Alina Reyes perd son procès de plagiat contre Haenel (et plagiat sur Internet : l’affaire Helene Hegemann)

En 2007, l’auteur de « Le boucher » lançait une accusation massive contre l’auteur du Cercle en estimant que toute l’œuvre de Yannick Haenel (actuellement dans la tourmente d’une polémique pour « falsfication de l’histoire » pour son roman « Jan Karski ») serait un plagiat de son travail. Elle expliquait alors qu’il y avait là « une avalanche de références ou d’emprunts à son imaginaire ».

La presse l’accuse alors de paranoïa ou de « manoeuvre publicitaire », rappelant qu’elle est quelque peu dans l’ombre depuis le succès de son premier roman. Le jugement est tombé hier par le Tribunal de grande instance de Paris. Une décision dont la romancière peut faire appel : «Le roman Cercle ne constitue pas une contrefaçon des œuvres d’Alina Reyes

A l’origine de ce procès, l’écrivain expliquait sur son blog A mains nues : « Fin août 2007, alors que paraissait mon roman Forêt profonde (Le Rocher), j’ai lu le dernier roman de Yannick Haenel, Cercle, publié à la même période. Dès la première page, et jusqu’à la dernière, j’ai vu ce livre d’un bout à l’autre nourri de mon œuvre : Forêt profonde, mais aussi notamment La Chasse amoureuse (Laffont) ou Ma vie douce (Zulma). »
Elle a à ce titre effectué une analyse comparée des deux romans évoquant notamment que « Les deux romans figurent une traversée « dantesque » en trois parties. Dans les deux textes, chacune de ces trois parties contient à la fois le purgatoire, l’enfer et le paradis, mais il reste que, toujours dans les deux cas, le purgatoire est plutôt figuré par la première partie, l’enfer par la deuxième, et le paradis, ou du moins le retour à la vie et son approbation, par la troisième. »

Haenel avait alors réagi sur Bibliobs.fr : « (…) elle se sert de mon roman pour essayer de faire parler du sien. Elle croit voir dans «Cercle» des «emprunts» à des livres d’elle, sous prétexte que, selon elle, figurent, dans son «imaginaire» comme dans le mien, une danseuse, un lieu comme Notre-Dame-de-Paris ou des thèmes considérables comme «les oiseaux, la neige, la forêt, les loups» (pourquoi pas la vie et la mort?). Enfin elle laisse entendre, par une abracadabrante insinuation, que ses manuscrits refusés chez Gallimard me seraient transmis! Tout cela pourrait n’être que grotesque, et un peu triste; mais cette manière de discréditer un écrivain en l’accusant de pillage est très grave. »

Réagissant à cette décision de justice, Alina Reyes a écrit : « Cette histoire eût pu être une fable de La Fontaine. Le loup et l’agneau, par exemple. Le loup justifiant son injustice : «on me l’a dit, il faut que je me venge». La victime devient l’accusé, le tour est joué. «Sans autre forme de procès», comme dit la fable, nous en serions restés là, puisque me fut refusée la moindre explication sur ces faits. Mais il est des agneaux qui ressuscitent, grâce à Dieu ! » (Erratum sur citation d’Alina Reyes : rectifié le 15/02/2010)

A lire aussi ci-dessous en commentaire : le plagiat sur Internet à travers l’affaire de la jeune romancière allemande Helene Hegemann

17 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

    • laurence.biava sur 12 février 2010 à 16 h 38 min
    • Répondre

    ça me rappelle un débat récent : Décidément, "le plagiat" est à la mode.
    "Haenel n’est qu’un pitoyable compilateur de lieux communs saupoudrés de sucre kitsch, le tout baignant dans une soupe poisseuse de lyrisme byzantin."
    Cette phrase d’ Alina Reyes, dont j’aime bien pourtant certains romans est d’une mesquinerie et d’une petitesse sans nom. Je suis sans voix.

