Trois jeunes auteurs, également blogueuses, Sonia Rahal (auteur de « In and out » et du blog « Identités« ), Sophie Poirier (auteur de « La libraire a aimé » et du blog « L’expérience du désordre« ) et Emeline Bravo (auteur de « L’ombre de ton chat » et du blog « De la sexualité des araignées« ), âgées de 26 à 38 ans, nous ont contactés et/ou transmis leur premier livre, romans ou nouvelles. Nous leur avons donc proposé de se présenter et de vous raconter l’aventure de leur première publication chez des éditeurs indépendants : depuis l’écriture jusqu’à la recherche d’un éditeur et l’après-publication. Une expérience qu’elles jugent unanimement positive et riche en émotions, qu’elles souhaitent renouveler ! Témoignages :
SOPHIE POIRIER, auteur de « La libraire a aimé » chez Ana Éditions (avril 2008) et du blog « L’expérience du désordre :
Présentation : J’ai 38 ans et j’écris depuis toujours, avec une plus grande nécessité depuis l’âge de 25 ans. J’étais seule avec mon enfant, dans un appartement sans télé, et de longues soirées à occuper. La régularité est venue à ce moment-là, un moyen de dépasser la solitude. Je suis formatrice auprès de jeunes qui sont dans le cadre de l’alternance, je leur apprends à lire et à écrire, à être curieux aussi. Je suis aussi rédactrice en free-lance, c’est un exercice que j’aime beaucoup, écrire pour les autres, la contrainte du nombre de mots, le délai. Ça me rappelle l’école 😉
Ses influences et son univers littéraires : Je fais partie de ces lecteurs qui ont besoin de piles de livres à côté du lit pour se sentir bien. J’ai des plaisirs littéraires très différents : du polar à Duras, Paul Auster (of course) mais aussi Nancy Huston. Je m’éclate à lire Millenium et en suivant Raymond Guérin. Il y a des lectures de pur plaisir, d’autres qui sont plus sensibles ou plus intellectuelles. Je mettrais dans la liste récente : Cendrillon d’Eric Reinhart que je considère comme aussi important pour le XXIème siècle que l’a été Voyage au bout de la nuit pour le XXème. Et puis dernièrement D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère. J’étais tellement bouleversée que je lui ai envoyé une lettre pour lui dire. C’est la première fois que j’ose le faire. Il m’a répondu d’ailleurs, j’ai été très touchée. Donc, voilà, c’est très mélangé. J’aime qu’on me raconte des histoires, qu’on m’embarque et surtout la musique que font les mots ensemble.
Son blog et son rôle dans l’écriture : Mon blog s’appelle « L’expérience du désordre ». Je l’ai ouvert il y a presque deux ans maintenant, avant la publication de mon livre. C’est un espace parfait pour écrire toutes ces phrases qu’on a dans la tête et qui ne trouvent pas leur place dans un roman plus construit. Je m’amuse, je râle, je raconte, je m’interroge. Cela m’a aussi permis d’avoir une petite visibilité en tant qu’auteur, d’informer sur les rendez-vous, de rencontrer des lecteurs. Et puis j’adore aller sur les blogs des autres. Je trouve ça extraordinaire tous ces lecteurs gourmands, passionnés, curieux qu’on rencontre. La littérature ne m’a jamais paru aussi vivante, à l’heure où pourtant on s’inquiète de sa disparition… Mon livre, La libraire a aimé, est devenu un livre « voyageur » (voir chronique), que des lecteurs s’envoient après l’avoir lu. C’est assez délicieux de savoir qu’il se promène comme ça chez les gens…
L’écriture de son premier roman et les difficultés : Pour mon livre, La libraire a aimé, j’ai observé deux personnes qui se retrouvaient régulièrement à une terrasse de café à peu près à la même heure. Je savais que l’une d’elle était libraire. J’ai imaginé que ce rendez-vous était un rituel, qu’ils se retrouvaient pour parler seulement de livres et qu’un jour, lui, Paul, ne venait plus. À partir de là, Corinne l’autre libraire est obligée de partir à sa recherche, dans une sorte de nécessité. Du coup, elle doit laisser les livres de côté pour aller se frotter à la vie. Je me suis amusée à inventer, à mélanger le vrai et le faux. La rencontre avec Paul Auster, par exemple, a l’air exagérée, fictive (on m’a dit « ça c’est un peu gros quand même ») alors que je l’ai croisé (et suivi) en vrai. Dans la vie, je n’ai pas osé aller lui parler. Dans le livre, Corinne le fait à ma place. Mon personnage passe des livres à la vie, et moi je fais le contraire ! J’avais envie de parler de ça, que la vie compte, qu’il faut y aller, ne pas laisser passer les choses… J’écris vite, d’abord sur des vieux cahiers. Ensuite, c’est l’ordinateur. Là je compose la structure, j’y attache beaucoup d’importance, à la construction de l’ensemble. Après je relis beaucoup, à voix haute, j’écoute mon texte. C’est le moment du travail.
