Suite de nos rencontres avec les écrivains à l’occasion du Salon du livre 2008 à Paris… Cette année encore Florian Zeller prend place sur le stand Flammarion du salon du livre. Un comité d’accueil attend son arrivée. Pourtant, le jeune auteur de 29 ans, n’a pas de nouvel opus à dédicacer. Son actualité ? La sortie en poche de Julien Parme et sa participation au recueil de nouvelles « 10 ans 10 auteurs 10 nouvelles » (à l’occasion des 10 ans de la collection « Nouvelle génération » des éditions « J’ai lu »). L’occasion de prendre de ses nouvelles et d’analyser avec lui ce mouvement de « littérature nouvelle génération » dont il est l’un des auteurs phare, mais aussi de papoter de Jean-René Huguenin, de Shakespeare, de sa passion du théâtre ou encore de son rapport ambivalent à Internet… Un grand merci à Florian Zeller pour avoir pris le temps de répondre à nos questions avec précision et richesse (+ Tribune libre sur Florian Zeller à lire en complément, en commentaire ci-dessous) :
Buzz littéraire : Côté actualité, la sortie de Julien Parme en poche. Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans la rédaction de ce roman dont le narrateur est un adolescent de 14 ans ?
Florian Zeller : Je n’ai pas le souvenir d’une grande difficulté. Au contraire, c’est le seul roman que j’ai écrit avec une excitation simple et enfantine. J’ai beaucoup ri en l’écrivant. Le vrai poison de la littérature française, c’est quand même l’esprit de sérieux… Mais là, j’avais l’impression d’aller un peu loin. Je n’étais pas certain, en l’écrivant, de vouloir le publier. Je le faisais surtout pour moi, pour retrouver un rapport joyeux à l’écriture. Et puis finalement je suis arrivé au bout. C’est mon éditeur qui m’a convaincu de le publier. En repensant à Julien Parme, je me dis aujourd’hui que c’est sans doute le roman dans lequel, sans m’en rendre compte, j’ai mis le plus de choses personnelles. Par exemple, pour revenir sur « l’esprit de sérieux », il y a un moment où le personnage, dans une rêverie un peu étrange, a l’impression de croiser La Fontaine, qu’il vénère. C’est en réalité une allusion à un livre qui m’avait beaucoup marqué quand j’avais l’âge de Julien Parme : Le Loup des steppes, de Hermann Hesse. Je ne l’ai pas relu depuis, mais il me semble qu’à un moment le narrateur fume quelque chose qui le plonge dans un état de conscience modifié, il se retrouve alors dans un long couloir imaginaire, il pousse une porte et tombe nez à nez avec Mozart, qu’il vénère. Le narrateur veut alors engager une discussion sérieuse avec le compositeur du plus grand opéra jamais écrit, Don Giovanni, mais découvre en face de lui, contre toute attente, non pas le génie qu’il attendait, mais un être presque dégénéré, qui sautille sur place comme un enfant et qui lui dit (toujours dans mon souvenir, il faudrait un jour que je vérifie si je n’ai pas inventé tout ça) : « Vous vous prenez vraiment au sérieux, vous… » Avant d’ajouter cette phrase qui m’a habité pendant des années : « L’esprit de sérieux, c’est une surestimation du temps. » L’esprit de sérieux, c’est une surestimation du temps. Je ne suis pas certain de bien la comprendre. Est-ce du temps qu’il nous reste à vivre ? Est-ce que ça veut seulement dire que l’esprit de sérieux, c’est oublier notre inimportance. C’est oublier, comme dirait Yves Bonnefoy, que nous sommes « soumis au devenir du sable » ? Je ne sais pas. Il me semble seulement que c’est dans cet esprit que j’ai écrit Julien Parme.
Autre actualité, vous avez participé au recueil 10 ans 10 auteurs 10 nouvelles. L’occasion de vous demander de dresser un petit bilan sur votre écriture et son évolution à travers votre oeuvre.