    • luculus sur 12 février 2010 à 22 h 44 min
    • Répondre

    Alina Reyes est une agitée du bocal, cela ne fait guère de doute mais j’aime bien cette phrase car en fin de compte elle dit exactement ce qu’est Yannick Haenel. On s’apercevra bien quelque jour des manigances par lesquelles ce médiocre gratte-papier s’est retrouvé sous le feu des projecteurs!

    • laurence.biava sur 13 février 2010 à 17 h 57 min
    • Répondre

    "….ce médiocre gratte-papier s’est retrouvé sous le feu des projecteurs…" Vous croyez qu’on peut dire cela objectivement d’une personne qui a tout de même obtenu les Prix Décembre, Roger-Nimier et Interallié ? Les quelques fois où j’ai entendu et lu Haenel, je l’ai beaucoup aimé. Certains passages de "Jan Karski" sont fulgurants, ce livre est inoubliable.

    • krul sur 13 février 2010 à 23 h 49 min
    • Répondre

    … vous êtes nulle et vraiment de plus en plus à plaindre, ma chère Alina !

    • luculus sur 14 février 2010 à 12 h 16 min
    • Répondre

    Chère Laurence, vous faîtes manifestement partie de ceux qui pensent que notre cher président de la république ne peut pas être mauvais (pour ne pas dire autre chose) puisqu’il a été élu par une majorité de français. C’est donc le flacon qui devra faire l’ivresse… Vous n’avez sans doute pas idée du nombre d’auteurs tombés dans l’oubli et qui en leur temps avaient reçus prix sur prix. Vous avez paraitement le droit d’aimer haenel ; le mauvais goût n’est pas un délit. Je vous suggère tout de même de lire cet article où vous apercevrez d’autres opinions que la vôtre sur ce grand auteur primé. bibliobs.nouvelobs.com/bl…

  1. Cela donne surtout envie de lire le livre de Marie Darrieussecq sur le plagiat…

  2. Bonsoir.
    vous prêtez à Alina Reyes des propos qui sont les miens, puisque c’est moi qui ai publié sur Stalker, précédé d’une introduction mienne, le texte d’Alina Reyes consacré à cette affaire.
    Cordialement.

    • laurence.biava sur 15 février 2010 à 20 h 51 min
    • Répondre

    Luculus, je vous serais gré de considérer que je possède un peu plus d’esprit critique que ce que vous laissez entendre. J epréfère généralement entendre la voix des minorités que celle des majorités, figurez vous. Et je me fiche bien de Sarkozy comme de ma première chemise. En attendant, ce n’est pas, à contrario, parce qu’un écrivian est récompensé, qu’il faut à tout prix suspecter qu’il n’aurait pas du l’être, on va vu ça ici récemment avec Liberati et consorts, ce petit esprit français fort sournois, gavé de préjugés sans nom, finit par me donner la nausée. Pour le reste, je ne pense nullement avoir mauvais goût en prétendant que Haenel est un bon écrivain, d’une part, et d’autre part, parce que je réalise ici des chroniques pour des romans qui me plaisent mais que je ne choisis pas forcément de mon propre fait. Mais précisément je ne lis pas tout et n’importe quoi et je pense être une personne de bon goût, ne vosu en déplaise. Figurez vous que le lien vers lequel vous me renvoyez, je l’ai déjà lu, il y a fort longtemps : Je m’aligne complètement sur ce qu’en a dit Médiapart, au début de l’été, par la voix de Sylvain Bourmeau sur Facebook. Entre autres. J’ai le droit non ? Parce que pour moi, souvent, oui souvent, le mauvais goût en matière de littérature, je pense que c’est Pierre jourde. Bonsoir.