J’ai découvert avec celui-ci (puisque c’était la première fois que j’allais publier un texte) la peur de finir. J’ai réalisé comme ça pouvait être confortable d’écrire dans son coin, dans le fantasme du livre parfait qu’on peut toujours améliorer. Ce qui est bon, c’est l’excitation du début de l’écriture. Après, il y a ce moment où je me sens vide, abandonnée presque, des personnages, d’un propos. Et puis ça se remet à écrire dans la tête, et je prends un nouveau cahier…
La recherche d’un éditeur, ses démarches et difficultés : La rencontre avec Olivier Pasquet d’Ana Éditions est un hasard lié à un autre projet. Quand il a compris que j’écrivais, il s’est étonné que je ne lui propose pas à lire un manuscrit ! Avec lui, les choses ont été simples. Je lui ai donné à lire ce texte que je venais de finir, et il a dit OK. Mais avant, pour les autres manuscrits, j’avais envoyé… et reçu des lettres de refus. J’ai quand même eu un texte qui a été jusqu’en troisième lecture chez Gallimard. Ce moment-là avec Gallimard m’a suffit pendant longtemps, je n’envoyais plus rien à personne. Là, avec tout ce que j’ai vécu depuis un an, tout ce que la publication d’un livre demande d’assimiler, les émotions, les premiers lecteurs en chair et en os, les rencontres, je trouve ça bien de le faire avec un « petit » éditeur. Il prend le temps d’expliquer, il s’occupe de la promotion du livre, il respecte mon écriture et il me soutient vraiment.
L’après publication… : J’ai passé une année merveilleuse, avec des belles reconnaissances. De la part de lecteurs, de la part de libraires et de la part de deux écrivains, Serge Joncour et Eric Holder que j’ai rencontrés respectivement à Lire en Poche et à La Fête du livre de Soulac. J’ai fait des lectures, des dédicaces, j’ai rencontré des lycéens… J’ai l’impression aujourd’hui d’être plus exigeante avec ma propre écriture grâce à tous ces apprentissages. Le premier tirage de La libraire a aimé est épuisé, les commandes continuent à se faire. On est ici dans le cas d’un éditeur qui organise son propre réseau de distribution et qui n’a pas accès aux médias… Donc le bilan est ultra positif ! Et puis le prochain roman sort au mois de juillet, avec le même éditeur. Le titre « Mon père n’est pas mort à Venise », je l’ai trouvé tout de suite. La couverture est très belle.
J’ai très peur que tous ces bonheurs évoqués s’arrêtent là. Je me sens tellement dans ma vraie peau à vivre l’écriture ainsi. Je crois surtout que j’ai compris l’essentiel : qu’il faut faire (= agir, créer, fabriquer, ÉCRIRE) ses rêves, pas juste les rêver.
SONIA RAHAL, auteur de « In and Out » aux éditions Les Nouveaux Auteurs (décembre 2008) et du blog « Identités:
Présentation : J’ai 26 ans, je suis un melting pot de mère française et de père libanais, vivant et travaillant au Sénégal, ayant vécu au Canada et en Europe. De par mon cosmopolitisme, je ne revendique aucune appartenance si ce n’est celle d’une identité libre et plurielle. J’écris depuis que je sais écrire. Mais parce qu’il faut bien vivre et que j’ai besoin de m’impliquer dans du concret, je travaille aussi dans une ONG au Sénégal et mène une thèse de doctorat en parallèle.
