Ce nouveau prix créé par un organisme de formation et de conseil pour le bien-être au travail, Place de la Médiation, et le cabinet d’expertise Technologia, spécialisé en prévention des risques professionnels, vise à récompenser « l’auteur le plus apprécié pour la lucidité de son regard sur le monde professionnel et les qualités littéraires de son œuvre. » Jusqu’ici tout va bien… sauf qu’il est remis par Xavier Darcos, ministre du travail… Ou comment politique et littérature ne font pas bon ménage :
Sur douze ouvrages en lice, trois romans se disputaient la première place : « Jeune professionnel », de Guillaume Noyelle aux éditions Bartillat ; « Les Heures souterraines », par Delphine de Vigan, candidate au Goncourt (Jean-Claude Lattès). Enfin, « Notre Part des ténèbres » de Gérard Mordillat (Calmann-Lévy). Ce dernier avait d’ores et déjà annoncé qu’il ne se rendrait pas à la remise de prix. Il a déclaré entre autres, refuser de serrer la main « à un membre d’un gouvernement qui s’enorgueillit d’avoir un ministère du racisme et de la xénophobie, qui stigmatise les chômeurs comme des fainéants et les salariés comme des privilégiés, qui taxe les indemnités des accidentés du travail etc. ».
Un sentiment que partage peut-être aussi, la lauréate élue ce lundi 7 décembre, Delphine de Vigan pour « Les heures souterraines », puisqu’elle a boycotté la cérémonie de remise du prix… Dans son roman, Delphine de Vigan raconte l’histoire du harcèlement moral et de la « placardisation » d’une salariée, au sein d’une entreprise où elle continue de pointer tous les matins, mais où elle n’a plus rien à faire.
« Avec Les heures souterraines, j’ai voulu évoquer les violences silencieuses de la ville et du monde de l’entreprise », a expliqué l’auteur.
« C’est une image de l’entreprise extrêmement dure, d’un monde hostile, qui broie, qui casse« , a souligné le ministre du Travail, en remettant ce prix. Pour Jean-Claude Delgènes, directeur de Technologia, le livre « illustre la problématique de l’isolement dans l’entreprise », et « d’un délitement du collectif de travail ». Mais il donne « une image très négative de l’entreprise et des relations de travail« . « J’espère que les prochaines éditions illustreront plutôt la résilience au travail, la reconstruction de l’individu par le travail« , a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de « ne pas perdre de vue que le travail reste une voie d’accomplissement« .
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