Tout(e) fan qui se respecte doit découvrir le fameux petit livre Sex and the city de Candace Bushnell ayant inspiré les scénaristes de HBO pour la géniale série éponyme. Le livre est désormais disponible en collection poche. Toute crainte de mauvaise littérature chick litt’ est vite balayée ! Même si on ne retrouve pas exactement le mythique quatuor des copines new-yorkaises, l’ambiance et le ton sont bien là. Et c’est finalement l’essentiel. Candace Bushnell (photo ci-contre), alors journaliste branchée au New-York Observer (dont Carrie serait l’alter-ego), a un véritable don pour la réplique qui fait mal et l’aphorisme bien senti. Impitoyable, snob, sarcastique mais finalement fragile et touchante, elle parvient à livrer un portrait attachant de ces new-yorkaises blondes brillantes et sexy « en petite robe noire », qui rêvent d’une bague à leur doigt dans cette cité où sont exacerbés le désir et le désespoir… Bret Easton Ellis, qui pourrait être un cousin, ne s’y est pas trompé en saluant son talent pour « saisir la vérité qui tue »…
« Il est temps. Temps de cesser de se plaindre que les hommes ne sont pas assez bien. Temps de cesser de consulter son répondeur toutes les demi-heures pour vérifier qu’il n’y a pas d’appel (d’un homme). (…) Oui, il est temps d’épouser un New-Yorkais, et, le plus beau, c’est possible. Alors, détendez-vous. Vous avez tout le temps. Croyez-moi.«
Sur un ton pseudo-journalistique (de type « enquête » avec citations de témoins), la narratrice nous fait découvrir la faune glamour et branchée de Manhattan, des trentenaires hommes et femmes en pull cachemire et sacs Prada : acteurs, chanteurs, réalisateurs, productrice de cinéma, peintre plasticien et banquiers d’affaires… Celle qui « préfère l’argent à l’amour ». Elle nous entraîne dans les bars et restaurants select de l’Upper East Side, Tribeca, Park Avenue ou du Bowery Bar au Four Seasons… Elle nous dévoile leurs discussions les plus intimes entre la mousse au chocolat, les canapés d’oeufs de saumon sur blinis au maïs et les cocktails (surtout verres de vodkas, le célèbre « Cosmopolitan » semble être une invention de la série), « un mot qui fait rêver, on pense à Katharine Hepburn et Cary Grant« …
Sujet : les moeurs amoureuses et autres pratiques sous la couette (et ailleurs !) qui feraient écarquiller les yeux d’un Houellebecq !
Et cela ne manque pas de piquant ! Expérimentation de clubs échangistes (« J’aurais dû trouver ça sexy mais ça m’a fait penser à un documentaire animalier du National Geographic sur l’accouplement chez les Babouins« ), débat existenciel tel que « Les femmes bordéliques sont-eles meilleures au lit ?« , l’amour à trois (qui est une « variante sexuelle » et non pas « une déviance sexuelle » comme chacun sait…), la concurrence des mannequins (qui a inspiré un épisode de la série d’ailleurs) et des petites serveuses de 20 ans, les visites aux amies devenues des « desesperate housewives » dans le Connecticut (épisode « Babyshower » de la série), les soirées où l’on chasse les beaux partis,les garden parties à South Hampton, la station balnéaire chic de la côte Est, les parties de golf, de tennis ou encore le ski à Aspen… Autant de tranches de vie dorées et pimentées qui se dégustent bien frappées !
C’est donc une oeuvre bien différente de la série (la saison 1 est la plus proche du style du livre) que l’on découvre dans ce petit livre (le producteur a d’ailleurs du mérite d’avoir su déceler dans ce recueil une série TV !). Sans véritable histoire, il s’agit plus d’une photographie, d’un portrait sous une forme très originale d’une certaine génération de femmes, amazones qui n’ont pas froid aux yeux (ni ailleurs) et d’hommes un peu déboussolés, qui n’arrivent plus vraiment à communiquer et à s’aimer. Des hommes qui ne veulent plus s’engager (« Il n’a aucune envie de s’embarrasser de la névrose d’un autre être humain. », « Tout le monde sait qu’à New-York les hommes font s’excellents amis et des maris exécrables. ») et des femmes dominatrices qui veulent leur passer la bague au doigt à tout prix et même les dresser (!)
On croise une « Samantha Jones » cousine de son double du petit écran sauf qu’elle est productrice de ciné, une Miranda et une « Belle » mariée et rangée (du moins en apparence) qui pourrait être une parente de Charlotte. Carrie est aussi bien présente et constitue le personnage le plus récurrent (sans être pour autant la narrtrice). Elle sort avec un certain « Boss » à la fois égoïste et paternaliste qui fume le cigare, ressemblant à Mister Big.