Ses influences et son univers littéraires : Très tôt, écrire a été ma manière d’appartenir au monde. Les écrits existentialistes de Sartre, Camus, puis de la contre culture américaine Bukowski, Kerouac ont fait mon éducation littéraire. Et puis entre ces flash révélateurs, il y a eu pêle-mêle Baudelaire, Artaud, Ellis, Wolfe et plein d’autres. J’ai donc tout naturellement développé un penchant pour les personnages torturés et bancals en marge de la société et en quête de vivre-vrai. L’écriture m’a à la fois ouvert et coupé du monde. Ouvert au monde car l’écriture est un fabuleux moyen de déroute, qui déverrouille, nous fait sortir de nos rails, nous emmène là ou ne s’attend soi même pas, nous transcende et nous démultiplie. Et coupé d’une certaine manière, car une fois qu’on est dans la création, on préfère les véritables contacts avec l’autre, qui passent souvent des chemins tortueux et hors des balises. La connaissance de l’autre tient de l’ordre du miracle et d’un langage intangible que les banalités du quotidien empêchent. Il n’y a finalement que les fous furieux que j’arrive à comprendre. Avec lesquels je noue une communication secrète, presque indicible. Les autres sont dans l’arène et mènent des joutes perpétuelles que je ne comprends pas. Ils n’ont laissé aucun espace vierge, ont colonisé tout. Ceux qui ont conquis tous les espaces de l’imaginaire, ces bulles d’air hors du temps et qui sont dans la productivité et l’immédiateté ne m’intéressent pas. J’aime les êtres en suspens. Jamais totalement ici. Jamais tout à fait là. Ceux qui font absence au temps, pour mieux reprendre possession de leurs vies.
Son blog et son rôle dans l’écriture : Mon blog baptisé « Identités » illustre mon éclectisme et ma quête de sens, en allant de chroniques politiques et littéraires à des billets noctambules enfiévrés.
L’écriture de son premier roman et les difficultés : In and Out est l’histoire d’un homme qui raconte comment il s’est évertué à faire de sa vie un échec et qui prend délibérément le contrepied de tout ce qui pourrait le rendre heureux. Jude, névrotique, mec bouleversé et bouleversant, a décidé de faire de sa vie un échec cuisant. Il est un grand homme qui se reniera jusqu’au bout. Il décide d’endosser la peau d’un petit bonhomme vil et matérialiste. Quand beaucoup s’ingénient à être exceptionnels, Jude ordonne toute sa vie de manière à ce qu’elle soit profondément médiocre et banale et détruit au passage tous ceux qui auront cru en lui.
In and Out c’est aussi ce violent et impératif aller retour que Jude opère entre sa condition d’acteur et de spectateur de sa vie : tantôt au plus vif de sa vie, tantôt si loin qu’elle semble ne même plus lui appartenir.
In and Out a été écrit pendant mes années étudiantes entre Montréal, Dakar et Paris, en quelques mois, de manière violente et intense. Partisane de l’écriture automatique et sans contrôle, le plus dur a peut être été de sortir de cet apnée créatrice frénétique et de continuer à vivre dans le quotidien, quand dans ma tête Jude (le héros) avait déployé ses quartiers. La phrase de Cocteau m’a souvent accompagné : « On ne consacre pas à la poésie, on s’y sacrifie ». L’acte de création est aussi salvateur qu’il est aliénateur.
La recherche d’un éditeur, ses démarches et difficultés: J’ai connu le classique parcours du combattant du jeune auteur qui s’adresse à des maisons d’édition et qui se fait remballer poliment. Jusqu’au jour où on m’a parlé d’un concours de premier roman organisé par la maison d’édition Les Nouveaux Auteurs dont la formule originale est de noter les manuscrits reçus par un comité de lecture citoyen (fait de lecteurs lambda et non de professionnels de l’industrie du livre). Au sein du comité de lecture, le livre semble avoir suscité des réactions contrastée, de l’engouement hyper enthousiaste au désamour total ! Le livre est en vente sur le site des Nouveaux Auteurs, sur Amazon et en commande en librairies.
