Faire l’amour – Fuir – La vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint: ces trois romans constituent une trilogie ou plutôt un triptyque amoureuse(x) en trois actes qui peuvent néanmoins se lire indépendamment les uns des autres. Il raconte par fragments et flash-backs la relation qui unit et désunit le narrateur à une certaine « Marie ».
Le belge compte parmi les auteurs contemporains phares des éditions de Minuit aux côté de Jean Echenoz, Marie N’Dyae ou encore Eric Chevillard, revendiquant haut et fort leur exigence littéraire. C’est plus particulièrement avec son 1e roman « La salle de bain » (1985, qui compte parmi les livres cultes de David Foenkinos) puis son 8e « Fuir », prix Médicis 2005 qu’il connaît une certaine notoriété. Ce dernier est la suite de son précédent opus « Faire l’amour » (2002), qu’il complète en cette rentrée littéraire 2009 de « La vérité sur Marie », clôturant cette trilogie alors que les deux premiers sortent en poche (chez Double).
Considéré comme héritier du nouveau roman (Robbe-Grillet notamment), cet écrivain d’origine bruxelloise également cinéaste et plasticien, dit vouloir « construire des rêves de pierre »* selon l’expression baudelairienne, révélant un monde où s’entrecroisent visions, fantasmes et réflexion existentielle. D’une œuvre à l’origine portée par un certain comique par l’absurde et philosophie du quotidien, il est désormais passé à une œuvre plus esthétique voire esthétisante… « Insipide et ennuyeux » pour certains, il est porté au pinacle par d’autres (dont le New-York Times qui regrette d’avoir attendu 20 ans pour qu’il soit traduit). Retour sur ces trois œuvres et sur le style singulier de cet auteur que l’on appréciera… ou pas :
A travers ces réflexions (pseudo ?) existentielles sur l’amour et la mort, l’auteur expliquait dans une interview au magazine littéraire : « (…) la priorité ce n’est pas l’histoire que le livre raconte ni les idées qu’il développe, ce n’est pas – ou pas seulement – la beauté, la lumière ou la poésie ; la priorité dans mes derniers livres, c’est ce que j’appelle l’énergie romanesque, ce quelque chose d’invisible, de brûlant et de quasi électrique qui surgit parfois des lignes immobiles d’un livre, comme chez Faulkner, qui fait légèrement écarquiller la pupille au gré de la lecture, indépendamment de l’anecdote ou de l’histoire. » Il ajoutait encore : « Mon écriture est visuelle (…) je construis avec des mots des images en mouvements qui constituent une sorte de monologue intérieur visuel. »
« Faire l’amour » de Jean-Philippe Toussaint : « Combien de fois avons-nous fait l’amour ensemble pour la dernière fois ? Je ne sais pas, souvent. »
« Qu’avais-je à faire ces jours-ci à Tokyo ? Rien. Rompre. Mais rompre, je commençais à m’en rendre compte, c’était plutôt un état qu’une action, un deuil qu’une agonie.«
Premier « tome » de cette trilogie, « Faire l’amour » est, contrairement à ce que son titre pourrait laisser à penser, l’histoire d’une rupture amoureuse, entre le narrateur et une certaine Marie.
Femme énigmatique dont on apprend, au fil des pages qu’elle est styliste de haute couture, artiste qui expose ses œuvres dans de prestigieuses galeries d’art contemporain aux quatres coins du monde. Et plus particulièrement, au moment du livre, à Tokyo. Le narrateur, son amant (et/ou mari ? on ne sait pas très bien) l’accompagne mais très vite on réalise que leur couple vit son dernier acte.
Dernier acte de leur histoire et par extension dernier (?) acte d’amour à travers l’étreinte brutale et frustrante qui ouvre le roman dans cette chambre de palace surplombant la mégapole. « J’avais le sentiment (…) qu’elle frottait sa détresse contre mon corps pour se perdre dans la jouissance d’une délétère, incandescente et solitaire, douloureuse comme comme une longue brûlure (…). Et à mesure que l’étreinte durait, que le désir montait en nous comme de l’acide, je sentais croître la terrible violence sous-jaçente de cette étreinte. »
S’ensuit une longue errance nocturne à travers l’hôtel puis les rues de Tokyo avant de rejoindre au petit jour Kyoto…, le tout ponctué de mystérieux faxs, messages lancinants sous forme de voyants lumineux et tremblements de terre qui viennent déstabiliser les protagonistes dans la nuit, dans leurs tourments et rêveries.
