Alors que les épreuves du bac s’achèvent, les premières perles des copies et oraux fleurissent. Lapsus, confusion et autre explication farfelue voire surréaliste… sont soigneusement collectés par les professeurs et font l’objet de quelques anthologies sur le web. La cuvée 2010 ne manque pas d’humour :
Aymeric Patricot, prof de français en banlieue parisienne et par ailleurs écrivain, notait sur son blog quelques répliques des malheureux élèves :
Le poème de Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose… » donne lieu par exemple à cette analyse originale : « Dans ce poème, Ronsard est prêt à tout pour annexer des proies… »
Il relève également le plan en deux parties sur le monologue de Dom Juan sur l’éloge de l’inconstance en amour consistant en I) Un séducteur passionné suivi de II) Un séducteur vraiment très passionné…
Lors d’un entretien sur les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos la définition de la littérature épistolaire laisse perplexe un élève qui finit par tenter un « Euh… Eh bien… C’est la littérature avec un pistolet ? » !
Enfin lorsqu’il demande à un autre s’il a une précision ou une analyse à rajouter suite à sa présentation de Bel-Ami, il hésite avant de s’écrier : « Ah oui : VIVE LE SPORT !! »
Rappelons que le 21 juin dernier, les élèves de première ont planché pour leur bac français écrit sur les sujets suivants :
Au programme des Première L, les réécritures ainsi que le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde autour de Gustave Flaubert, dont l’Éducation sentimentale dominait dans le corpus de textes – ainsi que les Mémoires d’un fou. Egalement un texte de Louis Aragon, Blanche ou l’oubli, daté de 1967.
Côté dissertation, les élèves pouvaient plancher sur le sujet suivant : « Selon vous, réécrire, est-ce chercher à dépasser son modèle ? Vous développerez votre argumentation en vous appuyant sur les textes du corpus, ainsi que sur ceux étudiés en classe et sur vos lectures personnelles. Vous pourrez vous intéresser à d’autres genres que le roman. »
Les séries ES et S ont dû réfléchir à un corpus de trois auteurs, Fénelon, Montesquieu et Voltaire, autour du thème « L’argumentation : convaincre, persuader et délibérer ». Côté dissertation : « En quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure ? Vous développerez votre argumentation en vous appuyant sur les textes du corpus, les oeuvres que vous avez étudiées en classe et celles que vous avez lues. »
Sur de nombreux sites, on retrouve également des anthologies des perles des années passées. Florilège :
– « Victor Hugo écrivait des publicités pour les pauvres misérables.
– Baudelaire a fait scandale en écrivant son célèbre « Les fleurs du mâle ».
– George Sand était une homosexuelle qui aimait les hommes.
– Pascal a consacré sa vie à écrire les essais de Montaigne.
Une bibliothèque c’est comme un cimetière pour les vieux livres.
– De toutes les pièces de Molières « Les pierres précieuses ridicules » est la plus connue.
– Marius Pagnol se servait de son accent pour écrire.
– La lecture est faite pour ceux qui n’aiment pas écrire.
– Le seul poème de Ronsard raconte une histoire de fille qui veut aller voir des roses.
– Molière est mort sur la seine.
– Le premier groupe comprend les verbes qui se terminent par « er ». Exemple: grandir
La Fontaine a écrit les fables de multiplications.
– Une langue morte est une langue qui n’est parlée que par les morts«
3 Commentaires
Pardon mais c’est proprement pathétique.
"Pathétique", je ne sais pas ; drôle : sûrement…
Profond, parfois encore.
Si l’on enlève la provoque du "vive le sport" ou la pauvreté de l’analyse de Dom Juan, il y a des choses maladroites mais pas pour autant idiotes. On ne peut pas dire que celui qui commente Ronsard et sa rose ne soit pas dans le vrai. Qui n’a pas écrit dans le but de séduire ?
Dans le florilège, à côté du jeu de mots involontaire sur Baudelaire, Molière… ou des raccourcis sur Sand, on a des phrases qui veulent dire quelque chose et qui témoignent de quelque chose d’important :
– Une langue morte est une langue qui n’est parlée que par les morts
-Victor Hugo écrivait des publicités pour les pauvres misérables
-Une bibliothèque c’est comme un cimetière pour les vieux livres.
– Marius Pagnol se servait de son accent pour écrire.
– La lecture est faite pour ceux qui n’aiment pas écrire
Il y a toujours une bonne intuition dans ces ces phrases, à mon avis, même si la formulation peut gêner…
Pathétique ? Tu penses vraiment que les élèves qui ont écrit ça étaient sérieux ? Quelques maladroits sans doute mais une majorité d’élèves qui, face à un sujet qui ne les inspire pas le moins du monde, préfèrent le rater avec humour.