L’auteur de « La place » ou encore « Passion simple » qui à 22 ans écrivait dans son journal « vouloir venger sa race », son « cri de révolte », n’a rien perdu de sa verve féministe et s’est rangé en soutien de Valérie Trierweiler, auteur du best-seller « Merci pour le moment » dans lequel elle revient, entre autres, sur sa relation et rupture avec le président François Hollande.
Dans une interview récente, elle dénonçait notamment la vindicte sexiste dont elle a fait l’objet :
Dans une interview au magazine Elle, à la question si elle a lu le livre de Valérie Trierweiler, Annie Ernaux répond par l’affirmative et considère qu’elle a bien fait de l’écrire. Elle estime que :
« C’est le livre d’une femme libre, qui refuse de se plier au silence qu’on exige des compagnes des hommes politiques alors que ces derniers exposent sans vergogne leur vie privée. C’est la prise de parole d’une femme à qui on a fait constamment sentir qu’elle était illégitime dans sa place et qui a été littéralement répudié.
J’avais été abasourdie par le communiqué de rupture de François Hollande. La censure de certains libraires
m’a indignée. De quel doit décident-ils de ce qu’il est bon ou non de lire, eux qui vendent souvent sans états d’âme des livres défendant des idéologies d’extrême droite et qui prônent toujours la liberté de tout écrire. »
Quant à la violence des réactions qui ont accompagné la publication du désormais best seller qui a caracolé en tête des ventes, elle l’explique par le fait que l’ex première dame « cumule deux vulnérabilités, d’une part l’illégitimité sociale qui l’a placée dés le début du quinquennat en porte-à-faux dans son rôle de Première dame et le fait d’être une femme. De surcroît, elle estime que Hollande « n’aurait pas jeté comme un mouchoir une femme de la bourgeoisie, mais jamais un livre semblable écrit par un homme n’aurait provoqué une telle condamnation, assortie de termes aussi insultants. J’ai entendu par exemple Michel Onfray dire à la radio qu’elle s’était servie de
sa libido pour faire carrière, traduire « son cul ». Lui qui se prétend libertin, il est parfois mieux inspiré ! »
Mise à jour: Le mardi 25 mars 2016, Valérie Trierweiler twittait sur son compte une citation d’Annie Ernaux extrait d’un de ses ouvrages, faisant écho à sa propre expérience de lynchage après sa publication:
« Ceux qui écrivent sans penser qu’ils pourraient mourir après, je ne les envie pas. » Annie Ernaux « Mémoire de fille » nrf #VendrediLecture
A lire aussi:
L’analyse critique et extraits choisis de « La place » d’Annie Ernaux, son 5e livre prix Renaudot 1984, qui marqua sa consécration hommage et portrait de son père, avec en filigrane un regard lucide et poignant sur la condition ouvrière.
L’analyse critique et extraits choisis de « Passion simple » d’Annie Ernaux, Anatomie d’une femme sous l’emprise de la passion: « Le sens de cette passion est de ne pas en avoir »
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