Petite discussion entre écrivains : Quand Frédéric Beigbeder rencontre Nicolas Fargues…

L’un pourrait être le chef de file de la littérature nouvelle génération, tout auréolé du prix Renaudot 2009 et l’autre son petit frère de lettres, sept années les séparant. Buzz littéraire a réuni ces deux écrivains dont les univers et styles nous semblaient converger jusqu’aux titres de leurs derniers romans respectifs qui se font écho, « Un roman français » et « Le roman de l’été« . Comme l’a souligné l’auteur de 99 francs : « Nous avons en commun d’appartenir à ce monde que nous tournons en dérision à travers des dialogues comiques, en jouant avec le langage et les codes de notre époque. Je suis peut-être plus cynique tandis que Nicolas est plus lucide avec des nuances. »

La conversation a donc été immédiatement fluide entre ces deux auteurs qui se connaissaient, se suivaient de loin. Un entretien riche qui dévoile leurs points communs et où ils échangent sur leur approche de l’écriture, la nostalgie des années 70/80, le name-dropping, leurs voyages, « la chaleur » en littérature, l’émotion, la précision, les générations, la violence mais aussi la société française, l’histoire ou la langue… On ne les arrête plus !

Propos recueillis par Laurence Biava, photos d’Anne-Laure Bovéron
(Le ton informel de la conversation a été conservé dans cette retranscription, seuls certains propos ont été regroupés pour plus de cohérence à la lecture. Café Bonaparte, octobre 2009)

La construction de leurs romans, leurs méthodes d’écriture
Frédéric (à propos de l’écriture de « Le roman de l’été« ) : J’aimerais savoir : prends-tu des notes ? Comment tu as fait pour tes expressions toutes faites ? J’ai remarqué cette orthographe à la Queneau

Nicolas : Oui, les notes, j’y ai pensé pour « Y’a pas d’souci ». Mais non, en fait, je ne prends pas beaucoup de notes. Et toi, tu as un carnet ? Ecris-tu au fil de la plume ?

F : J’ai un carnet. Mais là, je ne l’ai pas sur moi (rires). C’est idiot, on va peut-être dire des trucs intéressants qu’il m’aurait fallu noter ! Moi, je me crée un espace obligatoire qui va m’obliger à écrire un livre construit. Sinon, je n’écrirais que des journaux intimes. Sinon, oui je prends des notes de mes sorties, je note ce que je fais. Pour chaque livre, il y a un principe. « vacances dans le coma » : on est dans une boite de nuit de 7 heures du soir à 7 heures du matin. Dans « Windows… », on est dans un restaurant pendant une heure et chaque chapitre correspond à une minute. « Au secours pardon », c’est deux années, saison après saison. – Automne – hier – printemps –été.
Ce n’est pas vraiment un plan, mais un cadre, une structure, et ça m’oblige ainsi à rentrer dans des cases. Dans le dernier, c’est 36 heures de garde à vue et puis, je me suis débrouillé pour y caser mon enfance.

Laurence : Oui mais ça t’a été un peu reproché justement.

F : Exact. Mais c’est parce que le livre, je ne l’ai pas écrit en 36 heures et ça se sent.

L : Il y a des gens qui ont fait un parallèle entre la durée sur laquelle s’étale ton roman avec l’amnésie, en te reprochant précisément de faire exprès d’être amnésique, tu l’as lu, ça ?

F : Ces reproches sont dus à cette construction du roman, parce que je dis que je ne me souviens de rien, alors que tout le livre n’est rempli que de souvenirs, et puis après tout revient. Il faut quand même accepter l’idée que quelqu’un, par l’écriture, retrouve la mémoire.

N : Non, pas d’accord avec ta remarque, Laurence. Cela fonctionne au contraire. Je crois que les gens te croient Frédéric quand tu dis que tu ne te souviens de rien. Après, au fil des pages, tu fouilles, tu rentres dans le détail.

F : Oui, il y a une image, et puis une autre, et encore une autre, qui en amène d’autres au fur et à mesure. Bon, c’est une enquête, mais cette enquête m’a pris 2 ans. Alors oui évidemment, j’ai triché pour que ça fasse 36 heures.

La nostalgie des années 70 et name-dropping…
N : Comment as-tu procédé pour les marques et les logos ? Comment as-tu retrouvé « la ligne » de l’époque ? Tu es allé sur Internet, par exemple, revoir la pub « Fruité » et toutes les réclames de l’époque ?

F : Ah ! j’adorais vraiment le Fruité à la pomme et au cassis. Ah si, je t’assure, j’ai bu des centaines de litres, donc j’avais très envie de parler du Fruité et d’ailleurs, je comprends pas pourquoi ça a disparu.

N : Y’a tellement de choses qui ont disparu

L : A propos des marques et logos, Nicolas, j’ai carrément adoré quand tu as cité NYPD et la façon dont tu l’as écrit. Fort.

N : Oui, mais ça disparaîtra aussi dans 10 ans. La lecture d’ « Un roman français » est extraordinaire aussi pour ça. Pour la génération des 18/20 ans qui n’y comprend rien. Ou ne sait pas. C’est bien si ton roman peut leur donner envie de découvrir ce qu’ils ne connaissent pas. C’est comme un nouveau « morceau » que tu donnes envie de goûter.