L’idée de ce recueil, c’était de reprendre la première phrase de son premier roman, cette phrase par laquelle, d’une certaine façon, tout a commencé, et d’en faire une nouvelle inédite. Pour moi, la première phrase de Neiges artificielles, c’était : « J’ai bien cru que j’allais y passer. » En y réfléchissant, je me suis dit que c’était étrange, à vingt ans, d’avoir ce genre de pensée. Il me semble que, dans mon esprit, cette phrase était liée au fait que j’avais eu des problèmes de santé assez graves et qu’effectivement, je n’étais pas passé très loin de la mort. Mais il n’y avait pas que ça : elle témoignait également d’un rapport très mélancolique à la vie. Cela peut paraître un peu ridicule, mais à cette époque j’étais surtout malade de mélancolie. Je veux dire par là que ça m’empêchait concrètement de vivre. Quelques années après, je ne peux pas, comme vous me le demandez, « dresser un petit bilan ». Il y a des choses que j’ai ratées, d’autres peut-être un peu moins. Je n’en sais rien. Mais j’ai en tout cas l’impression d’avoir appris à vivre, de m’être débarrassé de quelque chose, et je sais que cela s’est fait grâce à l’écriture.
Que pensez-vous de la littérature « nouvelle génération » ? Vous sentez-vous vous inscrire dans ce courant ?
Je crois que la collection « nouvelle génération », chez J’ai Lu, a commencé avec Houellebecq. Ce n’est pas complètement anodin. Il est sans doute l’écrivain qui a le plus influencé ce qu’on appelle la nouvelle génération. Après, il n’y a aucune cohérence. Chacun a son univers. Ce sont globalement des trajectoires individuelles. Le fait d’avoir à peu près le même âge (et encore nous ne sommes pas tous du même âge) ne peut pas suffire à constituer un ensemble cohérent dans les obsessions, les thèmes, les inquiétudes. Ce qui ne m’empêche pas de beaucoup aimer certains d’entre eux, comme Grégoire Bouiller. De toute façon, j’ai toujours préféré cet autre terme, que l’on pourrait opposer à celui de génération : la filiation. Je crois que c’est davantage ça qui marque un écrivain.
Au début de Neiges Artificielles vous citez Jean-René Huguenin. De même, dans le hors série de décembre 2006, de la revue Décapage vous lui rendiez hommage.Quel est votre rapport à cet auteur, à son écriture ?
Je l’ai découvert quand j’étais étudiant à Sciences-po, où il avait lui aussi été étudiant à la fin des années cinquante. J’ai grandi en Bretagne, comme lui. Au bord de la côte sauvage. Pour ces raisons (très anecdotiques), il me semblait être quelqu’un de familier, une sorte de frère que j’aurais adoré avoir. J’ai lu son Journal, dans lequel on assiste à la naissance difficile d’un écrivain, « dans la douleur et dans la joie », comme disait Mauriac, « dans le désordre et dans le tourment d’une jeune vie » ; j’avais dix-huit ans et ce dont il parlait faisait précisément écho à ce qui était en train de se passer en moi. Et puis j’aimais ce qu’il cherchait, en écrivant, et qu’il désignait par cette phrase empruntée à Barrès : « cette petite agitation vers le bonheur par la tendresse ». Mais la fascination qu’il suscite est évidemment liée à sa mort précoce, au fait qu’on ne l’aura pas vu vieillir, faire des compromis, refroidir l’ardeur dont il témoigne à chaque page. Il y a un côté James Dean chez lui… Dans le livre qu’il lui a consacré, Jean-Edern Hallier cite un passage de la Bible : « Ils ont usé leurs vêtements, ils les ont salis. Toi, tu as toujours ce vêtement du premier jour… » Je crois que c’est de ça qu’il parle. Je me souviens qu’après la sortie de mon premier roman, beaucoup de gens m’ont parlé de Huguenin (à cause de l’exergue), et j’ai appris qu’il habitait avenue Théophile Gautier, près de l’église d’Auteuil. Un jour, je suis allé me promener dans ce quartier que je ne connaissais pas. J’ai retrouvé son numéro, la porte de son immeuble, et la fenêtre de sa chambre. Juste en dessous, un pressing venait d’ouvrir. Il s’appelait « la clinique du vêtement ». Ça m’a amusé, j’ai pensé à Hallier, et au miracle des petites coïncidences. Sans compter que mon premier roman se passait, notamment, dans un pressing…
