonne séance de pompes… Comme s’il était en prison. L.A est sa prison mentale. La plus grande de toutes.
Tout est possible à L.A. Pour le meilleur et pour le pire. De l’or en barre pour les écrivains dignes de ce nom. Dans son onzième roman paru en France, « Talk, Talk », T.C Boyle, enseignant à l’Université de Californie du Sud (USC), traite d’un thème tendance en ce moment : l’usurpation d’identité. Une femme, sourde-muette, est jetée en prison à cause de celui qui lui a volé ses papiers… La même chose est arrivée à un de mes amis Français alors que j’étais sur place. Il a du prouver qu’il n’était pas son propre voleur… Le même ami m’a raconté comme il a failli se faire braquer sur la route, quelques semaines seulement après son arrivée, par un junkie en fuite… C’est monnaie courante à L.A. Soit dit en passant, les droits d’auteur de T.C Boyle lui ont permis d’acquérir, sur les hauteurs de Santa Barbara, une vaste demeure historique due au célèbre architecte Franck Lloyd Wrigth. Tout va bien pour lui, merci.
Charles Bukowski, donc… Autant finir en beauté. Hank pour les amis, Henry Chinaski, son alter ego. Il a souvent raconté comme il a eu la révélation (littéraire) en lisant un certain John Fante à la bibliothèque municipale. Fante, mort sans le sou et estropié, après des années de baston avec les requins d’Hollywood. Son fils spirituel, le « vieux dégueulasse » a terminé sa carrière littéraire avec « Pulp » (Grasset, 1994), roman qui met en scène un détective privé à qui la Mort, superbe créature pulpeuse (forcément !) fixe une étrange mission : mettre la main sur Céline ! Vous avez bien lu, nôtre Louis-Ferdinand… Car le bon docteur Destouches n’est pas mort à Meudon en 1961. Il vit à Los Angeles, bien sûr. Et il dégaine plus vite que bon nombre d’écrivains de la côte Est et de Saint-Germain-des-Prés réunis. La parabole est trop belle : L.A on peut la baiser, mais à la fin c’est elle qui vous baise. Entre-temps, vous n’avez que le droit de raconter comment elle s’est passé… La baise. La vie, quoi. Noire et belle à la fois. « Pulp », le dernier roman de Bukowski est un hommage aux polars. Il se passe à L.A et ça pue la mort. Les anges sont des chiens de l’enfer, je vous dis…
Guillaume Chérel, auteur de « Prends ça dans ta gueule » (édtions du Rocher), son dernier roman paru. myspace.com/guillaumecherel
Comme les blogs, myspace est ce qu’on en fait. Ccertains vont en faire un lieu de culte d’eux-mêmes et d’autres s’orienteront vers le partage. Ce n’est pas l’instrument qui est mauvais c’est son usage.
> Merci Hoplite pour ton avis sur la chronique de D.Foenkinos. Moi j’ai bien aimé le coup du changement d’amis qui perdent leurs poils, etc…
J’aime bien cette chronique qu’il tient dans le magazine DS, celle de ce mois-ci est sympa aussi bien que très girly (il y est question de fringues… 😉
Sinon il faudra quand même me dire en quoi tu t’éclates sur Facebook, tu aiguises ma curiosité là… Tu me diras que je pourrais m’inscrire rien que pour voir mais j’ai vraiment la flemme…
> tiens monsieur Chérel, un revenant ! Je serais curieuse d’avoir l’avis d’un écrivain sur l’intérêt d’un myspace versus un blog par ex (as tu toujours ton blog du reste ?). Et merci pr cette analyse en live de la cité des anges bien qu’un peu décalée sur le sujet mais néanmoins intéressante.
> oui downtown, pas mieux !