F : Tu mets aussi beaucoup de références dans tout ce que tu écris. J’ai lu le livre de Galvada qui sort ces jours-ci « l’Echappée Belle », c’est dingue, il est truffé de références comme le tien, il est ultra-précis. C’est très très nostalgique des années 70 tout ça. Et on est bel et bien les premières « victimes » de ces années là, question de génération.

N : Oui, tout à fait. C’est certain.. En même temps, on pourrait nous le reprocher et dire à propos de nos romans « Qu’est ce que c’est que ces livres bourrés de marques ? »

F : En fait, c’est vraiment pour nous une question de repères.

L : A ce sujet, j’ai relevé que vous n’aviez pas la même approche de la société de consommation. Toi, Nicolas, tu as dit quelques fois que – je cite – « ta participation était passive », contrairement à toi Frédéric qui donne le sentiment, par ta vie extravertie, de consommer davantage…

F : Je ne sais pas, je travaille à la télé, j’écris dans des journaux . Est-ce « consommer » plus ?

N : En ce qui me concerne, je n‘ai pas de vie sociable. Je vis dans un 50 mètres carrés moche, les murs sont vides, il n’y a aucun objet. Je me suis habitué à aller chez les gens qui ont une maison parce que ça me fascine, et cela sans éprouver le besoin de consommer moi-même.

Des livres nourris par leurs voyages
F : On a un autre point commun, c’est qu’on a fait des livres qui se passent à l’étranger ! J’ai fait un livre en Amérique, en Russie, toi, tu as donc fait Madagascar…

N : Oui, tous à l’étranger, et un en Indonésie, et un autre aux Etats-Unis aussi

F : « One Man Show », c’était bien. C’est cela qui est important. Pourquoi deux romanciers qui sont des tops-models, Channel pour lui, Galeries Lafayette pour moi, -même si c’est moins chic -, qui pourraient écrire uniquement des romans parisiens ressentent ils le besoin d’écrire des romans sur l’étranger ?

N : Parce que pour parler d’une société, il faut se mettre à l’écart. J’éprouve le besoin de me mettre à l’écart.. Le meilleur regard que tu peux avoir sur la France, c’est à l’extérieur que tu l’as.

L : Oui, je te crois. Ce que je voulais dire au-delà des simples remarques sur la précision, c’est que je pense que l’éloignement de ton pays, a renforcé ce sentiment de cruauté que j’ai ressenti.

N : Il y a une certaine cruauté, c’est exact.

L : Ce qui a gêné ma lecture, c’est ce coté «quoi qu’il fasse, l’herbe, pour lui, sera toujours plus verte ailleurs ». C’est curieux que ce sentiment se dégage parce que tu sembles pourtant dans l’altérité.

F : Je peux répondre à sa place parce que j’en parle dans l’Egoïste Romantique : le mal du siècle, c’est notre lucidité. C’est une question d’âge, -à condition d’inclure Nicolas dans ma génération ! -, moi j’ai 44 ans et toi ?
N : J’ai 37 ans.

F : C’est une énorme différence, 7 ans… En fait, je trouve qu’on a placé très haut la lucidité, c’est à dire en gros, on possède un recul sur tout et la faculté d’analyser ce qui nous arrive y compris nos histoires d’amour avec une ironie permanente qui détruit tout ; et ça, j’en fais aussi pas mal dans mes livres. Laurence tu es obnubilée par le dernier, mais

L : On se rencontre tout de même pour parler en priorité du dernier…

F : oui mais ça ne doit pas faire oublier une catastrophique carrière d’homme lucide, voire nihiliste, qui détruit chaque chose qu’il vit. C’est LE handicap de cette génération.

N : C’est la capacité de ne pas s’avouer dupe des choses, quitte à en faire des tonnes pour montrer qu’on dissèque tout. C’est exactement ça. C’est aussi un travers français, ça. C’est le problème du roman français, il suffit que tu te balades, que tu changes d’hémisphère ou autre, et tu te rends compte que c’est pas la notion la mieux partagée du monde.

F : Sauf dans les pays de l’Est ou en Russie, en particulier, où c’est bien pire. Ils sont pires que nous dans le nihilisme, dans le recul sur tout.

N : Oui, je suis aussi allé en Russie.

De Dostoïevski à Modiano ou Echenoz… : questions de style et de « souffle » en littérature…
Des romans ancrés dans la vie réelle contemporaine

L : Frédéric, tu as aimé « le Roman de l’été » ?

F : C’est un roman très intéressant. Son regard est un des meilleurs regards de la littérature contemporaine. C’est quelqu’un qui observe. Tu lui reproches d’être précis, je ne lui ferais pas ce reproche, on ne fait pas ce reproche à Patrick Modiano.

