Si les aspirants écrivains se plaignent souvent du parcours de combattant jusqu’à la publication, ils n’ont rien à envier à la condition de scénariste. Un auteur dévoile sur son blog les dessous du milieu hostile de la télévision et des productions ciné. Où l’on apprend notamment l’existence d’un mystérieux projet ciné (parodie) avec un « célèbre écrivain » qui pourrait bien être Frédéric Beigbeder… :
Rédigé anonymement depuis un peu moins d’1 an, l’auteur, par lassitude devant ses échecs répétés, a choisi de dévoiler l’existence de ce blog aujourd’hui sur sa page Facebook*. « J’ai décidé d’ouvrir ce blog d’abord pour faire le point sur les rebondissements souvent étonnants (pour moi) de ma balbutiante carrière d’auteur. » écrivait-il dans sa première note. Présenté comme « les tribulations d’un auteur légèrement dramatique, qui voudrait que ses pièces soient jouées, ses scénarios tournés, et, si possible, en retirer un peu de reconnaissance et d’argent« , le blog raconte les différents projets d’écriture dans lesquels il s’est lancé entre 2009 et 2010 : nouveaux concepts de séries, pièce de théâtre, long métrage ciné…
Les difficultés pour trouver non pas un éditeur mais un producteur, les relations houleuses avec les directrices littéraires des maisons de production ou encore les « conseillers fiction » de chaînes de télévision. L’envoi de « synopsis », de « séquencier », de « traitements » et autres pitchs… suivi des longues attentes stressantes de réponses ainsi que les demandes d’aide financière au CNC et autres mécènes.
Et parfois il craque : « Je n’en peux plus. Cela fait trois ans et demi que ça dure. Je ne me sens plus capable de me lancer dans quoi que ce soit, tant les expériences cumulées de l’indifférence, du mépris et de l’incohérence me sont devenues douloureuses. Quand on écrit, on s’expose à ne pas être choisi, à ne pas être apprécié. Cela, j’y suis prêt. Mais j’ai été choisi plusieurs fois, puis rejeté sans raison connue ; mon travail a été apprécié souvent, sans que cela me vaille la moindre gratification. Et surtout, une infime proportion de ceux à qui je m’adresse lit ce que j’écris ou en tire quelque conclusion que ce soit. »
Jusqu’à ce qu’arrive, entre autres, en janvier 2010, un beau projet, initié par « un écrivain célèbre »qui lui promet qu’il écrira le scénario : « Mon ami FB, l’écrivain célèbre, m’a appris que l’idée de comédie dont il voulait faire son premier film a trouvé un écho favorable chez un gros producteur. . »
Malheureusement 6 mois plus tard, le projet se trouve apparemment bloqué : « le sujet est original et actuel, le ton mordant et moqueur (mon ami FB est connu, par ses livres, pour son regard acide, désabusé, provocant et rieur sur le monde contemporain), la forme est annoncée : ce sera une parodie de reportage télévisé. (…) deux semaines après la signature (un délai très rapide dicté par la proximité du festival de Cannes et d’autres obligations de Fb et de Ch), je livre à FB un traitement de 20 pages, développement du synopsis rédigé par lui et acheté par le producteur. Ce récit complet, articulé en séquences, comprend des bribes de dialogues, des idées de réalisation, et nous amuse tous les deux. Après quelques corrections, quelques coups de téléphone entre nous, FB transmet donc ce traitement à Ch. deux jours plus tard, nous avons rendez-vous avec lui dans un café de Saint-Germain-des-Prés. il est effondré. très déçu. incapable de pointer du doigt un problème particulier, il se plaint d’abord que les deux héroïnes manquent d’humanité, d’épaisseur, ensuite que le film ressemble trop à un reportage télévisé. De ses explications confuses il ressort que soit il n’a rien compris au synopsis qui l’a décidé à nous engager, soit il a, entretemps, changé d’avis et a omis de nous le signaler. Sur la forme du reportage télévisé parodique, FB ne veut pas reculer, et je crois qu’il a raison : le sujet que nous traitons a partie intimement liée avec la télévision actuelle, et plus précisément avec la téléréalité, à laquelle notre parodie emprunte un grand nombre de codes.
Sur l’humanité et l’épaisseur dramatique des héroïnes, je pense qu’il s’agit d’un manque de clarté dans l’écriture, d’une présentation trop schématique (nous nous sommes concentrés sur la comédie, avec l’obsession d’être drôle le plus souvent possible). Je rédige donc, dans les jours qui suivent ce rendez-vous, une nouvelle version qui tient compte des inquiétudes du producteur et des convictions de l’auteur-réalisateur. Je maintiens la forme d’un reportage parodique, en la rendant moins sensible à la lecture, et j’écris plusieurs scènes nouvelles où les deux héroïnes nous dévoilent d’autres facettes de leur personnalité. j’envoie cette nouvelle version à FB, à la veille de l’ouverture du Festival de Cannes, afin qu’il puisse la lire dans le train. c’était le 10 mai. »
Entre promesses non tenues, déconvenues et ré-écritures incessantes qui n’aboutissent pas, l’auteur se sent démotivé… Ce projet secret verra-t-il le jour ?
A suivre à l’adresse : http://catbobby.over-blog.com !
*A la demande de l’auteur, son nom a été supprimé
2 Commentaires
j’ai fermé ce blog.
FB c’est François Bégaudeau et pas Frederic Beigbeder. Une série pour canal, non ?
Je pense qu’il faut changer de métier quand on n’y trouve aucun plaisir. Et Auteur n’est pas un métier pénible…