Toussaint inaugure ici son écriture contemplative de peintre-cinéaste à travers une série de séquences dont la baignade dans la piscine surplombant la ville constitue peut-être le point d’orgue, en se transformant en expérience voire vertige cosmique et métaphysique : « Tokyo apparut d’un coup devant moi dans la nuit, comme un décor de théâtre factice d’ombres et de points lumineux tremblotants derrière les baies vitrées de la piscine. (…) une ville endormie au cœur de l’univers, parsemée de lumières mystérieuses, néons et réverbères, enseignes, éclairages des rues et des artères, des ponts, des voies ferrées, autoroutes métropolitaines et réseau d’avenues surélevées, enchevêtrées, miroitement de pierreries et bracelets de lumière piquetée, guirlandes et lignes brisées de points lumineux dorés…«
De l’univers feutré et luxueux du palace où brillent les lustres de cristal jusqu’aux quartiers de Shinjuku, Shimbashi et Ginza…, chaque atmosphère, lumière est décrite avec minutie et densité. On appréciera aussi son jeu avec les matières notamment les robes de Marie qu’il transfigure en étoffe presque vivante : « un corps transparent et tubulaire, décapité et sans jambe, qui baignait dans un lit de kapok rembourré de mousses, de pare-chocs et de coins. Corps purement virtuel (…) alangui sur son coussin de mousse… » ou encore Marie « les épaules enfoncées dans l’émolliente mollesse aquatique d’une de ses robes froissées« . Comme dans la tradition littéraire asiatique, il s’attarde aussi à décrire les repas, la préparation des aliments comme la scène chaleureuse chez son ami Bernard : « Les huîtres, sans coquilles, grises et gluantes, aux lueurs de jade et de nacre, s’affaissaient les unes sur les autres au fond du bol, et se laissaient cueillir mollement entre mes baguettes inexpérimentées et glissantes pour finir dans ma bouche, fraîches, iodées, délicieuses. »
A tout instant, une écriture très tournée sur la sensation comme but principal. Il compose ainsi des chorégraphies onirique dans l’espace urbain avec une recherche esthétique constante, qui peut sembler encore une fois lourde tant elle paraît étudiée. Seule la scène dans le petit restaurant de soupes où il fait preuve de plus de simplicité, laisse passer une certaine émotion.
Il raconte surtout le déchirement de devoir mettre fin à une relation, faire le deuil de l’Autre, partagé entre la raison et la violence électrique de leur désir encore vif. Il dit tous ces paradoxes qui peuvent exister entre deux êtres qui ne savent plus comment vivre ensemble même s’ils le voudraient encore, ces allers-retours, comment mettre à distance le désir gangrené par le désespoir, les moments de tendresse qui font croire à une réconciliation… : « Ce qu’elle attendait de moi maintenant ce n’était pas des preuves d’intelligence, encore moins des explications quelconques sur ce que nous venions de vivre de si brûlant dans la chambre, des arguties, des justifications ou des raisonnements, c’était que je l’embrasse et c’est tout – et, pour cela l’intelligence n’était d’aucun secours. (…) Peu importe qui était dans son tort, personne sans doute. Nous nous aimions mais nous ne nous supportions plus. » ou encore « Je ressortais de la cabine, bouleversé, le cœur serré, infiniment heureux et malheureux. »
Il y ajoute une sorte de sensualité froide et violente, entre attraction et répulsion symbolisée par le flacon d’acide chlorhydrique que le narrateur transporte avec lui : « Dans la détresse qui l’avait jetée dans mes bras, c’était la chaleur de mon corps qu’elle était venue chercher, pas la souplesse de ma dialectique, elle n’en avait rien à foutre de mes mots et de mes raisonnements, ce qu’elle voulait, c’était un élan du cœur, l’élan de mes mains et de ma langue, de mes bras autour de ses épaules, mon corps contre son corps.«
Et se laisser aller parfois à quelques détails plus trash qui surgissent de façon un peu incongrue dans sa prose précieuse : « (…) et je sentais maintenant sous mes doigts la douceur humide et électrique de l’intérieur de son sexe qui se contractait sous ma main, le jour se levait et je la désirais très fort moi aussi maintenant, je me collais contre elle dans les clartés du jour naissant, je caressais son sexe, je pétrissais ses fesses. Le jour se levait sur Tokyo, et je lui enfonçais un doigt dans le trou du cul. »