N : Tu viens de dire un mot « précis » qui est important pour moi. J’en suis à mon 7ème roman, j’ai l’impression de passer mon temps à apprendre. A apprendre à écrire et à chercher à être le plus précis possible. J’essaie d’avoir du souffle, d’écrire avec du souffle. C’est un procédé emprunté à Echenoz. C’est ce qui a donné cette forme, là. Quand je regarde mon premier roman, j’ai l’impression de voir un brouillon, je tâtonnais. Avant, c’était verbe, sujet, complément, maintenant les choses m’apparaissent beaucoup plus claires. J’apprends à choisir les mots qui vont servir à faire jaillir les images. Aujourd’hui, j’apprends à le faire. Cela peut effectivement donner des livres à double–tranchant comme celui-ci. Il faut apprendre à être précis, pour apprendre à connaître sa langue.

F : Dostoïevski est extrêmement précis, chaque détail est raconté, je citais Modiano, mais par exemple, chez Liberati, chaque geste est analysé, disséqué comme un malade mental, chaque geste peut signifier quelque chose et donner lieu à 4 pages. On pourrait aussi citer Proust. Je pense que j’étais pareil que toi au début, j’ai fait des livres très flous qui reposaient sur des blagues. C’était un peu l’excuse de la jeunesse qui permet d’être extrêmement léger. C’est très agréable. Je pense que ça ne donne pas de livres antipathique mais en grandissant, en murissant, c’est très important que chaque détail soit défini. 99 francs en Angleterre a été transposé, le livre se passait à Londres. Un truc fou.

N : Tu avais fait une transposition toi –même ou tu avais juste précisé certains détails ?

F : Le traducteur était bon mais cela fait un peu bizarre de supporter ça. On m’a dit « c’est un livre sur la pub mais ça ne passe pas à Paris », ce qui était vrai, somme toute. C’est la fin de tout si on peut traduire un livre en le transposant ailleurs. ! cette aventure signifie que j’avais été précis sur mon métier mais pas assez sur le reste.

N : Tu l’as acceptée facilement cette transposition ?

F : Non, j’étais en colère ! C’est l’époque où je ne parlais que de ma vie en entreprise !
Ce qui nous différencie, c’est que j’ai travaillé dans des bureaux ; toi tu as fait l’Alliance française à Madagascar, donc, oui, tu sais aussi.

N : Oui, oui, c’est important d’être ancré dans la vie réelle, je prends aussi le métro, j’emmène mes enfants à l’école. Non, notre grande différence, à mon sens, c’est que, contrairement à toi, je peux tout à fait me balader dans l’anonymat le plus total partout où je vais.

F : Certes, en France pour moi, c’est plus compliqué…

Et l’émotion bordel !
L : Nicolas, bien qu’ayant aimé ton discernement, ta méticulosité dans « Le roman de l’été », j’ai été un peu gênée par ces préjugés que tu pointes. A forcer trop sur la caricature, je me suis demandée si tu ne te trouvais pas pris à ton propre piège….

N : Le problème n’est pas tant sur les préjugés ou le fait de pointer des préjugés, Laurence. Je ne sais pas écrire des choses charnelles, je suis « sec », les personnages que je crée sont forcément asséchés aussi. J’aimerais pouvoir faire des romans qui émeuvent mais je ne sais pas le faire.

F : Ca viendra.

N : C’est le but en fait.

F : « J’étais derrière toi » était émouvant. C’est une belle histoire d’amour

N : Oui, c’est une autobiographie. Et un constat d’échec. N : non, ce que je cite, c’est le passage où le phénomène amoureux est décrit chimiquement, où il est question d’hormones… Je voudrais revenir sur ce qu’on vient de dire, c’est essentiel. Je voudrais passer à autre choses, évidemment. Le problème, c’est quand tu te heurtes à ta capacité réelle, à toi-même. J’ai écrit un roman avec des personnages différents les uns des autres avec ce retour sur soi permanent. C’est pas bon pour ma propre pub mais je pense que c’est un échec dans la mesure où je ne parviens pas à faire jaillir l’émotion dont on parlait tout à l’heure. Bon, tu me dis qu’il y a de l’espoir, tu me dis que ça viendra..

L : Quoi ? Mais « j’étais derrière toi » était très émouvant !

F : Moi, ça m’avait touché l’histoire de la fille qui avait envoyé un petit mot au restaurant, on s‘ attache à cette italienne, et on finit par tomber amoureux d’elle. Tu es trop sévère avec toi-même, tu as un cœur qui bat, tu as un Cœur !

L : Et « demain si vous le voulez bien » qui reste mon roman préféré de toi, Nicolas, est très émouvant aussi, on a l’impression, par la magie de ces chassés croisés que tu dessines, que tous les gens se rencontrent à chaque coin de rue !

N : Je sais bien que j’ai un cœur qui bat, je suis très sensible, perméable au monde qui m’entoure mais toi, Frédéric, tu es dans l’émotion permanente, ou tu es amoureux, ou même quand tu constates que tu ne participes pas, rien ne t’est indifférent, je vois la façon dont tu regardes, tu es présent. Il y a des gens qui mettent des filtres pour parler du système.
Il y a une patte intéressante dans les livres de Frédéric. Je suis étonnée de voir qu’on croit tous te connaître, tes sorties, ta vie, et on se fait des idées. En même temps ce qui me frappe, c’est que tu restes profondément humain et que tu ne fonctionnes pas avec des stéréotypes. Il reste toujours cette porte de sortie qu’est la langue même.