En exergue de Neiges artificielles, il y avait aussi une citation de Shakespeare. Déjà le théâtre…
La phrase en question, c’est : « Que devient la blancheur quand la neige a fondu ? » Elle est attribuée à Shakespeare, mais je n’ai jamais su d’où elle était tirée. Quand Neiges artificielles a été traduit en anglais, j’ai été obligé de faire des recherches. Je n’ai rien trouvé. Je ne suis même pas certain qu’elle soit vraiment de Shakespeare. Elle fait partie de ces phrases que l’on accroche accidentellement au nom d’un auteur et qui lui colle à la peau comme une mauvaise réputation. C’est un peu le « Madame Bovary, c’est moi » de Flaubert. Disons qu’elle est seulement « attribuée » à Shakespeare. Mais peu importe. C’est la beauté simple de cette question qui m’a marqué. Ce n’était en rien un attachement particulier à cet auteur, ou au théâtre. D’ailleurs, à cette époque, je ne connaissais pas du tout le théâtre. Je n’y allais jamais, et cela ne m’intéressait pas vraiment. Quelques mois après la sortie des Neiges, le metteur en scène Jean-Paul Scarpitta m’a appelé et m’a proposé d’écrire le livret d’un opéra pour l’ouverture du festival de Montpellier. Je me sentais beaucoup plus proche de l’univers de la musique que de celui du théâtre, mais ce metteur en scène voulait que j’écrive une sorte de pièce courte au milieu de l’opéra. Je me suis donc prêté au jeu, et c’est Depardieu qui a interprété le texte à Montpellier, puis au théâtre de la Ville à Paris. Ca m’a passionné. C’est comme ça que j’ai découvert ce qu’on appelle le spectacle vivant.
Le bruit court que vous travaillez à une quatrième pièce. Qu’en est-il ? Qu’est-ce qui vous attire dans le théâtre ?
Je monte une pièce en septembre au théâtre de la Madeleine. Enfin, normalement… Parce qu’avec le théâtre, jusqu’à la dernière minute, on ne sait jamais. Il y a tellement de paramètres. C’est une pièce qui me tient beaucoup à cœur, et que je compte aussi mettre en scène. Mais pour moi, la mise en scène est le prolongement direct de l’écriture. Ca ne m’intéresse plus vraiment d’écrire et de m’en remettre après à quelqu’un d’autre. Ce qui m’attire dans le théâtre ? C’est notamment ça : travailler avec des comédiens, vivre avec eux, à travers eux, partager avec eux quelque chose de plus large que le seul fait d’écrire. Finalement, c’est la représentation elle-même qui m’intéresse. C’est-à-dire ce que j’ai découvert à la faveur de cette expérience d’opéra. Jusque-là, je n’étais qu’un lecteur de théâtre. J’étais fasciné par des auteurs comme Pinter ou Foss, mais j’avais un rapport au théâtre qui n’était que littéraire. Je n’avais pas compris que l’enjeu principal réside dans ce mystère de la représentation.
Quel est votre rapport au Net, au blog ?
Un rapport ambigu. Je trouve ça à la fois incroyable et inquiétant. Je ne tiens pas de blog. Je lis régulièrement celui que tient David Foenkinos sur le site de Livre Hebdo, par exemple.
Photo et propos recueillis par Anne-Laure Bovéron
A lire en complément de cette interview… :la Tribune libre de Gwenaël Jeannin sur Florian Zeller
17 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
[Commentaires déplacés]
=> Alexandra, tu as des news sur le nouveau roman de F. Zeller ("Elle T’attend") ?
En fait, pour éviter de lancer des rumeurs. C’est une pièce de théâtre, pour F. Z.
