L’œuvre d’Hervé Guibert, dont Le mausolée des amants, reste une influence marquante de la nouvelle génération littéraire, dont Nina Bouraoui est sans doute l’une des voix les plus actives pour la faire connaître. Elle le cite ainsi régulièrement: « Guibert écrit avec ses yeux, avec le corps entier. C’est une littérature sensuelle, voire charnelle. Ce n’est pas un écrivain de l’intime. C’est un écrivain de l’intérieur, c’est-à-dire de la matière vivante. Chaque livre est le livre de la vie. ». De son côté Marie Darrieussecq lui a consacré en 1997 une étude dans le cadre d’un dossier « Le Corps textuel d’Hervé Guibert ». Catalogué « écrivain-homo-sidaique », les livres de Guibert, à l’instar d’un Guillaume Dustan, sont hantés par le corps, source de plaisir et de douleur, dans son expression la plus organique et la plus sexuelle, mais aussi et surtout dans sa déchéance rongée par la maladie et menacée d’une mort palpable. A partir de 1990, date à laquelle est publié « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » -roman dans lequel il évoque son combat contre le sida et dévoile les circonstances de la mort du philosophe Michel Foucault (Muzil dans le roman)-, Hervé Guibert connaît une forte notoriété médiatique. Il restera d’ailleurs jusqu’à sa mort (sur laquelle il livra un travail acharné jusqu’à se filmer agonisant : « La Pudeur ou l’Impudeur ») à un véritable « phénomène médiatico-littéraire ».
Photographe, journaliste, écrivain – avec pas moins de 28 ouvrages -, chroniqueur de photographies, scénariste et vidéaste…, Guibert est un artiste aux multiples facettes. Et c’est peut-être dans son journal posthume (1976-1991), Le mausolée des amants, que l’on retrouve toute sa richesse multiple. Un journal âpre, presque pestilentiel parfois, où il pose son regard acéré sur son travail (écriture, photo…) mais aussi sur ses amours, conquêtes, son entourage familial, rencontres de hasard, voyages, la vieillesse, la maladie, le corps désirable ou repoussant…. :
« Je rêve d’un mausolée rond, en forme de coupole, traversé de part en part par les gisants des amants qui y sont enterrés. Ainsi leurs corps, côte à côte, écartent la pierre comme pour se frayer un passage vers le ciel, une fuite. Dans mon rêve ils sont couchés à plat, calmes, mais au matin j’imagine qu’ils veulent s’extraire de la pierre, ou qu’ils s’embrassent avec force, que leurs corps enlacés, l’un sur l’autre pénétrés, font au monument une figure de proue obscène, leurs pieds nus ressortent de l’autre côté emmêlés ; leurs ventres, leurs sexes sont absorbés par le vide. L’intérieur est comme un planétarium: sur toute la paroi de la coupole est peinte une nuit étoilée et on retrouve à ras de terre les gisants des deux amants, cette fois dans leur vraie dimension et de marbre blanc sur le sol noir. A leur côté un ange a chuté, comme cette statue de Maillol d’une femme sur le côté et en déséquilibre que j’aime tant. »
Nina Bouraoui le considère comme l’un de ses livres de prédilection qu’elle aime relire car dit-elle « On y décèle toutes les trames de ses autres romans, ses phobies, ses peurs, errances, ses personnages, dont Vincent, un de ses amants, et T., l’homme de toute sa vie… Pour continuer à apprendre ce que signifie vivre, écrire et aimer, le journal d’Hervé Guibert, Le mausolée des amants, réunit l’érotisme, la sexualité, la littérature en tant que don de soi. J’ai souvent pensé que Guibert était une sorte d’amant de papier. Sa lecture est charnelle. Je songe aux débuts de certains de ses romans, aux corps de ses amants, à sa force – son incroyable force -, à sa voix étrange, à son visage, triste et grave, à sa beauté, entêtante. » expliquait-elle dans une interview.