L’après publication… : Je suis satisfaite de cette expérience. Les Nouveaux auteurs donnent la chance à des auteurs inconnus d’intégrer le circuit de l’édition puisqu’ils se consacrent exclusivement à des « nouveaux auteurs ». Le système de comité de lecture de citoyen, fait de lecteurs « lambda » est également une formule originale puisque c’est la voix du peuple qui goûte, teste et approuve ( ou non) les manuscrits reçus. Un seul regret cependant : étant encore une jeune maison d’édition avec des moyens surement plus modestes que les majors de l’industrie, la visibilité des ouvrages publiés reste assez limitée. Je n’envisage pas mon avenir sans écrire ou plutôt sans réfléchir à ce que je vais écrire ! Je ne sais pas ce qui est le plus intense : la gestation d’un livre qui peut prendre des années sans qu’aucun mot ne soit couché sur le papier mais avec l’esprit alerte dans une agitation électrique ; ou l’écrit, quand le fluide vital se distille, évacuant et libérant une part de nous même, ravageant notre petit confort psychique.
J’ai un projet en cours d’écriture sur les personnes borderline : il s’agirait de construire un patchwork de notre génération désenchantée sans cesse sur le fil, entre obscurité et éclaircies fugaces. J’aime l’idée d’un éden perdu, d’une insouciance amputée à nous même, que cette broken génération tente de reconstituer, fébrilement, à coup de tafs, de verres hilares, de sexe, en faisant danser ses stilletos sur les dance floor glacés ; quand dehors, l’atmosphère du monde, elle, est de plus en plus irrespirable.
EMELINE BRAVO, auteur de « L’ombre de ton chat » et de « Le matin-bonheur de Monsieur Clap » (nouvelles) aux éditions Filaplomb et du blog « De la sexualité des araignées«
Présentation : Je suis chanteuse lyrique, professeur de chant et… blogueuse, nouvelliste aussi.
Je me souviens parfaitement du moment où j’ai décidé d’écrire ma première histoire. J’avais sept ans et ma mère, prof de français, passait ses dimanches à rire avec deux amies en préparant un livre de grammaire. Je m’ennuyais un peu et surtout je les enviais. Ça avait l’air formidable d’écrire un livre, tellement vivant, joyeux, festif. J’ai laissé ma sœur jouer aux poupées et j’ai commencé une histoire de sorcière, de couronnes d’épines et de prince. Après deux pages, j’en ai eu assez, Anna négligeait ma poupée qui avait manqué trois biberons et avait fait pipi dans sa culotte, aussi ai-je conclu en quelques phrases : la sorcière mourait à cause des épines plantées dans son crâne, le prince emportait la princesse sur un cheval blanc. Parcourant le résultat par dessus l’épaule de ma mère, le soir, j’ai été fière que la mort de la sorcière soit originale et cruelle et je me suis réjouie d’avoir résisté à la tentation de marier les amoureux. C’est pas mal pour un début, m’a dit ma mère. J’ai froncé les sourcils, saisie par l’injustice de mon sort. Je n’ai que sept ans, Maman, ai-je rétorqué en levant le menton. C’est bien, a répondu ma mère, tu as le temps de progresser.
Son blog et son rôle dans l’écriture : Plus tard j’ai testé mes histoires sur ma meilleure amie, ma sœur et ma mère et je n’ai quasiment jamais cessé d’écrire jusqu’à aujourd’hui. Je l’ai raconté dans mon blog. Je me rends compte que j’ai pris très tôt l’habitude de faire lire mes textes dès que je les estimais achevés. L’écriture en solitaire, je m’y suis faite et aujourd’hui d’ailleurs j’ai du mal à me concentrer si je ne suis pas seule et tranquille de nombreuses heures, mais le but est de partager… Avec mon compagnon qui écrit aussi, notamment sur son blog, nous hésitons constamment entre garder le secret sur nos textes jusqu’au bout ou nous donner à lire des chapitres au fur et à mesure.