Trouver sa voix en écriture, l’autofiction… (Philip Roth, Emmanuel Carrère, Justine Lévy…)
N : Pourquoi lit-on les livres de Frédéric ? Parce qu’il y a quelque chose de souple et de vivant. Chaque phrase, même banale, il sait la rendre attrayante, c’est ça, d’ailleurs la littérature. Une phrase que je ressors souvent, -pas à l’encontre de-, mais que tu emploies dans ton livre c’est « lis les auteurs de ta langue ». C’est ton oncle qui te dit ça. On s’en fout de l’histoire au fond, ce qui est important, c’est qu’une Voix te parle. Effectivement, ça se passe aussi comme ça quand tu rencontres quelqu’un, ça fonctionne ou pas. C’est cela : une voix qui te parle.

F : La vraie question, du coup, c’est : est ce que cette voix, ce doit être l’auteur ou pas ? Et c’est là le vrai problème du roman. Là, on parle de deux romans : Un roman français et Le roman de l’été. L’un est de la fiction, l’autre est une autobiographie. Eh ! bien, il y a un risque que les lecteurs aujourd’hui, à cause de plein de choses, de la personnalisation des gens connus, des médias en général, cherche l’auteur et la voix de l’auteur… Le cherchent, Lui. Et c’est ce qui déteint sur un grand pan de la littérature actuelle, surtout en France, mais pas seulement. Prends Philip Roth. On ne peut pas lire un livre de Philip Roth sans avoir envie de l’entendre lui, même s’il dit que c‘est Zuckerman, on sait que c’est de lui dont il s’agit. C’est le même problème partout. Et toi, tu dis, « je suis ému des livres autobiographiques » parce que le livre est plus émouvant. Tu sais que c’est vraiment lui qui s’est fait larguer, que c’est vraiment lui qui est tombé amoureux

N : Oui, on pourrait citer Emmanuel Carrère, Justine Lévy aussi… Carrère, c’est un bon exemple parce qu’il a commencé vers l’autofiction et il a progressé vers l’autobiographie. J’ai écrit des livres avec beaucoup de personnages, quand je regarde ma bibliographie, j’ai l’impression de n’avoir écrit qu’un seul livre. Je voudrais écrire un livre qui soit juste. Bon, bien sûr, je ne vais pas rechigner.

F : C’est pas vrai, tu n’as pas écrit qu’un seul livre ! Et « One Man Show », c’est très drôle

N : Oui, parce que j’ai joué sur la fibre. Mais il faut quelque chose d’autre, qui fonctionne dès lors que tu ne possèdes pas un imaginaire survolté, flamboyant.

F : J’ai trouvé une solution : j’alterne.

N : Oui, c’est drôle, moi aussi. Tiens, à propos, es-tu écœuré à la fin d’un livre à la première personne du singulier ?

F : Absolument, là, je n’ai qu’une envie, c’est de retrouver Octave.

L : Oui, mais tu vas forcément te répéter. Au début de la promotion, tu as dit que tu continuerais dans l’autobiographie.

F : Je me répéterais, forcément, parce qu’un écrivain se répète toujours. Il a de maigres moyens l’écrivain, il radote.

Les « masques tombent »…
L : J’ai pointé une contradiction dans la presse au sujet de ce qu’on a écrit sur vos romans. On a dit d’ « Un roman français » – « les masquent tombent ». On a dit aussi la même chose du « Roman de l’été » alors qu’à mon avis, dans le roman de Nicolas, on reste surtout sur le registre de l’apparence…

N : Je ne suis pas d’accord avec « les masques tombent » au sujet du roman de Frédéric. Moi, je trouve la même personne et le même ton que dans ces livres précédents. C’est-à-dire que cette personne qui me parle et me nourrit est la même que celle des autres romans, sauf que là, c’est une autobiographie.

F : Je ne sais pas ce que ça veut dire quand les gens disent ça.

L : Certes, c’est un poncif récurrent employé par les journalistes quand ils ne savent pas quoi écrire. Ce sont des expressions toutes faites. Mais on ne peut pas dire que cela ne signifie rien !

N : Mais tu parles de l’auteur qui se met à nu ou de la volonté de mettre le personnage dans une situation où il va tenter d’abolir les apparences ?

L : Un peu des deux. Un exemple que j’ai pris dans le roman de Nicolas, pour justifier le fait que les rapports entre les gens restent en surface : comment se fait il que ton héros John ne soit reçu à déjeuner chez les voisins qu’au moment où précisément où il décide, avec un certain dépit, d’arrêter d’écrire ? C’est tout de même la preuve flagrante d’une incommunicabilité entre les gens et la preuve aussi que l’apparence reste reine.

N : La seule chose, Laurence, qui m’intéresse, lorsque j’écris, c’est que j’essaie d’aller au-delà de ce qu’on veut nous faire croire. Et les gens sont les premiers vecteurs. Chacun est une société vivante, une publicité vivante : tu veux te faire passer pour, tu parles en conséquence ; tu vas adopter des attitudes en conséquence. Bien sûr, ça dépend des gens. Mais dès qu’il y a plus d’une personne autour de moi, je perds mes repères. A partir de cela, je vais imaginer un monde à mon image, avec des petites variations, avec des gens encombrés de masques, qui arrivent en costards. C’est juste pour parler de ce regard là. Ce qui m’a motivé, c’est la chanson de Fabienne Thibaud, « on vit les uns avec les autres, mais au bout du compte, on est toujours tout seuls au monde ». Même si j’adore mes enfants, mes parents, la femme avec qui je vis. Parce qu’au fond, les enfants, qu’est ce sinon une dilatation du moi plus ou mois aboutie ?