On y trouve en effet toute l’essence métatextuelle de ses grands thèmes et obsessions littéraires qui nourriront son œuvre : depuis l’étau familial (ses parents, ses tantes…) pour lequel il éprouve une affection-répulsion jusqu’à son désir sexuel omniprésent, presque dévorant ou encore son observation quasi clinique de son entourage, des corps et de leurs diverses manifestations organiques…
Ce qui frappe c’est la coexistence constante jusque dans les dernières pages, de ses pulsions sexuelles parfois presque sauvages et violentes, de pornographie comme il le dit, avec le spectre de la mort et de la maladie qui le hante. Eros et Thanatos étroitement liés et se disputant sans cesse la priorité. Il résume d’ailleurs à un moment d’une phrase lapidaire et provocatrice : « Envie de mort et de bites« .
Les premières s’expriment sans fard, parfois presque brutalement même si elles possèdent malgré tout une poésie désespérée. L’auteur semble aussi fasciné que torturé par son désir et son anatomie génitale dont il livre de nombreuses descriptions avec une sorte de froideur et un souci du détail (sordide). Comme s’il voulait s’en libérer, s’en exorciser. Son sexe, dans sa jouissance ou non, devient un être vivant à part entière. « Lorsque je la décalotte au-dessus de l’évier, seul dans la salle de bain un peu froide, ma verge se met à fumer de la salive, de l’haleine de l’inconnu qui l’a sucée quelques heures plus tôt, et cet effluve me rappelle à son souvenir, alors que j’avais commencé à l’oublier. » De façon générale, il fait preuve d’une attention aiguë aux organes -« la tubulure disgracieuse de l’intestin« , les viscères, l’oeil qui bat « comme le coeur d’un oiseau éventré« )-, au sang, qu’il perçoit dans des rêves ou des visions hallucinées, sous des formes assez souvent menaçantes ou effrayantes : « Dans la mer, nu, une sensation posthume de mon corps : il était encore vivant, il avait encore une pesanteur, un volume, une mobilité, il pouvait encore brasser l’eau, du sang continuait d’accomplir ses trajets à l’intérieur de ses circuits veineux, et jusqu’à sa cervelle, qui était encore une masse chaude et fourmillante, et soudain je regardais le soleil, voilé, et ce bloc de conscience n’était plus qu’une poudre qui se dissipait dans l’eau, mes mains et mes pieds devenaient la nourriture des méduses. » ; « Et les organes, dans leurs gelées, flottent et dérivent comme des blocs d’eau pétrifiés sortis de leur glacière« .
Sont aussi récurrentes ces descriptions fécales de couleurs et de consistance (« merdes grises, vermoulues, momifiées », les « selles blêmes », les « urines noirâtre »s…) aux odeurs fétides exhalées par le corps comme autant de rappels à notre fragile et misérable condition humaine, la pourriture prochaine de la « petite usine puante du ventre » selon l’expression de Kundera. « J’ai l’impression que mon corps est une machine à fabriquer des odeurs : ma bouche dégage, ma bite dégage, et je m’enveloppe dans ces deux odeurs conjuguées, je les noue dans les draps. »
Il s’attache plus particulièrement à la description des haleines avec des évocations à la fois précises et oniriques, comme si elles contenaient le secret le plus intime de notre être, aussi répugnantes soient-elles : « J’ai l’impression que son haleine se répand sur moi. » (…) « j’ai l’impression de devenir fou, mais je veux rester calme, j’hésite entre faire semblant de m’endormir, ou me jeter à son cou, ou le pousser en aplatissant son visage, mais je me dis qu’il est malade de la parole, et je laisse cette haleine se répandre sur moi. » ; « (…) le vieillard se lève et il me frôle, il ouvre la bouche et je sens son haleine, c’est une petite nappe très dense qui se dissipe très vite, un souffle corsé qui n’a rien de la puanteur (…), une pure haleine de vieillard, non pas fétide, mais longtemps fermentée, comme une décoction d’organes, le relent d’un marais obscur, (…), quelque chose d’indéfinissable, à la fois irrespirable et capiteux douceâtre, très légèrement écœurant, non pas la pourriture mais son fumet lointainement tamisé. »
Il s’oblige à regarder, à respirer ce qui est habituellement tabou dans notre société. Comme une quête inlassable de vérité et de lucidité loin des masques cosmétiques.
