Qui a dit que les jeunes ne lisaient plus ?! Les lycéens mettent à l’honneur la littérature à travers deux initiatives : une anthologie de leurs 100 romans contemporains préférés qui vient de paraître chez Librio et comme chaque année le fameux prix Goncourt du lycéen (avec la participation d’une classe du Québec) qui reprend du service et fête sa 22e édition ! La nouvelle génération de lecteurs ne manque pas de goût…
Après avoir parlé des 100 romans cultes des adolescents, Librio donne la parole aux lycéens ! Quelles sont les œuvres contemporaines qui les ont marqués, inspirés ou initiés ? 100 romans décortiqués à la loupe par des lycéens : petite biographie de l’auteur, extrait de l’œuvre et analyse critique à l’appui, marchez en dehors des sentiers battus des classiques littéraires et découvrez ce qui fait rêver nos ados ! De Guillaume Musso à Amélie Nothomb en passant par Anna Gavalda et Neil Geiman…
Ce guide a été réalisé à la suite d’un concours national mené auprès des classes de lycées. « Devenez un auteur Librio », tel est le slogan qui a séduit les participants. Ils ont été plus 200 à prendre part à l’aventure et les meilleurs d’entre eux ont été sélectionnés par un jury de professionnels du livre et de l’éducation !
En guise d’avant-goût, voici quelques extraits de ces critiques en herbe… :
– Je vais bien ne t’en fait pas d’Olivier Adam : « […] Histoire dramatique, conflits, rencontres, amour et complicité sont les mots clefs de cette belle histoire […]. » Margot Bazet – Classe de Seconde A du lycée Saint Joseph de Vervins
– Les Sirènes de Bagdad de Yasmina Khadra : « […] À travers ce récit, on ressent la fureur, la violence, les sentiments extrêmes des résistants de Bagdad, au bord du gouffre. […] » Agnès de Boissieu – Classe de Première L du lycée François d’Estaing de Rodez
– Le Liseur de Bernhard Schlink : « […] Il est très intéressant pour moi de voir comment ce jeune homme vit l’histoire de son pays, alors qu’il n’en est aucunement responsable. » Mattia Mele – Classe de Seconde 6 du lycée Jean Jaurès de Saint Clément de Rivière
– Fight Club de Chuck Palahniuk : « […] Entre chaos et confusion, l’auteur nous emmène dans un monde contre-utopique […]. » Flavie Vogler, Violette Mougel, Delphine Pau – Classe de Seconde 2 du lycée Élie Cartan de La Tour du Pin
– Gomorra de Roberto Saviano : « […] Il ne faut pas oublier que Roberto Saviano a écrit au péril de sa vie et que la camorra veut nuire à ses jours […]. » Noémie Vidal – Classe de Première L du lycée François d’Estaing de Rodez
De son côté, la 22ème édition du Prix Goncourt des Lycéens continue à encourager les lycéens à la lecture. Un site internet s’en fera le relais, à l’adresse http://goncourtdeslyceens.fnac.com. Il se veut un lieu d’échange et de partage entre auteurs, lycéens, et artistes issus d’univers différents. Des créateurs apporteront leur témoignage sur leur rapport à la littérature et aux mots. Le site présente aussi la sélection 2009, les étapes et dates clés, les lycées participants, un historique du prix, les biographies et interviews vidéos des auteurs, un jeu sous forme de quizz littéraire ludique et interactif.
Les rencontres régionales entre auteurs en lice et lycéens sont un temps fort pour les échanges. Celle qui aura lieu avec les lycéens de Paris, d’Ile de France et de Normandie, qui se tiendra au Cabaret Sauvage (La villette) le 22 octobre, présentera un caractère festif où la musique aura sa place pour célébrer les mots et les auteurs. Dans les classes, les différents métiers du livre sont présentés aux élèves. Cinquante deux classes de lycéens âgés de 15 à 18 ans, issus de seconde, première, terminale ou BTS, généralistes, scientifiques ou techniques, lisent et étudient en deux mois, avec l’aide de leurs professeurs, la douzaine de romans de la sélection de rentrée de l’Académie Goncourt. La sélection des lycées est basée sur la motivation des enseignants à participer.