Toutefois, ici aucun de ses caractères n’est réellement fouillé et bien différencé. Elles ressemblent toutes plus au moins à la Sam de la série (avec son aplomb et son appétit sexuel). Il s’agit plus de silhouettes évanescentes qui se croisent, plutôt blasées, autour de dîners ou de vacances jet set.
On ne retrouve pas non plus les alternances de périodes de célibat et de vie en couple qui jalonnent la vie des héroïnes de la série.
C’est une autre perspective qui n’en reste pas moins savoureuse. On est plus ici dans une sorte de petit traité sociologico-humoristique où l’auteur, Candace Bushnell, fait preuve d’un oeil aiguisé et d’un humour sardonique pour dépeindre ses congénères. Loin de toute mièvrerie chick lit (genre auquel elle est souvent assimilée à tort), son franc parler fait souvent sourire voire littéralement rire avec un aplomb cru quasi bukowskien et une légèreté rappelant un Jay Mc Inerney. Accrochez vos ceintures ! [Alexandra]
Voir le site de Candace Bushnell
EXTRAITS CHOISIS :
La génération X vu par Skipper : « Le monde est bien plus pourri qu’il y a 25 ans. ca m’emmerde d’appartenir à une génération qui n’a que des problèmes à offrir. »
« Les femmes bordéliques sont-elles meilleures au lit que les autres ? L’hôtelier s’était fait une théorie : « Si vous entrez chez une femme et que vous voyez tout bien à sa place, vous pouvez être sûr qu’elle ne sera pas du genre à passer la journée au lit et à faire monter de la cuisine chinoise. Elle va vous obliger à vous lever et à manger des toasts assis à la table de la cuisine. »
« Quand on est beau, riche, célèbre et qu’on « connaît tout le monde », on échappe aux lois qui régissent la vie du commun des mortels. »
« Les deux choses que les femmes recherchent : un homme qui sache parler et comprendre comme une fille, mais qui se comporte comme un mec au pieu. »
« Moi je crois que quand un type dit à une fille qu’elle fait une taille de trop c’est pour compenser qu’il fait une taille de moins dans un autre domaine. »
« A New-York une femme célibataire qui a fait carrière a deux possibilités : se taper la tête contre les murs en cherchant à se caser à tout prix ou dire : « Et puis merde », et passer de conquête en conquête comme un homme. »
« Bienvenue dans l’ère de l’innocence perdue. Les lumières rutilantes de Manhattan brillent toujours, qu’avait choisies Edith Wharton comme de toile de fond à ses romans d’amour qui nous faisaient battre le coeur, mais la scène est vide. Plus personne ne prend son petit déjeuner chez Tiffany, plus personne ne cultive le souvenir de ses aventures amoureuses. Non : aujourd’hui, nous avalons une tasse de café à sept heures du matin et essayons de les oublier aussi vite que possible. Comment en sommes-nous arrivés là ? »
Amalita : « Le problème c’est pas de coucher. Si un homme me plaît, je couche de toute manière. C’est le fait de ne jamais être sur un pied d’égalité avec eux. Tu es toujours leur employée. Alors, autant que tu en tires un peu de cash. »
Sur les clubs échangistes : « Le problème dans les clubs ce sont toujours les gens. On y rencontre des actrices en mal de contrat ; des chanteurs d’opéra, des peintres, des écrivains ratés. Des cadres moyens qui ne seront jamais cadres supérieurs. Des mecs, qui s’ils arrivent à vous coincer dans un bar, vous bassineraient pendant des heures avec leurs histoires d’ex-épouses et leurs problèmes digestifs. Des gens qui ne trouvent pas leur place dans la société. ils sont vaguement marginaux, dans leur vie sexuelle et dans leur vie tout court. Mais ce ne sont pas nécessairement les individus avec qui vous avez envie de partager vos fantasme érotiques. »
Une mannequin : « Je suis une littéraire. Je lis. Je peux m’asseoir et lire un magazine d’un bout à l’autre. »
Libby (la copine d’un mec qui a honte d’elle-même s’il l’aime, reprise dans un épisode SATC) : « Je me suis toujours demandé si c’était parce qu’elle était insortable qu’elle avait une vie intérieure aussi sophistiquée. Tu comprends, quand on n’est pas super-top, on peut devenir quelqu’un de très intéressant. » « Tous les hommes détestent en secret les jolies filles parce qu’elles leur rappellent celles qui les ont repoussés au lycée. »
Une vanne pour les français… : « Miranda se demande s’il est vraiment bête ou s’il a simplement l’air bête parce qu’il est français. »
Une fois, un type m’a dit : « Viens passer le week-end à Saint Barth avec moi. On n’est pas obligés de coucher ensemble, je te le promets. Je veux simplement te prendre dans mes bras, c’est tout. » En revenant de Saint Barth il me dit : « Pourquoi tu ne m’as pas accompagné ? Je t’avais promis de ne pas te toucher. » Et moi je lui réponds : « Vous ne comprenez pas que si je pars en week-end avec un homme, ça veut dire que j’ai envie de faire l’amour avec lui. »
