La première a 26 ans, parisienne bien connue des milieux « hype » au CV à faire pâlir plus d’un (journaliste pour Technikart puis chef de rubrique du magazine Glamour -où elle ausculte notamment les moeurs amoureuses des trentenaires au féminin – et éditrice free lance pour Denoël – entre autres d’Ariel Kenig et donc désormais romancière !), la seconde est australienne, mariée et « sage » mère de famille et… à l’origine d’un scandale littéraire en 2003. En cette rentrée littéraire de janvier 2007, ces deux romancières portent, chacune à leur façon, sans tabou ni complaisance, les derniers coups au mythe du « Mariage idyllique rose bonbon »… Avec pour sous-titre respectif : « Un bon mensonge est d’abord celui qu’on se raconte à soi » et « Personne n’est totalement honnête en matière de sexe et d’amour. » Accrochez vos ceintures (et vos lunettes) !
Dans son premier roman « La fabrication d’un mensonge« , au titre particulièrement mystérieux, Audrey Diwan, marquée par l’influence américaine d’auteurs tels que Chuck Palahniuk (dont elle dit apprécier « les histoires bien ancrées dans la réalité et qui à un moment dérapent dans un irréel grinçant ») ou John Kennedy Toole (on pense aussi à l’univers dépeint par Rick Moody dans sa nouvelle « Le manoir sur la colline » du recueil Démonologie) imagine une tragicomédie, fiévreuse et acide, dans l’univers immaculé des boutiques de robes de mariées du côté de Belleville non sans rappeler l’ambiance d’un Vénus Beauté. Les péripéties, aux allures de road-movie, de deux jeunes femmes (Raphaëlle, jeune oie bourgeoise et Lola, une tigresse du quartier aux jupes léopard ultra-courtes « perdue dans la valse des catastrophes qu’elle provoquait tous les jours avec une rigueur maniaque« ) que la vie oppose mais que le mensonge (entre autres celui du bonheur marital ou ceux que l’on invente pour intensifier son existence) réunit. La seconde entraînera la première dans des aventures farfelues, à la Thelma et Louise, et l’arrachera ainsi à son anorexie cérébrale en lui apprenant à jouer avec le monde. Quitte à le tromper ! « Une mini-Odyssée existentielle entre le 116 et la Goutte d’Or, ce premier roman sincère et touchant se déguste comme un Hemingway Spécial sur une aire d’autoroute. » a résumé le magazine Blast.
« Si j’avais eu un peu d’intuition, je ne serais jamais entrée dans cette boutique au néon clignotant, un néon qui hoquetait fièrement Mariage 2000. Un soir où je descendais le boulevard Magenta, j’avais repéré de loin sa grande enseigne rose et son offre imbattable sur la vitrine : – 20 % sur les voiles en mousseline. Et, quand j’ai vu la petite annonce, Recherche personnel urgent, je n’ai pas pu résister. »
(voir la page Myspace d’Audrey Diwan sous-titrée initialement « Des cuites et des lettres », ça ne s’invente pas !)
Lire un extrait de La fabrication d’un mensonge
De son côté Nikki Gemmell (auteur de plusieurs best-sellers tels que « Traversée » et « Les Noces Sauvages ») livre ses confessions de femme mariée frustrée dans « La mariée mise à nu« .
« Pourquoi l’avez-vous épousé ? Parce qu’il a dit oui.«
Publié en 2003 anonymement sous le titre original « The bride stripped bare » et dédié « à tous les maris », ce journal intime fit scandale (accusé de « cliché » ou au contraire porté aux nues) en Angleterre, en Amérique et en Australie par la crudité de ses propos. Une épouse quadragénère y décrit sans fard ses goûts, ses désirs et fantasmes sexuels. Sans omettre ses insatisfactions dans un couple en perte de vitesse… Jusqu’à ce qu’elle découvre l’infidélité de son mari, les joies d’un amant plus jeune jusqu’à la maternité…
Dans un style victorien matiné d’une subtile ambiguité sensuelle, l’écrivain explore les multiples visages d’une femme : de l’épouse à la maîtresse en passant par la mère…, sous la forme originale de 138 leçons « pour être ou devenir une bonne épouse » ‘(inspirées d’un code de bonne conduite à l’usage des Anglaises période Elisabéthaine). Chaque titre est une phrase de ce Traité prouvant par diverses raisons que les femmes surpassent les hommes : «Préparer un lit confortable est un aspect fort important de la tenue d’un intérieur», «Il est absolument nécessaire de se laver les aisselles et les hanches tous les jours».
Un pamphlet en trompe-l’oeil, où amour et sexe ne se conjuguent que par accident et où le mariage est une impasse… Un hymne à l’émancipation et au plaisir corporels. « C’est quand on en arrive au sexe que nous sommes le plus vulnérables, au plus près de notre vrai moi, dans toute notre banalité, laideur, sauvagerie et absurdité« .
3 Commentaires
Euh ?… Y aurait-il une bonne âme pour m’apprendre ce qu’est une « éditrice free lance » ?
Il se trouve que je lui ai envoyé le tapuscrit de mon premier roman, à Audrey Diwan.
Pour l’anecdote, elle m’a téléphoné pour confirmer sa réception. Dans ce milieu de divas, ça vaut d’être souligné.
Site interessant vous-avez!
Je n’ai pas lu le premier roman mais bien le deuxième (La mariée mise à nu). Sans en faire LE roman à lire, il ne peut en effet laisser indifférent.
Je ne pense pas que l’on puisse le critiquer pour la crudité des propos car dans le monde actuel, nous entendons,lisons, voyons bien pire. Quoi de plus beau que la descritiption du désir et du plaisir d’une femme.
Ce roman nous permet également de nous poser la question: y a t"il encore à ce point un décalage entre une femme qui assume ces envies et besoins sexuels et une femme "comme il faut"??