Récit de la fin d’une relation extrême, d’une passion, d’une rupture qui refuse de se conclure, « Faire l’amour » est un roman qui se veut intense mais qui pèche par sa prose qui se regarde un peu trop écrire. On a l’impression de tourner les pages d’un album photo mais on regrette de ne jamais réellement plonger au delà de l’image aussi nette et parfaite soit-elle…
« Fuir » de Jean-Philippe Toussaint
« (…) et je sentais mon cœur battre très fort dans ma poitrine, avec ce sentiment de peur pure et d’effroi, de panique d’autant plus effrayante et irrationnelle que je n’avais aucune idée de ce que nous étions en train de fuir aussi éperdument. »
Difficile de raconter l’histoire de ce court roman (prix Médicis 2005) en forme de voyage de Paris à Pékin jusqu’à l’Ile d’Elbe. Voyage au sens premier du terme mais aussi comme allégorie des oscillations intérieures du narrateur en fuite, entre le désir, le manque, l’inquiétude, l’incompréhension et la mort. Un voyage aussi physique que spirituel où règne l’ubiquité aussi bien par la pensée que la communication moderne (téléphone portable). « Le récit d’une course entre la pensée vagabonde et le corps itinérant. » Entre virtualité et réalité onirique. Un état de transition non déterminé… On veut fuir mais en réalité on est toujours rappelé à ce qui nous hante au départ, ces fantômes auxquels on revient immanquablement se confronter.
Fuite d’un amour aussi magnétique qu’impossible de la toujours mystérieuse Marie.
Marie qu’il n’arrive toujours pas plus à quitter qu’à aimer.
Cette impossible union sinon « dans le hérissement et la brusquerie ».
Marie dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’elle vient de perdre son père. D’ailleurs on ne sait pas grande chose non plus du héros : ce qu’il est venu faire en Chine, missionné par cette même Marie.
Pas davantage de ce correspondant laconique, Zhang Xiangshi, venu l’accueillir à l’aéroport ou même de la sensuelle Li qi avec qui il vivra une scène torride, « cette étreinte muette clandestine et cosmique » (d’anthologie pour certains) dans le train entre Shanghai et Pékin…
Tout cela reste énigmatique car ce qui compte ici ce sont les flux et reflux comme de longs travellings que Toussaint s’emploie à décrire longuement. Une ambiance flottante à la Lost in translation de Sofia Coppola.
Comme des tableaux sensoriels que l’on traverse au ralenti, il s’attarde sur chaque détail, matériau, consistance, geste, déambulation qu’il s’agisse d’une nuit dans un train ou un hôtel en chantier aux accents murakamiens (sans en avoir le charme envoutant), une partie de bowling jusqu’à la fuite-poursuite épique en moto, les ambiances urbaines , un cortège funèbre ou une baignade dans les eaux limpides de la Rivercina… : « Nous avancions ainsi au gré des cahots du revêtement, suivant de longues allées de simple terre battue bordées de minuscules étals, parcourant d’étroites ruelles encombrées de marchands ambulants, qui nous bloquaient le passage avec leurs charrettes à bras bancales qui croulaient sous des amas de fruits et de légumes, avant de déboucher sur une grande avenue, où nous mîmes un instant pied à terre – contemplant le flux très dense et le bouillonnement tumultueux de la circulation de Pékin, comme si après avoir navigué longtemps au gré de minuscules canaux, nous atteignions soudain la grande mer – avant de nous jeter nous aussi dans le courant d’un puissant coup d’accélérateur et de nous laisser entraîner parmi les bus et les taxis en prenant de la vitesse dans le flux continu de voitures qui descendaient les grandes artères de Pékin vers le Sud. »
Des tableaux au sens pictural du terme plus que des scènes car même lorsqu’il s’agit d’action, une sensation d’immobilité contemplative domine. Sensation assez pesante parfois, en particulier face à des phrases surchargées qui s’allongent sur une voire deux pages… Oui Proust le pratiquait aussi mais…
Un style qui veut peut-être refléter la dilatation de l’esprit et du temps.