Réponse : eh bien voilà, tu as quelques pistes dans cette itv… Autres infos : Laëtitia Casta sera de retour au théâtre à partir du 9 septembre jusqu’au 31 décembre, au Théâtre de la Madeleine à Paris dans une pièce intitulée : « Elle t’attend » de Florian Zeller.
La mise en scène est de Florian Zeller, les décors de Thierry Flamand et les lumières de Laurent Béal.
Du mardi au Samedi à 21h. Matinées : Samedi à 18h30 et Dimanche à 15h. Durée 1h30.
Sous la chaleur écrasante du soleil de Corse, une femme attend l’homme qu’elle aime et qui tarde à venir. Il est parti marcher dans les montagnes. Les heures passent, et son absence prend un sens de plus en plus inquiétant. Où est-il ? Et pourquoi a-t-il disparu ?.
"L’esprit de sérieux, c’est une surestimation du temps. Je ne suis pas certain de bien la comprendre."
Heu moi non plus. Et je trouve ça étrange de citer une phrase aussi incompréhensible… C’est quoi une digression sur "on n’est pas sérieux quand on a 17 ans"? La jeunesse c’est mieux que la vieillesse? Le sérieux est une valeur surestimée? Franchement, je suis comme Zeller là, je cherche à savoir ce que ça peut bien vouloir dire…
Moi je la trouve très intéressante cette phrase. Ne pas se prendre au sérieux, ce serait vivre comme si on avait que peu de temps devant soi. C’est peut-être quand on a une conscience aiguë de la mort que l’on se délivre du fardeau de la pesanteur et du sérieux. J’ai perdu quelqu’un de très proche il y a peu de temps, et paradoxalement je me suis libéré d’une certaine gravité (concernant ce que je voulais faire de ma vie, concernant celui que je voulais devenir, etc… )Mon ambition principale étant devenue : profiter du fait d’être en vie, légèrement. Je ne sais pas si c’est ce que signifie cette phrase, mais c’est comme ça qu’elle résonne en moi.
Je ne connais rien au théâtre. Je n’y vais jamais. Un a priori. Une réminiscence… J’ai toujours l’impression que je vais m’y ennuyer. Mais j’ai plusieurs fois entendu dire que les pièces de Zeller étaient très intéressantes. Pourquoi, néanmoins, j’associe cette forme d’écriture à un autre âge, à une autre génération, etc… Cela me surprend toujours quand j’entends parler d’un jeune auteur qui écrit pour le théâtre. Pour moi, le théâtre, c’est le cinéma en moins étonnant. Non?
j’ai croisé cet auteur au salon du livre, justement. J’aime énormément ce qu’il fait. J’avoue préférer son deuxième roman, Les Amants, qui reste pour moi un souvenir inoubliable, une description parfaite de l’incapacité que l’on peut avoir à se donner et à se prendre. Je recommande vivement ce roman.
bravo pour ton interview, chère Anne-Laure. A plus.
"Pour moi, le théâtre, c’est le cinéma en moins étonnant. Non?"
Daniel. Justement : non. Tu devrais aller voir le travail de Joël Pommerat, de Lars Noren, et même celui de Zeller. Ca n’a rien à voir avec des scéanarios de ciné. En moins étonnant : sans doute parce que les effets sont plus modestes et les possibilités moins nombreuses. Mais il y a un espace propre à la recherche théâtrale. Si le théâtre est la seule forme d’expression qui dure et subsiste depuis l’Antiquité, ce n’est sans doute pas pour rien : il se passe sur les planches quelque chose qui ne peut pas se passer ailleurs (dans le meilleur des cas). Pommerat est un des meilleurs auteurs, je crois. Lire sa dernière pièce : "Je tremble". Un bijou. De même, Si tu mourais, de Zeller : c’est remarquable. Au cinéma, ça ferait un mauvais film. Au théâtre, on ressort l’estomac noué, la gorge sèche, le coeur en feu…
Cet auteur est GENIAL : j’ai lu dernièrement "Julien Parme", que j’ai proposé au café littéraire du lycée : il a fait l’unanimité. Et mon livre est passé entre tellement de mains que pendant six mois j’ai cru que je n’allais plus jamais le revoir … il a fait le tour des littéraires du lycée.