Le problème c’est que recevoir trop d’éloges ou de critiques au milieu d’une histoire nous coupe parfois les jambes. C’est sans doute pour cela que plusieurs de mes nouvelles publiées au fur et à mesure sur mon blog sont restées inachevées à ce jour… Je considère mon blog comme un laboratoire intime et public. J’y mets de moi quasiment tout ce qui me passe par la tête et je teste des choses. Par exemple, sous l’influence du roman de Jean-Baptiste del Amo, Une Education libertine, j’ai publié quelques billets dans lesquels je décrivais mon Paris, reprenant certains mots de vocabulaire qui m’avaient plu… Ces billets ont suscité des réactions enflammées. Certains aimaient une noirceur qui transfigurait mon style, d’autres se disaient écœurés par un tel pessimiste, un style aussi travaillé. Une blogueuse a eu envie de décrire son Paris…
Ses influences et son univers littéraires :
Mes influences varient sans cesse parce que je suis une lectrice insatiable. Mais j’ai quelques modèles incontournables : Gabriel Garcia Marquez, Russel Banks, Nancy Huston dans Dolce Agonia ; récemment j’ai été impressionnée par La plage de Marie Hermanson, Une partie du tout de Steve Toltz et La voix du couteau de Patrick Ness… J’aime les histoires à plusieurs voix, les épopées d’une vie, les romans énormes qui me semblent contenir l’essence de la vie. C’est sans doute pour cela que je n’arrive pas à dépasser les quatre-vingt pages quand je me lance dans un tel projet. Mes ambitions me dépassent, je me retrouve avec dix personnages, des aventures à n’en plus finir, un plan qui ressemble à un catalogue et je cale… Mais je ne renonce pas !
L’écriture de ses nouvelles et les difficultés : Les deux petits livres qui ont été publiés aux Editions Filaplomb sont des nouvelles. J’ai dû les rédiger à une dizaine d’années d’écart. La plus ancienne, Le matin-bonheur de Monsieur Clap, je l’ai d’abord lue devant quelques amis un dimanche matin. L’un de nous avait donné comme sujet « Matin bonheur » et nous avions tous travaillé pour une floppée de résultats complètement différents… A l’époque j’avais la manie des « Monsieur », j’avais écrit une histoire autour d’un Monsieur Rip, une autre pour un Monsieur Poch. Avoir un sujet imposé m’a toujours énormément inspirée. Pour cela je suis persuadée que les cadres sont le contraire d’une contrainte. Mais c’est peut-être parce que j’ai des années de musique derrière moi que je pense de cette façon.
Le matin-bonheur de Monsieur Clap m’a apporté beaucoup de joie. Je l’ai écrit en quelques jours, entre carnet et ordinateur. Je me souviens de longs trajets en métro durant lesquels je prenais des notes. Arrivée depuis peu à Paris, j’étais fascinée par cette vie souterraine, la grisaille des visages, la contenance des Parisiens. Monsieur Clap est quasiment né dans le métro…
J’ai beaucoup plus peiné pour la rédaction de L’ombre de ton chat. D’abord parce que je n’avais pas écrit depuis de longs mois. Mon fils avait à peine un an et ne me laissait guère de répit et mon beau-père, époux de ma mère depuis dix ans, venait de mourir d’un cancer. Je vis à 500 kilomètres de ma mère et je ne cessais de me représenter sa solitude, ce qu’elle devait ressentir alors que son amour venait de mourir… C’est en pensant à elle, à tout ce que je ne pouvais faire pour elle, à ce que je ne pourrais lui dire et à son silence au téléphone, que j’ai eu envie d’écrire de nouveau. Mais les sentiments que cela brassait m’ont obligée à mêler le récit d’un tas de détails très éloignés de nous. Ainsi au final, il n’y a quasiment rien de ma mère dans cette histoire si ce n’est la solitude d’une femme qui croyait pouvoir aimer de nouveau… Par contre certaines paroles dans la bouche de l’homme sont de mon beau-père et certaines me font toujours pleurer…
La recherche d’un éditeur, ses démarches et difficultés : Il y a quelques années, j’avais pris mon courage à deux mains et j’avais envoyé des textes à des revues… Je n’ai reçu que quelques lettres sympathiques de refus et je n’ai jamais eu le courage d’essayer de nouveau.
Philippe Braye, créateur des Editions Filaplomb m’a débusquée sur mon blog qui en était à ses débuts. J’étais ravie. La pratique régulière de l’écriture me donnait des ailes et le mail de Philippe me demandant si, par hasard, j’aurais des nouvelles à lui envoyer m’a rendue euphorique. Je lui ai envoyé trois textes et il a choisi d’en publier deux.
