Que devient Chloé Delaume ? L’auteur du cri du sablier a déserté son blog et n’a pas publié de roman depuis 2009 (« Dans ma maison sous terre »). Un nouvel ouvrage était aussi annoncé pour la rentrée de septembre, « Une femme avec personne dedans », toujours au Seuil (« Fiction et Cie »), mais la publication a finalement été repoussée. Pourtant l’écrivain ne chôme pas et s’active notamment à défendre sa collection de textes expérimentaux même si elle déplore le manque de visibilité dans les médias :
Participant à la manifestation « Ecrivains en bord de mer », en juillet 2011, elle a présenté son travail d’éditrice visant à « défendre des formes », « l’expérimentation de formes » et « l’expérience esthétique ». L’auteur a lancé sa revue littéraire « Extraction » et son laboratoire de fiction expérimentale du même nom (publié aux éditions Joca Seria) fin 2010: « une collection dédiée à la recherche littéraire, dans ses articulations les plus diverses et radicales. Hors des carcans traditionnels, des codes, des cadres et des chapelles, cet espace a pour seul objectif de donner la parole aux expérimentateurs. Découvrir de jeunes auteurs. Permettre à d’autres, plus confirmés, de publier des travaux plus singuliers ou transdisciplinaires qu’à leur accoutumée. »
Elle regrette que la littérature expérimentale n’ait pas de place aujourd’hui dans la presse (hormis les écrivains américains) et donc pas de visibilité. « Un problème de visibilité très dur » selon ses termes.
Elle déplore que seuls les romans « à histoire » soient mis en avant : le storytelling qu’elle résume ironiquement sous l’expression de « roman traditionnel sympathiquement rentable à bonne petite histoire avec des gentils dispositifs astucieux qui font plaisir à Télérama » voire de « fiction capitaliste » et qui prend toute la place.
Des livres souvent interchangeables d’après elle.
« L’expérimentation est un acte courageux« , déclare-t-elle. Elle estime qu’il est nécessaire de sortir de la narration traditionnelle.
Au passage, bien qu’elle utilise à plusieurs reprise le terme « d’objets », elle indique détester le terme d »OLNI » : « Objet Littéraire Non Identifié » qui lui est souvent collé. « La démarche expérimentale s’inscrit dans une historicité et une technicité d’outils (injecter du cut, technique du sample…) et de référents« , rappelle-t-elle.
Au passage, on citera en écho, des propos d’Anaïs Nin, qui racontait dans son essai « Etre une femme », « L’histoire de ma presse à imprimer », son expérience de l’auto-édition alors que les éditeurs avaient refusé ses premiers livres (« La cloche de verre » et « Un hiver d’artifice ») parce que jugés « non commerciaux » : « Cette expérience prouve que les grandes sociétés d’édition devraient soutenir les écrivains d’avant-garde, tout comme la grande industrie soutient les chercheurs, sans en attendre des bénéfices énormes et immédiats. Ce sont eux qui font naître des tendances nouvelles, une conscience nouvelle, des développements nouveaux dans le goût et l’esprit du public. Ils sont les chercheurs qui vont vivre l’industrie. »
Retrouvez cette présentation complète à travers cette vidéo :
Auteurs présentés dont elle explique le travail éditorial : « Open space » de Patrick Bouvet, « Séquoiadrome » d’Emilie Notéris, « Quelque chose de l’ordre de l’espèce » de Guillaume Lebrun
, « Un mobile » de Judith Mayer
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