« N’oubliez pas la chaleur » : peut-on parler de bons sentiments en littérature sans tomber dans la mièvrerie ?
F : La vraie transition, c’est à 40 ans. Tu commences à te dire – encore plus quand tu es écrivain- je vais essayer d’écrire sur l’amour que je ressens pour mon enfant, mon frère, ma mère et je pense qu’à un moment, les émotions qu’on trouve ridicules, avant 40 ans, elles restent ridicules si elles sont mal traduites, si elles sont mal écrites, mais il faut quand même essayer de les décrire sans mièvrerie, et c’est le défi que nous lance le roman. Tchekov, dans « les conseils », dit à un moment donné à un jeune écrivain « n’oubliez pas la chaleur » et je ne comprenais pas ce que ça voulait dire avant d’avoir 40 ans et déjà dans « au secours, pardon », j’ai commencé à décrire le visage de l’héroine Léna. J’ai regardé ma fille, et ça m’a fait chialer. Et j’ai réussi. Je me suis dit que j’allais faire un livre dans cet état là, où je me fais chialer et ce sera peut-être pas bon, mais tant pis, je m’en fous, je me dis, j’ai rien à perdre, je serais ridicule et … so what ?
Emmanuel Carrère, encore. Souviens toi : il faisait « la classe de neige », ensuite il fait « l’Adversaire », il se met en scène lui-même, et j’ai pensé : « est ce que j’aurais pu faire ça ? », est ce qu’on est comme ça, nous les humains ?, et après il fait « un roman russe ». Et maintenant, il regarde le tsunami …

N : C’est tellement important, cette « chaleur » dont on parle.

N : Ce qu’il dit est essentiel. C’est ce à quoi je tente de parvenir : créer de la chaleur. Parvenir à recréer de la chaleur. Est-ce que tu saurais recréer de la chaleur chez un autre personnage, est ce que tu parviendrais à restituer cela ?

F : Les russes et les américains sont les plus forts, tu peux pleurer en écoutant Salinger et la voix de Seymour Glass, dans « les nouvelles » ou en écoutant Holden Caufield. Et pourtant, ce n’est pas Salinger. –enfin, ça l’est un peu beaucoup, quand même – le type se suicide alors que Salinger est toujours vivant, donc, c’est bien la preuve qu’il ne s’agit pas de lui.

N : La question que je me pose est : parviendrais-je à écrire sur des personnages que je saurais créer de toutes pièces sans les tourner en dérision, en me disant que ce regard sans dérision me suffirait. Je n’arrive pas à la compassion, que je comprends fort bien par ailleurs, dans ma vie de tous les jours.

L : Oui, tu parles d’empathie.

N : Oui, l’empathie, la tendresse, il me faut parvenir à la restituer à un autre personnage.

F : Il faut se faire chialer. Il faut y aller carrément. Céline disait : «mettre ses tripes sur la table »

N : C’est intéressant. Et toi, tu t’es projeté ?

F : Je me suis dit que j’allais arrêter de parler d’Octave, je vais arrêter de parler de ces gens dégueulasses, je vais parler de mon frangin, de ma fille. Et là, c’est une autre histoire ! Parce que tu mets dans une situation délicate des gens qui n’ont rien demandé, tu te dis que tu vas peut-être faire de la peine à des gens qui n’ont pas demandé à être dans un bouquin.

La mise en scène de sa famille
N : C’est la première fois que tu impliques des gens de ton entourage familial ?

F : Non, il y en a eu beaucoup que j’ai indirectement impliqués, mais là, tu te dis que tu dois aller à l’essentiel. Pourquoi suis-je sur terre ? J’ai 40 ans, j’ai donné la vie à quelqu’un. J’entends des gens dire que « je me suis mis dans une situation dangereuse ». Non, c’est faux, tu n’es pas en danger. Tu es en danger quand tu vas en Afghanistan sous les bombes mais est ce que tu es en danger en écrivant un livre sur ta maman ?

N : La mise en danger, je l’ai vue avec mon ex-femme qui ne m‘a pas parlé pendant 2 ans après la sortie de « j’étais derrière toi ». Et la suite de l’histoire, au fond, est peut-être plus difficile.

F : C’est vrai qu’elle te donnait des coups de barre de fer ?

N : Non, pas des coups de barre der, des coups de balai. Mais tout est vrai dans ce livre

F : Ca paraissait très sado maso, j’aimais bien ça, on en redemandait.

N : Non, ça ne m’intéresse pas, je suis parti de cette relation parce que j’y souffrais. Je recherche des relations équilibrantes. Rester 10 ans avec quelqu’un cela s’achève par des coups. J’expiais des choses qui étaient du ressort de la culpabilité.

