Riad Sattouf met sur grand écran ses boutonneux de bande-dessinée : Les beaux gosses (Festival de Cannes)

« Manuel du puceau », « Retour au collège », « La vie secrète des jeunes »… Autant d’albums emblématiques du sémillant Riad Sattouf, auteur dessinateur réputé pour son coup de crayon incisif pour cerner les ébullitions testostéroniques des années collège et autres déconvenues du côté de ceux pour qui l’adolescence est vraiment « un âge ingrat »… C’est en réalisateur qu’on le retrouve au Festival de Cannes, où il présente son premier long-métrage, « Les Beaux Gosses », un teen movie dans la veine satirique de ses romans graphiques. Un bon buzz accompagne déjà ce premier coup d’essai… :


Le pitch : Hervé, 14 ans, est un ado moyen débordé par ses pulsions, ingrat physiquement et moyennement malin, qui vit seul avec sa mère. Au collège, il s’en sort à peu près, entouré par ses bons copains. Sortir avec une fille, voilà qui mobilise toute sa pensée. Hélas, dans ce domaine, il accumule râteau sur râteau, sans toutefois se démonter. Un jour, sans très bien comprendre comment, il advient qu’Aurore, l’une des plus jolies filles de sa classe, s’intéresse à lui… Entouré par une galerie de personnages truculents, Hervé tente de grandir dans ce petit monde en perpétuelle mutation, ce monde de l’adolescence ou les émotions apprennent à être dominées.

« T’as les yeux bleus comme du canard WC« 

Les premières photos qui circulent nous montrent que les personnages du film sont fidèles, au moins physiquement, aux « tronches » particulièrement savoureuses de ses dessins : appareil dentaire, points noirs, cheveux gras et coiffures improbables, looks heavy-metal… Tout y est ! Riad Sattouf a précisé qu’il souhaitait reprendre « l’approche naturaliste » de son Manuel du puceau pour raconter une histoire du point de vue des jeunes et plus particulièrement des « nuls », mais sans jugement.

Entre bizutage, tentatives de dépucelage et cours de sport…, Sattouf s’en donne à coeur joie pour dépeindre la vie, pleine de rebondissements !, d’un jeune en troisième. Adepte du comique visuel, il n’hésite pas à forcer un peu le trait ou à zoomer sur les détails qui tuent et ne manqueront pas de susciter les éclats de rire.

Parmi les quelques trouvailles du film saluées par la critique, on note l’idée du faux film porno internet de « mamanchaudasse.com » -dans lequel on aperçoit le metteur en scène- ou les émissions de radio, celle qu’écoute Hervé en se réveillant, façon Skyrock graveleux à souhait ou celle de sa mère, composée de voix inaudibles se coupant la parole.

Il récréée ainsi tout son petit univers à travers quelques situations types de l’adolescence : la salle de classe, la maison, la soirée chez une copine, la séance de spiritisme, etc.
Côté casting, on remarque la présence d’Irène Jacob en bourgeoise sexy, Emmanuelle Devos en directrice de collège allumeuse et Valeria Golino en actrice porno sur le fameux site www.mamanchaudasse.com. Enfin, Noémie Lvovsky apporte sa folie douce à l’envahissante mère d’Hervé, une divorcée dépressive et maman poule.
« J’adore parler de l’adaptation des gens à leur environnement, quand ils ont des pulsions trop fortes, comment la société les met dans une sorte de carcan pour qu’ils puissent vivre avec les autres, comment se transmet la conception du rapport homme/femme, la violence des parents aux enfants…« , a expliqué l’auteur à l’AFP.
Un film entre Gus Van Sant, les sous-doués et Todd Solondz… On le compare aussi beaucoup d’ores et déjà au film « Supergrave » de Greg Mottola.

Sortie prévue en salles : le 10 juin prochain.

L’avis (enthousiaste) de la dessinatrice et auteur Pénélope Bagieu (donné sur son blog : http://www.penelope-jolicoeur.com/2009/05/la-grosse-régression.html):
« Vraiment, vraiment, vraiment, j’ai adoré ! Je pense que quiconque a gardé des souvenirs bien pourris de son collège se retrouvera dedans, tout y est : les profs dépressifs, les parents intrusifs, les gros râteaux, les séances de spiritisme, la vilaine peau, les garçons qui ont un catalogue La Redoute sous la couette, la connasse-trop belle que tous les mecs de la classe veulent se taper, la super fête où on est pas invité, le roulage de pelle qui tourne toujours dans le même sens, le cours d’EPS avec les gros tapis de sol, le pelotage des seins par-dessus le T-Shirt, et les parents qui comprennent pas qu’on veut le pull à la mode que tout le monde a. Bref, j’ai beaucoup rigolé, je vous le recommande, ça sort le 10 juin, et de toute façon, il faut le voir rien que pour la scène du porno amateur avec Riad dedans et la nana de Hotshots (oui oui, Ramada).« 

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