L’après publication… : Les ventes malheureusement ne sont pas mirobolantes et Filaplomb est en difficulté… Toujours est-il que cette première reconnaissance de mon travail, ainsi que les commentaires que j’en ai eu m’ont confortée dans mon goût pour l’écriture. Je continue… J’écris beaucoup sur mon blog mais j’ai aussi quelques projets en dehors. Je manque un peu de temps mais normalement il me reste de nombreuses années d’écriture devant moi. J’ai bien l’intention de progresser !
10 Commentaires
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c’est une très bonne idée de nous faire (re)découvrir tous ces talents qui s’expriment et nous enchantent au quotidien sur la toile… qu’elles soient araignées ,comme Emeline, ou pas.
Bravo à toutes les 3 au passage.
Si c’est une blague me concernant sache qu’elle n’est pas drôle…
;)))))
sinon merci de m’avoir fait découvrir les éditions ana : une maison dans ma ville et je ne le savais même pas :0
a+
yann
Quelle belle idée de mettre en lumière de belles plumes !
Je ne connais pour l’instant que celle de Sophie Poirier (Magnifique !!! :-)) et je vais maintenant en découvrir 2 autres !
Le parcours du combattant de l’auteur… *soupir*
Heureusement que les petits éditeurs existent !
Ayant lu et apprécié le premier livre de Sophie Poirier, je me permets de le recommander chaudement.
Tous mes voeux à ces trois blogueuses passionnées.
Pour les fans de littérature souhaitant découvrir d’autres jeunes auteurs, voici un site et un blog dédiés à la publication d’un roman interactif.
http://www.erinegreen.com
erinegreen.over-blog.com
Bonne lecture!
je vais découvrir.
je confirme le plaisir à lire le livre de sophie poirier..
je la suis comme bloggueuse depuis longtemps… j’ai hésité à lire son livre.. la peur d’etre déçu..
mais non, le livre est très bon..
thancks
j’attends avec impatience de voir aussi la sélection masculine… comment y participer alors?
Eh bien moi, j’ai une aventure peu commune à raconter.
En 2007, j’ai envoyé un manuscrit au comité de lecture de nombreuses maisons d’édition.
Je n’ai reçu que des refus ; un certain nombre d’éditeurs n’ont tout simplement pas répondu à cet envoi, parmi lesquels “Les Éditions du Bord-de-l’Eau”, sises dans le sud-ouest de la France.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, quelque temps après, sur le blog de cet éditeur, un éloge de mon manuscrit par le directeur de cette maison, M. Dominique-Emmanuel Blanchard :
« J’ai noté que ça arrivait souvent comme ça : après des semaines d’indigences littéraires surgissent, deux, trois manuscrits qui m’enchantent.
Hier c’était “Malateste”, aujourd’hui c’est “Apostrophe aux contemporains de ma mort”.
Que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit d’une œuvre réjouissante malgré son titre. À commencer par son style.
L’ai-je assez déplorée cette pauvreté du style dans ce qui tombe dans la boîte postale et sur les messageries de BDL !
Et voilà que coup sur coup le style renaît, ne cesse de renaître de ses cendres (je vous épargnerai le cliché du Phénix, enfin, presque).
Voulez-vous un exemple de ce fameux style dont il m’arrive de rebattre les oreilles des incrédules ? Oui, n’est-ce pas ?
Voici donc :
“Ensuite je ne sais plus, j’ai un trou de mémoire. Je crois que les événements se sont précipités. Qu’on sache seulement que d’assis je me suis retrouvé couché sur le dos, qu’il n’était plus à côté de moi, mais sur moi, et que de paroles entre nous il ne pouvait être question, car il s’affairait à rendre la chose impossible à lui comme à moi.” »
domi33.blogs.sudouest.com…
Je n’ai jamais eu de nouvelles de cet éditeur. (Heureusement j’ai trouvé il y a peu un autre éditeur).
"Cendrillon d’Eric Reinhart que je considère comme aussi important pour le XXIème siècle que l’a été Voyage au bout de la nuit pour le XXème."
franchement! qui peut croire un truc pareil!!