Frédéric Beigbeder réagit à la mort de Michaël Jackson : entre Jésus Christ et Jean-Baptiste Grenouille…

Dans plusieurs médias, Frédéric Beigbeder (également DJ à ses heures perdues) interrogé sur le sujet du décès de l’inventeur du moonwalk, a exprimé son attachement à sa musique et à sa personnalité extrême quasi mystique. Et livre son analyse du parcours de l’artiste :

« Je suis fan de sa musique depuis longtemps, et depuis longtemps, je passe pour un ringard pour cette même raison. Je constate que les observateurs sont revenus à plus de raison depuis jeudi soir… »
(…) « Je ne suis pas d’accord quand on dit qu’il est en dessous de Presley ou de Lennon sur un plan artistique. Je rejoins Michel Houellebecq quand il dit qu’il était un artiste total. » En se massant autour des églises pour allumer des cierges à sa mémoire, le public a perçu la « dimension sacrificielle » de Jackson.

(…) « Les gens savent que, dans le fond, il a payé de sa vie une consécration de tous les instants à sa musique, depuis l’âge de 5 ans, poursuit Frédéric Beigbeder. Si Prince ou Madonna venaient à disparaître demain, l’émotion serait en deçà car le public perçoit que ces deux-là sont dans le contrôle permanent de leur carrière. Ils sont dans la gestion et beaucoup moins dans la spontanéité et la passion. A la différence de Michael Jackson, ce qui lui confère aujourd’hui une dimension quasiment messianique. Un peu Jésus à sa manière… »

Dans sa chronique pour le magazine Voici, jamais à court d’inspiration, il le compare à Jean-Baptiste Grenouille, le célèbre héros du Parfum, qui meurt sous l’assaut de la foule envouté par son parfum : « Nous sommes complices d’un meurtre collectif. Comme Jean-Baptiste Grenouille à la fin du Parfum de Suskind, Michael Jackson a été dévoré par la foule de ses adorateurs. Quand Britney Spears chante : « do you want a piece of me ? », c’est la même idée. Sur les paquets de cigarettes, il y a écrit : « FUMER TUE ». Voici ce qu’il faudrait inscrire sur les disques de Jackson : « CHANTER TUE ».
(…) Michael Jackson était la première star posthumaine, un enfant éternel sacrifié comme le Messie. Jackson a tenté de nous prévenir : « Laissez moi tranquille » (Leave me alone), « il va y avoir du sang sur la piste de danse » (Blood on the dancefloor). Ses trois derniers disques sont des appels au secours. La célébrité, on le sait désormais, c’est la destruction d’un individu par l’amour. Notre seule circonsntance atténuante (…), c’est qu’il s’agit d’un crime passionnel.
 »

A lire aussi : People et littérature : Brigitte Bardot (par S. de Beauvoir), Britney Spears (par V.Despentes, Nicolas Rey), Anna Nicole Smith (par J.Sorman, F. Bégaudeau…)…

8 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

    • laurence biava sur 3 juillet 2009 à 11 h 15 min
    • Répondre

    oui, lire toute l’entretien sur /qg-le-cercle.skyrock.com… A 100% avec ce que dit Frédéric. Je vais même encore plus loin que lui : non seulment son aura était christique mais comme l’écrit Bruckner dasn le Nouvel Obs du jour et comme l’a dit avant lui Catherien Schwabb dans Match, quelqle que soit la façon dont il est mort, il est mort en martyr, et « il fut le dernier martyr chrétien ». Il n’est pas faux de dire que l’époque l’a tué..

    • laruence.biava sur 4 juillet 2009 à 12 h 39 min
    • Répondre

    Autre excellent papier dans Voici ce matin : "le public m’a tuer".
    A lire dès demain sur le blog cité plus haut.

  1. Mais, malgré le talent incontestable de l’artiste, les médias n’y sont-ils pas aussi pour beaucoup dans cette hystérie collective qu’il relaient et font enfler ? Tout devient un produit commercial, y compris la mort…

  2. Merci Laurence pr tes retranscriptions, le billet est mis à jour avec quelques citations de sa chronique pour Voici.

    Je partage en partie son analyse sur le parcours de cet artiste dont la vie ressemble, à mes yeux, à celle d’un forçat, celui d’une machine à succès forgé à coup de ceinturons par son père dés l’âge de 5 ans et régulièrement humilié par celui-ci à l’âge où tout se joue, puis offert en pâture au public. Comment était-il possible d’obtenir un être équilibré et épanoui par la suite ? Tous les millions de dollars du monde n’auraient pas pu le sauver de ça.
    Je ne pense pas que "chanter tue" ou que le succès tue, quand les bases, les fondations sont saines.
    Pr Jackson comme pour Spears, il y avait à la base des parents prêts à tout pour le succès qui ont asservi leur progéniture à ce but suprême, quitte à les détraquer profondément et durablement, quitte à les détruire. Le vol d’enfance, on ne s’en remet pas. Un mal américain certainement…

    Je rajoute une citation de l’écrivain Eric Chevillard sur son blog L’autofictif :
    « La mort de Michael Jackson a si bien occulté la mienne que nul n’a seulement fait mine de s’en aviser ! Alors, bien sûr, je ne suis pas le « roi de la pop », mais j’ai tout de même écrit une vingtaine de livres et j’aurais été sensible à la manifestation de quelques regrets. »

    A lire aussi sur Bibliobs, un article : « Les écrivains pleurent Michael Jackson » « Dans «le Figaro», Marc Dugain explique que sa mort est l’aboutissement logique d’un processus d’autodestruction amorcé bien en amont : «Voilà plus de vingt-cinq ans que Michael Jackson avait entrepris de se débarrasser de son corps.» Pour Yann Moix, toujours dans «le Figaro», il fut «un homme à l’envers» : forcé d’avoir une vie d’adulte quand il était enfant, il éprouva le besoin d’avoir une vie d’enfant quand il fut parvenu à l’âge adulte. Dans le «Nouvel Obs» de cette semaine, Pascal Bruckner remarque qu’il a «travaillé pendant cinquante ans à gommer la double fatalité de l’âge et de la race». Il voit dans l’idole obsédée de chirurgie «notre dernier martyr chrétien» [=> Bambi le zombi]. »
    http://bibliobs.nouvelobs.com/20090702/13621/les-ecrivains-pleurent-michael-jackson#

    • Zoé sur 8 juillet 2009 à 19 h 11 min
    • Répondre

    « Le public m’a tuer », ben tiens ! C’est sûr que Beigbeder ne va pas incriminer les media dans les pages de « Voici »…

    • Laurence biava sur 8 juillet 2009 à 21 h 53 min
    • Répondre

    non mais, il a complètemetn a raison Beigbeder ! Voyez le film de la veillé funèbre – suerbe- d’hier soir au Staples Center de los angeles. Le cercueil au bord de la scène, c’est tout de même la Passion du Christ. "Je suis venu mourir à vos pieds "!! Michael Jackson ne SOUHAITAIT PAS CELA. Oui, le public l’a tué. JE PERSISTE ET JE SIGNE.

    • zoé sur 9 juillet 2009 à 16 h 51 min
    • Répondre

    Lol, tu m’as l’air bien péremptoire, dis donc…Et pour la résurrection, tu la pronostique quand ? On a dépassé le délai des 3 jours, non ?

  3. En accord mais qu’en partie. Il s’agit de s’interroger maintenant sur une possible crucifixion mentale qu’aurait subi cet artiste hors normes.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.