Facebook, le fameux réseau social sur Internet, devrait constituer une source d’inspiration pour les romanciers d’aujourd’hui et de demain. Après la polémique suscitée par le départ de Frédéric Beigbeder de Facebook et sa chronique dans le magazine Voici s’inquiétant de ses dérives pour la jeunesse, Luis de Miranda, un jeune écrivain philosophe, auteur de plusieurs essais et romans (dont son dernier paru chez Plon en 2008 : Paridaiza, un roman d’anticipation sur fond de réalité virtuelle) proposait récemment un texte intéressant sur cette « expérience tragique, belle et douloureuse », sous influence de Bergson ou encore Deleuze et Guattari… :
Sur son blog, en forme de laboratoire autour du concept philosophique qu’il a inventé, « Le créalisme » (« une politique du réel en tant que co-création en devenir » selon la définition de wikipédia), il s’interroge notamment dans un billet intitulé « L’humain est un écran. Facebook est son message », sur cette impossible et illusoire quête à laquelle se livrent les millions d’inscrits tentant tour à tour de trouver des doubles ou alors de façonner les autres à leur image.
Il y écrit notamment : »Facebook est, en direct, une expérience tragique, belle et douloureuse. Sartre parlait de l’incommunicabilité des êtres. Et c’est bien ce qui se joue à chaque instant au fil des statuts et des posts : la volonté de formes vivantes de trouver un analogue, un double, une structure qui résonnerait, vibrerait selon la même fréquence. Mais aussi semblables que les artifices de la société tentent de nous rendre (le langage, la culture, les expériences partagées du divertissement ou des rites), nous restons tous radicalement différents les uns des autres : nous sommes, comme le disaient Bergson puis Deleuze, des gerbes de création en devenir et reconfiguration incessante, dont seul l’effet de surface est commun. Facebook met en jeu, en temps réel, cette gesticulation humaine : celle d’une série d’entités individuelles étrangères les unes aux autres cherchant leur impossible double. (…)
Certains ont compris cette solitude humaine radicale. Ils ne cherchent plus leur double composite, mais plutôt à transformer les autres structures, par influence. À rendre l’autre un peu plus proche de soi, en attaquant point par point son édifice. Admettons que chacun de nous soit composé de mille points de structure – de mille plateaux, diraient Deleuze et Guattari. Je poste telle vidéo qui m’anime et tente par là de planter une punaise dans la structure de l’autre, espérant qu’au final, à force d’exposer mon goût, j’aurais, à défaut de rencontrer mon monstre frère, transformé l’autre en un reflet de mon territoire. Là encore, c’est illusoire. »
Vous pourrez lire la suite de son analyse sur son blog
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