Se trouve ici sans doute le principal défaut de cette prose : son manque de fluidité, même si l’auteur revendique l’eau comme élément inspirateur. On relève quand même quelques jolis passages et métaphores comme « Avec effort, lentement, je parviens à faire descendre le carreau millimètre par millimètre, comme s’il fallait écarteler les flancs du train pour accéder à la nuit. » Ou encore « S’ébrouant alors dans la torpeur ambiante, tel un chat réveillé dans sa sieste, une imprimante, jusque là invisible, qui sommeillait par terre dans la pénombre, (…) se mit à délivrer lentement (…) une page entière d’idéogrammes. »
Plus exercice de style que roman, le livre souffre aussi quelque peu de sa volonté de toucher à tous les styles sans en avoir l’envergure (en particulier son versant « aventure » ou « thriller » avec le paquet d’héroïne).
Mais au-delà de cette réserve, c’est surtout la lourdeur de son travail sur la langue* (qui se sent) et l’excès de mise en scène, plus maniérée qu’élégante, qui empêchent de savourer pleinement ces échappées du corps et de l’esprit…
« La vérité sur Marie » de Jean-Philippe Toussaint (Prix Décembre 2009)
«J’avais sous les yeux une image saisissante de mon absence. C’était comme si je prenais soudain conscience visuellement que, depuis quelques jours, j’avais disparu de la vie de Marie, et que je me rendais compte qu’elle continuait à vivre quand je n’étais pas là, qu’elle vivait en mon absence – et d’autant plus intensément sans doute que je pensais à elle sans arrêt.»
Dans ce dernier volet qui clôt la relation tourmentée du narrateur à Marie, femme magnétique et énigmatique qu’il ne cesse de quitter pour mieux retrouver, on retrouve les mêmes dilemmes : un amour qui se défait et se refait, se cherche, se décompose, se retrouve… Et le même jeu géographique et sentimental entre Paris, le Japon et l’île d’Elbe. Toujours ces voyages du corps et de l’esprit, ces chassés-croisés des sentiments, ces coïncidences et hasards symboliques qui se font écho.
Clin d’œil à son premier opus « Faire l’amour », le roman s’ouvre ici également sur une scène charnelle par une nuit caniculaire orageuse (notez la métaphore météorologico-torride qui peut agacer par son côté convenu…), mais cette fois-ci les protagonistes sont avec d’autres partenaires. Une tragédie survient : l’attaque cardiaque de l’amant de Marie, par ailleurs propriétaire de chevaux (nouvelle métaphore, équestre cette fois, sur laquelle Toussaint brode au fil des pages).