F : J’ai aussi connu la folie névrosée de la jalousie. Quoi que je fasse, je passais un interrogatoire de police en rentrant chez moi. C’est terrible quand la femme sublime que tu as aimée se transforme en policier !

L : Frédéric, en parlant de la famille, n’as-tu pas eu le sentiment finalement d’avoir blessé les tiens avec cette affaire de coke sur le capot de berline ? La promotion avait des allures de réconciliation familiale, de rédemption sur le tard. On a beaucoup vu ton frère, ta mère avec toi…

F : Oui, cela a pu apparaître ridicule. Je ne savais pas que cela allait devenir une sorte de reality-show pendant quelques semaines. Mais, bon, tu sais, on n’est pas maître de ça. C’est une conjonction de choses. Les gens s’intéressent à eux, et Charles, lui, ça ne le dérange pas de répondre aux journalistes. Pour ma mère, il se trouve que quelqu’un l’a appelée avant moi. Qui suis-je pour leur interdire cela ? L’auteur n’est pas responsable de cela !

N : Il n’y a rien à regretter, de toute façon, il n’y a rien d‘irrévérencieux pour personne dans ce livre.

F : oui, d’ailleurs, les gens étaient déçus, ils espéraient un règlement de comptes croustillant.

N : Très beaux les passages sur ton frère et ton père. Je crois qu’on finit par apprendre des gens en écrivant sur eux.

L : Moi, c’est le passage sur ton grand-père que j’ai énormément aimé. Et ce que tu dis sur la famille, c’est tellement vrai. On oublie de rappeler que l’amour n’est pas obligatoire.

F : Le passage sur la famille, ce n’est pas nouveau non plus. Regarde « les nourritures terrestres » de Gide.

Retour sur l’autofiction, l’autobiographie, la difficulté d’en sortir :
F : Ce qui est humiliant, au fond, c’est d’avoir essayé de construire des personnages de fiction qui soient incroyables, et de réaliser que, finalement, on ne peut rivaliser avec un père séducteur des années 70, costard Ted Lapidus, une jaguar, une mère amoureuse, romantique, féministe, qui divorce et qui se marre, qui vit sa vie de femme avec deux enfants et ça, on a beau chercher des personnages de proxénètes moscovites, ça sera moins fort. Il a raison Nicolas de pointer le manque cruel d’émotion chez nos personnages de fiction. Élégamment, il ne parlait que de lui mais je pense qu’on n’est peut-être pas assez bons, pas assez compétents. Pour créer des personnages avec une épaisseur, une histoire, des personnages attachants et humains, il faut un talent que nous n’avons pas ou que nous n’aurons jamais.
C’est vrai que ça suppose de mettre de soi, mais pas uniquement. Il faut sans doute la puissance démiurgique d’un Dieu.

N : Oui ou un pouvoir schizophrénique avec une capacité réelle à sortir de soi. Fondamentalement. Je caresse ce petit rêve qui pourrait me faire arriver à cela.

Anne-Laure : Vous alternez entre l’autobiographie et l’autofiction parce qu’à un moment donné, vous en avez marre de vous–mêmes. Vous avez besoin de vous orienter ailleurs.

N : Oui, on cherche à s’ouvrir mais le risque à la fin, est que ça sonne faux. Marre de se dire « y’a que ça que je sais faire ». Je fonctionne sur un mode binaire.

F : Je pense que ça se situe aussi sur différents registres : tu peux avoir envie de faire un livre très très méchant et un autre plus doux, amer, tendre, émouvant, j’en avais un peu marre qu’on me dise que mes livres soient pessimistes et là, j’ai songé que j’allais écrire un livre optimiste. Le narrateur retrouve des émotions universelles, simples, il va à la plage, je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais j’ai voulu répondre aux gens qui me disaient « mais putain, tu fais des livres sombres, sombres, on a envie de se tirer une balle à la fin de tes bouquins ». C’est un problème que j’avais. Attention, cela ne veut pas dire que le prochain, on va avoir envie de s’ouvrir les veines.

Créer un héros noble, la France un pays d’anti-héros
N : Est-ce difficile de créer un héros noble ? Aurais-tu envie de créer un héros noble, grand ? Penses-tu que tu saurais faire cela ?

F : Oh, tu sais, les héros ont été tellement en tort au XXème siècle, que ce soit le héros communiste, le héros mensonger en France du résistant parfait, la réalité est plus compliquée que l’héroisme, là, je parle d’un héros de la famille, mon grand-père Thibaut qui a attaqué les allemands en 1915 en sachant qu’il allait se faire couper en deux.

N : Oui, tu l’as dit, tu l’as écrit, tu l’admires tout en ne comprenant pas cette attitude.

F : A partir du moment où mon arrière grand père meurt – mon grand père a perdu son père à l’âge de deux mois – eh ! bien, il n’y a plus eu que des anti-héros dans ma famille. Et d’ailleurs, en France, après la première guerre mondiale, il n’y a plus eu que des anti-héros tout court. C’est pas compliqué, pour comprendre un pays, tu regardes son histoire. Ou on se fait déchiqueter mais on gagne, c’est ce qui s’est passé en 14/18 ou bien on se fait rétamer sur trois jours et c’est ce qui s’est passé en 40. Dans sa correspondance avec Bernard-Henri Lévy, Houellebecq le dit bien : « la France est morte en 1940 » et on comprend qu’on est dans un pays d’antihéros. Pas dans un pays héroique. La France était occupée par l‘Allemagne. On était dans un pays allemand ! Ici, au Bonaparte, à St Germain des Prés, c’étaient drapeaux et croix gammées, il ne faut pas l’oublier ! Nous, on est nés après. Qu’après.