Une classe du Québec participe : ce pays a lancé un prix des collégiens après sa première participation au Prix Goncourt des Lycéens, et devient de fait un invité fidèle et complice chaque année. La Fnac offre l’ensemble des livres dès la rentrée et invite les classes à rencontrer les auteurs de la sélection, le tout ayant pour but d’éveiller le sens critique des jeunes jurés.
À l’issue de ce marathon incluant lecture, fiches et débats, s’amorce la première phase du vote avec les étapes régionales (chaque région choisit ses représentants et son tiercé de livres gagnants) à laquelle succédera la finale à Rennes, berceau du Prix. Le Prix Goncourt des Lycéens est organisé par la Fnac, avec l’ensemble des équipes de ses magasins, en partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale, et en accord avec l’Académie Goncourt.
Rappel de la 1e sélection du prix Goncourt 2009 :
Les Pieds sales, d’Edem Awumey (Seuil)
La Légende de nos pères, de Sorj Chalandon (Grasset)
Alias Caracalla, de Daniel Cordier (Gallimard)
La Délicatesse, de David Foenkinos (Gallimard)
L’homme qui m’aimait tout bas, d’Eric Fottorino (Gallimard)
Le Club des incorrigibles optimistes, de Jean-Michel Guenassia (Albin Michel)
Jan Karsky, de Yannick Haenel (Gallimard)
Mauvaise fille, de Justine Lévy (Stock)
Des hommes, de Laurent Mauvignier (Minuit)
La Lumière et l’Oubli, de Serge Mestre (Denoël)
Trois femmes puissantes, de Marie NDiaye (Gallimard)
Ce que je sais de Vera Candida, de Véronique Ovaldé (L’Olivier)
La Vérité sur Marie, de Jean-Philippe Toussaint (Minuit)
Les Heures souterraines, de Delphine de Vigan (J.-C. Lattès)
3 Commentaires
Oui, les lycéens ne lisent pas…
Cette anthologie n’est que de la poudre aux yeux.
Certains lisent… mais "ils" : non !
Et "lire" ça veut dire quoi ? Un nombre de livres par mois, des livres personnels ?… Et "quels" livres ?…
Ca se saurait – et ça se verrait – s’il y avait plus de lecteurs… On a des stats ?…
(vous dites qu’il y a plus de 200 élèves à avoir participé à ce volume ?… Ca ne paraît pas beaucoup)
Le 22e prix Goncourt des lycéens a été décerné le lundi 9 novembre 2009 à Jean-Michel Guenassia pour son roman Le club des incorrigibles optimistes (Albin Michel). Le jury a élu ce premier roman au premier tour de scrutin, en présence de l’académicienne Françoise Chandernagor. Cinq auteurs étaient encore en lice après une première sélection effectuée par les délégations régionales de lycéens : David Foenkinos, Yannick Haenel, Véronique Ovaldé, Delphine De Vigan et Jean-Michel Guenassia, qui a été choisi par les 13 lycéens membres du jury de ce Goncourt des lycéens 2009.
Le club des incorrigibles optimistes est le premier roman d’un presque débutant de 60 ans (il a publié un roman policier en 1986) : il s’agit d’une fresque historique dont l’action se situe dans les années 50-60, autour d’émigrés originaires d’Europe de l’est, réfugiés politiques à Paris.