A l’extrême c’est la mort qu’il cherche à affronter, la sienne et celle des autres (ses vieilles tantes, sa mère atteinte d’un cancer dont il reprendra l’épisode de l’ablation du sein dans son roman « Mes parents », la mort d’ami cher comme Michel Foucault…). Une mort (par la destruction qu’elle implique) dont il a peur mais qu’il essaie ainsi de conjurer. Au début de son journal, il note avec une sorte de délectation horrifiée par exemple la perte de ses cheveux, première angoisse mortelle, première marque de démantèlement du corps, puis le noircissement d’une dent, jusqu’aux premières taches que la maladie imprime sur son corps en le colonisant progressivement. Il va même jusqu’à estimer que l »‘un des rôles de la littérature est l’apprentissage de la mort« .
Autre tabou qu’il confronte en ses pages : la haine de ses parents, donnant lieu à quelques pages dramatiquement poignantes. Le mépris mêlé de pitié et en même temps d’amour qu’il éprouve pour eux. Lui qui se sent marginal par son mode de vie et sa sexualité (« j’ai cette impression, bien que je ne me sois pas drogué, bien que je n’ai pas bu (…) d’avoir peut-être pas manqué une vie, mais passé complètement à côté d’un type de vie majoritaire, et réellement invisible : je suis si remarquable ou encore « Bien sûr que c’est moi l’arbre stérile qui ne peut pas porter de fruit (…) le fils infécond qui a court-circuité la chaîne vitale. »« ).
Il a à leur égard, des propos très durs tel que « Il vaudrait sans doute mieux voir une chair putréfiée et encore à demi vivante sur un lit d’hôpital, cela ferait moins pitié. » Il tentera malgré tout se de rapprocher -difficilement- d’eux notamment lors de l’hospitalisation de sa mère
Il relate aussi par bribes ou fragments ses relations amoureuses anticonformistes, à travers surtout sa passion pour le mystérieux « T. » (qu’il partage avec une femme et à qui le journal s’adresse de façon indirecte). Des relations où la souffrance et la violence (des sentiments) dominent. Déchiré par la jalousie et la possessivité d’amants volages…, ou des rapports quasi sado-masochistes (« me meurtrissant les genous et la verge »…, « ne jamais se soumettre (sauf pour obtenir le plaisir) »), il exprime parfois des fantasmes de vengeance extrêmes (« briser sa cage thoracique à coups de ciseaux », « je tirerai de sa cachette un revolver de derrière mon lit, et je me ferais éclater la tête. Je le prierais alors de ne pas s’effrayer des rougeoyances giclantes et de voir comme une danse, une valse, le gigotement peut-être obscène que la mort imprimera à mon corps… »).
Quelques accalmies et moments heureux demeurent : « L’amour, la chaleur physique de T., la pénétration était un baume vivifiant, rassérénant, une douche totale, un massage intérieur, une provision calorique , et sa perte est un deuil irréparable, qui me fêle plus que le corps, toute l’âme. » ou encore cette belle déclaration à l’intention de T : « Si tu viens ici pendant mon absence, pense que je pense à toi, souvent, souvent, jusque dans mon sommeil, et même très loin de toi, comme une incrustation vivante qui chauffe tous les conduits de mon corps et de ma tête, jusque dans le froid, jusque dans le vide. Et si je venais à mourir (…) je voudrais être pour toi cette incrustation-là, qui dilaterait légèrement ces mêmes conduits mais en laissant couler beaucoup d’autres flux, sans jamais peser, comme une présence très forte dans l’oubli et l’affection, loin du malheur et de l’obsession : en cas de mort, je ne veux pas t’obséder je veux être un souvenir doux, un anneau invisible, un cœur cousu sans couture, sans cicatrice, sous ta propre peau… »
Une approche stylistique qui aura pu le faire rapprocher des « Fragments d’un discours amoureux » de Roland Barthes. Placés sous le signe de la mort, ses amours prennent une dimension mystique presque sacralisée jusque dans le sommeil des amants : « Le bruit de nos respirations, dans l’obscurité, m’établit dans une réalité animale. Nos souffles butent l’un contre l’autre, comme pour surmonter l’autre, l’anéantir le premier dans la suspension auditive du sommeil (et dans la certitude de la perte du désir : je ne veux pas rester seul avec ce corps inconscient, ce corps pourtant si proche mais tout à fait ailleurs. »
Et puis aussi partout, dans la rue, le train, sur la plage, ses rencontres, sa quête sexuelle prédatrice ou simplement admirative de la beauté de jeunes inconnus. Il raconte à travers des évocations très sensorielles, ses visages, ses silhouettes qui le captivent, ce qu’elles suscitent en lui. La sensation immédiate et primitive produite, aussi bien de dégoût que d’attirance ou de grotesque. Chez Guibert la monstruosité (aussi bien celle des autres que la sienne) n’est jamais loin de la beauté la plus pure ou la plus sensuelle.
