Comme à chaque rentrée de septembre, le rituel nouveau roman d’Amélie Nothomb paraît, plus ou moins réussi… 2010 est un bon cru ! Dans « Une forme de vie », l’écrivain belge au chapeau noir se met de nouveau en scène à travers une relation épistolaire passionnée avec un G.I retenu en Irak. L’occasion de s’exprimer sur la relation, parfois extrémiste, avec ses lecteurs et le courrier colossal qu’elle reçoit et gère… :
« La confidence sauve de l’asphyxie«
Réfugié dans la nourriture pour échapper à un quotidien fait d’horreur et d’ennui, le soldat américain obèse (digne descendant de Prétextat Tach, de son premier roman, Hygiène de l’assassin), décide d’écrire à Amélie Notomb, qui, selon lui, « le comprendra ». De leur échange de lettres naît un roman plein d’humour et de cruauté, sur les thèmes de la la culture américaine, la relation au corps, la faim (« La nourriture est une drogue comme une autre et il est plus facile de dealer des doughnuts que de la coke. ») et l’écriture, deux thèmes de prédilection de l’auteur, des relations humaines mais aussi sur le rapport de l’écrivain à ses lecteurs, les confidences qui s’échangent. « La lettre désirée est courte, la missive indésirable est volumineuse » écrit-elle.
L’idée du livre lui est venue suite à la lecture d’un article sur une épidémie d’obésité dans l’armée américaine à Bagdad.
A l’occasion d’une interview pour le Figaro, elle revient sur cette relation ambivalente avec le lecteur, entre haine et passion :
« Les échanges avec mes lecteurs occupent une place énorme dans mon existence. Si cela s’arrête, cela ferait comme un vide, un deuil… J’écris huit lettres par jour. J’ai plus de 2 000 correspondants. »
« Je me dis régulièrement «tu devrais abandonner, tu écris ces lettres avec ton sang». Il y a des correspondances qui durent depuis 1992. Pourquoi je continue ? (…) et je crois que la réponse est : «Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour recevoir une parole humaine ?» »
Elle raconte aussi certaines anecdotes de ce courrier capable du meilleur comme du pire :
« (…) des enseignants ont voulu que je corrige les copies de leurs élèves sous prétexte qu’ils travaillaient sur un de mes textes. Ces professeurs argumentaient : «Vous leur devez ça !» Des lecteurs m’ont demandé de l’argent ; d’autres m’ont proposé le mariage. Certains sont allés encore plus loin… Il y a aussi cette manière irritante d’effectuer une demande. On m’écrit «je vais vous faire un beau cadeau» et l’on m’expédie un manuscrit… On compte évidemment sur moi pour en faciliter la publication… Autant le dire tout de suite, je suis incapable de juger de la qualité d’un manuscrit, mieux vaut passer directement par des éditeurs ! »
Interview vidéo d’Amélie Nothomb au sujet de son activité épistolière :
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