« Roman à clefs » d’Alizé Meurisse et « 1000 mensonges » de Boris Bergmann : les deux plus jeunes auteurs de la rentrée littéraire 2007 poursuivent leur carrière d’écrivain débutée précocement. La première avec un jeu de piste littéraire poétique et le second avec le récit d’une fuite en avant hallucinée. Tandis que Antoni Casas Ros, jeune auteur espagnol très remarqué en 2008, signe un 2e roman très attendu :
Très remarqué et salué pour son premier roman, « Le Théorème d’Almodovar » (sorti en poche en juin 2009), prix du meilleur premier roman 2008 en Espagne, le jeune auteur « sans visage », Antoni Casas Ros qui racontait son expérience quasi mystique de la défiguration suite à un tragique accident, revient en cette rentrée (après un recueil de nouvelles « Mort au romantisme » -Muerte al romanticismo-) avec un nouveau roman : « Enigma », toujours chez Gallimard.
« Je suis atteint d’un mal étrange, non répertorié par la psychiatrie, un mal dont je connais la source avec précision mais qui perdure depuis l’adolescence en dépit de tous mes efforts pour m’en libérer. Devant le silence effaré de mes interlocuteurs, j’ai donné un nom à ce mal. Après une longue hésitation, faute de mieux, je l’ai appelé : syndrome Enigma. »
Après un premier roman remarqué « Pâle sang bleu » (une histoire de Roméo et Juliette moderne et précaire) par la critique et sélectionné pour le Prix de Flore 2007 à l’âge de 21 ans, Alizé Meurisse fragile et jeune écrivain à l’univers rock et arty (elle a été la photographe de Pete Doherty) revient en cette rentrée avec un deuxième roman « Roman à clefs » toujours aux éditions Allia : une jeune fille, un jeune-homme, une rencontre, une séparation puis enfin l’amour comme une apothéose. Mais les repères intemporels et spatiaux, de même que les relations de cause à effet, s’estompent volontairement. Ils s’effacent devant les digressions et éclats poétiques. Avec un langage singulier et des images pleines d’humour, l’auteur donne de la vivacité et de l’insolence aux soliloques intérieurs de ses personnages. « Espérer ou désespérer, c’est toujours aimer.Tomber dans le vide mou et gris du désamour, c’est bien pire que de saigner. » écrit-elle. Entre Nietzsche et les Beatles. Questionnant la voie, la foi, la mort, l’amour et l’art, Alizé Meurisse écrit ici un jeu de piste littéraire, où la fin de chaque partie donne la clef pour accéder à la suivante, décrit son éditeur. Dans une interview, elle confiait : « Ce second roman est très différent du premier, c’est une nouvelle étape dans ma carrière d’écrivain. Ce sera un roman plus ou moins de science fiction. »
Extrait : « Il dort encore. Dans une chambre d’hôtel majoritairement fréquentée par des vacanciers à revenus modestes, je me réveille à ses côtés. Mes yeux se lubrifient à petits coups de paupière laissant s’échapper un pépin d’eau salée au coin rose tendre de l’oeil. la nuit des coccinelles font leurs petites crottes jaunes au bord des yeux des dormeurs. »
Disponible le 21/01/10
De son côté le fameux Boris Bergmann, prix de Flore du lycéen 2007 à l’âge de 15 ans ! (avec « Viens là que je te tue ma belle »), n’abandonne pas sa vocation d’écrivain et signe un troisième opus (après « Nous sommes cernés par les cibles » en 2008 chez feu Scali) en cette rentrée : « 1000 mensonges » aux éditions Denoël, le récit d’une fuite en avant initiatique, réflexion sur la traversée du fantasme et l’assomption à soi-même. Il revisite de manière très singulière certains mythes fondateurs de la littérature, l’amour, l’inceste, le suicide, avec une tonalité fiévreuse et hallucinatoire qui n’est pas sans faire écho aux grands textes de la tradition surréaliste…, nous dit son éditeur.
L’histoire ? Mytho fuit, il laisse une femme, une maison, une vie, et décide de repartir de zéro. Il veut oublier le secret qui pèse sur sa conscience. Il débarque à LadyLongSolo, capitale de ceux qui cherchent une seconde chance, et s’invente des passés multiples, allant de falsifications en supercheries. Mais tout se complique le jour où il rencontre Sophie, une jeune femme belle, triste et incrédule.
3 Commentaires
A lire la dédicace des premières pages du livre de Bergmann, il semblerait qu’il soit désormais suivi ou chapeauté par Georgina Tacou et Mathieu Terence (d’ailleurs le peu de pages feuilletées suffit à décerner le côté "terencien" de l’univers du livre)
Comment dire… Un personnage en fuite, souvent désespéré ou accro à l’échec, le classicisme de la langue, la femme comme un idéal absent, le goût du sexe déviant (inceste, fétichisme, sado-masochisme), une réflexion sur la nature humaine… C’est l’univers térencien en gros. Maintenant reste à savoir si c’est complètement fabriqué chez Bergmann.
Aha ça veut dire que la critique ne va pas tarder à arriver! Ca serait intéressant de justement mettre ça en regard avec les romans de Mathieu Terence.