Il offre ainsi de nombreux portraits croqués sur le vif, comme des photos instantanées et sensibles, de ses rencontres de hasard. « Il déboutonne puis reboutonne, feignant dans son souffle, des variations de température, un bouton de sa chemise, comme pour me dévoiler un peu plus de sa carnation, comme pour jouer tout doucement avec mon désir. », en observant des dormeurs à l’aéroport « il se créait des rapports entre la chair éveillée et la chair assoupie« .
Des phrases d’une grande poésie s’immiscent aussi et donnent aussi un peu d’oxygène à cette atmosphère de souffre : « c’est la pleine lune, elle fait fondre une feuille d’or sur l’eau, de ma hauteur je fixe la nappe de lumière et de chaleur qui vibre au-dessus du village«
En quelques lignes, il parvient à saisir profondément ce qui caractérise une personne et son ressenti personnel (un peu comme le fait Gabriel Matzneff dans son propre journal même si son style est plus lyrique).
Il évoque encore à demi-mots les dragues bestiales et coups d’un soir : « j’y retournerai quand même ce soir, me brancher à ces bouches et à ces bites, en aveugle, en bête d’abattoir… »
Mettant plus mal à l’aise, sa fascination-attraction pour les enfants qui revient à plusieurs reprises sous forme de fantasmes comme lors de la scène avec le fils lors d’un dîner chez un couple d’amis (« J’ai envie d’être l’ami indigne qui s’absente pour aller passer en douce une main dans la culotte du pyjama du fils endormi« ).
Il distille également, tout du long ses réflexions sur son travail, ses recherches, découvertes et voyages (en Pologne, à Berlin, Vienne…). Tant sur la photographique, que l’écriture, la littérature ou le cinéma. Sur la première, il livre notamment ces belles métaphores : « Un livre est une demande d’amour. On est un peu devant le lecteur comme le bouffon qui doit commettre face au roi la péripétie la plus saugrenue pour ne pas avoir la tête tranchée. (…) Je suis écrivain comme l’animal venimeux pique de temps à autre, quand on le provoque, quand on lui marche dessus, quand on l’attire. Le venin peut être un suc amoureux. » Sur son travail au quotidien, on pourra s’amuser de sa remarque (à l’heure où le livre numérique tente de s’imposer !) : « Difficile d’écrire sans la proximité des livres (peut-être une erreur d’avoir dissocié mon bureau de ma bibliothèque ?), sans sentir leur présence, leur poids, car ils semblent dégager des musiques fantômes, ils ne me toisent pas seulement du haut de leurs rayons, ils coulent en phrases silencieuses, ils copulent à proximité, ils se chevauchent, ils se battent, parfois je suis leur arbitre, la phrase nouvelles les départage. »
Il a encore de belles images pour représenter son imagination à l’œuvre : « Retourner mon imagination comme un gant, la faire passer de la jalousie à l’excitation (le support est le même ? imaginer un gant de crin doublé d’angora)…. »
Il confie aussi son amertume de ne pas être (encore) publié : « Si un de ces livres bloqués venait à être aspiré dans les conduits de la publication, cela provoquerait comme un dégorgement d’évier, et l’écriture pourrait de nouveau débouler, ruer, couler, se donner des plaisirs de fabrication. »
Son regard sur la photographie est iconoclaste et pertinent, en tant qu’art et en tant que pratique : « Je me défendrai toujours d’être un photographe : cette attraction me fait peur, il me semble qu’elle peut vite tourner à la folie, car tout est photographiable, tout est intéressant à photographier, et d’une journée de sa vie on pourrait découper des milliers d’instants, des millions de petite surfaces, et si l’on commence pourquoi s’arrêter ? » ou encore « Il est pratiquement impossible de photographier à deux, car la photo comme l’écriture est isolante. Elle est incompréhensible au moment où elle se fait, elle est une gesticulation absurde et prétentieuse, elle est une coupure d’avec le monde au lieu d’un rapprochement, elle est une marque d’orgueil. »
