Dans le magazine GQ du mois de février 2009, à l’occasion d’une interview orchestrée par Frédéric Beigbeder, François Bégaudeau dévoile quelques indices sur son prochain roman « Vers la douceur » à paraître en mars 2009 (voir la chronique du roman « Vers le douceur », mise à jours mars 2009), aux éditions Verticales. Dans le sillage d' »Entre les murs » (adapté au théâtre et qui se joue actuellement au Théâtre ouvert jusqu’au 14 février 2009 – visuel de l’affiche ci-contre ; le texte de la pièce – Entre les murs, théâtre-récit – est publié aux Editions Théâtre Ouvert collection Enjeux, accompagné d’entretiens avec François Bégaudeau et François Wastiaux son metteur en scène), un roman de la rentrée littéraire de janvier tentait lui aussi de restituer une expérience de classe in vivo tandis qu’au cinéma Riad Sattouf présentera prochainement sa propre vision, tout aussi caustique, du collège et de l’adolescence…
Extrait de l’interview : Au sujet de son prochain roman (« Vers la douceur« ), François Bégaudeau explique qu’il s’agira d’un « pur roman. Pas de sujet extérieur, que de la fiction. Le narrateur pourrait vraiment être moi. En même temps il a un métier qui n’est pas le mien. Il est journaliste sportif de rugby. Mais il a mon âge, il s’agite un peu n’importe comment dans la vie, comme moi. Je crois qu’on va beaucoup dire que c’est générationnel. Mais moi, ce n’est pas ce qui m’intéresse, c’est plutôt un certain mode d’être au monde. Est-ce que c’est générationnel de dire qu’on est pas marié, qu’on glandouille un peu sentimentalement, que tout ça est un peu approximatif… Il se trouve que le mec a 35 ans mais son sujet est précisément de dire qu’il ne sera jamais un adulte. Pas au sens régressif du terme, au sens où ma façon de circuler dans la vie avec les nanas, avec les copains, c’est la même que quand j’étais étudiant avec un peu plus d’argent et une vie plus intéressante qu’à l’époque.
(…) je connais plein de gens mariés de 30 ans, très stables et très monogames. Moi, j’ai un goût pour le bordel affectif, j’aime raconter ça et j’aime le vivre. J’aime bien la drague à deux balles, je suis très action-vérité. Ce cheap-là me met en joie. Ce livre n’est pas du tout mélancolique. Je crois qu’il sera lu par certains comme « putain le pauvre mec quoi ! », mais c’est tellement drôle avant tout. »
Présentation de l’éditeur (Verticales) :
« Quand on couche pas, même si on est convaincu que ça avance à rien, animal triste et tout, eh bien on est angoissé, assez connement je dois dire mais voilà. Alors on essaie de trouver des plans, avec même de l’amour des fois, ce qui complique les choses, ou au contraire ça les simplifie, enfin faut voir, il y a un peu de tout dans ce dossier-là. »
Selon un subtil désordre chronologique, ce roman à épisodes brouille les pistes de l’existence de Jules, amateur de plans improbables, journaliste sportif et célibataire intermittent. De malentendus jouissifs en gags à répétition, l’auteur tient la chronique de ses aventures et fiascos parmi une dizaine de trentenaires des deux sexes. À moins que ce jeu de rôles archi-contemporain n’implose in extremis, pour s’ouvrir à une fantaisie sentimentale, assumée dans toute sa douceur.
