Après le prix Goncourt 2010 attribué à Michel Houellebecq (La carte et le territoire) et le prix Goncourt du Lycéen attribué à Mathias Enard (Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants), l’Académie vient de décerner son Goncourt du premier roman, en ce 1e février 2011, après un remaniement de sa sélection au 2e tour :
Il s’agit de Michel Rostain, récompensé pour Le Fils publié chez le petit éditeur, Oh ! Éditions. Le roman, qui livre le témoignage (un récit sous la forme d’un dialogue) d’un père confronté à la mort de son fils foudroyé par une méningite à vingt ans, ne figurait pas sur la liste lors de la première sélection (voir ci-dessous) et y a été intégré lors du deuxième tour. Né en 1942, Michel Rostain est metteur en scène d’opéras et vit à Arles. Il a dirigé la Scène nationale de Quimper – Théâtre de Cornouailles de 1995 à 2008. Il succède, en tant que lauréat du Goncourt du premier roman, à Laurent Binet, distingué l’an dernier pour HHhH (Grasset).
Extrait :
« Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier ¬recondoléances, etc. ¬ débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. »
La 1e liste des romanciers en vue de l’attribution du Goncourt du premier roman 2011, dévoilée en janvier 2010 :
Anne Berest pour « La fille de son père » (Seuil)
Emilie Devaux pour « A l’attention de la femme de ménage » (Stock)
Hélène Grémillon pour « Le Confident » (Plon)
Denis Grozdanovitch pour « La secrète mélancolie des marionnettes » (L’Olivier)
Thomas Heams-Ogus pour « Cent seize Chinois et quelques » (Seuil)
Isabelle Monnin pour « Les vies extraordinaires d’Eugène » (JC Lattès)
2 Commentaires
Le premier roman avait déjà son Prix (ville de Draveil). Problème : c’était un prix de lecteurs, et non d’éditeur. De passion, non de promotion. Voilà qu’avec "le goncourt du premier roman" l’entregent et la crapulerie viennent de reprendre la main. Tendez-moi une bassine au lieu de ricaner.
(FB)
Eclairez ma lanterne, y-a-t-il aussi un Goncourt du Livre de poche et des histoires de Grand-mère?…