N : Exactement. Et tout notre cynisme vient de là.

F : Oui, mais c’est un cynisme intuitif, involontaire. Si notre génération est ironique, c’est parce qu’on est issus de gens qui ont vécu la guerre, qui ont vécu dans un pays occupé par l’Allemagne.

Enfants de divorcés
L : Vous avez encore un point commun : vous êtes tous deux des enfants de parents divorcés.

N : Quand tu étais chez ton père, tu ne parlais pas de ta mère. Tu avais 7 ans c’est ça ?

F : Oui

N: Moi, j’avais 5 ans. J’ai développé une schizophrénie à l’âge de 5 ans. Et je me suis demandé dans quelle mesure ça n’avait pas joué pour plus tard. J’ai développé une tendance à la dissimulation, au mensonge avec une volonté de se soigner sur le tard. Cela a déterminé des attitudes par la suite. Ça commence avec les deux parents, Il y a des choses qu’il ne faut pas dire chez l’un et chez l’autre. Il y a des familles entières qui se trouvent divisées en deux blocs. Avec ma sœur, on a appris à « switcher ». On passait des vacances chez mon père et des vacances chez ma mère. Il fallait correspondre avec un autre code, avec un autre langage, selon les familles. Et en lisant le livre de Frédéric, j’ai pensé que ça avait dû conditionner quelque chose pour l’avenir. Parce que moi, j’avais tendance à penser qu’on était ce qu’on était, un peu déterminé par son histoire, un peu comme si on était une matière première. En lisant ton livre, je me suis rappelé simplement que j’étais coupé en deux.

Anne-Laure : Les parents font naître à leur insu bien souvent des mensonges, des insinuations…

N : Oui, c’est malgré eux. Tu veux plaire aux deux et tu te rends compte que tes parents sont différents. Ils ont chacun une personnalité différente, des divergences. C’est simple, au fond. Le point commun entre nous est évident, Frédéric l’a formulé, moi je ne l’avais pas encore formulé.

L : D’où le sentiment d’incommunicabilité dans « le Roman de l’été » ?

N : je ne suis pas capable de cultiver une amitié. Je peux être prévenant, gentil, donner le change en société, donner l’impression que je suis quelqu’un de délicieux, je suis, en vérité, quelqu’un de profondément seul, je préfère me désengager de toute relation, en dehors de mes relations familiales et amoureuses.

F : J’ai développé la tendance inverse. J’ai horreur d’être seul. J’ai besoin de me tenir chaud auprès des autres. Sagan était pareille. Elle préférait s’entourer d’abrutis, de voyous, de drogués plutôt que d’être seule.

Les rapports entre frères
L : Pour appuyer ta démonstration selon laquelle tu te serais construit en rapport à ton frère, tu as cité Pontalis et tu as dit que Freud s’était trompé. Tu crois vraiment qu’on se construit par rapport à son frère ? Tu ne penses pas t’être formaté par rapport à ton père ou ta mère ?

F : Dans cette affaire, tout le monde a raison. Tu as raison. La psychanalyse a raison mais je crois qu’il ne faut pas sous-estimer l’importance d’un frère aîné quand on n’est que deux enfants.

N : J’approuve totalement Frédéric. J’ai deux fils avec mon ex-femme. Le plus jeune se construit en rapport avec son frère aîné qui s’exprime mieux, il est son repère… C’est un appel d’air, un frère aîné.

F : Moi, c’était ça mon enfance, rester dans la roue de mon frère aîné. Lui, Lance Armstrong, moi, Poulidor

L : Vous parlez de modèle référent, moi, je vous parle d’identité sexuelle. On se construit naturellement par rapport au sexe opposé. Et si le sexe opposé « échoue » pour quelque raison que ce soit, on s’en remet malgré soi au sexe similaire au sien. Le frère ou la sœur, c’est tout à fait autre chose, c’est un support, une roue de secours ni plus ni moins qui vous aide à vivre ou bien vous dessert totalement. Dans le cas de Frédéric, il n’est pas certain avec le recul que le frère plus « brillant » l’ait finalement desservi tant que ça. Moins que la mère, au fond, avec laquelle il a certainement vécu son premier dépit amoureux. D’où les échecs sentimentaux par la suite.

Le regard de leurs parents sur leur oeuvre :
F : « Frère du précédent », c’est tellement beau comme titre. Jean-Bertrand Pontalis a eu un frère aîné qui a conditionné son existence. Cela ne signifie pas que je minimise l’absence de mon père si séduisant, c’est lui qui avait probablement envie d’être écrivain. C’est un grand lecteur, un philosophe exigeant. La seule chose qu’il ait dit de mes livres c’est : « C’est bien mais c’est quand même pas Charles Dickens ».