Et même la photo, qui a pour vocation de figer le temps qui passe, le ramène à la mort : « Un jour, toutes les photos seront dissoutes, le papier photo n’impressionnera plus, ne réagira plus, sera chose morte. »
Il rend enfin compte de ses lectures et enthousiasmes de Dostoïevski (L’idiot notamment) à Kafka, en passant par Goethe ou encore Tanizaki (« Extrême pureté et extrême perversité de la littérature japonaise« )…
Porté par une voix d’outre-tombe, ce journal (écrit d’abord dans des carnets puis dactylographiés ensuite par l’auteur pour en faire son Journal) porte un regard ambivalent et singulier sur la vie telle que l’a vécue et perçue Guibert. Si le lecteur peut se sentir au fil des pages relativement oppressé et souvent mal à l’aise, il n’en reste pas moins lumineux. [Alexandra Galakof]
Visuels d’illustration : photos prises par Hervé Guibert
5 Commentaires
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T. c’est Thierry Jouno, Hervé Guibert a épousé sa compagne Christine S. pour préserver l’avenir de leurs deux enfants car Thierry devait mourir peu après lui.
tout le monde le sait tout le monde le sait!!! pas si sur et ce commentaire après ce bel article fait un peu presse people ou l’on étale les noms et les mélo, ne valait il mieux laisser ce mystérieux T. ?
On est sur un blog littéraire, pas sur celui d’un post-adolescent pas encore remis de sa première année en fac de sciences éco!
Alors, s’il vous plaît, merci d’orthographier le mot « tache » correctement!
Il n’y a pas d’accent circonflexe sur le « a », et on écrit: les « premières taches » de la maladie, pas les « premières tâches »!
Si vous ne me croyez pas vérifiez dans un dictionnaire!
Auteur
Merci de votre vigilance et de votre correction de cette coquille qui a bien été appliquée. Il était aussi possible de le signaler sans agressivité 🙂
Et si tu t’écrasais. Et si tu arrêtais de la péter. Et si tu ravalais ta morgue avec ta langue de falot bretteur mal dégrossi. Au lieu de quoi, tu dis quoi ? Au lieu de ça, tu dis quoi ? Tu dis : « On est sur un blog littéraire, pas sur celui d’un post-adolescent pas encore remis de sa première année de fac de sciences éco! [l’erreur typographique, l’ellipse mal sentie et l’apocope de post-adolescent doublé d’un Parigot branchouille sont du bougre] ». Gnagnagna ! Gnagnagna… Tout cela pour un shoot d’égo ! Pour une dose riquiqui de narcissisme. Et vas-y que je te fais la leçon. Et vas-y que je t’agonis. Et vas-y que je t’admoneste. T’as pas cherché l’efficacité et le bien général, mais ton kiffe. Questions : As-tu rendu le monde plus vivable en jetant ta cible dans la boue ? Était-ce bien le désir de voir tes concitoyens mieux maîtriser la langue qui a motivé ta torgnole ?Je ne le pense pas du tout. À mon avis, tu as bêtement cédé à tes passions tristes. Tu as juste voulu te rehausser artificiellement. Résultat : tu t’es caricaturé et tu as érigé une frontière symbolique de plus entre les « cultivés » et les supposés « autres ». De grâce, entendez tous que lire plein de livres ne fait pas de nous, eo ipso, de meilleurs humains que les autres (c’est en substance ce que disait Hume à ses homologues, chez lesquels ils voyaient bien qu’ils ne se sentaient plus péter d’être des philosophes). Ô combien nous aurions aimé apprendre d’où viennent les accents circonflexes, d’où vient celui du mot « tâche », les sources étymologiques de « tache » et de « tâche » ou encore imaginer un moyen mnémotechnique pour se rappeler à jamais quand \taʃ\ est *tâche » et quand il est « tache », etc. Bref, il n’est pas dégradant d’être gentil…