    • luculus sur 16 février 2010 à 5 h 46 min
    • Répondre

    Chère Laurence,
    De votre esprit critique, je ne laisse rien entendre du tout, pour la simple raison que j’ignore totalement ce qu’une telle expression peut bien signifier. Pour le reste, je me suis contenté de vous répondre. C’est vous qui avez invoqué les prix littéraires comme un argument d’autorité supposé devoir infirmer mon jugement. Je vous cite : "Vous croyez qu’on peut dire cela objectivement d’une personne qui a tout de même obtenu les Prix Décembre, Roger-Nimier et Interallié ?". Et je vous ai répondu que pour ma part en effet, je le crois. J’ai la faiblesse de trouver les prix, quels qu’ils soient, suspects par nature. Vous ne m’en tiendrez pas rigueur, j’en suis certain. Quant aux minorités auxquelles vous vous référez, j’avoue ne pas bien comprendre à qui ou à quoi vous faîtes allusion. Yannick Haenel appartient pleinement à la mafia culturelle qui fait la loi dans ce pays. Aux dernières nouvelles, il est même le lieutenant préféré de l’un de ses principaux parains. Je n’appelle pas cela une minorité, non plus que le journalisme populacier qui rampe à ses bottes. C’est la rançon de la gloire sans doute ! Vous parlez d’un écrivain ! Tout au plus Yannick Haenel est-il un compilateur maladroit accablé d’une grapholalie strabique. Et les honneurs reçus par ses oeuvres, les privilèges accordés à sa personne, les impulsions données de main de maître à sa carrière de romancier, tout au plus ne sont-ils à leur tour que la manifestation d’un pouvoir, non d’une puissance – celle de la littérature, n’est-ce pas. Ces gens là ont les moyens de fabriquer des majorités précisément, et, pardonnez-moi chère Laurence, vous en êtes la preuve vivante. Par devoir professionnel plus que par goût, vous vous en doutez, j’ai lu presque toutes les cochonneries publiées à ce jour par Yannick Haenel. Mais même en faisant un suprême effort, je ne parviens pas à calmer mon indignation. Et puis l’incroyable arrogance d’Haenel, sa tartufferie de premier ordre ne me portent décidément pas à la mansuétude. Cet insurgé de notre temps posant pour Gala, cet ennemi redouté des médias courant les plateaux de télévision, ce solitaire métaphysique ayant place chaude dans les salons les plus en vue de nos modernes précieuses tellement ridicules, enfin ce champion toutes catégories de l’enflure n’a pas écrit une seule phrase à la hauteur du talent qu’on lui prête et qu’il s’imagine lui-même possèder.
    Vous me demandez si vous avez le droit ? Mais s’il ne tient qu’à moi ma chère Laurence, vous les avez tous. Le droit de vous aligner sur je ne sais pas très bien quoi.. celui d’aimer Haenel, et pourquoi non ? Celui de m’être gré plutôt que de me savoir gré tout aussi bien s’il vous chaut. Et même de défendre le pauvret Haenel face à la horde sournoise des petits esprits – mais en a-il vraiment besoin ? Moi j’ai le droit de vous saluer en toute amitié et de vous souhaiter encore de bien bonnes lectures.

    • Pacifique sur 16 février 2010 à 9 h 50 min
    • Répondre

    Dans cette affaire il n’y a ni perfidie ni innocence.
    Dans ce siècle mécanique, prolifèrent des têtes robotiques, aux "styles’, thèmes et vocabulaires identiques. Rien de surprenant que de plus en plus vastes coïncidences se produisent dans leurs banales productions.
    Donc, pas de loups, dans leur troupeau, – que des moutons.

  3. D’accord avec vous, Luculus : n’oubliez point, dans votre salutaire et juste mise au point, de réaffirmer bien fort que ce pur parmi les purs, Yannick Haenel, a presque aussi peu de relais médiatiques que son mentor, Philippe Sollers.
    C’est dire.
    Que l’on ose prétendre que ce compilateur pas même doué dans ses compilations est un écrivain est à mon sens le signe de deux choses : une profonde stupidité, une incroyable incompréhension de ce qu’est la littérature si l’on a lu ses livres, un mensonge éhonté, uniquement pour suivre le mouvement des moutons de Saint-Germains-des-Prés si on ne les a point lus. Dans les deux cas, de la bêtise à l’état brut.
    Sylvain Bourmeau, l’ancien des Inrocks ? Belle blague : celui-là est à peu près autant critique littéraire que je suis joueur de tambourin.

  4. Bonjour Luculus,
    Je reste curieuse de savoir pour quelle raison tu as lu tous les livres publiés par Y.Haenel si son œuvre te paraît si médiocre ?

