Dix ans après Sex and the City, Candace Bushnell revient avec « Cinquième avenue » et diagnostique les symptômes de l’époque à travers les habitants d’un riche immeuble new-yorkais. Un nouveau roman jugé « addictif » par Nelly Kaprièlan, critique du Journal Les inrockuptibles, qui n’hésite pas à le qualifier comme « son meilleur roman » et à le comparer à un « Balzac qui s’hybriderait avec Friends ».
Avec l’œil sociologique aiguisé qui avait fait le succès de Sex and the city, Bushnell saisit le début de notre XXIe siècle, ses désillusions, ses illusions, ses nouveaux instruments sociétaux (iPhone, blogs et hedge funds).
« C’était juste après le 11 septembre. Tout d’un coup, les gens avaient jugé cruellement vains ce cynisme et cette superficialité qui faisaient battre le coeur de la ville. Brusquement, on avait trouvé vulgaire de rêver d’autre chose que de paix dans le monde, vulgaire de ne pas apprécier ce que l’on avait. Mais six ans s’étaient écoulés depuis, et la fougue de New-York ne pouvait pas être plus contenue que celle d’un pur sang, de même qu’il était impossible de contrarier la nature de la ville. Ainsi à peine passé, la période de deuil quasi général, des banquiers se réunirent pour concocter dans un chaudron magique, une mystérieuse potion. (…) Beaucoup d’argent, une pincée de jeunesse et un soupçon d’informatique. (…) abracadabra, apparut une nouvelle classe de millionnaires aux fortunes indécentes.«
A travers le vie d’un immeuble de la prestigieuse cinquième avenue, elle dévoile, à chaque étage, une strate de la société américaine entre vieilles familles riches (avec cadavres dans le placard) et nouveaux riches (bling-bling, traders de fonds spéculatif, etc.). Entre les deux, quelques jeunes wanna-be prêts à tout (prostitution, dénonciations via leurs blogs…) pour en être. La jalousie, l’envie, l’égo – tels sont les ingrédients de réussite. Je vois ça chez tous ces gens qui débarquent à New-York«
Elle dessine, ce faisant toute une galerie de portraits mais dénonce aussi avec une pointe d’amertume la fin d’une époque, celle sa génération (et de son confrère Jay McInerney) qui avait encore une certaine âme et fraîcheur quand ils s’éclataient dans les bars du Meatpacking District tandis que la relève ne jure que par le fric facile, le sexe cynique et le vernis brillant.
« Le shopping, ce n’est pas notre faute, c’est dans nos gènes. Les hommes partent à la chasse, les femmes font la cueillette.«
Néanmoins, si le cadre de ce roman chorale sur fond de bataille immobilière est alléchant, on pourra regretter sa rédaction bâclée (les scènes de sexe sont particulièrement ridicules) et le manque de profondeur de ces personnages caricaturaux. Quant à ses « réflexions » sur Facebook ou encore les blogs sont sans intérêt voire assez dépassées (« Tout le monde a une page perso sur Facebook. Sinon comment est-ce que vos amis peuvent avoir de vos nouvelles ?« ). On trouve néanmoins quelques formules claquantes mâtinées de cynisme au détour de quelques pages comme : « Dans les années 70, on pouvait acheter à peu près tout ce qu’on voulait avec un million de dollars, aujourd’hui c’est plus ou moins ce que coutait une fête d’anniversaire. » ou encore « N’oublie jamais que s’il faut un certain talent pour gagner beaucoup d’argent, il en faut encore plus pour le dépenser. » ou encore « , « Quand tu as un enfant, soit tu aimes ton mari encore plus qu’avant, soit tu perds tout respect pour lui. », « Elle regarda par la fenêtre en direction de l’East river. L’eau était brune, mais scintillante comme une vieille dame distinguée qui refusait de quitter ses bijoux. »
Cinquième avenue (Albin Michel), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Cunnington et Béatrice Taupeau, 445 pages, 21,90€
A lire également : la chronique du livre « Sex and the city », Chasse à l’homme dans Manhattan
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