Extrait du chapitre « Comment trouver un homme à Manhattan. L’art et la manière »
Le dressage des hommes de Manhattan : « Il faut commencer le dressage dés le premier jour, dit Britta. Prenez Barry, par exemple (son mari). Malgré tout ce qu’il lui en a coûté, il n’était pas fait pour tomber sur une de ces bécasses qui lui auraient laissé la bride sur le cou. La femme qui le prendrait maintenant aurait une chance inouïe. Il est intelligent, gentil, il fait la cuisine et le ménage. Mais vous savez quoi ? L’apprentissage n’a pas été une partie de plaisir ! »
« Avant tout j’ai veillé à lui rendre la vie agréable. je lui faisais la cuisine. Tous les deux on a pris 15 kilos.«
« Un jour où je trouvais que ses yeux se baladaient un peu loin de notre table, je lui ai flanqué un tel coup sur la tête qu’il a failli tomber de sa chaise. Je lui ai dit : « Rentre ta langue dans ta bouche, mets ta queue entre les jambes et finis ton assiette. »
« Les hommes pensent qu’une mauvaise réputation est une maldie exclusivement féminine. »
« La plupart du temps, la vie n’est pas comme on voudrait qu’elle soit. Mais, de temps en temps, il se passe un truc, et ça marche. »
« Les réputations c’est comme les litières pour chat. Ca se change tous les jours. »
Autre extrait à lire : « Les mecs à vélo »
Tou(te)s les fans le savent déjà, le film « Sex and the city » sortira sur grand écran en mai 2008 (les producteurs du film seraient déjà en train de plancher sur un second volet) où l’on devrait voir notre célèbre Carrie réaliser le rêve de toutes les new-yorkaises : avoir enfin la bague au doigt !
La bande-annonce/teasing du film à venir pour patienter un peu… :
6 Commentaires
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il faut être fan de la série, c’est un pré-requis !! 😉
Je ne sais pas si ses autres romans ont aussi bien marché du reste…
A noter que son dernier roman, sorti en mai 2006 aux USA, "Lipstick Jungle" (le portrait de trois femmes de pouvoir dans la jungle New Yorkaise)
devient également une série produite par NBC, avec Brook Shields (Wendy Healy), Kim Raver (Nico Reilly) et Lindsay Price (Victory Ford).
Première diffusion le 7 février (aujourd’hui donc) sur NBC.
Pas de date encore pour la France, argh !
Site officiel de la série :
spoilersfrance.com/lipsti…
J’avais lu ce livre en 2006 (je crois) et j’en ai terminé avec un bof. J’avais essayé un autre, "4 Blondes", et c’est toujours bof. Au fait, je crois que le travail qu’elle fait avec les adaptations sont plus digestes. Je ne suis pas fan de la série, mais ça ne me dérangeait pas de la regarder…
J’ai trouvé quelques passages de ce livre dans une chambre une fois et c’est vrai que l’écriture ressemble a celle d’une chronique d’un Jeune et Jolie de 1986.
Par contre, cela reste disons, charmant.
L’histoire est plaisante malgré que la narration est réellement average.
[Partie du message H.S, déplacée ici >http://www.buzz-litteraire.com/c...]
[Message H.S, déplacé ici >http://www.buzz-litteraire.com/c...]
Candace Bushnell n’écrit pas comme un article de J&J, à la limite son ton est plus proche de celui du feu « 20 ans » s’il faut faire une comparaison avec un magazine féminin…
Magazine où œuvrait le célèbre « Diastème ».
J’ai d’ailleurs lu (suite à SATC), son recueil reprenant toutes ses chroniques pour 20 ans entre 1996 et 2003, « Un peu d’amour », paru aux Editions de l’Olivier, pour voir ce que ça donnait de lire des chroniques comme ça les unes à la suite des autres. Et c’était pas mal du tout (c’est un peu l’esprit d’un journal finalement ou d’un blog !).
Toutefois, pour en revenir à Bushnell, elle réussit à justement ne pas faire d’ « écriture magazine » que je n’aime pas du tout pour ma part (du moins ds un roman), elle la détourne, elle en fait quelque chose de ludique, de vif et de très original (cette trame narrative en forme de fausses chroniques fonctionne très bien j’ai trouvé) et surtout très DROLE.
Normalement tu devrais aimer (Mister Rose).
En même temps, comme je l’ai précisé, ce livre s’adresse avant tout aux fans de la série je pense… Si on n’aime pas la série (au public majoritairement féminin j’imagine), pas la peine de tenter ce livre. Si on aime/adore, foncez !
Sinon pour vos H.S (vos messages ont été déplacés au bon endroit), avec Philippe, sur Nicolas Rey.
Ça se passe ici : http://www.buzz-litteraire.com/c...