Avec le même souci du détail (qui se fait presque technique ici), Toussaint dépeint de nouveau avec emphase ces grands tableaux qu’il affectionne tant comme celle de l’embarquement aussi pittoresque que tumultueuse d’un pur-sang à Narita, l’aéroport de Tokyo. Les éléments qui se déchaînent, la nuit, l’obscurité ruisselante et ce cheval affolé qui s’enfuit, les avions paralysés… Une scène hallucinée, épique, baroque que Marie Desplechin a comparé à « du Alexandre Dumas revisité par le Nouveau Roman » tandis que d’autres auront pu en faire une interprétation mythologique par analogie à Pégase. L’auteur s’était déjà essayé au genre avec sa course-poursuite dans Pékin sur une moto poursuivie par la police chinoise. Vous apprécierez ou non le (très long) épisode…
Circulant dans un univers sismique (la mort, l’incendie…) où la beauté flirte toujours avec la violence, le héros-narrateur livre de nouveau une expérience hautement sensorielle avec pour prétexte la quête de vérité sur la mystérieuse et plus désirable que jamais Marie, héroïne assez durassienne : « jamais je ne me trompais sur Marie, écrit le narrateur, je savais en toutes circonstances comment Marie se comportait, je savais comment Marie réagissait, je connaissais Marie d’instinct, j’avais d’elle une connaissance infuse, un savoir inné, l’intelligence absolue : je savais la vérité sur Marie. »
Tentant d’entretenir une tension érotique avec des allusions comme « Il me vient à l’esprit que c’était la deuxième fois, cette nuit, que j’introduisais mon doigt dans le corps d’une femme », rappelant celle de « Faire l’amour » (voir ci-dessus), Toussaint achève sa trilogie par un portrait émouvant de l’objet de sa fascination, la belle Marie qu’il sait saisir, en observateur attentif et passionné. Mais à travers ses personnages entièrement mus par leurs impressions, leurs pulsions et attirances, c’est aussi l’ouverture vers une réflexion plus large sur la vérité de la vie versus le virtuel, le rêve. L’esprit et la matière en somme. La fiction et le réel. Peut-être une théorie du roman…
* « J’aime l’idée que l’on puisse définir un livre comme « un rêve de pierre » : « rêve », par la liberté qu’il exige, l’inconnu, l’audace, le risque, le fantasme ; « de pierre » par sa consistance, minérale, qui s’obtient à force de travail, le travail inlassable sur la langue, les mots, la grammaire. » (extrait interview Le magazine littéraire, oct.09)
Visuel d’illustration : « Lost in translation » de Sofia Coppola.
4 Commentaires
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Photographe, j’avais crû pertinent de me pencher sur "l’appareil-photo", troisième roman de monsieur Toussaint. Et je m’étais fait prodigieusement chier – si j’ose dire (et en général, j’ose). Des pages de descriptions, de langage distancié, sans émotion, comme une tapisserie (autant faire une photo dans ce cas-là). Bref. Un peu court, je le concède, pour se faire une idée du bonhomme, de ce qu’il écrit ; aussi devrais-je essayer peut-être ce dernier. Trilogie du désamour, en outre, ça sonne bien. Mais Minuit je me méfie (à part Echenoz souvent désopilant).
Pour une fois que les Editions de Minuit sont sur BUZZ… littéraire ; il y a quand même Echenoz, Chevillard, Laurrent, Mauvignier… Et Viel aussi maintenant !
une littérature, celle des éditions de Minuit (que j’ai pu découvrir durant mon adolescence: echenoz, viel, chevillard, toussaint, oster et les anciens: duras, etc.) qui, à mon sens, tourne à vide… finalement le dernier grand auteur des éditions de Minuit, ce fut somme toute Beckett… mais après les derniers ouvrages de Beckett, que restait-il à dire? Le style était déjà totalement désincarné, s’il avait pu se passer de mots (ce qu’il a plus ou moins fait d’ailleurs… cf. En attendant Godot), il l’aurait fait, hein, donc… tout est piégé d’avance, ils n’ont plus rien à dire…
on tourne la page maintenant?
Entièrement d’accord pour Nathalie Sarraute, en effet. Concernant Jean-Philippe Toussaint, je conseillerais pour entrer dans son oeuvre la désopilante "Télévision", le plus drôle, le plus fin, le plus beau texte, d’après moi. C’est vrai que L’appareil-photo, a beaucoup moins de chair. La trilogie depuis "Faire l’amour" est assez géniale, très visuelle en effet, et s’il on retrouve un style Editions de Minuit par lequel Toussaint serait assez proche d’un Christian Oster par exemple, chacun a sa vitalité propre, et il y a une beauté incroyable dans cette trilogie de Toussaint, quelque chose de très cinématographique. Seulement, c’est un auteur modeste, discret, qui ne la ramène pas trop dans les médias, merci de le mettre en avant dans le Buzz littéraire…
Ps: j’aime beaucoup la question anti-spam sur Michel Houellebecq…