Alors que s’ouvre le Salon du livre 2011 Paris, l’une des plus grandes messes de l’édition, un jeune auteur, François Beaune remarqué lors de la rentrée littéraire 2009 pour son premier roman « Un homme louche », raconte avec humour son expérience des salons littéraires (du salon du livre à Brive jusqu’au salon du premier roman à Draveil…). Ambiance, dédicaces et auto-marketing…, pas toujours évident de se transformer en bête de foire pour un écrivain :
Le jeune auteur relate ainsi dans les pages du journal Libération à propos du salon de Brive de 2009 : « Sur le stand Gallimard, une poignée de jeunes filles douces au toucher gazouille autour de David Foenkinos. Je repense à ce que disait Ravalec dans son livre l’Auteur : sortir un livre et enfin pouvoir coucher avec des femmes un peu moins tartes que d’habitude. Tout un monde nouveau d’autosuffisance sexuelle. David, lui, en est à son six ou septième opus, il n’a plus ce genre de problème, l’amour est comme un fait acquis, il signe avec décontraction. »
Au sujet du salon du premier roman de Draveil, il note avec ironie : « Voilà un salon que rien ne sauve. Autant à Brive la bouffe était délicieuse, autant à Autun les organisateurs sont très sympas, autant à Draveil j’ai beau chercher. Ils sont malins : ils n’invitent que les auteurs de premier roman. On ne peut même pas refuser d’y aller après y avoir été. »
Quant à ses souvenirs du Salon du livre de Paris, il évoque l’incontournable star de la dédicace nothombienne : « Je revois Amélie Nothomb au salon de Paris 2010, un énorme champignon sur la tête, la peau diaphane telle les mangoustes translucides retrouvées dans les grottes du Vercors. Une queue s’étire livre en main, en bouche, pour toucher, échanger avec cette femme de l’étrange. On la dirait tout juste sortie de son écosystème sombre et souterrain. Amélie Nothomb, pâle, doucement souriante, résignée, consciencieuse, star de ce cauchemar qu’est le fait d’écrire, un peu plus freak que les autres, mais au fond nous représentant tous dans notre masochisme à nous montrer au grand jour« .
Avant de conclure : « Au fond, je ne crois pas que les écrivains soient à leur place derrière leurs petits tas de prose, à attendre le chaland. Un écrivain est un type qui observe, qui écoute. Un travail qui consiste à rester invisible. Les salons sont des mondes inversés où l’écrivain se change en sujet de foire. Lui a fait vœu de passer sa vie, recroquevillé dans un bureau humide à gratter les touches d’un PC.«
2 Commentaires
Intéressant et différent de toutes les inepties qu’on peut lire ici et là sur ce salon où certains écrivains se prennent pour des rocks star et leurs lecteurs de trois pages pour des groupies.
A signaler, le blog d’un jeune auteur, Laetitia Deprez (éditions Myriapode), pour ses chroniques sur les salons du livre. Elle croque sur le vif ses impressions côté stand.