N : Mon père a employé les mêmes mots : « C’est pas mal mais ce n’est pas Dostoievsky »

L : Encore un point commun… Vos parents ont lu vos romans ?

F : Mon père, je ne sais pas s’il a lu « Un roman français », il ne m’en parle jamais ou alors il dit « Ah ! c’est bien, ça se vend bien ». Ma mère, oui, elle l’a lu.

L : Il y a donc encore beaucoup de non-dits.

F : Oui. Il y a un objet qui s ‘appelle un livre où j’ai écrit des choses noir sur blanc. Mais le problème dans la vie n’est pas résolu pour autant. On continue de ne pas se parler. Donc, rien n’a changé.

N : Il y a toujours quelqu’un dans une famille qui va servir de révélateur et c’est encore plus vrai quand ladite personne est un écrivain. J’ai la chance que mes parents lisent tous mes livres mais ils n’en sont pas fans. J’aime beaucoup mon père mais il est comme le tien. Je n’ai pas vraiment vécu avec lui, sauf pendant la guerre de 2 ans du Liban, mais néanmoins plus qu’avec ma mère. Il est aussi très exigeant en littérature. Lui, c’est Dostoievsky, c’est Gracq, c’est Dickens, c’est Malraux. Je me sens à l’étroit dans tout ça. Ma mère lit Montaigne. Moi, j’arrive avec mes autofictions et je me trouve un peu con. Mais bon, ils m’acceptent comme ça et ils m’encouragent.

L’humour en littérature, un genre sous-estimé
F : On place l’émotion au dessus de tout. Je vais encore citer Céline. Quand je lis Céline, je n’arrête pas de me poiler. Nicolas et moi sommes deux auteurs comiques. L’humour est sous-estimé en France. L’humour est une grande qualité d’ « un roman de l’été » et généralement de tout ce que tu as fait. Ce qui est bien, c’est de savoir qu’on va lire des livres méchants sarcastiques, ironiques, satiriques. Ne sous-estimons pas ça, non, parce qu’on a l’air de dire qu’un livre a de la valeur à condition qu’on ait chialé dessus mais si on a ri en y lisant les travers de l’époque, c’est bien.

L : Mais l’émotion, est un trouble entier, à part entière ! C’est à la fois de la joie et de la tristesse, OU de la joie OU de la tristesse, cela va ensemble ! Attention aux malentendus !

F : oui, mais la façon dont il dépeint avec méchanceté les personnages et la manière de les regarder est drôle. ! Ce qu’il observe des ridicules contemporains, de l’évolution de la France, de cette façon condensée de dire qu’on mange partout, moi ça m’a suffi.
En France, il y a un problème, c’est le syndrome Tchao Pantin. C’est vrai en littérature et au cinéma. Cela a commencé avec Coluche. Avec « Un roman français », les gens ont surtout retenu le coup du ricochet avec ma fille alors que j’essaye d’être drôle en dialoguant avec les commissaires.

L : Dans « Un roman français », j’ai surtout pleuré et peu ri. Dans le roman de Nicolas, j’ai plus été « tourneboulée », chavirée, agacée, plus que je n’ai ri. Pour finir, peut -on parler de cinéma ? Nicolas, tu viens de finir le scénario d’ « un Homme d’après »… Et le tournage de « j’étais derrière toi » en est où ?

N : C’est Anne Fontaine qui devait le réaliser mais ce projet n’a pas abouti. Je ne lui en veux nullement.

F : il y a trois projets concrets : « Au secours pardon » va être adapté au cinéma avec l’équipe de 99 francs. Jean Dujardin porte la barbe et la chapka et drague des filles de 14 ans à Moscou. Ce n’est pas tellement d’actu à cause de l’affaire Polanski mais bon ! Il y a « l’Amour dure trois ans », qui est le projet le plus avancé des trois mais dont la réalisation traine pourtant en longueur. Le scénario est amusant. Enfin, « Windows on the World », va se faire en film d’animation, crayonné noir et blanc avec des anglais qui veulent faire un film sur le 11 septembre en dessin animé comme « valse avec Bachir »

Remerciements à Frédéric Beigbeder et à Nicolas Fargues du temps accordé.

A lire aussi : Un café au Flore avec Frédéric Beigbeder… (conversation avec Laurence Biava et Anne-Laure Bovéron)

6 Commentaires

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  1. Très intéressant, tout ça. A méditer, surtout ! Merci pour cet échange !…

    • Une fille sur 24 novembre 2009 à 8 h 22 min
    • Répondre

    Que Nicolas s’estime heureux, d’avoir une femme qui le laisse sortir, avec moi, ce serait la burka avec lunettes de soleil, mais il croit quoi lui. Quant à FB, après ses nombreux aveux de débauche, il reste à la maison attaché dans l’armoire.

    • flipper sur 24 novembre 2009 à 21 h 57 min
    • Répondre

    allez bug bédé ou bègue bd, sans rancune

    http://www.bakchich.info/Beigbed...

  2. lol Flipper j’adore le dessin de l’article ! 😀

  3. Immense(rires).

    • pat toche sur 14 août 2010 à 20 h 30 min
    • Répondre

    c’est bien, mais ce n’est quand même pas du Thierry Roland — Jean-Michel Larqué!

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