    Par ailleurs, penses-tu qu’il puisse y avoir plagiat sur l’oeuvre d’A.Reyes comme elle l’affirme ?
    Merci !

  5. Drôle de question Alexandra !
    Attendons la réponse de l’intéressé mais enfin, je puis par avance donner celle qui me semble évidente : avant de critiquer un auteur, il faut l’avoir lu n’est-ce pas ? Et la meilleure façon de le démolir (s’il ne vaut rien, bien sûr), n’est-ce pas encore d’avoir tout lu, de connaître tous les tenants et aboutissants de son oeuvre ?
    J’ai ainsi lu tout Haenel, tout Meyronnis et presque tout Sollers.
    Je sais, c’est surhumain et je ne suis même pas payé pour faire ce boulot supérieurement ingrat.
    Les journalistes qui pratiquent la critique littéraire feraient d’ailleurs bien de s’inspirer de ce minimum déontologique, ce qui nous aurait évité de lire des papiers accablants de copinage et de nullité sur le livre d’Haenel.

    • François Goethals sur 8 mai 2010 à 18 h 50 min
    • Répondre

    En marge de quoi, j’ai, il y a deux ou trois matins eu le plaisir d’émerger avec la voix d’Alina Reyes interviewée très tôt sur France Inter. On dit que les voix mentent difficilement. La sienne m’a charmé. Ce qu’elle disait aussi.
    D’un musicien.

    • Vagabond sur 18 juillet 2010 à 12 h 28 min
    • Répondre

    Je tiens à m’exprimer suite à la lecture de certains des messages ici. Je trouve cela totalement pathétique et enfantin de comparer des auteurs qui n’ont rien à voir à part trois ou quatre misérables thèmes en commun. Cela me fait penser aux gamins de maternelle "mon papa est le plus fort ! " "nan ! c’est le mien !" ou encore des machistes "c’est la mienne qu’est la plus grosse!"

    Nan mais sérieusement, comment pouvez-vous dire qu’un auteur est nul ? Chacun a son propre style, y’en a qui plaisent à une majorité et y’en a qui plaisent à des minorités. Du moment qu’ils savent construire des phrases en Français, c’est ce qui compte. Point à la ligne, c’est une simple question de goût. Après, vous pourrez toujours chercher à "demolir" (je trouve ça trop pitoyable) des auteurs dont la plume ne vous plait pas mais les raisons que vous invoquez à leur encontre sont des raisons qu’on peut également invoquer à l’encontre des auteurs que vous aimez.

    Bref, pitoyables les luculus et compagnie … vous devez être bien frustrés pour avoir envie de "démolir" des gens …

    • Vagabond sur 18 juillet 2010 à 12 h 33 min
    • Répondre

    Et je finis en disant que quasiment toutes les instances qui décernent des récompenses aux oeuvres, que cela soit des films ou des livres, le font souvent pour des raisons sociales plus que littéraires…

    Faut vraiment être naïf pour croire que c’est toujours à "ceux qu’on trouve les meilleurs dans ce qu’ils font" qu’on accorde le prix.

    Les critiques littéraires sont souvent des gens frustrés de n’avoir les capacités et le courage nécessaire à la rédaction d’une vraie oeuvre, alors ils se dédoulent sur les autres.

    Monde de frustrés !

    • C.Q.F.D sur 7 juillet 2011 à 9 h 43 min
    • Répondre

    CONCERNE JUGEMENT ALINA REYES/YANNICK HAENEL

    SUITE ET CONFIRMATION(18 JUILLET 2010)

    CECI N’EST PAS UN PLAGIAT(CFR MAGRITTE)

    SE REFERER AU LIVRE DE ROLAND BUSSELEN : ENCRE,LE NOM DE MON ESPRIT PARU EN 1998.

    ET VOIR LA PAGE 138 DU LIVRE DE HAENEL : LE SENS DU CALME PARU EN 2011.

    PAR ESTIME POUR ROLAND BUSSELEN

    C.Q.F.D

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.