A l »occasion du salon du livre qui s’est tenu en mars dernier à Paris, le Buzz littéraire est parti à la rencontre de quelques auteurs représentatifs de « la littérature nouvelle génération ». Première à avoir répondu à quelques questions rapides entre deux dédicaces : Joy Sorman dont nous vous présentions deux extraits de son dernier opus « Du bruit » : Une grande brune arrive sur le stand bondé de Gallimard. Casque de moto rouge, manteau avec un col en fourrure et sac noir à paillettes, Joy Sorman entre en scène. Après Boys, Boys Boys, qui a reçu en 2005 le prix de Flore, son dernier roman « Du bruit », nous plonge dans les années NTM…
Buzz littéraire : Comment vous est venue l’idée, l’envie d’écrire sur le groupe de rap NTM ? Y a-t-il une continuité avec votre premier roman, une sorte de tentative de dépeindre une femme autre, nouvelle, dégagée des stéréotypes ?
Joy Sorman : Je m’intéresse beaucoup à l’oralité dans la littérature. Et j’ai voulu creuser cette question grâce à la musique. Et d’autre part, j’aime beaucoup NTM. Est-ce choquant qu’une femme écoute NTM ?! Je ne me sens nullement prisonnière d’une identité féminine stigmatisée. Bien sûr, il est encore plus ou moins question de la virilité féminine. Mais je ne suis pas en lutte contre une image particulière de la femme et la continuité avec « Boys, Boys, Boys » n’était pas recherchée.
B.L : Justement, votre attachement à ce groupe n’a-t-il pas été un problème pour garder l’objectivité nécessaire lors de l’écriture ?
J.S : Il y a quelque chose qui m’agace énormément en France c’est cette tendance à dire que l’on écrit mal sur un sujet à partir du moment où l’on est enthousiaste, où l’on adhère au sujet. Je ne suis pas d’accord !! J’ai été très impressionnée quand NTM est apparu sur la scène musicale française. Et je voulais décrire mes impressions, expliquer en quoi cela m’a touchée. « Du bruit » n’est pas une étude, pas un document. Seulement ma vision engagée des faits, mon expérience et à ce titre, c’est un parti pris. Et que j’assume et revendique !
B.L : Et les questions bonus… Que pensez-vous de l’exercice du salon du livre. J.S. Je ne vais pas me plaindre du salon. C’est une chance de faire des rencontres.
B.L : Quels sont vos coups de cœur littéraire de l’année ?
J.S : Ni fleurs ni couronnes, de Maylis De Kerangal (Verticales) King Kong théorie de Virginie Despentes (Grasset).
Photos et propos recueillis par Anne-Laure Bovéron
5 Commentaires
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A signaler également la critique dithyrambique de Télérama :
« On est d’autant plus soufflé que Boys, boys, boys (2005), son premier roman plein de poudre aux yeux, n’augurait rien de bon. Le côté poseur et arrogant est toujours là dans Du bruit, mais cette fois il y a de la matière, qui pèse, déchire. Première qualité, décisive : l’incantation de Sorman pulvérise ce cliché tenace qui veut que le rap soit une « musique à texte », « un message social ». Non, le rap, c’est un impact, le cœur qui bat, le mot mué en projectile. « Ce qui est dit importe moins que comment c’est dit », ou plus loin : « Le rap n’est pas le retour à une langue supposée primitive, inarticulée, c’est l’élucidation, la mise au jour et l’activation de la langue, le démontage du moteur, l’encéphalogramme des mots, le raffinage de ces mots par les corps. »
Et Du bruit aspire à la musique, à la parole vivante, dans la lignée de ces textes signés Cadiot ou Bégaudeau qui sont justement adaptés au théâtre.
http://www.telerama.fr/livres/M0...
Ainsi que la chronique plus modérée de Christophe sur Culture Café
http://www.culture-cafe.net/arch...
(Je butte quand même très très sévèrement sur sa conclusion : « Si le livre n’est pas à la hauteur de ses ambitions, il n’en reste pas moins supérieur aux lamentables auto-fictions de nombreux trentenaires largué(e)s, chômeurs, anorexiques… Car exprimer la passion, musicale et générationnelle en l’occurrence, est toujours un exercice plus périlleux que se répandre sur ses petits tracas ! »
> DON’T ACTE !
Alors n’importe quel livre (je ne parle pas de « Du bruit ») soit-il écrit avec les pieds serait –de toute façon- préférable à un roman qui s’inspirerait de la vie de l’auteur, soit-il écrit avec une plume de génie ??!
J’en avais entendu parler à sa sortie et avais prévu de me pencher dessus "un de ces jours", un de ces jours ça finit toujours par se transformer en "ah tu l’as lu? non non..moi non.."..et pourtant, que de bons echos et un sujet imparable…le rap, avec tout ce que ça appelle de musicalité et de force dans l’écriture…merci le buzz pour la piqure de rappel..;) je le rajoute sur la liste des courses de demain..
Bravo pour l’itw… un livre d’une rare puissance verbale… merci.
Elle boit du coca, elle peut donc pas être entièrement mauvaise.
lol Max Léon, tu es… hmmm comment dire ?… DIABOLIQUE !