Aurélie Boullet, alias Zoé Shepard, cadre de la fonction publique territoriale, avait décidé en 2010 de publier le contenu de son blog, aux éditions Albin Michel, sous le titre « Absolument débordée ». Ou sa chronique désenchantée de jeune diplômée fraîchement recrutée dans un Conseil régional, dénonçant notamment l’inertie des services (le sous-titre du livre était « Comment faire 35 heures en un mois ») dans la lignée d’un « Bonjour paresse »… 400 000 exemplaires vendus et diverses traductions (dont les droits d’adaptation cinématographique ont été acquis par UGC) mais aussi, revers de la médaille, une sanction disciplinaire. Cela ne l’empêche pas de revenir en cette rentrée 2012, avec « la saison 2 » de son premier opus : « Ta carrière est fi-nie! » :
Elle s’attaque cette fois-ci à décrire les dessous du monde encore assez tabou « de la placardisation » où végètent ceux qui, pour des motifs subjectifs, ont eu la malchance de déplaire… On se rappellera le fameux « Stupeur et tremblements » d’Amélie Nothomb à ce sujet également… Elle y dénonce les brimades, les manoeuvres, l’hypocrisie et la souffrance qu’elle a notamment subies pendant 18 mois avant sa suspension. « Un cordon sanitaire insupportable » commente-t-elle.
Selon sa définition, la placardisation est le « résultat de la crise d’autoritarisme d’un chefaillon frustré consistant à mettre à l’écart tout salarié qui n’exécute pas béatement ses ordres imbéciles. »
Elle y reprend ses personnages et ses chevaux de bataille: l’incompétence, le clientélisme et le gaspillage financier.
Selon le pitch de l’éditeur : « De retour dans cette mairie, qu’aucun lecteur n a oubliée, après un congé sabbatique d un an, notre « desperate fonctionnaire » retrouve son service de la Direction Internationale toujours aussi léthargique et qui ressemble de plus en plus à une agence de voyages au service des élus. Simplet, Coconne, le Don et Grand Chef Sioux n’ont pas changé et embarquent cette fois notre héroïne en Afrique… Incompétence, gabegie et népotisme règnent plus que jamais en maîtres ! »
5 Commentaires
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En tous cas, un auteur qui vend 400000 copies d’un roman (l’auteur touchant au minimum 10-12% soit environ 2 euros par copie vendue, je vous laisse faire le total), et qui en plus en a vendu les droits cinematographiques, ne doit plus trop s’en faire a propos d’une sanction disciplinaire qui par ailleurs ne l’a pas privee de son salaire, et qui n’a ete que temporaire si je me souviens bien.
Du coup un second roman ou cette personne se plaindrait d’etre mise au placard (ou soit dit en passant on touche encore tout son salaire) c’est un peu se moquer du monde.
Notre « petit robert »(jeu de mot de fonctionnaire) est dans le vrai. Jeune Zoé a été très chouchoutée par certains médias et autres ravis de croire ainsi soulevé le voile de l’administration, les lecteurs appâtés ont suivi. Dommage que l’occasion ne fut pas de donner à jeunenarcissiqueZoé une leçon de modestie professionnelle tant il est vrai que : « la critique n’est rien ou la vertu n’est pas » et que « quelques galons s’ils reconnaissent un niveau de formation et « une aptitude à » ne sont nullement la preuve d’une compétence. Que souhaitait Zoé ? Que le poste soit supprimé en raison qu’elle estime qu’il ne sert à rien ou bien qu’en raison de la qualité d’étoile brillante dont elle semble convaincue, on pousse dehors l’un de ses collègues pour qu’elle puisse derechef briller plus. Qui sait ? Les lecteurs peut-être cette fois lui donneront cette leçon….
En complément du commentaire de Robert, ce qu’a expliqué Zoé Shepard c’est que justement le phénomène de placardisation était très insidieux car en apparence, « tout va bien », vous êtes payé, vous allez au bureau, sauf que vous êtes exclu de tout et cela peut vite devenir un enfer psychologique.
Il n’ a pas que l’argent dans la vie…
Un enfer psychologique? Un endroit ou, si on en croit le premier bouquin, chacun fait en 1 mois ce qui devrait prendre 1 semaine, ou on est paye pour le faire, ou donc apres etre placardise on ne vous demande plus rien (et effectivement on est exclu de tout, mais c’est quoi tout? Les reunions sans interet? toutes les betises qu’elle semblait denoncer avant?) mais qui pourtant vous laisse le temps d’ecrire un roman.. Avouez que comme enfer psychologique on fait mieux, demandez par exemple a quelqu’un comme Soljenitsyne. Enfin jusqu’a preuve du contraire elle peut toujours demissionner, parce qu’effectivement il n’y a pas que l’argent dans la vie…
sans se faire l’avocat de l’auteur qui n’en a pas besoin, il semble que sa démarche soit de dénoncer les travers de l’administration pour tenter de les rectifier (le moyen choisi : écrire des romans satiriques voire pamphlétaires pouvant être discuté…).
L’auteur explique d’ailleurs qu’elle aime son métier et souhaiterait pouvoir l’exercer dans de bonnes conditions.
Au delà de son cas personnel, la placardisation est un sujet bien actuel qui peut toucher tous les secteurs professionnels.