Le réflexe du lecteur flânant dans les rayons d’une librairie est bien souvent de se saisir d’un livre et de le retourner fissa, afin d’en avoir un rapide aperçu par le petit texte de présentation, rédigé au dos. Outre le titre (voire le blurb) et la couverture du livre, la 4e de couv’ joue donc un rôle assez stratégique comme invitation à la lecture et dans le choix d’un livre… :
Le Magazine littéraire a livré dans son numéro du mois d’avril 2011, une enquête sur le sujet.
On y apprend que ce petit texte est en effet au centre de l’attention des éditeurs qui le pratiquent diversement tant sur la place à lui accorder, sa longueur, ou encore la délicate articulation entre promotion et respect du sens de l’œuvre… Concevoir une 4e de couv’ est tout un art !
Apparu au Siècle des lumières, ce texte « bref, incitatif et élogieux » n’a cessé d’évoluer au fil du temps mais reste toujours source de controverses.
A tel point que certains éditeurs dits élitistes (tels que « Minuit ») ont préféré s’en passer plutôt que de risquer de « salir » leurs livres avec cette vulgaire « réclame » !
Un exercice d’autant plus périlleux lorsqu’il est exercé par l’auteur lui-même qui se retrouve alors « préfacier » en quelque sorte de son œuvre, position qui lui est souvent inconfortable, comme ont pu en témoigner Julien Green ou Pierre Drieu La Rochelle.
Actes Sud et Le Dilettante le réservent ainsi strictement à leur équipe. Une Amélie Nothomb, en revanche, tient à s’en charger personnellement même si Albin Michel dispose d’une rédactrice spécialisée dans ces notices.
Majoritairement, elle est néanmoins le fruit d’un travail commun entre l’écrivain et son éditeur (ce dernier soumettant un projet au premier qui peut le transformer). Quant au contenu, il semble qu’il n’y ait aucune véritable règle !
Résumé, commentaire et analyse chez Actes Sud et Gallimard ou au contraire quelques mots chez POL voire un simple extrait choisi chez Le Dilettante (qui reste l’un des derniers éditeurs à frileusement se refuser à la 4e de couv’ classique).
Certains osent aussi parfois l’originalité à l’image des éditions Leo Scheer avec une 4e de couv’ en forme de tableau nutritionnel (4e de couv’ du roman « Volare » de Chiara Zocchi, 2007) :
Selon un sondage auprès de ses lecteurs, le Magazine Littéraire a relevé qu’une très large majorité d’entre eux (63 %) préférait trouver un résumé en quatrième plutôt qu’un extrait.
En conclusion, il faut « dire sans dire, et sans tromper » résume Anna Colao chez Albin Michel.
Et ce n’est pas Vincent Delerm qui dira le contraire, lui qui avait composé une chanson éponyme !
« 3 juillet, Paris s’éteint
Et sur le Quai des Grands Augustins
Nous tournons les pages à l’improviste
Devant l’étalage d’un bouquiniste
Je ne vous connais pas, je vous frôle,
Là sur le Quai, épaule contre épaule.
Sur les quatrièmes de couverture
Nous cherchons la même aventure.
Sur les quatrièmes de couverture… »
A lire, l’enquête du Magazine littéraire : http://www.magazine-litteraire.com/content/homepage/article?id=18769
2 Commentaires
Oh! C’est bien la première fois qu’un avertissement santé au dos d’un produit est utile.
(je me découvre en effet très allergique à ce genre de phrase)
Et sinon… Qu’appelles-tu "frileusement se refuser à la 4e de couv’ classique" ??
L’idéal : un bref résumé, ou même un teasing, écrit par l’auteur lui-même au plus proche du "style" du livre.