J’ai également dévoré le très philosophique "La fascination du pire" : un roman provocateur, qui donne une part de réflexion sur le sens de la religion, son utilité et ses interprétations … à présent je suis très branchée sur toutes les religions, ja fais des recherches, j’essaie de comprendre leurs origines et leurs intérêts (tout en restant laïque et neutre). d’ailleurs si quelqu’un connaît le nom du métier où l’on étudie tout ça …
Modération SVP !
C’est bien de vouloir défendre un auteur que l’on aime mais là cela tourne à la schizophrénie ! Comme dit précédemment à un autre lecteur, merci de ne pas utiliser des pseudos et identités différentes sur un même billet car cela fausse le débat et dessert totalement tes propos. On ne sait plus ce que tu penses vraiment en faisant les questions et les réponses. Tu peux laisser autant de messages que tu le souhaites mais en gardant le même pseudo stp. Merci. Alexandra/Buzz littéraire.
En complément de cette interview, voici la Tribune libre écrite en 2006 par un lecteur du Buzz littéraire, Gwenaël Jeannin, également contributeur de plusieurs webzines :
"On lit beaucoup de choses sur cet auteur, tout et n’importe quoi. L’article qui suit concerne ses deux premiers romans. Avec le recul du temps (bientôt deux ans), je ne crois pas que la tension de ces romans soit retombée, que leur acuité ne soit plus d’actualité, que ces écrits ne résistent pas au pilon de la postérité. Ces quelques mots sont extraits d’un post sur la feue revue en ligne LE VIOLON D’INGRES. J’avais aussi commencé un blog sur les prix littéraires mais me lancer tout seul dans cette entreprise m’a démotivée en fait…Florian Zeller. 27 ans. Quatre romans (Neiges artificielles, Les amants du n’importe quoi, La Fascination du pire, Julien Parme). Trois pièces de théâtre (L’Autre, Le Manège, Si tu mourais). Prix de la Fondation Lagardère pour Neiges artificielles ; Prix Prince Pierre de Monaco pour Les amants du n’importe quoi ; Prix Interallié 2004 pour La Fascination du pire.
“A l’absurdité du monde, je voudrais répondre par sa beauté.” “A sa beauté correspond l’émerveillement permanent.” Ces deux phrases du Prologue de Neiges artificielles donnent la tonalité du premier roman (2002) de Florian Zeller. Dans celui-ci, le narrateur-personnage déambule dans Paris (et dans sa vie) à la “recherche” d’une ancienne petite amie, prénommée Lou. Ce personnage, à l’attitude don juanesque (“Je suis de la génération des assassins. De ceux qui, à l’arrivée du Printemps, ont oublié les raisons de s’émouvoir”), nous raconte sa vie et son désespoir. A cette question de Shakespeare “Que devient la blancheur quand la neige a fondu ?” répond “Un peu après, la neige a fondu, et une boue épaisse a recouvert la ville”. La boue comme unique réalité. Comme ultime poésie dans un monde dont les principes récusent le sentiment amoureux. Si un certain romantisme perce sous les propos, c’est avant tout pour faire état de quelque chose qui n’est plus, quand “tout était simple et doux”. Le désir est en prise avec la réalité. Et il est difficile de dire “Je suis un adulte”. PAN.
Dans Les amants de n’importe quoi, le lecteur suit le chemin sinueux d’un jeune homme, don juan (“En général, Tristan tombait amoureux à chaque fois qu’il traversait le trottoir”), qui peine à quitter celle qui l’aime et qu’il n’aime pas (ou plus). Ce second roman est plus dense que le premier en raison de ces retours en arrière. Il se veut d’une certaine manière plus structuré, grâce au désamour de Tristan et à la nécessaire prise de décision de ce dernier. Quittera ? Quittera pas ? Si l’on ne peut éviter de penser à Adolphe de Benjamin Constant, le personnage est différent car il avoue sa fragilité, qui est sans doute celui de tous les hommes, comme il avoue aussi son incapacité à renoncer (c’est le mythe de la parousie). A renoncer à soi.