Voir la chronique du roman « Vers le douceur »
A propos de l’adaptation de son roman « Entre les murs » au théâtre par François Wastiaux, François Bégaudeau commente :
« François Wastiaux a conçu un texte complètement original à partir du matériau littéraire que je lui ai fourni. Là où l’horizon de pur dialogue du livre s’articulait à un cahier des charges réaliste qui l’obstruait (de mon plein gré), là où Cantet et moi-même avons retenu essentiellement des situations pour les remplir de bouts de phrases improvisés dans le présent du tournage, François a en partie libéré les mots de leur ancrage situationnel, les a jetés en l’air et laissé retomber sur le personnage qu’il voulait. »
A noter aussi :
Dans le sillage du roman « Entre les murs » de François Bégaudeau, Chefdeville nous raconte son expérience en tant qu’animateur d’un atelier d’écriture dans un collège classé ZEP (zone d’éducation prioritaire) : « Pour commencer, comme je ne vous connais pas, ce serait bien que vous inscriviez chacun votre prénom, pas le nom, ça m’intéresse pas… ». « J’ai pas de feuille » « Moi non plus » « Perso, si mon nom y t’intéresse pas, alors je m’en bats les couilles » « De toute façon, ça sert à rien. On sait tous comment on s’appelle… » Langage fleuri, banlieusard voire SMS : l’auteur nous plonge dans l’univers de ces élèves à la dérive, que tout ennuie, surtout la lecture et encore plus la littérature. Rapport de force et dialogues de sourd entre l’animateur et les élèves : comment intéresser ce public qui n’a pas choisi d’être là… Ca vous rappelle quelque chose ?
De son côté, Riad Sattouf, auteur de romans graphiques et chroniqueur dans Charlie hebdo, connu pour ausculter, avec justesse et souvent beaucoup d’humour, cette période charnière de l’adolescence (« La vie des jeunes » ou encore « Retour au collège ») réalise son premier long-métrage « Les collégiens », fortement inspiré de son univers de dessinateur, qui devrait sortir en salles en juillet 2009. L’histoire ? Les intrigues amoureuses et amicales d’Hervé, 14 ans, collégien débordé par ses pulsions, physiquement ingrat et moyennement malin qui vit seul avec sa mère : « Au collège, il s’en sort à peu près, entouré par ses bons copains. Sortir avec une fille, voilà qui mobilise toute sa pensée. Hélas, dans ce domaine, il accumule râteau sur râteau, sans toutefois se démonter. Un jour, sans très bien comprendre comment, il se retrouve dans la situation de plaire à Aurore, l’une des plus jolies filles de sa classe. Malgré des avances de plus en plus évidentes, Hervé, un peu nigaud, ne se rend compte de rien. Quand enfin il en prend conscience, Aurore refuse de sortir avec lui. Puis, sans prévenir, elle se jette dans ses bras. Enfin, il sort avec une fille ! Grand amateur de branlettes et de films X, Camel, son meilleur ami, convainc Hervé d’essayer de coucher avec sa copine. Devant son copain, Hervé se vante de sa virilité, mais quand il est avec Aurore, c’est une autre affaire… » Parmi les acteurs qui encadreront les jeunes comédiens, on cite Vincent Lacoste, Anthony Sonigo et Alice Tremolières. Noémie Lvovsky, Irène Jacob, Valeria Golino et Emmanuelle Devos.
2 Commentaires
C’est sublime cet extrait d’interview, du début à la fin on dirait un énorme gag. Un gros truc à prendre au second degré. C’est pas possible dites-moi que Bégaudeau ne se prend pas au sérieux quand il énonce tant de lieux communs sur un ton exalté??? (ah on me souffle dans mon oreillette que si)
Par contre la BD de Riad Sattouf c’est très très bon. Très drôle. Et criant de vérité.
Je voudrai apporter cette précision, par rapport à cette remarque que je copie-colle
"disons que ce qui est plus "inquiétant" c’est de voir que la citation du roman proposé par l’éditeur semble tout droit sorti de l’interview…"
Oui, l’extrait qui suit FAIT BEL ET BIEN PARTIE INTEGRANTE DE L’INTERVIEW. C’est Bégaudeau qui le dit dans l’entretien et cela n’a rien à voir avec un extrait proposé par l’éditeur. Tout ce qui est en italique sont des propos de Bégaudeau.
Et donc en particulier, l’extrait ci dessous que tu as séparé du reste. J’ai scrupuleusemetn vérifé, j’ai le GQ de février sous les yeux.
"(…) je connais plein de gens mariés de 30 ans, très stables et très monogames. Moi, j’ai un goût pour le bordel affectif, j’aime raconter ça et j’aime le vivre. J’aime bien la drague à deux balles, je suis très action-vérité. Ce cheap-là me met en joie. Ce livre n’est pas du tout mélancolique. Je crois qu’il sera lu par certains comme "putain le pauvre mec quoi !", mais c’est tellement drôle avant tout."