Alors qu’est ré-édité en français le pamphlet féministe culte, « I love Dick » sorti en 1997 (et adapté en série depuis), récit d’une « passion simple« , sous forme épistolaire, où elle dépeint son désir obsessionnel (et à sens unique) pour un homme qu’elle a croisé une nuit, son auteur , l’américaine Chris Kraus analyse l’image des femmes dans la littérature et le double critère qui les défavorise, en particulier lorsque les héroïnes osent se dévoiler sous un jour plus sombre. Contrairement aux « loosers flamboyants » qui s’attirent la sympathie voire l’admiration, elles passent souvent simplement pour de « pauvres filles »:
Dans une de ses lettres elle écrit: « Pourquoi est-ce que tout le monde pense que les femmes s’avilissent quand nous exposons les conditions de notre propre avilissement ? Pourquoi les femmes doivent-elles toujours avoir les mains propres ? »
Dans une interview au magazine Transfuge, elle explique:
Avilissement est un mot qui semble un peu solennel. Je parlais d’expérience ordinaire, très humaine. Qui la plupart du temps ne requiert aucune attention, ni respect. Il y avait et demeure cette pression sur les femmes afin qu’elles se montrent admirables, exemplaires, fières de leur réussite. Je parlais en vérité de l’absence de l’antihéros féminin. L’antihéros masculin était au centre de la culture du XXe siècle : dans l’avant-garde, dans la culture underground, dans la comédie populaire.
C’est bien plus difficile pour une femme de se présenter ainsi. Les gens n’éprouvent que de la pitié pour elle.
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