Certains disent que le style de Florian Zeller n’est pas fameux.. Je dirais plutôt qu’il est rude et rugueux, à l’image des deux personnages masculins. Prose non dénuée de poésie, ou plutôt d’une sourde douleur voire de révolte, (“On dit que l’amour rend aveugle et que le désespoir de ne pas être aimé coupe plus certainement que’une larme de cutter : ce n’est donc pas anodin si mes larmes laissaient derrière elles de longues traînées rouges”), elle porte aussi (et on aime) des jugements sur le monde, mêlés ainsi en cela aux références de Mao, St Jean, Nietzsche et d’autres… Dont Lavoisier, transformé en “Dans la vie, rien ne se crée, rien ne se transforme. Tout se perd”."
Réponse à Gwenael.
Pas mal, ton analyse. Qu’est-ce que c’était Violon d’INGRES, comme revue ?
"Rude et rugueux" je vois de quoi tu parles. C’est aussi ce que j’ai ressenti en lisant La fAscination deu pire. C’est un livre que j’ai beaucoup aimé et en meme temps qui m’a mise mal à l’aise. Je ne sais pas bien pourquoi, et je me demande si tu n’as pas trouvé les mots justes.
En fait, ses personnages incarnent quelque chose d’assez détestable. Ce ne sont pas des anti-héros, comme chez Jaenada par ex, mais plutôt des héros déchus, qui s’amusent à nous déplaire.
Mais peu importe tu m’as donné envie de lire ses deux premiers romans.
biz
auteur de merde pour lecteurs de merde
pourquoi s’interesser à ces auteurs de l’r du temps?
il y a aussi un travail de vraie avant-garde:les poètes (oui,je c)comme william cliff,alain suied,les écrivains pas médiatisés comme joël vernet – on attend quoi?
Réponse Buzz littéraire : Il faut foncer alors mon cher ! Tout le monde peut s’exprimer sur Internet et créer, il suffit juste de remonter ses manches et de se mettre au travail…
Sorry. You’re right.
"On attend quoi?" Moi, je voudrais me marier avec Zeller. Et prendre Rey pour amant. Ou l’inverse.
Merci Alexandra pour cette tribune ! Cela me réconciliera peut-être avec… Laurence Biava, qui a déjà commenté cet interview (rires) (A ce propos, Giesbert, dans son dernier livre fait référence à Beigbeder : "mais l’amour ne dure pas longtemps, tu sais bien. Trois ans, tout au plus. Et c’est fatiguant." (page 129))
Sinon, je ne retrouvais plus ce post. Je me demandais ce que j’avais écrit, enfin : exactement. Mais je maintiens toujours, en 2008. Je pensais avoir dit deux mots de ses deux autres récits. Enfin. Bref.
@ Emilie. Merci.
=> "Le Violon d’Ingres" était une sorte de revue culturelle en ligne, créée il y a 4 ans. Mais elle n’existe plus et a été supprimée il y un an. Comme le reste.
=> "rude et rugueux", oui ; je crois que dire que l’on a un bon style ou un mauvais style ne veut rien dire, à ce niveau-là. Certains ont voulu signifier qu’ils n’appréciaient pas, et souvent pour d’autres raisons, mais un style est efficace, et dit quelque chose. C’est tout. Il n’a pas d’autre ambition.
=> Oui, oui, en même temps, je trouve qu’il y a d’un côté ses deux premiers romans, et après, avec la Fascination et Julien autre chose, un rapport plus "léger" avec l’écriture. Même si : à définir. Mais là…
Bonnes lectures.
cetTE interview
Mais Gwenael, je ne suis absolument pas faché avec toi !!
a plus
@ Laurence
=>
C’était un petit clin d’oeil, pour rire, mais ça a raté… 😉
J’adore.