Voici quelques jugements critiques de lycéens de Pontivy :
Constance :
J’ai commencé par le plus gros en me disant que se serait le plus long à lire (logique : la durée dépendant de la longueur, les livres les plus épais sont aussi les plus longs à lire). Mais non. La lecture ne répond pas aux règles mathématiques les plus simples, et c’est un vrai bonheur. Le club des incorrigibles optimistes présente une telle facilité de lecture (la narration est simple puisque le narrateur est un jeune lycéen), d’identification (toujours grâce à notre jeune narrateur) et d’aussi authentiques histoires que nous n’avons jamais envie de nous arrêter (ce qui explique que je l’ai lu en deux jours et demi). D’ailleurs, si j’ai fait des pauses à un moment ou à un autre, ce n’était que pour répondre à des besoins vitaux (manger, dormir, faire la fête…). La nuit dernière, par exemple, je me suis endormie lumière allumée et lunettes sur le nez à 3h du matin, le livre posé à côté de moi. Un avis personnel ? Je ne sais pas trop quoi dire. Peut-être un conseil : à lire absolument et au plus vite. Vraiment, c’est un livre formidable, impossible à lacher. Bon, je vais en faire un résumé, ça sera plus simple. Nous sommes au début des années 60. Au milieu de la guerre froide et de la guerre d’Algérie : en France. Un jeune lycéen nous raconte sa rencontre avec une flopée de personnages : les amis de son grand-frère, d’abord, puis un groupe étrange de joueurs d’échecs : les incorrigibles optimistes. Ce sont des émigrés de l’Est, pour la plupart clandestins. Ils se retrouvent dans l’arrière-salle du Balto pour jouer aux échecs et surtout oublier le pays où ils ont tout laissé. Entre parties de baby-foot, petite amie, adieux aux amis qui partent pour l’Algérie, des bribes de leurs histoires se révèlent aux gré des conversations. Ces hommes qui veulent tout oublier ramènent avec eux remords et rancune contre d’autres…
Guillaume :
Un livre que j’ai trouvé excellent, très agréable à lire malgré son volume imposant. Avec le même enthousiasme que ci-dessus je recommande sa lecture à quiconque pourra le lire. Dans le cas contraire il passerait à coté d’un ouvrage superbe teinté d’amitié, de famille, d’amours et de drames.
Adrien :
J’ai trouvé géniale la façon dont le roman oscille entre les personnages, les lieux, les années et même les ambiances. Cela de façon trés naturelle. A aucun moment, on se sent tomber ou face à un mur. Tout est fluide et si rien d’exterieur ne pouvait interrompre sa lecture, il se lirait facilement d’une traite. Que les passages mentionnent l’adolescence de Michel, les rapports « politico-familiaux » ou les anecdotes sur la Guerre Froide, on passe souvent du sourire à la grimace. C’est aussi extraordinaire de se faufiler dans les coulisses de l’URSS et comprendre la vie des gens lors des purges, cela par une conversation aussi bien qu’une lettre de testament.
Nolwenn :
L’histoire écrite avec des mots simples est très interessante car on nous parle ici de ce qui s’est passé en URSS avec quelques annecdotes sur la guerre d’Algérie, ce qui n’empêche pas la fluidité du roman.
Ewana :
Je ne sais par où commencer. Peut-être simplement par dire que ce livre est génial. La lecture est facile mais raconte plusieurs histoires tragiques, d’homme qui ont tout quitté pour survivre. Malgré l’horreur de ces histoires et ces vies bouleversées, on sourit à la lecture de ce livre (ou tout l’inverse parfois); ces vieux « cocos » restent des optimistes , d’incorrigibles optimistes qui continuent de vivre pleinement leurs vies. Peut-être que la morale de ce livre se veut optimiste car la vie est parfois injuste et triste mais il faut continuer de la vivre et d’en profitet tant qu’on est vivant …
Eurielle :
Alors là c’est du lourd j’ai envie de dire! Ce livre est magique! J’ai été absorbé dedans ce n’est pas possible… Aah je n’arrive pas à m’exprimer! Il est excellent! J’ai aimé ces personnages, leurs histoires, toutes leurs histoires! Je me suis attaché à ces personnages, surtout Michel évidemment dans lequel je pense que nous pouvons tous un peu nous retrouver, non? J’ai beaucoup ri, crié, devenue folle… de ce livre. Il est riche! Il y a tant d’histoires! Maintenant, on ne peut qu’être optimiste, n’est ce pas? hahahaha!
On nous dit ce qu’ils lisent ; pas qui lit, ni combien lisent, ni combien de livres…
Le "ils" lisent me semblent toujours trop "optimiste".
Un petit tour chez les 10/15 ans de 2009 et on voit le désastre. (car les 19/23 ans : c’est déjà une autre génération, celle d’avant la rupture… culturelle)
Ceci dit, une bonne anthologie ; et c’est bien qu’il y ait des prix littéraires de jeunes….
Dommage pour D. Foenkinos. Of course.